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Jean Luc Monsempès

« L’esprit commande le corps et lui obéit » St Augustin. La Programmation Neuro-linguistique (PNL) comme de nombreuses autres approches systémiques partagent le présupposé du lien puissant existant entre les processus somatiques et cognitifs. Avec la PNL, nous expérimentons l’interdépendance entre nos processus internes (la pensée), nos états internes (nos ressentis et émotions) et nos comportements externes (verbaux ou non verbaux). Notre manière de penser se traduit par notre manière d’agir et de nous exprimer. Nous oublions parfois que l’inverse est également vrai. Notre manière de nous tenir, de bouger et de nous asseoir peut modifier notre manière de penser et de nous exprimer. C’est là un moyen simple d’accroître notre efficacité dans de nombreuses situations. Nous expérimentons ceci avec le New Code de la PNL proposé par John Grinder et Judith DeLozier. La modélisation intuitive utilisée par Richard Bandler repose également sur cette hypothèse qu’en adoptant les indices physiologiques d’une autre personne, nous pouvons accéder  à une meilleure compréhension de ses modes de pensée, de ses états internes, et de son mode de perception du monde.

Si ces concepts sont largement expérimentés au cours des formations en PNL, nous avons rarement l’occasion de nous appuyer sur des travaux scientifiques, même si ces études sont maintenant fort nombreuses. La recherche d’efficacité et de pragmatisme de la PNL nous fait parfois oublier de  rappeler les sources scientifiques de nos affirmations. Cet article vise donc à présenter les résultats de quelques travaux scientifiques concernant l’influence des mouvements du corps sur nos pensées et nos ressentis.

Adopter une posture de pouvoir pour se sentir puissant

Comment pensez-vous aux personnes à qui vous attribuez du pouvoir ? Qu’observez-vous de la posture, des gestes, des  mouvements ? Que vous dîtes-vous à propos de l’aspect extérieur de ces personnes ? Dans quelle posture vous les représentez-vous, bien droite ou affaissée ? Par leur manière de se tenir, ces personnes de pouvoir donnent l’impression d’une grande présence qui rayonne autour d’eux. Ils apparaissent positifs, pleins de confiance et prêts à prendre des risques pour relever d’importants défis.

Des chercheurs de la Columbia University and Harvard University ont fait l’hypothèse que l’adoption physique d’une posture de pouvoir pouvait générer un ressenti de pouvoir/puissance et même stimuler les hormones du pouvoir. L’étude de Carney et coll. (1) démontre en effet cette hypothèse : adopter physiquement une posture de pouvoir a des conséquences neuro-endocriniennes et en particulier sur la sécrétion de testostérone des sujets masculins ou féminins. Les sujets qui adoptaient fortement des postures de pouvoir ont montré une élévation des taux de testostérone, une baisse des taux de cortisol, et une augmentation du ressenti de pouvoir et d’acceptation du risque. Ceux qui adoptaient faiblement des postures de pouvoir ont montré des résultats inverses. Adopter le langage non verbal associé au pouvoir provoque donc des changements adaptatifs aux niveaux psychologiques et cognitifs (la pensée), physiologiques (émotionnels et endocriniens), et comportementaux.

Ces résultats suggèrent également que l’incorporation du pouvoir pouvait se maintenir après l’exercice. Une personne peut donc, en adoptant des postures de pouvoir pendant une minute, incorporer le pouvoir et se sentir immédiatement plus puissante. Ceci a des implications réelles sur lesquelles on peut agir.  Les postures de pouvoir nécessitent plus d’espace. Donc ouvrez les bras ou les jambes. Quand vous dominez l’espace, votre esprit reçoit le message.

Les auteurs concluent qu’en changeant simplement son maintien physique, un individu prépare ses systèmes mentaux et physiologiques à affronter des situations difficiles, et peut-être à réellement améliorer sa confiance en lui et la réalisation d’activités considérées comme stressantes, telles qu’un entretien d’embauche, la prise de parole en public, l’expression d’un désaccord avec son patron, la prise de risque. Les résultats suggèrent que dans des situations exigeant du pouvoir ou de la puissance, les individus peuvent avoir la capacité à “faire semblant jusqu’à ce qu’ils puissent faire”. Ces changements posturaux minimaux et les résultats obtenus peuvent améliorer l’état de santé général et le bien être d’une personne. Un bénéfice potentiel particulièrement important chez ceux qui se sentent dépourvus de ressources de façon chronique, ceux qui ont une faible position hiérarchique dans une organisation professionnelle ou sociale.

Tendre les muscles pour accroître la volonté

La prochaine fois que vous sentez votre volonté fléchir devant une assiette de gâteaux, la nécessité de sortir du lit, traiter vos courriers, faire du sport….tendez les muscles. Car tendre ses muscles peut accroitre votre volonté. Dans une série de 5 études, I.W. Hung et A.A. Labroo (2) ont montré que lorsque des individus rendent leurs muscles plus fermes, ils pouvaient mieux résister à la douleur, résister à la tentation de la nourriture, prendre un médicament désagréable et prêter attention à une information inquiétante. Donc si vous désirer accroître votre volonté, tendez vos muscles.

Notre corps peut nous aider à développer le contrôle de soi nécessaire à la réalisation d’objectifs à long terme. Les participants  de l’étude recevaient l’instruction de serrer n’importe quel muscle (doigt, mollet, biceps…etc.)  tout en essayant d’exercer un contrôle sur eux durant diverses épreuves : résister à la douleur, consommer des médicaments désagréables, résister à des produits alimentaires tentants. Les auteurs ont constaté que la tension musculaire avait un effet positif sur la volonté, mais uniquement quand les choix adoptés au cours des épreuves restaient alignés avec les objectifs des participants (par exemple, avoir une vie plus saine). Ils ont également constaté que la tension musculaire était utile uniquement au moment du choix du dilemme, c’est-à-dire au moment où le besoin de contrôle sur soi est le plus utile. Ceux qui faisaient l’exercice avant la situation de décision se sentaient épuisés au moment de faire un choix.

Croiser les bras pour booster la persévérance

Devant une tâche difficile qui s’inscrit dans la durée, croisez vos bras. Les travaux de Ron Friedman et Andrew Elliot (3) montrent qu’il est plus facile de persévérer les bras croisés.
Les étudiants qui participaient à l’étude ne connaissaient pas ses véritables objectifs. Dans la première expérience, on a donné à des étudiants une anagramme (Mot obtenu par la permutation des lettres d’un autre mot)  impossible à résoudre. A la moitié des élèves on a demandé de travailler les mains sur les cuisses et à l’autre moitié assis les bras croisés. La durée moyenne de persévérance était de 30 minutes dans le premier groupe et de 50 minutes dans le second. Dans une deuxième expérience, on a demandé aux étudiants de résoudre une anagramme plus facile. Les étudiants qui avaient les bras croisés ont trouvé plus de solutions que les étudiants assis avec leurs mains sur leurs cuisses. Pour les chercheurs, croiser les bras n’est pas seulement une position de confort car ils considèrent que l’adoption de cette position active un désir inconscient de réussite. Les auteurs signalent cependant qu’il faut prendre en compte les facteurs culturels et que dans certains contextes sociaux, les bras croisés peuvent éloigner les individus les uns des autres.

S’allonger pour avoir de bonnes idées 

D.G  Byrne et D. M. Lipnicki (4) ont demandé à des sujets de résoudre des anagrammes ou d’effectuer des problèmes arithmétiques en position debout ou en position couchée. La durée moyenne de résolution des problèmes est de 10 % plus longue en position debout qu’en position assise. Donc pour être plus perspicace, allongez-vous. Archimède était dans son bain quand il a prononcé son fameux « Euréka ». En position debout, le sang s’accumule dans la partie basse du corps. Pour maintenir la pression sanguine dans la partie haute du corps, les neurones du stress libèrent de l’adrénaline ce qui a pour effet d’accroitre le rythme cardiaque. L’augmentation du débit sanguin va agir sur la motivation et la vigilance, mais va ralentir d’autres fonctions cognitives et en particulier la créativité.  Car les bonnes idées surviennent plus rapidement quand le taux d’adrénaline est bas, par exemple lors d’une rêverie en position couchée.

Une toute petite sieste pour mieux travailler

La recherche scientifique au service de la sieste. L’étude d’Amber Brooks et Leon Lack (5) cherchait à comparer les avantages des siestes de différentes durées (aucune sieste, ou une sieste de 5, 10, 20 et 30 minutes de sommeil) chez 24 jeunes adultes en bonne santé, après une nuit de sommeil de 5 heures. Les résultats montrent que la sieste de 5 minutes n’apporte pas de bénéfice par rapport à l’absence de sieste. La sieste de 10 minutes produit des améliorations immédiates sur tous les indicateurs mesurés (fatigue, vigilance et performances cognitives), avec certains bénéfices maintenus jusqu’à 155 minutes. Pour une sieste de 20 minutes, les améliorations émergent 35 minutes après le réveil et durent environ 125 minutes. La sieste de 30 minutes produit d’abord des troubles de la vigilance puis des améliorations durables de 155 minutes. Les auteurs concluent que la sieste de 10 minutes est la plus efficace.

Bouger les mains pour persuader

Si on sait que les gestes accompagnent la parole, on n’avait jusqu’à présent pas démontré le rôle des mouvements de la main sur le processus de persuasion. Fridanna Maricchioloa, Augusto Gniscib, Marino Bonaiutoa et Gianluca Ficcab (6) ont mené un travail expérimental avec des étudiants à qui on a montré cinq vidéos dans lesquelles les gestes de la main de l’orateur ont été modifiés de cinq manières différentes. Les résultats démontrent l’impact des gestes de la main sur des indicateurs de persuasion (efficacité du style de communication, sang-froid et compétences de l’orateur). Les gestes les plus efficaces sont ceux qui rendent vos propos plus compréhensibles. Par exemple quand vous évoquez le passé, montrer du doigt ce qui est derrière vous.  Pour les auteurs, les gestes de la main accompagnant le discours semblent bien avoir un rôle causal dans la perception sociale de la persuasion

Faire des gestes pour faciliter la compréhension

Nous pensons avec notre neurologie et aussi avec  nos mains. Les gestes que les enfants produisent spontanément quand on leur explique une tâche est un indice prédictif de leur capacité à réaliser cette tâche. Car les gestes pourraient refléter la préparation d’un enfant à apprendre une tâche particulière et jouer également un rôle dans l’apprentissage de la tâche. Les travaux de Cook SW, Mitchell Z, Goldin-Meadow (7) démontrent que les enfants a qui on demande de faire des gestes pendant l’apprentissage des mathématiques conservaient mieux l’apprentissage que ceux à qui on demandait de ne pas faire de geste. Les gestes peuvent donc jouer un rôle causal dans l’apprentissage, peut-être en donnant aux apprenants une nouvelle possibilité d’incarner les idées nouvelles et de se les représenter.

Sourire pour être heureux

Même l’acte du sourire peut provoquer la sensation du bonheur, qu’il soit justifié ou pas. Strack et coll. (8) Ainsi, forcer un sourire  nous incite à voir le monde sous un meilleur éclairage.

Pour vous sentir heureux, agissez comme si vous l’étiez déjà. Sortez et faites des choses qui vous rendent heureux. Asseyez-vous avec une posture bien droite. Les membres du corps ouverts et détendus. Montrez que tout votre corps est heureux. Déplacez- vous également de façon heureuse, avec une démarche souple et un balancement des bras. Et alignez vos paroles sur votre corps. Parlez comme si vous étiez heureux, en utilisant des mots plus positifs, comme «amour» et «grand». Référez-vous plus aux autres qu’à vous-même. Modulez le ton de votre voix, et évitez un ton monocorde. Parlez clairement et un peu plus rapidement que d’habitude tout en restant compréhensible. Soyez agréable avec les autres. Riez de leurs blagues et assurez-vous qu’ils peuvent être heureux auprès de vous. Eviter les critique destructrices vis à vis de vous-même et des autres. Forcez-vous à sourire. Regardez-vous dans le miroir pour rendre votre visage plus heureux. Les études scientifiques montrent que vous devez conserver cette expression de bonheur pendant 15 à 30 secondes chaque jour pour que ce soit efficace.

Ceux qui agissent comme s’ils étaient heureux, même quand ils ne sont pas, ne peuvent certainement pas connaître l’extase, mais ils  finissent par être plus heureux que s’ils se vautraient dans leur misère. L’équipe de F. Strack (8) a  demandé à des participants de tenir ou pas un stylo dans leur bouche de façon à activer les muscles responsables du sourire. Ceux dont les muscles du sourire étaient activés ont trouvé les dessins animés plus drôles que ceux dont les muscles du sourire n’ont pas été activés par le stylo dans leur bouche. Les auteurs concluent que si vous forcez vos lèvres à sourire, vous vous sentirez plus heureux.

En faisant quelque chose de contraire à nos croyances sur nous-même, nous sentons la tension du conflit entre nos croyances et nos actions. Nous passerons donc notre temps à résoudre cette tension en changeant l’un ou l’autre des éléments. En nous forçant à sourire (et à garder le sourire), la seule alternative est de changer ce que nous croyons. Et croire que nous sommes heureux va nous conduire à réellement nous sentir plus heureux.
De plus, quand vous êtes heureux avec les autres, ces derniers seront plus susceptibles d’être heureux avec vous, créant ainsi une ambiance sociale de joie au bénéfice de chacun.

Synchroniser pour avoir de l’empathie

Pour savoir ce qui se passe dans la tête de votre voisin, commencez à mimer ses comportements. C’est ce que font de façon automatique ceux qui ont beaucoup d’empathie : ils copient l’accent, la posture, les gestes  les expressions et ainsi de suite. En augmentant les similitudes de votre langage non verbal et de celui de l’autre, vous ressentirez mieux vos propres émotions, et vous pourrez obtenir un indice de ce que l’autre ressent. Pour accéder aux états internes des autres, les comédiens rentrent dans la peau d’un personnage  en simulant ses expressions non verbales. C’est ce que nous faisons également ave la modélisation en PNL

Imiter pour comprendre

Les humains s’imitent mutuellement lors des interactions sociales. Ce comportement imitatif rationalise les interactions et facilite l’apprentissage par la reproduction des actions. Mais jusqu’à présent l’effet de l’imitation sur la compréhension des actions n’était pas bien claire. Patti Adank, Peter Hagoort, Harold Bekkering  (9) ont examiné l’impact de l’imitation vocale d’un accent inhabituel sur l’amélioration de la compréhension de la langue. Les résultats démontrent en effet que l’imitation peut faciliter la compréhension d’une langue. Certains chercheurs comme Pickering et Garrod (10) vont plus loin en déclarant que l’imitation des autres nous aide à prévoir ce qu’ils vont faire

Un exercice simple à faire en position debout

Regardez vos pieds et notez en premier dans quelle direction vos pieds se dirigent spontanément. Puis testez trois différentes positions en notant comment vous vous sentez et ou se dirige votre attention.

1. Pieds légèrement dirigés vers l’intérieur
2. Pieds dirigés droit devant
3. Pieds légèrement vers l’extérieur

Avez-vous noté qu’un changement aussi minuscule pouvait faire une différence ? Ainsi où vos pieds devraient-ils être maintenant pour créer l’état dans lequel vous voudriez être ?

Jean Luc Monsempès

Références

1-Dana R. Carney  “Power Posing Brief Nonverbal Displays Affect Neuroendocrine Levels and Risk Tolerance” , Columbia University, Graduate School of Business, 717 Uris Hall, 3022 Broadway, New York, NY 10027-6902 et Amy J.C. Cuddy, Harvard Business School, Baker Library 449, Boston, MA 02163 (http://pss.sagepub.com/content/21/10/1363)
2- I. W. Hung, and A. A. Labroo (2011). “From firm muscles to firm willpower: Understanding the role of embodied cognition in self-regulation.”  Journal of Consumer Research.  Published online 25th October 2010. (http://atlas.ai/swag/hung-labroo-2011.pdf)
3- Ron Friedman, Andrew J. Elliot “The effect of arm crossing on persistence and performance” –  European Journal of Social Psychology- Volume 38, Issue 3, pages 449–461, April/May 2008  ou psychorochester
4- Darren M. Lipnicki and Don G. Byrne “Thinking on your back: Solving anagrams faster when supine than when standing” Cognitive Brain Research, Volume 24, Issue 3, August 2005, Pages 719-7225-
5- Amber Brooks, PhD; Leon Lack, PhD “A Brief Afternoon Nap Following Nocturnal Sleep Restriction: Which Nap Duration is Most Recuperative?” ,  SLEEP, Vol. 29, No. 6, 2006
6- Fridanna Maricchioloa, Augusto Gniscib, Marino Bonaiutoa & Gianluca Ficcab “Effects of different types of hand gestures in persuasive speech on receivers’evaluations” – Language & Cognitive Processes (2009)  Volume: 24, Issue: 2, Pages: 239-266
7- Cook SW, Mitchell Z, Goldin-Meadow – “Gesturing makes learning last“; Cognition. 2008 Feb ;106(2) :1047-58. Epub 2007 Jun 11.
8- Strack, F., Martin, L. & Stepper, S. (1988). “Inhibiting and facilitating conditions of the human smile: A nonobtrusive test of the facial feedback hypothesis“.  Journal of Personality and Social Psychology, 54, 768-777
9- Patti Adank, Peter Hagoort, Harold Bekkering “Imitation Improves Language Comprehension” ;  Psychological Science December 2010 vol. 21 no. 12 1903-1909
10- Pickering MJ,  Garrod S. “Do people use language production to make predictions during comprehension ?”  ; Trends Cognitive Science. 2007 Mar; 11(3):105-10.

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