Un nouveau modèle de psychothérapie. François Le Doze et Richard C Schwartz.2009. La thérapie “Internai Family Systems (IFSSM)” est un modèle de psychothérapie développé par Richard Schwartz, qui a découvert de nouvelles façons de réduire les conflits psychiques. Le patient est amené à travailler sur ses propres systèmes de croyances et émotions. Ceux-ci sont portés par des sous-personnalités appelées “parties”, organisées en microsystèmes figés à la suite d’une expérience ou d’un traumatisme. Ils ont tendance à se substituer au Self dans la conduite de la vie psychique. Ce travail permet de (re)créer un dialogue intérieur entre les parties ainsi qu’entre les parties et le Self, instance centrale du psychisme, siège de la conscience. L’objectif ultime de la thérapie est de restaurer le Self leadership, état dans lequel la vie psychique se trouve de nouveau orientée et conduite harmonieusement, par le Self. L’originalité de cette approche repose entre autres sur son caractère profondément respectueux de la personnalité du patient, sa dimension intégrative et collaborative (entre thérapeute et patient). Elle se situe au premier plan d’un mouvement qui privilégie et valorise la sagesse intuitive du patient comme guide vers la résolution de sa problématique, en passant par la levée des charges ou fardeaux douloureux souvent portés depuis l’enfance. Les applications de ce modèle sont multiples dans les champs conventionnels de la psychothérapie ainsi que dans le domaine psychosomatique, de la vie des institutions et organisations, ainsi que dans le domaine de la vie sociale. La publication de cet ouvrage dans sa version française permettra l’accès du modèle aux professionnels francophones avec les mêmes perspectives de succès que celles qui sont rencontrées aux États-Unis.
Commentaires
Ce livre me parait interessant pour de multiples raisons:
Il donne une historique du modèle des parties, en citant : a) Roberto Assagioli auteur de la psychosynthèse, élève de Jung, et qui serait le penseur occidental découvreur de la multiplicité du psychisme en apportant l’idée qu’à côté du ou des sous-personnalités, chaque personne dispose d’un Self (Soi) ou Centre, différent des sous-personnalités et à partir duquel l’observation et le changement peut s’opérer, b) le courant jungien de l’approche du dialogue intérieur (Stone et Winkelman 1985), c) les travaux de de Beahrs (1982), J. Watkins (1978, 1985); la Gestalt-thérapie de Fritz Perls 1969) qui à travers la technique de la chaise vide avait développé des méthodes pour accéder et travailler avec la multiplicité de l’esprit; d) la programmation neuro-linguistique (PNL) de John Grinder et Richard Bandler (Structue of magic,1982).
Les sources d’influence du modèle de l’IFS citées sont communes à plusieurs approches de thérapie moderne : a) l’école stratégique de la thérapie familiale systèmique (haley, 1976, Watzlawick, Weakland et Fish, 1974) sur l’importance de repèrer et comprendre les séquences d’intéractions; b) l’école de Milan (Selvini pallazzoli, Boscolo, Cecchin et Prata, 1978 qui invite les thérapeutes à accorder aux familles une écoute aussi authentique et ouverte que possible; c) les travaux de Michael White (White et Epson, 1990) qui à partir d’un récit narratif aide la patient à trouver sa propre version de lui même en se libérant des parties de lui qui tiennent des discours incapacitants imposés par l’environnement familial ou culturel; d) Virginia Satir qui selon l’auteur est la seule thérapeute familiale à avoir combiné les théories systémiques et l’étude des sous-personnalités (Satir, 1978, Satir et Baldwin, 1983) et qui a abondamment inspiré la PNL.
L’intérêt majeur de cet ouvrage est d’introduire la pensée systémique dans le monde intrapsychique. les principes fondamentaux de l’IFS sont les suivants :
La multiplicité: c’est la nature de l’esprit humain d’être divisé en un nombre variable de sous personnalités appelées parties. Ces parties consistent en des personnages intérieurs d’âge, de tempérament, de talents et de désirs différents qui forment ensemble une famille intérieure étendue ou une tribue qui contribue à l’enrichissement de notre vie intérieure. Ce système intérieur est ouvert, en relation avec les systèmes extérieurs. Les influences extérieures contraignent les parties à adopter des positions extrêmes et à exercer une influence destructrice dans la vie de l’individu dans un cadre de protection, et elles retrouvent leur fonctions positives.
Le self : c’est le siège de notre conscience. Doté de compassion, curiosité, confiance en soi, acceptation des événements de la vie et d’une vision, il a toutes les qualités d’un excellent leader capable de maintenir l’équilibre et l’harmonie intérieure. En cas de perception d’une menance, les parties cherchent à protéger le Self en le mettant à l’abri du danger et en l’écartant de son rôle de leader. Dans un système intérieur ou extérieur, La fonction du leader est de fixer une vision/direction et de soutenir les parties dans la réaliastion de cette vision, de faciliter la communication entre les parties, et de contribuer à gérer les polarisations.
Les polarisations : l’auteur nomme ainsi les rôles extrêmes adoptés par des parties sous influences familiales ou traumatiques. Ces polarisations vont affecter le Self en prenant les commandes et en se chargeant de fardeaux (émotions et croyances) qui restent figées dans le passé en polarisation, qui cause des déséquilibres dans la distributions des ressources, des influences et des responsabilités des parties. Chaque partie peut se renforcer dans sa position dans le but de contrecarer l’autre ou de la vaincre, conduisant à des coalitions, des alliances ou des compétitions. Changer une partie indépendament du réseau dans laquelle elle s’insère va probablement causer une résistance, ce qui est en réalité une réaction naturelle et souvent nécessaire pour l’écologie du système.
La restauration de l’équilibre du système intérieur : les systèmes les plus fortement polarisés peuvent retrouver un équilibre dans un environnement de protection et avec une direction à suivre. Le système possède ses ressources et doit simplement trouver les moyens de les rendre accessibles et de les réorganiser puisque les parties ont pour tendance naturelle d’établir des relations harmonieuses avec les autres parties et le Self.
Le parallèle entre milieu extérieur et intérieur: tel que le modèle IFS le conçoit, les mondes intérieurs et extérieurs du sujet qui forment un système plus large, fonctionnent selon les mêmes principes et réagissent aux mêmes techniques thérapeutiques.
L’IFS et la PNL
Pour une fois les praticiens de la PNL ou de l’Approche Systémique de Palo Alto, qu’ils soient thérapeutes ou coachs, seront ravis de la lecture de cet ouvrage dans lequel ils se retrouveront totalement. Un livre qui valide autant les concepts PNL que ceux des approches interactionnelle et qui met fin au stérile débat entre les partisans des modèles s’appuyant préférentiellement sur les interactions au sein d’un système intra-psychique (Process Communication, AT, Enneagramme, PNL…etc) ou sur les interactions au sein d’une systémique externe (Surtout Approche systémique de Palo Alto). Les exemples cliniques décrits sont nombreux et très démonstratifs. Et le modèle IFS s’appuie sur de nombreuses références scientifiques que les praticiens de la PNL seront très heureux de découvrir et probablement de s’approprier. Les métaphores du leader et de la famille sont très aidantes pour comprendre les idées clé de l’IFS. Le leadership est avant tout un leadership de soi. Ma seule interrogation concerne la mise en oeuvre de ces concepts dans un processus d’intervention. En PNL le modèle des parties a été décrit par J.Grinder et R.Bandler dans leur livre “Structure of magic” Volume II (1979). Les applications du modèle PNL des parties ont été décrites de façon détaillées dans des livres tels que “Changing with families” (Richard Babdler, John Grinder, Virginia Satir-1976) et Refraiming (Richard Bandler et John Grinder-1982). Citons par exemple la manière d’aborder les incongruences, le recadrage en 6 étapes et les conflits des parties. La PNL systémique de 3ème génération de Robert Dilts intègre l’ensemble des concepts décrits plus haut. Le Self prend ici l’aspect d’une intention positive en lien avec des valeurs fondamentales qui soutiennent la notion d’identité, de mission ou de raison d’être. La résolution d’un conflit interne à un niveau vient de la capacité à passer à un un autre niveau ; un espace plus large en contact avec la mission et porteur des ressources nécessaires pour générer les changements. Comme le dit Richard Moss, la distance entre nous est les autres est la même que celle qui existe entre les différentes parties de notre psychisme. Le Format du Méta Miroir de Robert Dilts (1988) est un processus qui permet de résoudre les problématiques liées aux intrications entre les systèmes relationnels internes et externes.
Un témoignage sur la PNL et l’IFS
Bonjour Jean-Luc,
Merci à toi de partager sur le site de Repère ton intérêt et ton analyse pour l’ouvrage de Richard C Schwartz et François Le Doze.
e connais l’approche pour l’expérimenter à 3 niveaux : à titre personnel avec l’une des traductrices de l’ouvrage, thérapeute aux USA; dans le cadre de la formation que je suis auprès de François le Doze et de l’équipe de Richard C Schwartz, et enfin, dans le cadre de ma pratique en tant que coach.
Cette approche est en effet fort riche et plurielle. Elle vise une exploration du monde intérieur, sans a priori, sans intention, avec une ouverture et une bienveillance qui sont communes aux postures de la PNL.
La subtilité et la finesse de cette approche réside d’une part dans l’identification des parties en présence, managers (celles qui anticipent) ou pompiers (celles qui réagissent) ou exilés (figés dans le passé). D’autre part, et surtout, dans la perception de la présence du self, repérable aux qualités de curiosité, de confiance, de calme, de courage, de compassion et de créativité.
L’une des différences entre l’approche IFS et les protocoles PNL de négociation entre parties ou de recadrage, c’est l’appréciation de la part du thérapeute ou du coach, du degré de présence du self bien évidemment en lui, mais surtout chez son client.
ans les protocoles précités en PNL, il est possible que le client parle à partir d’une partie manager, amalgamée avec le self, ce qui oriente la négociation vers l’intérêt de cette partie, qui en tant que partie, a une intention, là où le self aurait une vision.
Chaque partie vit ses expériences en 3D, elle a ses émotions propres, ses pensées, ses comportements, ses sensations et réactions.
Pour répondre à ton interrogation sur la mise en oeuvre des concepts IFS dans un processus d’intervention, le questionnement pratiqué en IFS a pour objet de descendre dans le monde intérieur du client, avec une curiosité “neutre”, de faire connaissance avec les parties protectrices du client, sans objectifs, en se laissant seulement guider par le chemin ouvert par celui-ci.
Le thérapeute ou coach invite, avec leur accord, chaque partie à décrire son rôle, exprimer son intention positive pour le système, puis à se mettre de côté, jusqu’à accéder à un exilé pour un travail avec celui-ci, s’il le souhaite. Car une des caractéristiques de l’approche, c’est également le profond respect du système, dans son rythme et ses demandes.
Certaines parties du thérapeute ou coach peuvent entrer en résonnance avec celles du client; c’est alors la présence du self du thérapeute ou du coach qui permet d’identifier l’effet miroir et revenir à une présence directe du self de l’accompagnant, que le client perçoit si la confiance est suffisamment établie.
Le self n’a pas d’intention, mais une vision. Il est présent dans chaque partie, et rayonne autour des parties, d’où son rôle de leader du système. Son énergie a une dimension spirituelle, qui rayonne en soi et autour de soi.
Mon expérience de cette approche m’a permis d’expérimenter cette forme d’énergie particulière qu’est le self, souvent masqué par des parties pleine de bonnes intentions pour soi, du type analysante, contrôlante, critique, bosseuse, perfectionniste… La liste est longue et plusieurs séances sont souvent nécessaires pour permettre à cette grande famille d’ouvrir sa porte !
Cette approche permet un véritable voyage dans son propre monde intérieur pour mieux accéder à celui de l’autre, en étant conscient de son propre état et percevoir clairement celui de l’autre.
Je voulais partager la richesse de cette expérience IFS avec toi, dans ses trois dimensions cognitive, émotionnelle et corporelle, portée par l’énergie bienveillante du système qui ouvre à une dimension plus vaste. Au plaisir d’un prochain échange,
Bien cordialement,
Anne Catherine
Cap Harmonie _ Coaching Accompagnement Personnalisé
Consultante en communication
Anne –Catherine Gapin-Fréhel – 06 07 82 56 79
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