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Le développement des Niveaux Neuro-Logiques, par  Robert Dilts,

Gregory Bateson a poursuivi sa théorie des types logiques en les appliquant plus généralement à de nombreux aspects comportementaux et à la biologie. Selon sa compréhension, les types logiques constituaient « une loi de la nature », pas seulement une théorie mathématique. Il maintenait par exemple que le tissu, qui est composé d’un groupe de cellules, appartenait à un type logique différent que celui des cellules individuelles – les caractéristiques d’un cerveau ne sont pas les mêmes que celles des cellules qui le composent. Les deux peuvent s’influencer mutuellement à travers un feedback indirect. Ceci veut dire que le fonctionnement et les connexions de l’ensemble du cerveau peuvent influencer le comportement d’une seule cellule du cerveau, et que l’activité d’une seule de ses cellules contribue au fonctionnement du cerveau dans son ensemble. Effectivement, on peut dire qu’une cellule s’auto-influence à travers le reste de la structure du cerveau.

Le développement des « Niveaux Neuro-Logiques »

Dans son cours sur « l’écologie de l’Esprit », Gregory Bateson m’a inculqué la nécessité primordiale de considérer l’existence des types logiques et des niveaux dans tous les aspects de l’expérience et de la vie. Et certainement parce que j’étais exposé à ces idées en même temps que je m’impliquais dans la PNL, l’approche de Bateson a toujours fait depuis partie intégrante de ma compréhension de la PNL. Les distinctions qu’il faisait dans le domaine des différents types logiques et les niveaux d’apprentissage m’ont paru être d’une signification particulièrement profonde.

Dans un article que j’ai écrit en novembre 1976 (et publié dans Roots of NLP en 1983) j’ai tenté de distinguer les types logiques et les niveaux logiques.

J’ai encore le souvenir très vivant d’une discussion avec un étudiant à Oslo (Norvège) où j’enseignais la PNL, sur la puissance des niveaux et types logiques de Bateson. Cette personne connaissait bien les travaux de Bateson et nous étions en train de réfléchir sur l’importance profonde des types logiques et niveaux d’apprentissage. Nous étions néanmoins d’accord sur le fait que ces idées n’avaient pas été appliquées aussi pleinement et pragmatiquement qu’elles le méritaient. Je me rappelle avoir dit : « Oui, c’est sûr, quelqu’un devrait mettre en place une application beaucoup plus pratique et quotidienne des niveaux logiques ». Sitôt les mots sortis de ma bouche, c’était comme si je m’en étais donné l’ordre.

J’étais déjà conscient d’une distinction importante entre les actions et comportements physiques des gens, et les représentations cognitives plus profondes et les stratégies qui prenaient place dans leur esprit. C’était également une évidence pour moi que les processus au niveau des comportements étaient différents de ceux qui se passaient à un niveau mental. Ligoter quelqu’un, par exemple, pourrait l’empêcher de se venger physiquement, mais ne l’empêcherait pas de continuer à mijoter sa vengeance ; en fait, cela aurait pour effet de l’y encourager. Il m’était clair aussi que développer une capacité cognitive chez une personne impliquait une dynamique différente que la simple influence physique. Les travaux que j’ai réalisé notamment sur les stratégies d’apprentissage « stratégies pour épeler un mot » m’ont convaincus qu’il était beaucoup plus utile d’apprendre à quelqu’un à épeler au moyen d’une stratégie efficace pour épeler plutôt que par une punition infligé chaque fois qu’il épelait mal un mot.

J’avais aussi commencé à travailler avec les croyances et les systèmes de croyances. à mesure que ce travail avançait, je me rendais à l’évidence que les croyances n’étaient pas simplement un autre type de stratégie. C’était plutôt que les croyances agissaient à travers certaines stratégies. En effet, une croyance pouvait influencer le développement d’une stratégie en fonctionnant soit comme une motivation, soit comme une interférence.

Tout ceci semblait bien concorder avec la notion, proposée par Bateson, d’une « hiérarchie » de niveaux logiques. Le terme « hiérarchie » vient du grec hieros qui veut dire « puissant, surnaturel ou sacré », et arche qui veut dire « origine ». Cela suggère que les niveaux d’une hiérarchie s’approchent de plus en plus de la source ou de l’origine de ce qui est sacré ou puissant. Par conséquent, le terme hiérarchie s’emploie pour désigner toute série classée ou rangée par ordre d’importance. On parle donc d’une « hiérarchie de valeurs » chez une personne, ou de « réponses hiérarchisées » d’une machine. Il est effectivement sous-entendu que les éléments en haut d’une hiérarchie « viennent en premier » ou ont « plus d’importance » que ceux dans les niveaux plus bas.

C’est cet aspect des hiérarchies qui, le premier, m’a amené à choisir les désignations particulières que j’ai utilisées pour décrire les différents niveaux dans le modèle des « Niveaux Neuro-Logiques » que je propose. De même que pour toutes les distinctions clés en PNL, nous ne sommes pas arrivé à ces étiquettes par un foisonnement théorique. Cela vient plutôt du temps où je formais à la PNL, et j’enseignais souvent aux participants comment utiliser un ensemble de patterns de recadrage verbal que j’avais développé, connu sous le nom de « Sleight of Mouth » (littéralement un tour de passe-passe verbal). Les gens devaient répondre à des propos négatifs sur eux émis par d’autres personnes, et je commençais à constater que certains propos faisaient systématiquement plus d’effet que d’autres, alors que le type de jugement exprimé était essentiellement le même.

à titre d’exemple je vous invite à comparer les propos suivants:  

Cet objet-là, qui se trouve dans votre environnement, est dangereux.
Vos actions dans ce contexte-là étaient dangereuses.

Vote incapacité à effectuer des évaluations fiables est dangereuse.

Vos croyances et valeurs sont dangereuses.

Vous êtes une personne dangereuse.

Le jugement effectué dans chaque exemple concerne la « dangerosité» de quelque chose. Mais ce que les gens sentent intuitivement, c’est que « l’espace» ou le « territoire» s’élargit avec chaque énoncé, accompagné d’un affect émotionnel de plus en plus conséquent à mesure que les énoncés progressent.

Lorsque quelqu’un vous dit qu’une de vos réactions comportementales est dangereuse, c’est tout à fait différent que s’il vous dit que vous êtes « une personne dangereuse ». J’ai donc fait la chose suivante : j’ai gardé constant le jugement apporté, mais j’ai substitué chaque fois une expression pour désigner tour à tour l’environnement, les comportements, les capacités, les croyances et valeurs, et l’identité. Selon la nature positive ou négative du jugement, les gens se sentaient progressivement de plus en plus offusqués ou, au contraire complimentés.

Je vous invite à l’essayer pour vous-même, Imaginez quelqu’un en train de vous dire chacune des formulations suivantes :

Votre environnement est (stupide/laid/ exceptionnel/beau).
Votre manière de faire dans cette situation était (stupide/laide/ exceptionnelle/ belle).
Vous avez vraiment la capacité d’être (stupide/laid/ exceptionnel/beau).
Ce que vous croyez, ce qui est important pour vous est (stupide/laid/ exceptionnel/beau).
Vous êtes (stupide/laid/ exceptionnel/beau).

Je vous encourage à constater que les jugements dans chaque énoncé sont les mêmes, Ce qui change est l’aspect de la personne ciblé par l’énoncé.

L’Environnement
Les Comportement
Les Capacités
Les Croyances et Valeurs
L’Identité

Cette sensibilité intuitive semblait renvoyer à quelque chose de fondamentalement « neurolinguistique» par rapport à ces formulations.

Ces distinctions ont pris encore plus de poids lorsque je me suis rendu compte qu’elles correspondaient en anglais aux six questions « W» fondamentales que nous utilisons pour organiser notre vie (Where, When, What, how, Why et who).

L’Environnement : Where, When = Où, Quand
Les Comportements : What = Quoi
Les Capacités : how = Comment
Les Croyances et Valeurs : Why = Pourquoi
L’Identité : Who = Qui

C’est à l’automne 1987 que j’ai formulé la configuration de ces niveaux qui est utilisée communément aujourd’hui :

        a. L’Identité (Que suis-je)
        b. Les Croyances et Valeurs (Ce que je crois)
        c. Les Capacités (Ce dont je suis capable)
        d. Les Comportements (Ce que je fais)
        e. L’Environnement (Ce qui m’entoure)

Ma compréhension du fonctionnement de chaque niveau correspondait en tous points aux différents niveaux d’apprentissage de Bateson.
–  Une réponse comportementale spécifique dans un environnement spécifique -Apprentissage O.
–  Un changement de comportement implique le développement de nouvelles capacités – Apprentissage 1.
–  Des changements de capacité découlent des changements dans les croyances et valeurs (une recatégorisation du contexte, et/ou des présuppositions de cause effet par rapport au contexte) – Apprentissage II.
–  Le changement d’un système de croyances tout entier serait fondamentalement un changement d’identité – Apprentissage III.
–  Sortir du système pour accéder au « système » (plus grand) des systèmes – le « champ» ou « l’esprit» serait nécessaire pour amener un changement à l’intérieur d’un système spécifique apprentissage IV

niveauxbateson
La relation entre les Niveaux d’Apprentissage de Bateson  et les Niveaux Neuro-Logiques de Dilts

Chaque niveau fonctionne en intégrant et en agissant sur le niveau qui est juste en dessous, Une concentration de changements ou d’activités à un niveau donné va aussi influencer le niveau au-dessus. Considérons les exemples suivants :

–  La vitesse d’une voiture est fonction du changement de distance parcourue en relation avec le temps (environnement).
–  Le fait d’appuyer sur la pédale d’accélérateur ou la pédale du frein est un comportement qui influence la vitesse.
–  La capacité de maintenir une vitesse limitée est fonction de l’intégration de la carte mentale avec ses perceptions, afin de réguler la manière dont on se sert du pied.
–  Respecter la limitation de vitesse est une conséquence de la valeur que l’on donne aux lois, et de la croyance qu’il y aura des conséquences si on ne la respecte pas. Si on ne donne aucune valeur à la limitation de vitesse, on ne va pas la respecter, même si on est capable de le faire.
–  àŠtre « bon conducteur» (identité) est le résultat d’un alignement de tous les niveaux.

Deuxième exemple :
–  Les touches d’un piano, le son qu’il fait, et les notes sur la partition sont dans l’environnement.
–  Appuyer sur les touches est un comportement.
–  Jouer de la musique (avec la lecture de la partition et la coordination des doigts pour produire des sons dans le bon ordre) est une capacité.
–  L’appréciation de la musique est fonction des croyances et des valeurs.
–  Arriver à prendre une identité de musicien est le résultat de tous les niveaux combinés.

Remarquez que ce type de « hiérarchie» repose sur plus qu’un simple rangement arbitraire ordonnant des éléments. En science et en mathématiques, le terme « hiérarchie » s’emploie pour spécifier « une série de groupements ordonnés de personnes ou de choses à l’intérieur d’un même système ». Habituellement, ces groupements ressemblent à une structure d’arborescence, avec « peu de choses, ou une seule chose, au sommet et avec plusieurs choses en dessous de chaque autre chose ». En informatique, on trouve une hiérarchie de dossiers dans laquelle chaque dossier peut contenir des fichiers ou d’autres dossiers, une hiérarchie de réseaux, ou encore une hiérarchie de catégories dans des logiciels orientés vers la classification d’objets.
Les Niveaux Neuro-Logiques sont hiérarchiques de la même manière, c’est-à-dire que chaque niveau dans la hiérarchie a une relation avec les groupements de phénomènes ou d’expériences qui se trouvent au niveau juste en dessous. Le système de niveaux peut ainsi être représenté comme une arborescence.

niveauxlogiques

Cette structure en arborescence implique qu’une seule identité est formée par un groupe spécifique de valeurs et de croyances et se reflète dans celui-ci. à son tour, chaque croyance et chaque valeur sont en relation avec un groupe spécifique de capacités. Les capacités se rapportent à des groupements spécifiques de comportements, et les comportements sont en lien avec des groupements particuliers de conditions au niveau de l’environnement.

Au niveau des changements de comportement, la focalisation est sur le comportement physique. A ce niveau, les représentations internes ne sont prises en compte que dans la mesure où elles soutiennent le comportement physique.

Au niveau de changement « capacités », les représentations internes sont la focalisation première. Les comportements, sous forme d’indices d’accès, n’ont d’importance que dans la mesure où ils soutiennent l’installation ou le développement des représentations internes. Une fois les représentations internes formées, on peut généraliser les comportements.

Les changements au niveau des croyances et valeurs focalisent sur la relation entre les représentations. Le contenu des représentations est beaucoup moins important que leurs qualités en tant que sous-modalités. C’est pourquoi des changements de sous-modalités provoquent des réactions affectives d’une telle ampleur et signification. Les changements au niveau des sous-modalités comme agrandir l’image, la rapetisser, rendre les couleurs plus vives, photo/film etc., ont tendance à provoquer des réponses du style « s’approcher/éviter » avec un sentiment de peur, de plaisir, de désir, etc.

Le changement au niveau identité se concentre sur les relations entre les croyances et valeurs qui composent le système de croyances de la personne. Un changement au niveau de l’esprit serait le résultat de changements dans l’ensemble des identités qui composent le « champ ».

Robert Dilts

Sources : extrait de l’ouvrage «Etre Coach de la recherche de la performance à l’éveil »  InterEditions-Dunod Paris 2008 (2ème partie)

Une brève histoire des niveaux logiques (1ère partie)
Une brève histoire des niveaux logiques (2ème partie)
Une brève histoire des niveaux logiques (3ème partie)

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