par JL Monsempès
L’attirance se définit à partir des équivalences complexes qui satisfont des critères ou des valeurs importantes. Une équivalence complexe étant une manière de concevoir comment satisfaire des valeurs. Pour trouver les équivalences complexes, il convient de se demander « Qu’est ce qui me prouve que je l’aime, qu’il m’aime, qu’il m’apprécie, qu’il est sérieux, compétent ? » ; « Comment je sais que mes critères sont satisfaits ? » Par exemple, « il est sérieux car il respecte des délais, il prends des notes et pose des questions » ; « Je suis aimée car il a une voix chaleureuse, il m’offre des fleurs et il m’ouvre la porte pour descendre de la voiture ». Souvent deux ou trois éléments suffisent à créer l’attirance. Dans les relations amoureuses, c’est l’étape fusionnelle avec une dilution des frontières de personnalité. Près de l’autre, on ressent une plus forte perception de soi, on sort de soi-même, on s’aime davantage en présence de l’autre.
C’est l’étape ou on a le sentiment d’avoir trouvé la personne que l’on cherchait. Le système de tri ou de filtrage conduit à apprécier tout ce que fait l’autre. Les éléments comportementaux négatifs sont omis ou distordus pour satisfaire les critères et les éléments positifs sont généralisés et étendus à l’ensemble de la personne. « Il est en retard, il est un gros bosseur » ; « Il ne rebouche pas le tube de dentifrice, il pense tout le temps à moi ». Il y a identification de la personne à ses comportements. Une grande souplesse apparaît pour développer de nombreuses équivalences complexes. Tout élément devient la preuve de la satisfaction des critères. En amour c’est l’étape du désir et des « lunettes roses ». Dans les affaires, c’est le sentiment d’avoir trouver le partenaire idéal.
La certitude est acquise que le partenaire est capable de satisfaire vos critères les plus importants, par des équivalences comportementales appropriées. « Je suis sur que c’est le bon choix ». En amour, c’est l’acquisition de la certitude que l’autre peut nous rendre heureux. Dans les affaires, c’est la certitude que l’autre est la clé de la réussite du projet professionnel. « C’est l’associé idéal, c’est un formidable manager ». Cette certitude engendre la sécurité et l’assurance d’être installé dans un moyen fiable de trouver le bonheur, l’abondance…etc. A cette étape chacun s’installe dans une relation de dépendance et a l’illusion que l’autre va satisfaire définitivement ses propres critères. Cette situation peut se maintenir dans le temps si un retour fréquent est fait à l’étape de l’attirance et aux moyens de satisfaire les critères de l’autre.
Il consiste à ne plus percevoir ce qui est présent et satisfait les équivalences complexes des critères de chacun. Exemple, on ne remarque plus les attentions de l’autre, le nombre de fleurs par semaine, la bonne odeur de petits plats, les contributions de l’autre à la bonne marche de l’entreprise. Les lunettes deviennent moins roses
C’est une étape transitoire qui fait figure de frontière entre l’accoutumance et la détérioration de la relation. C’est le constat que l’autre ne peut satisfaire mes attentes, ce que j’attendais de lui. C’est une étape d’identification qui survient quand les fonctions de l’ego sont encore imbriquées comme à l’étape de la dépendance. Les différences ne sont plus acceptées, mais reprochées. “J’attendais que tu le fasses, et tu ne l’as pas fait”. La satisfaction des critères doit être une habitude. Les dons gratuits ne sont plus appréciés. Par exemple : « il n’a pas fait la vaisselle, elle n’a pas cousu mes boutons, il n’a pas fait le rapport, elle n’est pas allé au rendez-vous…et l’autre aurait du le faire.
Certaines personnes s’arrêtent au stade de l’attente : c’est la preuve qu’elles continuent à percevoir l’autre en tant que personne indépendantes sans se projeter elles même sur l’autre, et sans s’identifier à elle. Un retour en arrière est possible quand les partenaires sont capables de supporter les différences. Sinon le compteur des déceptions va démarrer et si une collection d’équivalences complexes se poursuit, elle peut conduire à l’étape de la désillusion:
C’est expérience humaine de la projection sur l’avenir, ce qui crée la possibilité de la déception et de la désillusion. On s’affuble de lunettes grises, porteuses de nouveaux filtres qui trient sur tout ce qui n est pas là, ce qui ne satisfait plus les critères, ou par des contre exemples. L’attention se porte sélectivement sur toutes les attentes insatisfaites et cela finit par installer de nouvelles équivalences complexes signifiant que l’on a cessé d’être apprécié, reconnu ou aimé. C’est uniquement le changement de filtres qui a conduit à ces constatations.
Par exemple : “il ou elle a changé. Il n’est plus comme avant” et de plus il n’est pas riche, il est maladroit, ses manières de manger sont un peu rude, il n’est pas un si bon commercial, manager…etc.
C’est l’accumulation d’équivalences complexes négatives. Cet empilage se fait suivant le type des schémas personnels : intensité, répétition, fréquence, intervalle, etc. de proche en proche, on arrive à établir le tri de tout ce qui manque.
Par exemple : il n’a pas vidé la poubelle depuis 6 mois, il n’a pas donné à manger à mon chat, il a encore insulté ma mère, elle n’a pas encore répondu à mes courriers, il n’arrive plus à l’heure aux rendez-vous. …
C’est une réorientation perceptuelle avec un changement radical des filtres de perception. On en arrive à penser : “Je ne l’aime plus”. Ou dans le champ professionnel « Il n’est pas un bon manager » On révise l’histoire en changeant les perceptions du passé, Il y a un renversement de la mémoire et généralisation des équivalences complexes pour aimer et être aimé, être apprécié ou reconnu pour son travail. On se dissocie du plaisir qui est attaché à certains souvenirs, et on s’associe uniquement à ce qui, dans le passé, a été difficile.
Par exemple : ” Je ne l’aime plus. Je ne supporte plus ses chaussettes sur le canapé, son dentifrice non fermé, il a toujours été bordélique. Sa grosse voix est celle d’un macho et il a toujours été une tête de nœud”. Et dans le champ professionnel : « Il fait tout pour me mettre en colère, me rendre anxieuse, me déprimer »
Quand on commence à s’associer au chagrin, à la douleur et à se dissocier du plaisir des événements du passé en pensant à l’autre c’est une indication du passage du seuil. Et l’évolution se poursuit : “Cette fois, ça y est, je n’en peux plus” ou “Si il fait encore ça, ça va exploser, et il aura provoqué l’irrémédiable”, etc.
C’est une étape de vérification pendant laquelle toutes les informations sont organisées pour supporter la nouvelle croyance et déboucher sur « c’est fini ». Le seuil se produit parfois de façon chaotique, sans que le sujet prenne conscience de ce qui s’est passé en lui, sans s’apercevoir qu’il a changé sa mémoire et fait un vrai “Changement d’histoire”. Il y a parfois des marches arrière. Dans ce schéma évolutif, certains sujets installent des boucles qui permettent parfois de déboucher sur de nouveaux contrats.
D’autres personnes ne vont pas jusqu’au bout de ce processus et s’arrêtent avant le seuil, souhaitant conserver à tout prix le respect de l’autre.
C’est l’étape finale de ce processus. Le cœur, l’âme et l’esprit sont déjà lointains car on doit divorcer, démissionner, changer d’appartements, de bureaux, d’entreprises … ce qui prend du temps parfois des années, ce qui explique que le corps est le dernier à partir. Cette période qui précède et conduit à la sortie peut durer quelques jours ou quelques années. Après le seuil, il devient impossible de revenir à la première étape mais il est possible de recommencer une nouvelle relation avec de nouvelles et plus matures équivalences complexes.
C’est le même processus pour changer de décision et c’est la carte de bien des relations d’entreprise. Ce qui est toujours essentiel est de percevoir la séparation des modèles du monde, la séparation entre les comportements entre les comportements et le soi. Et de méta communiquer en cas de relation difficile, dialoguer sur nos différences sans essayer de les changer.
Résumé des étapes du schéma relationnel | ||
---|---|---|
Attirance | Satisfaction des critères de chacun par l’autre | Omissions des aspects négatifs Distorsions positives |
Appréciation | Généralisation de quelques équivalences complexes. Tout devient preuve d’amour, même les défauts | |
Certitude Sécurité | La garantie du bonheur car l’autre va durablement satisfaire mes critères. Relation de dépendance vis-à-vis de l’autre | |
Habitude | Accoutumance à ne plus percevoir ce qui est présent et qui satisfait les critères de chacun | Généralisations positives |
Attente | L’autre ne peut satisfaire mes attentes. Les différences ne sont plus acceptées et reprochées | |
TRANSITION | Transition | |
Désillusion Déception | Nouveaux filtres pour tirer sur ce qui ne satisfait plus les critères. Une attention sur toutes les attentes insatisfaites | Ommissions des aspects positifs Distorsions négatives |
Empilage | Accumulation des équivalences complexes négatives. Tri sur tout ce qui manque ou est négatif | |
Seuil | Réorientation perceptuelle avec changement d’histoire. Dissociation du plaisir, et association au déplaisir du passé | |
Sortie | Etape définitive | Fin |
Sources : Leslie Cameron Bandler and Michael Lebeau “Emotional hostage 1986 Real People Press et Repère numéro spécial n°7 de mai 91
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