A l’occasion de la réédition de son ouvrage « Réalité des risques psychosociaux : solutions et actions », aux éditions Géréso, Marie José Lacroix livre en exclusivité pour l’Institut Repère les raisons pour lesquelles l’écriture de ce livre s’est imposée à elle.
Pourquoi s’est imposée à moi l’écriture d’un livre sur les risques psychosociaux et son actualisation par des rééditions successives ?
J’ai pu tant observer le déni relatif de la souffrance au travail, la méconnaissance de la loi et de son importance, la résistance des directions et manageurs à vraiment questionner l’éventuelle toxicité de leurs organisations ou de leur management. Pas assez de formations sur la prévention des risques psychosociaux ni d’accompagnement malgré les indicateurs manifestes et bien réels d’une augmentation de la souffrance au travail ; voire même une banalisation du stress, du burn out, et aussi du harcèlement, parfois d’ailleurs instrumentalisé et brandi avec excès par d’autres.
Malgré des évolutions positives, je ne peux que constater combien le monde du travail peut être porteur d’une violence plus ou moins visible, pris aussi dans un contexte de mondialisation et concurrence effrénée. Je n’ai pu qu’observer combien des personnes, attachées pourtant à leur travail, pouvaient basculer dans le mal-être, la maladie, au point d’en être détruite. La nécessité s’est imposée à moi d’agir quand j’ai été sollicitée, mais aussi par ce livre, d’expliquer, d’informer, d’illustrer par des « histoires vraies », par des témoignages valables. Nécessité impérieuse de transmettre, d’éveiller les consciences et les esprits à la perte d’humanité de cet univers qui peut être pourtant source d’accomplissement et de plaisir, au-delà de la survie économique. Eveil aussi à la complexité des situations liées aux risques psychosociaux.
Je me suis fait un devoir d’écrire un livre que j’ai souhaité utile, – certes modeste – mais complémentaire à mes interventions en entreprise, coachings, thérapies, enquêtes. Infime goutte d’eau, peut-être, dans un océan de méconnaissance ou un bourbier de passivité, mais souffle d’espérance, car le sujet des risques psychosociaux est toujours d’actualité malgré les nombreuses actions d’amélioration dans ce domaine. J’ai cependant enrichi de façon notable dans cette dernière version, surtout la complexité des affaires de harcèlement moral, et le sujet du télétravail et des open spaces.
Face à un certain déni persistant ou au sentiment d’impuissance rencontré, j’ai voulu déchirer, un peu, comme d’autres spécialistes, le voile qui opacifie le cœur et les yeux de celles et ceux qui ont la responsabilité d’êtres humains au travail et qui, parfois, sont eux-mêmes dans la souffrance. Il fallait apporter ma petite pierre dans ce monde où nous avons chacun et chacune une responsabilité à sortir du silence quand l’humanité est en danger.
J’ai tenté, à ma petite mesure, de responsabiliser un peu, d’éclairer, d’éveiller un peu les consciences et de montrer, à travers divers regards et témoignages, qu’il est possible d’agir. Des solutions concrètes, réelles, existent et l’enjeu est majeur : préserver la vie et l’humanité au travail.
Il s’agit de « savoir », « vouloir », « agir » et « accessoirement » – gros mot dans le monde professionnel » – d’aimer », l’autre étant un autre nous-même.
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