Complexité et ingéniosité des mécanismes de défense de l’être humain pour rétablir l’estime de soi.
L’être humain a une capacité d’adaptation étonnante dans les situations difficiles qu’il est amené à vivre, notamment lorsqu’il s’agit de rétablir l’estime de soi. Je suis souvent tellement admirative de ce l’on peut découvrir en accompagnant des coachés.
J’aimerais vous partager un de mes derniers rapports d’étonnement ;
Martine vient pour se libérer d’une situation marquante ayant généré chez elle à la fois une perte de confiance, d’estime de soi, et une grande méfiance face à son environnement.
Dans le processus d’apaisement, je l’ai invitée à accueillir les émotions que la Martine du passé avait ressenti, première phase à mes yeux très aidante pour entrer dans la réconciliation avec soi-même.
Dans l’évènement passé, elle s’était sentie confrontée à une grande injustice, n’étant ni reconnue, ni respectée. Tout en continuant à reconnaitre l’intensité de cette blessure, nous avons affiné ce qui s‘était passé en elle : face à ce manque de respect, à la fois ?
- elle s’était remise en cause avec l’émergence d’une croyance du type : je ne mérite pas d’être respectée, écoutée… et delà une perte de confiance en elle
- et en même temps un grand sentiment d’injustice ;
En poursuivant la démarche, nous avons accueilli combien cette perte de confiance, d’estime de soi, est douloureuse et nous avons repéré qu’elle découle d’un jugement interne selon lequel Martine ne se sentait pas légitime d’être respectée, il y a là une atteinte au niveau de l’identité. Comprendre cela était déjà important en soi ;
De l’autre côté, le sentiment d’injustice, lié à de la colère, atteste en interne tout le contraire : quand Martine juge injuste la façon dont elle est traitée, elle juge bien le comportement d’autrui, et donc si c’est injuste, c’est bien qu’elle mérite d’être considérée autrement. Cette perception donne de la force et évite un effondrement identitaire trop profond. Mais, et il y a bien un MAIS, cela a généré aussi chez Martine un grand sentiment d’impuissance car dans ce contexte, il lui était impossible de réagir comme elle aurait voulu le faire. Or être impuissante était insupportable et a amené une rage interne enfouie et quelque chose qui s’approchait du désespoir !
Ainsi, se juger non digne de respect amène une perte de confiance en soi et juger ce qu’on subit comme anormal amène l’impuissance et le risque de désespoir ! Voilà qui parait bien sinistre ! Pourtant là où est le paradoxe, c’est que la première stratégie de survie – je ne mérite pas d’être respectée – donne accès à une stratégie très concrète : « tout faire pour m’adapter et essayer ainsi quand même d’être respectée ». Autrement dit cette voie donne l’ESPOIR que Martine peut agir pour changer la situation.
Et donc, la stratégie qui lui paraissait « faible » atteint son estime de soi mais maintient l’espoir qu’elle peut agir, et l’autre stratégie préserve l’identité mais génère une impuissance. Comme elles sont complémentaires ! quelle ingéniosité !
Et la bonne nouvelle, c’est que Martine a pu reconnaitre et accueillir ces deux grands mécanismes, les admirer et en même temps les « détricoter » pour rétablir son estime de soi et sa légitimité à poser ses limites aujourd’hui.
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