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L’accompagnement des transitions professionnelles est souvent long et délicat.  Cela demande de la part de l’accompagnateur de recourir à toute une palette de moyens, du plus rationnel au plus intuitif, en mettant en perspective le passé de la personne et son présent en l’accueillant dans son « entièreté ».  L’accompagnement vise à ce que la personne puisse se dessiner un nouveau futur qui la mobilise vraiment, qu’elle se sente en capacité de s’approprier. Tout cela dans le respect de qui elle est et de ce qu’elle peut devenir.

Quels sont les exemples concrets de transition professionnelles ?

Mon propos de ce jour va s’appuyer sur des expériences, tant anciennes que nouvelles, d’aide au personnel hospitalier en nécessité de reconversion professionnelle, généralement du fait de problèmes de santé.

J’ai été confrontée dans ma carrière :

  • À des aides-soignantes ou des infirmières qui se sont gravement abîmées le dos au ou les épaules ou les bras en portant des patients et qui doivent impérativement changer de métier.
  • À des cuisiniers hospitaliers ou des radiologues qui, pour des raisons physiques ou psychiques, sont obligés de se reconvertir, soit en parvenant à rester au sein des structures hospitalières sur des postes de tout autre nature comme par exemple, administratif, de coordination ou de gestion de projet qui les éloignent beaucoup du soin direct au patient, soit en devant vraiment envisager une formation relativement longue pour rebondir dans un autre métier.

Quels sont les enjeux de la transition professionnelle ?

Comme dans tout processus de changement ces personnes se retrouvent en situation de déséquilibre :

  • Elles sont en arrêt de travail depuis plusieurs mois, elles n’ont aucune idée de ce qui serait possible professionnellement, soit à l’intérieur de l’hôpital ou de la maison de retraite, soit à l’extérieur.
  • Elles sont dans l’anxiété, redoutent les efforts qu’il va falloir fournir pour éventuellement suivre une formation, apprendre un nouveau métier, envisager un autre statut moins protecteur, rompre leurs habitudes en quittant les lieux et collègues.
  • Elles perdent donc de nombreux repères qui les amènent à traverser une période de marasme, où elles sont plongées dans le chaos de l’inconnu, en contact avec les pertes engendrées par l’abandon d’un métier souvent choisi et aimé. Renoncer leur est difficile.

Quel est le rôle du coach dans l’accompagnement d’une transition professionnelle ?

Au moment de l’accompagnement, elles se sentent démunies, dans l’inquiétude face au champ des possibles et les gains du changement ne sont alors pas du tout perçus.

Elles fondent souvent d’importants espoirs sur l’accompagnateur/trice qui est comme un compagnon marchant à leurs côtés et les aidant à traverser cette épreuve de l’inconnu de la reconversion professionnelle.

La relation de confiance, ce que les psys appellent le « transfert », est extrêmement importante dans ce besoin de soutien quand la personne se sent perdue.  Le coach est « passeur ».

Quelle est la durée d’un coaching en transition professionnelle ?

Il s’agit d’être conscient que toute transition, ou reconversion professionnelle va prendre, comme pour tout processus de changement, entre 1 et 3 ans avant que la personne soit à nouveau en équilibre dans un nouveau métier, avec de nouveaux repères et que les gains du changement lui soient accessibles.

Quels sont les obstacles rencontrés dans le coaching en transition professionnelle ?

Les résistances apparaissent et sont nécessaires à l’élaboration.

Il y aura inévitablement des deuils à faire, des émotions ambivalentes, paradoxales, avec des pas en avant, des pas en arrière, des pas de côté quand il faut envisager d’aller vers autre chose alors qu’on préfère persévérer dans notre être, rester en équilibre inconfortable plutôt que d’affronter l’inconnu.

Comment aborder les obstacles dans un coaching en transition professionnelle ?

Bien évidemment, l’accompagnateur, le coach, va recourir à diverses méthodes pour cerner la personnalité et les compétences de la personne, à travers des questionnaires, des tests, des bilans de compétences, des analyses de la carrière etc. Cette approche rationnelle constitue le fondement de l’accompagnement et permet d’identifier les aptitudes de la personne, ses motivations, ce qu’elle va être en capacité d’apprendre etc.

Il est vraisemblable que vont se dessiner diverses pistes professionnelles qui peuvent avoir du sens pour la personne, qui paraissent réalistes.

 Il s’agit aussi d’examiner les moyens pour y parvenir en termes de formation, de budget, de marché potentiel des emplois envisagés…et aussi de perturbations des équilibres familiaux.

Ainsi, parfois, on croit enfin tenir la corde, le fil d’Ariane qui va mener, non pas au Minotaure, mais à une nouvelle voie professionnelle, mais, patatras !  « Cela » résiste !

Les idées étaient pourtant bonnes, les projets pourtant réalistes !

 Mais « ça » résiste. Le « ça » de l’inconscient.

Alors il apparaît clairement, dans certains cas, qu’il est nécessaire d’explorer l’histoire personnelle de la personne accompagnée pour comprendre quel a été l’ancrage profond de ses motivations à s’orienter, par exemple, vers un métier du soin aux autres qui demande du dévouement, de l’attention à l’autre.

 C’est à travers l’histoire narrative du sujet exploré que se font jour des éléments conscients et inconscients éclairant le questionnement, au départ rationnel, sur l’orientation professionnelle.

Un cas concret ?

Ainsi, telle infirmière, devenue en incapacité d’exercer son métier pour des raisons physiques, ne peut se résigner à quitter son identité d’infirmières et tient absolument à rester dans le secteur de la gériatrie. C’est alors que la motivation réelle prend jour : l’infirmière en question a été élevée par des grands-parents extrêmement aimants et, à travers son métier, elle veut rendre à toutes les personnes âgées, l’amour qu’elle a reçu.

Là est le cœur de sa motivation, le point de force et de résistance, la pierre d’achoppement. Mais le réel lui montre qu’il n’est pas possible qu’elle évolue vers la gériatrie. Il faut alors envisager autre chose dans cette errance nécessaire de l’accompagnement.

Ayant fait le lien conscient avec ses grands-parents, elle réalise qu’elle n’a pas besoin de travailler dans ce type de secteur par fidélité à l’amour reçu, par loyauté filiale et reconnaissance. Le compte est bon. Alors elle peut envisager autre chose. Lâcher l’idée de la gériatrie.

C’est alors qu’apparaît une autre motivation profonde, aussi d’origine affective. Or, l’on sait que nos processus décisionnels sont avant tout affectifs, gérés par le cerveau limbique et que la décision ne devient rationnelle qu’ensuite, en mobilisant le cortex.

Cette infirmière a du diabète. Son fils, pourtant encore jeune, est également potentiellement diabétique. Elle s’intéresse donc à la nourriture et à ses effets sur la santé.

Émerge le projet de devenir diététicienne en utilisant son capital de formation et d’expérience comme infirmière, mais aussi en pouvant ainsi mieux soigner son fils elle-même. Cela la décide à entrer dans un processus difficile : un BTS de diététique, d’envisager de quitter l’hôpital ou de n’y travailler que partiellement et en s’installant en libéral. Elle monte son projet, obtient le financement de la formation. L’énergie du changement se libère. Le rempart des résistances cède.

Cette reconversion prend alors tout son sens pour elle. Elle abandonne sans regret l’idée de ne plus être infirmière. Elle se lance avec ardeur dans cette formation et vers ce futur métier. Nul doute qu’elle y réussisse et qu’elle se sente à nouveau au bon endroit, à la bonne place, dans la juste identité professionnelle.

Cet exemple montre bien que dans ces accompagnements, on se heurte à la résistance alors qu’on pensait pouvoir pour aller sur des voies qui paraissent tout à fait opérationnelles, rationnelles. Quand le changement n’est pas trop radical, c’est aussi plus simple. Cette nouvelle voie, pour cette infirmière, n’est pas trop éloignée de l’ancienne et conforme à ses valeurs et qualités relationnelles.

Quel est le point-clé dans le coaching en transition professionnelle ?

Il est important de se rappeler, en tant que coach, que l’être humain est un être de désir bâti sur le manque.

C’est pourquoi il est fondamental de trouver où est le lieu du besoin vital, du manque et du désir. Quand le désir prend racine sur le manque, alors la motivation prend tout aussitôt forme pour mettre en œuvre les efforts nécessaires pour entrer dans l’inconnu du changement, faire le saut, avec un projet, une étoile, un objectif à 2 ou 3 ans en se sentant capable et fort.

Rien n’est plus puissant que la force du désir pour vaincre les obstacles, mobiliser la volonté d’y arriver, quand il prend sens dans l’histoire du sujet. » Sens » en tant que « signification », « sens » en tant que « direction ».

Dans les motivations profondes se manifestent des besoins de gratitude à actualiser, des enjeux narcissiques, des besoins de fidélité et de loyauté à des identités familiales qui sont des moyens de rester en contact avec ceux qui nous ont élevés, aimés et qui nous ont servi de support identificatoires, de modèles, nous ont transmis des valeurs .Parfois ce sont les rêves lointains qui s’actualisent, les héros d’enfance ou les métiers auxquels on jouait qui se révèlent comme une piste, un fil conducteur à explorer .Les méthodes projectives peuvent donner de bons résultats tels que les photolangages.

Conclusion

Naviguer entre conscient et inconscient est parfois nécessaire pour le coach qui va favoriser pour la personne accompagnée ainsi une forme de révélation à soi-même, une « apocalypse », au sens premier de « dévoilement », une « métanoia », par un changement de représentations, par un retournement introspectif sur soi.

Là est la puissance du coach, de l’accompagnateur de ne pas s’enfermer avec la personne accompagnée dans des conclusions trop rationnelles d’orientation professionnelle, mais de favoriser l’émergence du désir.

 Cela prend du temps, demande une écoute sensible, pour le coach de lâcher le projet sur l’autre, l’idée qu’on est un sachant à sa place, tout en étant solide dans le processus d’accompagnement.

Ce n’est pas le nombre de coups de marteau qui compte, mais c’est d’en donner un au bon endroit, au bon moment.

Cela demande d’accepter de conduire avec la personne un cheminement quelque peu aléatoire, intuitif, avec une souplesse dans le questionnement du passé du présent et dans la rêverie sur l’avenir, reposant sur une confiance mutuelle.

 Alors la transition professionnelle s’opère telle une rivière qui progressivement retrouve un cours tranquille et serein.

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Coach, consultante en ressources humaines, psychothérapeute et psychanalyste, psychosomaticienne, intervenante pour Repère en psychopathologie pour les coachs.