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Par Judith DeLozier ; Extrait d’une présentation au Central London NLP Group, 19 avril 1993. Compte rendu de James Lawley

Merci d’avoir pris le temps, malgré votre vie bien remplie, d’être ici ce soir. Ce que votre groupe réalise ici me rappelle vraiment comment la PNL a débuté. Il n’y a bien peu de lieux dans le monde dans lesquels l’esprit communautaire de la PNL crée ce que vous créez ici. C’est une chose vraiment merveilleuse et vous pouvez tous en être fier. Cela me touche car c’est ce que je veux voir se produire.

On m’a demandé d’écrire quelque lignes pour une brochure et je veux vous la lire : “La discipline connue sous le nom de PNL a débuté avant d’avoir un nom, au sein d’une communauté interdisciplinaire de personnes. Richard Bandler, John Grinder, Leslie Cameron, Mary Beth Megus, David Gordon, Robert Dilts et moi-même, pour n’en nommer que quelques-uns. Nous étions motivés par une même curiosité à propos de notre manière de savoir, d’apprendre, de communiquer et de changer. Et comment faire pour influencer le processus de changement d’une manière écologique et bien formulée ?. Les modèles de la PNL ne nous ont pas été transmis, mais ils se sont développés au cours de notre apprentissage”.

Je veux que vous sachiez à quel point ce que vous réalisez est particulier. Vous pouvez vous réunir régulièrement et développer vos connaissances au sein de ce groupe. Parce qu’il s’agit vraiment de déployer des connaissances dans un groupe de personnes issues de différents modèles du monde. Alors, bravo à vous. Je vais faire le tour du monde et leur faire savoir ce que vous réalisez ici.

Au commencement

J’aimerais vous parler un peu de moi. J’ai une formation en théologie et en anthropologie. Je me suis impliquée dans le champ de la PNL à l’époque où le livre, The Structure of Magic n’était encore qu’un manuscrit. Mon ami, John Grinder, me l’a apporté et m’a dit : “Lis ceci, et dis-moi ce que tu en penses”. J’ai lu le livre, et j’ai dit à John : “Tu sais, c’est vraiment quelque chose de bon auquel les personnes peuvent rattacher à leur expérience. Cela pourrait vraiment aider les gens à donner une signification à ce qui leur arrive dans le monde et qu’ils n’ont aucun moyen d’exprimer. C’est une très belle structure”. Ce cadre particulier, l’Université de Santa Cruz, nous a vraiment permis de réaliser ce que nous faisions. Le doyen de l’Université de l’époque avait la vision de création d’un contexte dans lequel les idées interdisciplinaires et les différents modèles du monde pourraient se rencontrer de manière créative pour produire de nouvelles possibilités.

Ce dont je veux parler ce soir, c’est l’idée de la maîtrise de la PNL, et en particulier le nouveau code de la PNL. “Nouveau code”, c’est comme ça que je l’appelle. Il s’agit d’une autre description de la PNL qui comporte sept éléments différents. Je voudrais également aborder le développement de la PNL systémique.

L’ancien code de la PNL

La première description de la PNL, ce que j’appelle l’ancien code, s’est développé à partir de la linguistique, de la gestalt-thérapie et de la théorie des systèmes. Ce qui a débouché sur les modèles de langage (le méta-modèle) et leur connexion avec la structure profonde de l’expérience qui, à son tour, a donné les notions de systèmes de représentation et de sous-modalités, de stratégies, de séparation de l’intention du comportement, et toutes les permutations que nous pouvions faire avec ces codes pour créer la technologie ; par exemple le recadrage en six étapes, le changement d’histoire personnelle, l’ancrage ou la dissociation visuelle/kinesthésique.

De nombreux résultats ont émergé des réponses à une seule question “Comment le sais-tu ?” La question de l’épistémologie. Les gens disaient : “Oh, je vais au spectacle ce soir”. Et on demandait : “Comment le sais-tu ?”. Nous commencions à noter que leur yeux bougeaient et nous nous demandions ce qui se passait. Et ils disaient : “Je me vois bien aller au spectacle”. Et nous avons découvert qu’ils voyaient vraiment quelque chose. Nous avons commencé à relier ensemble les schémas physiologiques, linguistiques et les états internes. Une fois que vous comprenez le niveau d’implication de chaque schéma, vous pouvez créer vos propres schémas.

Les personnes (les premiers étudiants de la PNL) partaient avec le méta-modèle comme seul outil, et faisaient une méta-modélisation de l’enfer des gens (Judith évoque ici les effets d’un usage abusif des questions du méta-modèle). Ces personnes ne comprenaient pas pourquoi elles perdaient tous leurs amis ! Elles considéraient la PNL comme une technologie, comme une procédure que j’appelle aussi un rituel. Hors, il n’y a pas de sagesse dans une technologie. La sagesse doit résider dans le porteur de cette information. Avec John Grinder, nous nous sommes dit : “Comment allons-nous amener les personnes à se demander où se trouve la sagesse ?. Et c’est ainsi que le livre « Turtles All The Way Down : Prerequisites to Personal Genius » a été écrit en 1984.

Le nouveau code de la PNL

La deuxième description, ou Nouveau Code, s’est développée à partir de différentes sources ; le travail de John Grinder et ma propre compréhension de la PNL, les travaux de Gregory Bateson sur la théorie de l’information et la biologie, les livres de Carlos Castaneda sur la Voie Yacqui, et notre expérience africaine du tambour, de la danse, du chant et du récit au Congo. Nous avons donc rassemblé ces idées et nous nous sommes demandés : “Comment pouvons-nous donner une autre description de ce qui a déjà été spécifié dans cet autre code ?. ” Et nous avons ainsi élaboré un ensemble de sept éléments”.

1 – L’état d’excellence pour la modélisation

Quel état développeriez-vous pour modéliser l’excellence dans le monde ? Nous nous sommes demandés d’une part quels étaient les éléments clés pour développer un état de qualité pour la modélisation, et d’autre part ce que nous pourrions faire pour avoir plus de choix à propos de notre état, tant pour gérer notre état problématique, que pour faciliter notre versant évolutionnaire et génératif ?.

L’état était donc le premier élément. Nous avons commencé à observer les personnes qui avaient réalisé des projets de modélisation intéressants, comme Carlos Castaneda. Ce que ces personnes avaient en commun, était l’utilisation de ce que j’appelle l’état “nerk-nerk”. Un état de “non savoir” – celui que nous avons quand on ne sait pas…. encore. Vous recueillez des informations dans votre système. Vous avez des intuitions à leur sujet, mais vous ne savez pas encore ce que vous savez. Dès que vous avez une intuition, un endroit quelque part sait quelque chose ; c’est juste que cela n’est pas encore venu à la conscience. Le schéma ne s’est pas encore présenté. Mais si vous attendez que le schéma se constitue, il apparaîtra. Cela rejoint l’idée de Gregory Bateson selon laquelle il y a toujours deux façons de savoir. Il y a le savoir dans l’unité du mental, et puis il y a le savoir cognitif de ce que nous savons. Il y a aussi une compréhension de la relation entre les deux.

A propos du thème de la maîtrise de la modélisation, certains schémas ont commencé à émerger. L’un étant lié à la gestion de l’État,  c’est-à-dire qu’une personne possède les moyens de maintenir les qualités de sa respiration, de sa physiologie, de ses représentations et ses croyances. Tous ces facteurs déterminant le résultat de la démonstration de la maîtrise ou de l’excellence dans le monde. Par exemple, alors que vous êtes assis là, mettez de la tension dans vos épaules, asseyez-vous en déséquilibre ; laissez vos épaules s’appuyer vers vos oreilles. Un état de stress typique. Comment respirez-vous ? Est-ce un état confortable ? Trouvez-vous que cette physiologie est utile pour l’apprentissage ? Où se porte votre attention ? Quelles croyances sur l’apprentissage entretenez-vous dans cet état ? Changez de position, bougez un peu, levez-vous et asseyez-vous. Trouvez une position confortable et équilibrée. Parcourez le corps et relâchez toutes les tensions excessives, respirez et répétez les questions ci-dessus. Quel est l’état est le plus propice à l’apprentissage ?.

Un autre schéma découvert concerne la manière d’avoir une relation de la plus haute qualité avec la personne modélisée. Ce schéma exige un état dans lequel la personne met de côté les filtres du dialogue interne, de la vision fovéale et l’excès de tensions. C’est un état très clair, parfois appelé « uptime trance » (transe dans le temps). C’est un état dans lequel nous créons une interface entre notre attention et celle du modèle, dans lequel les schémas du modèle sont déposés dans notre neurologie pour ensuite être extraits dans le but de construire un codage transférable à d’autres personnes. Un état de modélisation est calme, sans dialogue interne, il utilise la vision périphérique et non la vision fovéale.

2 – La relation conscient-inconscient

Qu’est-ce que ces personnes faisaient d’autre ?. Eh bien, ils montraient une relation de qualité très intéressante entre leur conscient et leur inconscient. Ce que nous appelons la première attention et la deuxième attention. Quelle que soit cette chose que nous appelons conscience, elle se répercute dans l’unité plus grande, et elle impacte la qualité de la relation. Ces personnes disaient qu’elles continuaient à trouver des moyens d’améliorer et de développer la qualité de cette relation conscient-inconscient. Si vous pensez que vous n’y arriverez jamais, sachez que c’est un processus continu, une évolution qui s’enrichit au fil du temps.

Combien de personnes ont fait ce qu’on appelle un changement « de deuxième position de perception » ?. La plupart d’entre vous ! Vous souvenez-vous de la première fois que vous l’avez fait par rapport à la dernière fois ? La qualité est-elle très différente ? Diriez-vous que chaque fois que vous le faites, la qualité augmente ? Eh bien, c’est de ça que je parle. Alors, quels sont les mécanismes qui vous permettent de développer continuellement cette relation entre conscient et inconscient ? Combien de personnes méditent ? Combien de personnes prient ? Combien de personnes font de l’autohypnose ? Combien de personnes font quelque chose qui exige que toute l’unité de l’esprit agisse de façon honnête et à cent pour cent, comme dirait Gregory Bateson ?

Gregory Bateson a également reconnu que les maîtres, quel que soit l’objet, possèdent une relation de qualité très développée entre leurs ressources conscientes et inconscientes. Un maître sait quand utiliser la pensée étroite de l’esprit conscient cognitif, et quand utiliser la pensée plus relâchée de l’esprit inconscient plus créatif. Prenons la métaphore de Milton Erickson du cheval et du cavalier. Le cheval étant notre esprit inconscient et le cavalier notre esprit conscient. Bien sûr, tous ceux d’entre nous qui ont monté un cheval savent ce qui se passe lorsque le cavalier veut aller dans une direction et le cheval dans une autre. Ni l’un ni l’autre ne parvient facilement à destination et cela demande beaucoup de temps et d’énergie. C’était donc le deuxième aspect de la maîtrise et du nouveau code.

3 – L’équilibre entre la pratique et la spontanéité

La troisième question était de savoir comment équilibrer la pratique et la spontanéité. Ce qui est aussi très lié à la relation entre conscient et inconscient. La PNL consiste à obtenir des résultats. Avez-vous cependant un moment où votre but n’est pas d’obtenir un résultat ? Si je descends au-delà de la frontière du Mexique, on me dira : “Judy, c’est très important d’aller au pays de l’inaction. “Avez-vous cette compréhension qui vous permet de vous dire “Oui, j’apprends ces rituels appelés PNL. J’apprends ces techniques, j’apprends ces outils, je viens dans des endroits comme celui-ci et je les pratique. J’apprends et je me déploie dans le monde” ?. Puis survient un moment où les apprentissages des comportements sont si profonds que tu te laisses aller et que tu agis tout à fait spontanément. Dans ce moment, il n’y a pas d’autoréflexion  du genre : “Maintenant, je me demande si leurs yeux vont monter vers la droite, je me demande s’ils vont descendre vers la gauche”. Il n’y a que la boucle systémique (entre conscient et inconscient, entre vous et les autres).

J’aime la métaphore de l’Aïkido : vous êtes sur le tapis et vous vous entraînez encore et encore. Et quand vous rencontrez un adversaire, vous ne vous arrêtez pas de vous parler à vous même. Vous n’allez même pas décider à l’avance quel mouvement vous allez utiliser. Vous ne pouvez vraiment pas savoir tant que vous n’avez pas fait face à l’adversaire, parce que c’est une danse avec le monde extérieur.

4 – Les positions de perception

Le quatrième élément concerne les positions perceptuelles. Gregory Bateson disait : “Il faut être deux pour en connaître un”. Et nous avons dit : “On va en prendre trois”. En même temps, Robert Dilts nous a dit : “J’ai fait quelque chose d’intéressant l’autre jour. J’ai demandé à la personne qui avait une phobie des serpents d’adopter la position de perception de ce serpent dont il avait peur, et la chose la plus incroyable est arrivée : ce serpent avait aussi vraiment peur”. Donc, nous avions tous les deux  la même idée de première et seconde position. Puis nous avons commencé à penser au fait qu’au-delà de ma position, de votre position, existe une troisième position ou position neutre, à partir de laquelle on obtient uniquement de l’information.

J’ai constaté que cette troisième position est pour certains la plus difficile. En y allant, on ne voulait pas dire : “C’est juste de l’information”.  “Dieu, que c’est stupide ! Je n’arrive pas à croire que j’ai fait ça”. Cela donne une signification à un schéma d’un autre niveau. Je peux maintenant avoir une vision plus large du monde et le comprendre à partir d’une position différente que celle dans laquelle j’étais coincé en première position ou de celle que j’occupais en seconde position. De la troisième position, je peux voir la danse du monde.

Positions perceptuelles et adjectifs caractérologiques 

Qui connaît les “adjectifs caractérologiques” ? Pensez à une personne avec laquelle vous avez du mal à communiquer ; ou une situation qui n’est certainement pas une interaction créative ou productive. Ce n’est pas une situation où la communication repose sur l’amour. Une communication qui ne souligne pas ce qu’il y a de meilleur en vous. D’une façon ou d’une autre, vous vous sentez coincé. Vous avez un exemple de ce genre de situation et de personne ?. Imaginez que vous êtes au cinéma. Voyez la personne là-haut sur l’écran se comporter comme elle se comporte, et donnez-moi un mot pour décrire son comportement ?.

“Centrée sur elle” “Agressive”.

OK, c’est donc un descriptif. Compte tenu de tous ces morceaux d’information sur le comportement de cette personne, c’est ainsi que vous la décrivez. Respirez un grand coup et regardez-vous là-haut dans la boucle d’interaction avec cette personne. Vous êtes maintenant en troisième position. Ce n’est qu’une position informative. Maintenant, vous êtes en train de vous comporter comme vous le faites avec cette personne. Quels mots utiliseriez-vous pour décrire votre propre comportement ?.

“En retrait”.

Cette personne est donc centrée sur elle, et vous vous êtes en retrait.

“Défensive”.

Cette personne est agressive et vous, vous êtes sur la défensive. C’est logique. Si nous utilisons dans cette situation le filtre de Bateson, nous voyons la différence entre des relations symétriques en escalade et des relations complémentaires. Vous commencez à voir votre rôle dans la danse interactionnelle. Les personnes ne s’amuseraient pas à faire cela seules, et vous non plus. C’est ce dont on parle dans les systèmes : obtenir une partie suffisamment grande de l’interaction pour que vous puissiez prendre du recul et dire, “Oh, maintenant je comprends comment je danse avec cette personne” et réaliser les choix qui s’offrent à vous pour sortir de cette danse. De cette position, vous pouvez vous demander : “En revivant l’interaction avec cette nouvelle information, qu’est-ce qui peut faire une différence dans la qualité de l’interaction ?”. En sachant que si une partie du système commence à bouger, c’est tout le système qui va bouger.

Ces positions perceptuelles ont alors déclenché toute une série d’autres options et de nouveaux liens se sont fait avec le méta modèle. Prenez par exemple le schéma cause-effet. Quand je pense à la façon dont un schéma se manifeste dans ma vie, je commence à comprendre mon propre rôle que celui que les autres jouent. Et si je m’en prends à quelqu’un ou si je me sens blâmé, je réalise que c’est une relation de cause à effet.

Positions perceptuelles et créativité

En termes de créativité, il existe une façon amusante d’utiliser les positions perceptuelles. Pensez à une œuvre d’art qui vous a vraiment touchée. Ce n’était pas uniquement quelque chose que vous regardiez en vous disant : “Oh, c’est cool”. C’était plutôt une œuvre d’art que vous avez ressentie au plus profond de votre âme. C’était la position du spectateur qui vous permettait de voir et apprécier cette œuvre d’art, d’entendre un morceau de musique ou de regarder une danse.

Adoptez maintenant la position de l’artiste qui a créé cette oeuvre. De cette position perceptuelle, commencez à utiliser les mouvements musculaires implicites du peintre, du sculpteur ou du compositeur afin d’accéder en vous aux mêmes types de schéma neurologiques. Ce schéma est déjà présent en vous, c’est juste que vous ne l’avez pas activé depuis longtemps.

Prenez l’exemple du pygmée qui n’est jamais sorti de la forêt et qui n’a jamais vu l’horizon. Il est conçu pour voir des horizons mais il n’ont jamais été dans un environnement qui stimule sa neurologie oculaire pour comprendre cette différence. Ce qui est éloigné lui apparaît vraiment minuscule, il pensera donc que ce sont des insectes alors que ce sont vraiment des buffles !

Adopter une deuxième position est un moyen de commencer à stimuler cette neurologie en nous-même. Vous pouvez alors prendre du recul et vous demander : “Quelles sont les différences entre être celui qui perçoit cet art et celui qui en est le créateur ?” Et, ” Mince, est-ce que j’ai des croyances différentes quand je suis là par rapport à quand je suis ici ? Ai-je des croyances différentes sur ma capacité à être créatif ?”. Je parie que oui.

Avec l’idée des positions perceptuelles et de la danse de perspectives multiples, la sagesse peut commencer à se déployer. Le passage de ma carte personnelle à une compréhension de votre carte personnelle et ensuite à une position objective de la relation entre les deux cartes nous donne une base de sagesse.

5 – L’attention

La cinquième description concerne l’attention. Comment j’utilise mon attention, où je mets mon attention et comment je la récupère. Le processus de l’attention se rapporte à des tailles de découpages d’informations petites ou grandes (par exemple dans les métaphores). Dès que je focalise mon attention sur quelque chose, de grandes quantités d’informations sont omises ou effacées et c’est ce qu’on appelle le processus d’omission dans le méta modèle. Quand je pratique la PNL, si mon obsession des mouvements oculaires m’amène à fixer mon attention de façon très étroite, je vais certainement manquer beaucoup d’autres informations. Si je me focalise tellement sur le collier de quelqu’un, sans noter la belle couleur de ses yeux, je rends un mauvais service à cette personne. Alors, si je juge cette femme en hallucinant sur son collier, je peux facilement atterrir sur l’île de la conclusion hative et passer beaucoup de temps à essayer de m’en sortir !

Que se passe-t-il si vous portez votre attention sur le chant des oiseaux pendant que vous interagissez avec une personne ? Est-ce que cela attire votre attention d’une manière différente ? Votre comportement devient-il plus créatif ? Cela fait-il une différence ? Si votre attention utilise un mode de représentation particulier, avec certaines sous-modalités, que se passe-t-il si vous en changez un seul aspect ? Vous pouvez changer quelque chose de très petit ou de très grand. Par exemple, si en communicant avec une personne, et je deviens… une femme du Honduras. Cela fait-il une différence ?

Avez-vous lu l’histoire du ‘The Phantom Tollbooth’ (Le Royaume fantôme en français) de Norton Juster ? J’ai aimé la course des individus qui, à leur naissance, flottent à la hauteur de ce qu’ils seront quand ils seront grands. Puis leur taille diminue jusqu’à rejoindre le sol. Et c’est pour qu’ils ne changent jamais de perspective.

En reliant les adjectifs caractérologiques à l’attention, nous pouvons découvrir comment ces deux composantes peuvent être le moteur de la boucle relationnelle. Je peux par exemple au cours de l’interaction, remarquer où se porte et se fixe mon attention, sur un ton de voix, un geste, une expression du visage, une sensation interne. Je peux ainsi découvrir  que le fait de fixer mon attention sur un petit aspect de l’interaction conduit mon état interne à un jugement de valeur qui rend l’interaction peu créative, difficile ou problématique. L’idée est de découvrir où je fixe mon attention, de la déplacer vers un autre aspect de l’interaction et, bien sûr, de remarquer si la qualité de l’interaction change dans une direction plus positive.

C’est une autre façon de percevoir le système ; parfois je veux avoir des détails, et parfois je veux avoir une vue d’ensemble. Tout au long de ce continuum de possibilités, il y a des endroits où je peux commencer à influencer le système interactionnel dans une direction positive, avec le moins d’efforts possible pour moi et l’autre personne.

6 – Les filtres de perception

Ma mère me disait “Judy, si tu te promènes dans la vie avec un marteau à la main, tu vas voir beaucoup de clous. “Elle m’enseignait les filtres de perception. Ce que vous allez rencontrer dans le monde dépend de la manière d’organiser vos filtres de perception. Et si vous faites toujours ce que vous avez toujours fait, vous aurez toujours ce que vous avez toujours eu. Avez-vous déjà joué au jeu de la coccinelle ? En famille nous sortions en voiture et le jeu consistait à être le premier à voir une Volkswagen et crier “Slug bug”.  Bien sûr, dès qu’on utilisait un filtre pour trier sur les Volkswagen, celles-ci étaient partout.

Nous sommes conçus pour filtrer l’information. Un grand filtre pourrait correspondre à une croyance. Quelque chose devient crédible à mes yeux parce que je trie l’information d’une certaine façon. Je vais relier les informations triées à mon expérience profonde et me dire : “Ah ha, j’ai raison. Je le crois maintenant”.  (Trier les informations nous permet de valider nos croyances). Il est donc important d’examiner non seulement les systèmes de croyances et les filtres qui les valident, mais d’examiner aussi les systèmes d’incrédulité qui peuvent les fragiliser.

Si je conserve l’usage d’un certain filtre sans avoir la possibilité de déplacer mon attention en dehors de ce filtre, je vais alors vivre des expériences plus profondes qui vont construire une croyance basée sur ce seul filtre. Il est donc important des s’interroger sur les mécanismes et processus qui vous permettent de déplacer votre attention, de créer de nouvelles perceptions, et de vous demander : « Qu’y a-t-il d’autre en dehors » ? Parce que les réponses peuvent constituer les différences qui feront toute la différence.

Dans certaines régions des États-Unis, on ne fait pas beaucoup de distinction entre l’inconfort et la différence. Dans l’Oklahoma où j’ai grandi, l’attitude la plus courante était : ” S’il y a une différence. Tirez dessus”. Vous aviez ainsi obtenu votre adhésion à la National Rifle Shooter’s Association, en même temps que votre permis de conduire. C’étaient des gens vraiment merveilleux, mais il n’y avait pas beaucoup de mouvements dans leurs filtres et il n’y avait pas beaucoup d’acceptation de la différence. Le monde est cependant en train de changer.

Nous pouvons aborder les filtres d’un point de vue philosophique : “Est-ce que je vois vraiment ce qu’il y a dans le monde ou est-ce que je vois ce qui se passe à l’arrière de mon cerveau ?” Mais il est plus utile de se demander : “Quels sont les filtres dont on peut potentiellement se débarrasser ?” Nous rencontrons alors les berges de notre carte du monde actuelle,  et qui nous permettent de savoir qu’il y a un territoire plus vaste de l’autre côté. La plupart d’entre nous considérons que ce qui se trouve de l’autre côté de la frontière est inconfortable, plutôt que simplement différent. Prenons la différence entre une personne qui a le trac et une personne qui a vraiment peur. Il existe des signes physiologiques distincts pour les deux expériences. Certains aspects sont identiques et d’autres sont très différentes. Trouver ces petites différences entre ces deux états constituent un bon début pour supprimer certains filtres et leurs effets.

Est-ce que je vois cette personne de façon aussi directe que possible, ou est-ce que je la regarde déjà à travers un ensemble de filtres et d’hallucinations à propos de cette personne ? Comme le disait le Don Juan de Castaneda, chaque bébé naît sorcier, chaque bébé naît dans l’état de nerk-nerk de non savoir… complètement ouvert à toutes les possibilités. Puis apparaissent la vision fovéale et le langage. Ces deux gros filtres apportent de nombreuses corrections dans mes perceptions. Ces corrections établissent des liens entre le langage et ce qui se passe dans le monde extérieur et le monde intérieur de l’enfant, tout au long de la construction de la structure plus profonde de son expérience. Si les règles de cette structure profonde possèdent des relations de cause à effet, des nominalisations, d’énormes suppressions, des généralisations excessives, les conséquences pour les filtres de perception de l’enfant sont bien prévisibles.

Combien d’entre vous parlez plus d’une langue ? Vous sentez-vous différent quand vous parlez cette autre langue ? C’est une façon d’adopter certains filtres. La politique en est une autre, tout comme la religion, l’homme/femme, l’animé/inanimé. Ce n’est pas parce que je ne peux pas voir cette chaise bouger qu’elle ne bouge pas. C’est juste que je ne possède pas l’appareil sensoriel pour le percevoir.

Vous ne pouvez pas savoir ce que vous ne pouvez pas savoir, mais en sachant cela, vous pouvez commencer à construire une croyance qui fonctionne à un autre niveau. Si je sais que je ne sais pas, que puis-je faire pour déplacer mes filtres afin de découvrir les contours de ma carte du monde ? Nous avions pour habitude de dire que tout ce que vous n’avez jamais vu se ressemble. Dans Winnie l’ourson, il y a cette grande phrase : “Plus il y avait de porcelets, plus il n’y avait pas d’oursons. Il s’agit de le savoir et de dire ensuite : “Quelles sortes de dispositions puis-je adopter dans ma vie pour déplacer mes perceptions au bord du gouffre afin que l’inconnu environnant devienne disponible ?”.

7 – Les descriptions multiples

La dernière description concerne le processus de description. Je veux ici évoquer les descriptions multiples du monde, par opposition à l’unique description issue d’une simple position perceptuelle. Prenez cette chose qu’on appelle la PNL ; combien d’autres façons avez vous de décrire cela ? Où puis-je obtenir une autre description ?. Ayant personnellement étudié l’anthropologie, j’aime visiter les autres cultures, parce que j’ai l’intuition que nous sommes tous de la même espèce. Je dis intuition parce que je me questionne encore à propos des New-Yorkais ! Ils pourraient représenter une évolution divergente !  Sur certains aspects, nous sommes les mêmes. Et sur d’autres, nous sommes différents. Ce qui nous rend semblables, c’est que nous sommes membres de la même espèce. Nous avons la même forme, nous avons le même langage et la même neurologie. Nous avons différentes façons de les sculpter ou de les graver, différentes façons d’en parler et différentes manières de prêter attention aux choses selon les différentes parties du monde.

Un exercice de rêve actif

Je vais vous guider dans un exercice pour vous permettre d’expérimenter le nouveau code de la PNL. L’exercice, qui vient des Amérindiens, s’appelle le rêve actif. C’est comme rêver  tout en étant éveillé et c’est une façon de résoudre des problèmes et de passer un bon moment. Afin de pouvoir recueillir l’information à partir d’une plus grande unité d’esprit, l’exercice fait appel à l’état d’excellence de la modélisation, la direction de l’attention, les filtres de perception et la triple description.

a). Définissez d’abord une intention, par exemple par rapport à une grande décision que vous devez prendre ou pour la résolution d’un problème. Vous demandez ainsi à la plus grande unité de l’esprit de filtrer l’information pour vous aider dans votre décision ou dans la résolution du problème.

b). Puis entrez dans un état l’état nerk-nerk de non savoir. Cet état possède les caractéristiques suivantes : l’absence de dialogue interne ; une vision plus périphérique que fovéale ; et l’absence de tensions excessives. Passez ces points en revue, et vérifiez que les niveaux de tension musculaire sont vraiment corrects. J’appelle ces états de qualité, des états de “nettoyage”. Il convient de passer par cet état en vérifiant : Y a-t-il des tensions dans le système et faut-il qu’il y en ait ? Lorsque vous commencez à “essayer” de faire quelque chose, vous sentez vos épaules monter, votre attention commence à se contracter, et plus vous essayez, plus elle se contracte. Tout n’a pas besoin d’être détendu. Vous pourriez vouloir un peu de tension, elle vous fait savoir que vous êtes en vie, mais pas trop.

c). Marchez dans cet état de non savoir. Vous êtes ouvert à tout ce qui se passe et prêt à noter à quel moment le monde extérieur vous offre un symbole. Je trouve qu’il faut habituellement de cinq à dix minutes pour qu’un symbole émerge dans ma conscience. Le symbole peut être visuel, auditif, ou un pas dans une flaque de boue ! Vous êtes disponible. Il y a deux manières de penser à ce qui se passe. En occident on dirait que l’inconscient a juste saisi un symbole d’importance. Les Amérindiens diraient que l’univers vient de vous offrir un cadeau. Deux belles perspectives, mais des perspectives différentes. N’oubliez pas de marcher avec grâce et aisance.

d). Supposez que le symbole soit pertinent par rapport à votre intention, votre décision ou votre problème initial. Alors, devenez le symbole. Adoptez la deuxième position, celle du symbole. “Si j’étais le symbole, quelles en seraient les caractéristiques ?”. Par exemple, imaginons qu’un arbre particulier apparaisse très clairement dans ma conscience comme mon symbole. Si j’étais cet arbre, quelles seraient mes caractéristiques ? Je pourrais être fermement planté, flexible sur le dessus, voir des oiseaux qui construisent leurs nids sur mes branches, et de petits animaux qui viennent me rendre visite.

e). Enfin passez en troisième position, en tant qu’observateur ou témoin de votre relation au symbole. De cette troisième position, notez les liens possibles entre l’information portée par le symbole et votre intention. Comment l’intention et l’information symbolique se relient entre elles ? Comment votre façon de penser change-t-elle avec ces nouvelles informations ?. Peut-être découvrirez-vous des manières d’être plus flexible par rapport à vos intentions ; peut-être changerez-vous votre perception du temps et ce sera la clé qui fera toute la différence.

Le but de cet exercice est d’obtenir de nouvelles informations. J’utilise ma conscience pour établir l’intention parce que c’est là que le problème est perçu. Puis je présuppose que les canaux sont ouverts à l’unité d’esprit la plus grande pour trouver des solutions. Ce processus est aussi un véhicule pour continuer à approfondir le lien entre conscient et inconscient.

La PNL systémique

Nous pouvons créer d’autres descriptions de l’Ancien et du Nouveau Code de la PNL en nous demandant en quoi ces codes sont identiques, en quoi ils sont différents et comment ils interagissent les uns avec les autres. Nous obtenons ainsi les fondements de la PNL systémique. Je pense qu’une grande partie des changements récents observés dans le monde sont en lien avec les images de la terre qui ont été ramenées de l’espace. On pouvait voir le monde dans sa globalité, une perspective que nous n’avions jamais eue auparavant. Nous connaissions l’existence des frontières des pays là-bas tout au loin, des frontières terrestres qu’il faut franchir, mais vues d’ici, elles sont absentes. Il n’y a qu’une seule terre, immense et continue. A partir de cette vision nouvelle, nous avons commencé à voir se produire spontanément d’autres découvertes dans le domaine des sciences – comme par exemple la théorie du chaos, la géométrie fractale, et toutes ces autres choses qui se produisent en physique.

En vous déplaçant, changez vos filtres de perception, notez à quels moments vous êtes dans une boucle interactionnelle avec une autre personne, prenez conscience de votre utilisation des adjectifs caractérologiques et de votre manière de communiquer avec cette personne, et de la direction de votre attention ?. Et si vous déplaciez votre attention ailleurs, cela fait-il une différence ?. C’est le point clé. Avec l’apparition des interactions entre ces différentes descriptions, vous obtenez une PNL systémique, dont le développement ne fait que commencer.

Pour revenir au début, la PNL est de toute façon systémique. “Systémique” signifie que cela se rapporte à la totalité de cette unité de l’esprit. Mais quand je commence à coder, ça devient moins systémique, n’est-ce pas ?. Parce que le codage ne peut jamais représenter la totalité de cette unité de l’esprit, mais représente uniquement ce que ce la conscience peut en retirer et en dire, “Eh bien, ceci représentera ceci, et ceci représentera cela”.

Coder. Voilà le paradoxe. Dès qu’on code quelque chose, est-ce que c’est encore systémique ?. À quel niveau devons-nous penser pour maintenir sa nature systémique ? Pour moi, il n’y a pas de nouvelles significations à découvrir, c’est plutôt quelque chose que nous avons trié pour l’oublier et que nous devons retrouver.

La question est de savoir comment remettre cette chose oubliée dans le corps et regarder comment le système émerge de façon naturelle. Nous observons comment le système se ponctue naturellement, comment il sort de ses limites habituelles et se rééquilibre naturellement. C’est un processus holistique, systémique. Et je pense que c’est vraiment là le prochain défi de la PNL.

Traduction : Jean Luc Monsempès

Sources, références et auteur

Sources de l’article : Mastery, New Coding and Systemic NLP ; Judith DeLozier ; Edited by James Lawley, from a presentation to The Central London NLP Group, 19 April 1993; article issu du site web du Clean language

Références citées dans l’article original

Richard Bandler and John Grinder, The Structure of Magic I and II, Science and Behaviour Books, Inc., Palo Alto, California, 1975 and 1976.
Gregory Bateson, Mind and Nature: A Necessary Unity, New York: E. P. Dutton, 1979.
Judith DeLozier and John Grinder, Turtles All the Way Down: Prerequisites to Personal Genius, 1077 Smith Grade, Bonny Doon, California, 95060: Grinder, DeLozier & Associates 1987.

Judith DeLozier est l’une des cofondatrices de la NLP et co-fondatrice du Nouveau Code de la PNL. Elle est coauteure des ouvrages suivants : NLP Volume 1 ; Patterns of Hypnotic Techniques of Milton H. Erickson, M.D. Volume 2 ; Turtles all the Way Down ; and Leaves Before the Wind. Judith est une formatrice de renommée internationale qui combine la PNL avec son intérêt pour la culture, la créativité et la danse. © Judith DeLozier, 1995

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