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Jean Luc Monsempès

Les outils de la PNL sont présents dans de nombreuses pratiques professionnelles ou tout simplement de nombreuses activités humaines. Le nombre de personnes formées à la PNL est considérable ; les présupposés, outils et méthodologies de la  PNL se retrouvent dans de très nombreux ouvrages techniques sur la communication interpersonnelle et le changement, ou même dans certaines œuvres romanesques. Voilà qui est plutôt rassurant me direz-vous.  Je me dis que si la PNL est autant utilisée, c’est qu’on lui reconnait un intérêt. Alors comment expliquer que la réputation de la PNL ne soit pas encore à la hauteur de son succès d’usage ? Comme si on pratiquait la PNL, sans citer les sources de ses apprentissages.  Comme si la PNL était intégrée aux niveaux du faire et du comment faire, mais bien moins aux niveaux des croyances, valeurs et identité. Cet article vise à comprendre pourquoi l’usage de la PNL est-elle si souvent désalignée chez ses utilisateurs. 

Une formation en PNL, une formation honteuse ?

Quand je navigue sur internet et les réseaux sociaux, je retrouve avec plaisir la trace de nombreux anciens stagiaires des formations PNL, mais je suis souvent surpris par la rareté des références à leurs formations PNL. Les formations suivies en systémique, Process Communication, Analyse transactionnelle, MBTI, hypnose, Ennéagrammes, coaching, management,  figurent bien dans les biographies, mais point de PNL ! Pourtant si je fais appel à ma mémoire, ces mêmes stagiaires semblaient avoir été très motivés par des apprentissages pour lesquels ils ont consacré du temps et un budget important, et semblaient plutôt fiers de recevoir leur certification en PNL. Si entre praticiens de la PNL et lors des échanges en tête à tête, les témoignages sont nombreux sur les bénéfices d’une formation à la  PNL, il n’en est pas de même en public. Donc je me suis dit que la PNL pouvait en quelque sorte être perçue par ses bénéficiaires comme une formation « honteuse ». C’est bon à faire mais on ne le dit à personne. Faut-il aller chercher des métaphores dans le domaine fiscal, sexuel, ou médical ? « Il y a des choses qu’on fait mais qu’on ne dit pas ». On parle plus facilement de la visite chez son médecin que de celle chez son magnétiseur, guérisseur, rebouteux.  Si je trouve les métaphores violentes dans leur analogie, je dois aussi admettre qu’elles contiennent un bon degré de réalisme. Si on va se former à la PNL en cachette de sa hiérarchie, de son conjoint, de ses parents, de ses copains, ou si on ne mentionne pas ces formations dans son CV, il doit bien y avoir une raison ?  
Je suis également surpris de la forte présence des outils PNL dans des formations à la communication interpersonnelle, apprentissage, conduite du changement…comme de l’absence de références bibliographiques à ces outils ou à leurs auteurs. Certaines de ces formations qui sont vendues sous le label « Coaching », « hypnose », « conduite du changement » contiennent  de vrais morceaux de PNL, et parfois 100 % de PNL, sans que la référence à la PNL soit mentionnée !  Mais comme le plat est savoureux car il contient des ingrédients de premier choix, personne ne va se plaindre de la tromperie.
Et si on adopte le présupposé PNL selon lequel « le sens de la communication est dans la réponse qu’on obtient », il semble utile de prendre en compte le point de tous ceux qui par leurs attitudes réservées ou critiques (autorités, professionnels, public…etc.) contribuent à ce que l’apprentissage de la PNL ne soit pas une source de fierté. Le monde de la PNL n’est ni coupable, ni innocent. Pourtant il y a bien dans cette PNL quelque chose sur lequel on peut rester socialement discret. Les réponses qui me semblent les plus évidentes, se trouvent dans le livre de Robert Cialdini : « Influence et manipulation : comprendre et maîtriser les mécanismes et les techniques de persuasion », et en particulier dans ce que l’auteur appelle  les principes de « la preuve sociale » et de « l’autorité ».

Le principe de la preuve sociale

Le principe de la preuve sociale est un moyen de déterminer ce qui est bien à partir de ce que d’autres personnes pensent être bien. Plus il y a de personnes pour estimer qu’une idée est juste, bonne, vraie, plus l’idée sera considérée comme juste, bonne, vraie. Le principe de la preuve sociale nous incite fortement à nous conformer à l’avis des autres. Et ce principe fonctionne encore mieux quand nous observons le comportement de gens qui nous sont semblables. Ce principe s’applique surtout aux situations dans lesquelles nous cherchons à déterminer quel est le comportement à adopter. Par exemple lorsque nous ne sommes pas sûrs de nous, lorsque la situation est confuse ou ambiguë, lorsque les informations sont contradictoires, lorsque l’incertitude règne. Nous sommes alors davantage disposés à nous en remettre aux comportements des autres pour déterminer la conduite à tenir.
Si je me réfère aux méta-programmes de la PNL, le principe de la preuve sociale fonctionne en cas de forte tendance à la référence externe (ce sont les critères des autres qui m’aident à évaluer une situation). Il me semble que sur internet les déclarations ou mises en garde sur les effets secondaires de la PNL soient bien plus abondantes que les témoignages enthousiastes sur l’impact positif d’une formation (ou coaching) PNL sur la vie des gens. Curieux, alors qu’il y a plusieurs dizaines milliers de personnes formées à la PNL. Si cela se dit dans un cadre de protection entre pairs, on ne le crie pas trop sur les toits !
Appliqué à la PNL, le principe de la preuve sociale pourrait fonctionner ainsi : « Si la plupart de mes collègues ne font pas état de leur « séjour en PNL » dans leur CV ou leur page Facebook, je vais faire pareil pour éviter de me distinguer et faire l’objet d’éventuelles critiques » Et ce que je cache tant peut devenir en quelques secondes un « titre de gloire », si je rencontre un autre initié. La question est de savoir ce qu’on cherche à cacher aux yeux des autres ?  Il n’y a rien à cacher dans la PNL puisque son contenu est accessible au tout venant sur internet (même avec l’encyclopédie de la PNL).

Le langage de la PNL

Je pense que ce qui rend la PNL suspecte aux yeux de tant de personnes  vient probablement du vocabulaire utilisé par le monde de la PNL, un vocabulaire emprunté à différents contextes : ceux de la magie (l’irrationnel et le spectacle, le pouvoir illimité des super héros), de l’excellence (l’élitisme scolaire ou professionnel), de la programmation (la mécanique, la robotique, la physique ou l’informatique), du praticien (le monde médical), du master (du titre universitaire). Prenons un exemple « Une formation en PNL permet de découvrir les programmations mentales qui caractérisent les modèles d’excellences de thérapeutes célèbres tels que Milton Erickson, Virginia Satir ou Friz Perls. En devenant un praticien PNL et en intégrant les présupposés de la PNL, vous pourrez accéder aux infinies possibilités de votre inconscient créatif, découvrir la magie de votre propre excellence, utiliser votre potentiel illimité et vous engager enfin sur la voix de votre réussite personnelle».  Comment voulez-vous que le néophyte  puisse s’y retrouver dans ce discours ? Un message qui mélange ce vocabulaire devient non seulement incompréhensible mais va susciter de la peur, et d’autant plus qu’il est asséné avec une forte conviction. Ce message multiculturel ne rentre dans aucun cadre identifié, comme s’il avait été conçu pour être volontairement taxé de manipulatoire et d’arme sectaire. Il est certainement complétement déconnecté du monde du professionnel. Il est humain et légitime de rejeter ce que nous ne sommes pas capables d’intégrer. Et ajoutons que bien des messages promotionnels sur la PNL ne font que renforcer cette ambiguïté.  N’enseignons nous pas que tout message peu spécifique risque d’être perçu comme manipulatoire ?

La manipulation et la PNL

Dès que vous dites que vous avez suivi une formation en PNL, on vous accorde d’emblée des pouvoirs mystérieux et occultes, que James Bond, Dark Vador, Jésus, ou le mentaliste si télévisé pourraient vous envier : la force illimité est en vous, pour faire des miracles par une imposition des mains qui ressemble à un ancrage de ressource, pour mettre en œuvre des capacités de perceptions inhabituelles à l’image de Milton Erickson, pour soumettre les autres à votre volonté, ou vous immuniser contre les difficultés de la vie ! Quel paquet de pensées irrationnelles, et en même temps quel hommage bien excessif à l’égard des effets de la PNL !! On ne craint que ce qui est présupposé être doté de pouvoirs, et pas ce qui est neutre.  On ne craint pas ce qui a un potentiel d’efficacité ou de puissance, mais on craint l’usage qui peut en être fait par certaines personnes. Le rejet apparent de l’outil PNL n’est pour moi qu’un rejet de ceux qui ne se sont pas donnés la légitimité ou la crédibilité pour en garantir le bon usage. On rejette l’incapacité perçue d’une personne à faire preuve d’empathie, d’humanité et de compassion dans son utilisation d’un outil puissant.  Et je partage totalement cette réserve. Le discours des utilisateurs de la PNL peut être parfois inquiétant  et susciter des réserves ou des résistances : « Avec sa PNL, il va me manipuler, me voler, piquer ma femme, prendre ma place au boulot,  il ne va plus accepter mon autorité, il va m’obliger à acheter son truc, m’embarquer dans une secte…etc. ». Et comprenons également que l’administration, dont l’une des missions est d’assurer la sécurité des concitoyens, soit vigilante sur l’usage que peuvent faire des individus ou groupes mal intentionnés d’un outil doté d’une telle image d’efficacité.

Les formations en PNL donnent parfois la « grosse tête ». Les admirateurs de la PNL peuvent avoir tendance à snober leur entourage avec leurs nouveaux savoirs sur le potentiel humain, être tentés de percevoir les autres comme « limités » dans l’expression de leur potentiel, et se considérer eux-mêmes comme des « initiés » plus « spéciaux » ou plus « puissants » que leurs contemporains.  L’apprentissage de la PNL est associé à la découverte du « potentiel illimité » des processus créatifs humains. En passant d’un monde mentalement très cadré par une culture ou une éducation, à un monde des « possibilités illimitées », les stagiaires se retrouvent parfois comme des enfants devant un magasin de jouets qui ouvre ses portes. Dotés de leurs savoirs, certains peuvent se sentir comme détenteur d’un secret qui pousse au sentiment de domination et au besoin d’évangélisation !!  

Au lieu de susciter de la curiosité et de l’intérêt, le message de bien des admirateurs de la PNL crée involontairement un sentiment de rejet et de scepticisme. Aucun enseignement sérieux de la PNL ne prétend, par l’étude de la créativité de M. Erickson, P. Perls ou V. Satir pouvoir devenir ces illustres personnages. Si Antony Robins a largement contribué à vulgariser la PNL en amenant son ouvrage « pouvoirs illimités » dans les têtes de gondoles des librairies des grandes surfaces, et en associant la PNL à la réussite personnelle et professionnelle. A ma connaissance, personne n’a pu à ce jour acquérir les formidables talents marketing de Antony Robins en suivant ses conseils. Ou alors les élèves de Tony ont acquis tellement de pouvoirs qu’ils ont honte d’en parler ? Les enseignements sérieux en PNL rappellent sans cesse qu’on peut acquérir la stratégie mentale d’une autre personne, mais en aucun cas son identité. Mais les individus retiennent ce qu’ils ont envie de retenir, et les processus d’identification les y aident bien. Nous avons besoin de modèles et héros pour grandir, avec le danger de confondre l’habit et l’individu qui les porte. Heureusement la plupart des stagiaires prennent la PNL au sérieux et gardent les pieds sur terre avec le contrôle de leurs propres perceptions d’eux même, de leur futur et de leur environnement.

Le discours ambigu de la PNL

Le langage utilisé pour promouvoir la PNL pourrait parfois servir de matériel de choix pour des exercices sur le méta modèle : peu spécifique, riche en omissions, généralisations et distorsions et bien souvent inspiré des propos d’Antony Robins. Un langage qui ne rend pas hommage aux capacités de discernement de ceux à qui il s’adresse, un langage qui semble avoir été élaboré pour une culture du dépassement de soi qui n’est pas la nôtre.  « Changer de vie en deux jours », « faire exploser son potentiel et son pouvoir illimité ».  C’est un discours bien plus approprié au contexte culturel du rêve américain, qu’au nôtre.

Les premiers titres des ouvrages de PNL ont largement contribué à associer la PNL à la magie (« Structure of magic», « Derrière la magie », « L’esprit de la magie », « PNL et Magie »…etc.). Ces titres reflètent certainement le talent marketing des auteurs ou de leurs maisons d’éditions. Un bon moyen d’attirer l’attention des marchands ou acheteurs d’illusions et de ceux qui s’y opposent, et bien moins celui de la formation professionnelle ou de la recherche en psychologie. Ce qui est habituellement considéré comme magique, c’est une transition rapide en attente d’explications. Et l’explication, ce sont les heures de pratique et d’entraînement qui ont permis au praticien de la PNL d’avoir un peu plus d’impact sur ses propres processus mentaux. De simples changements émotionnels peuvent paraître magiques. Si il y a magie elle consiste tout simplement à sortir d’une profonde méconnaissance du fonctionnement de notre physiologie et de notre psychologie, à structurer sa pensée pour être plus efficace, à penser par soi-même et un peu moins par procuration, à devenir un peu plus autonome et responsable de ce que nous faisons de notre vie, et à accéder à des ressources en cas de coup dur. C’est certainement considérable pour certains, mais certainement pas magique puisque tant de personnes savent déjà faire cela sans avoir fait appel à la PNL. La différence c’est que vous savez mieux y faire face. Moi qui baigne dans la PNL depuis pas mal d’années, je suis bien incapable de mettre en oeuvre un centième des pouvoirs attribués à la PNL. Et je pense également que la vie de nombreux héros de la PNL n’a rien de magique. 

Le terme de programmation est également source d’ambiguïtés dans le champ des sciences humaines. Le terme « programmation » reflète probablement le goût de Richard Bandler pour les mathématiques et la provocation, que celui d’une réalité. Puisqu’on programme une machine, un ordinateur, donc pourquoi ne serait-il pas possible de programmer des individus ?  Il paraît légitime de s’en soucier. La différence est que la machine ne se programme pas toute seule, car elle a besoin d’une intervention extérieure, alors que l’humain est un système vivant auto-organisé à choisir ses programmes parmi ceux qui lui proposent sa culture, son éducation, sa profession. Les humains savent se conditionner tout seul, et ils n’ont pas attendu la PNL pour apprendre à se conditionner ou se manipuler afin de se rendre heureux ou malheureux, et faire de même avec leurs proches.  La PNL ne programme rien dans le cerveau des individus, elle propose plus de choix en pariant sur leur capacité à choisir les conditionnements qui leur convient le mieux. La PNL est un bon vaccin ou antidote contre les attaques  des « virus de la pensée » de ceux qui veulent manipuler, ou du dogme ambiant. 

La culture de l’excellence

Cette culture de l’excellence peut également faire peur, une culture qui peut paraître élitiste à certains. « Rendez-vous compte qu’avec la PNL, on apprend à faire comme tous ces génies, comme Erickson, Perls, Satir, Einstein, Antony Robins, Steve Jobs…etc ». Il y a de quoi créer de l’envie ou de la jalousie « je ne veux pas entendre parler de cela chez moi ! ». Les égos démesurés peuvent être séduits par la culture de l’excellence. Pour la PNL, l’excellence est une stratégie qui aboutit à un résultat. Le jugement qu’on peut porter sur les conséquences de ce résultat dépend de la question de l’écologie.  Il n’y a donc pas d’excellence sans écologie. Mais il me semble que l’excellence soit bien moins associée à la sagesse ou à l’humilité  qu’à une position de pouvoir, de domination, de compétition, de position haute (être le meilleur, le N°1, au top avec James Bond comme archétype). Et la compétition pour l’excellence est rude dans le monde de la PNL. Ceux qui ont servi de modèles à la PNL (M. Erickson, V. Satir, F. Perls) étaient plutôt des modèles de sagesse, de créativité et de compassion. Donc le mot « excellence » mérite d’être dénominalisé : excellent pour quelle activité, par rapport à quelle référence? Par rapport à vous-même dirait la PNL, et non par rapport aux autres. Il y a une invitation à plus de référence interne qu’externe dans la recherche d’une excellence personnelle et une autorisation à en faire bon usage.

Le principe de l’autorité

La docilité des adultes vis-à-vis d’une figure d’autorité est presque sans limite. Des expériences psychologiques ont montré que sous la direction d’une autorité jugée compétente, la majorité des individus sont capables d’infliger des tortures à d’autres humains, même s’ils détestent le faire. Ces résultats ne sont pas étonnants, sachant que notre société s’est construite sur quelques principes vitaux pour sa stabilité, dont l’autorité fait partie. Par conséquent, nous apprenons depuis notre naissance que l’obéissance aux autorités compétentes est louable et la désobéissance condamnable.

Les figures d’autorité dans le champ de la PNL

Quel rapport avec la PNL me direz-vous ? Le monde de la PNL comme d’autres domaines a besoin de figures d’autorité susceptibles de donner un cadre aux pratiques de la PNL et de faire respecter ce cadre. Mais de quel cadre parle-t-on ? Le paradoxe de la PNL est d’inviter à élargir au mieux son cadre de pensée et son champ d’action, tout en respectant de façon rigoureuse un cadre éthique et déontologique. Et c’est sur ce deuxième cadre que les figures d’autorité font défaut. 

Parmi les figures célèbres, il y a Antony Robbins me direz-vous. C’est un formidable modèle de réussite sociale, de compétences marketing. Il fait autorité auprès des adeptes des sensations fortes, du dépassement de soi et du culte de la réussite matérielle. Depuis ses premiers ouvrages, Tony semble avoir divorcé de la PNL  car il ne semble plus en parler. Les illustres clients qu’on prête à Tony (André Agassi, Ken Blanchard, Tiger Woods, Donald Trump, les présidents Clinton et Obama…etc.) ne font aucune  allusion au coaching PNL.
Parmi les figures historiques de la PNL, il y a John Grinder, qui a adopté le rôle de défenseur de la « PNL d’origine » pour corriger les erreurs de mémoire de ses pairs. Richard Bandler n’a pas réussi à faire de la PNL une marque déposée et malgré son incontestable talent de thérapeute et de conférencier et son autorité auprès des adeptes d’une PNL «provocative » et tournée vers l’hypnose, il est si controversé qu’il sert bien mal la cause de la PNL. Steve Andreas, Robert Dilts et Michael Hall sont restés fidèles à l’idée initiale de la PNL, à savoir  la modélisation de l’excellence humaine. Robert Dilts est le principal orchestrateur de l’innovation en PNL depuis la  fin de la collaboration entre J. Grinder et R. Bandler. Explorateur et développeur de nouveaux modèles PNL avec Judith DeLozier et Stephen Gilligan, auteur prolixe, il est le partisan d’une PNL qui aide autant les individus à grandir qu’à réussir leur vie. Il fait autorité auprès de ceux qui recherchent une PNL très humaniste. Michael Hall, le développeur de la neuro-sémantique et du modèle des Meta-States®,  auteur de très nombreux ouvrages, est certainement celui qui a le plus développé les potentialités mentales du génie humain.

Ces figures d’autorité dans le monde de la PNL ont comme point commun d’être de nationalité américaine,  de travailler plus en mode individuel qu’en mode collaboratif et d’avoir adopté le principal rôle de formateur ou conférencier international.  Du fait de leur personnalité et de leur histoire personnelle,  ces figures d’autorité semblent enseigner non pas une mais plusieurs histoires de la PNL. Le débat actuel va plus porter sur les qualités de ceux qui enseignent la PNL que sur la valeur du contenu enseigné. Si les héros actuels de la PNL sont plus liés au monde des affaires, il n’en reste pas moins qu’ils enseignent chacun à leur manière des processus et techniques forts utiles au vu des multiples témoignages de ceux qui en font l’expérience. Cette activité de formateur international laisse peu de place à la recherche scientifique.

En France, la principale figure d’autorité est belge en la personne de Monique ESSER, universitaire  spécialiste des sciences de l’éducation, psychothérapeute et enseignante PNL. Ses ouvrages « la PNL en perspective » et « la PNL en débat » sont des références incontournables pour ceux qui veulent prendre un peu de recul sur ce que représente la PNL et porter un regard le plus objectif possible sur les sources et modèles de la PNL. En France, une figure d’autorité semble être jusqu’à présent une personne physique ou morale liée bien plus au monde du savoir (instances académiques ou de recherche) ou de l’administration (instances de contrôle), qu’au monde du faire. Les organismes de formation privés qui depuis la fin des années 80 enseignent la PNL avec sérieux, n’ont probablement pas fait ce qu’il fallait pour être perçus comme figure d’autorité. Enseigner la PNL avec professionnalisme à un public large (ou bien souvent tout public) ne suffit pas à rendre une formation professionnalisante. En dehors du travail de Monique Esser, il y a donc un espace libre qui sera occupé par des « figures de substitution ».

Des sites privés aux prétentions « scientifiques » proposent des articles à charge contre la PNL signés par des figures d’autorité du monde universitaire. Les publications (avec drapeau tricolore) de la Mivilude ou de la documentation Française suivent le mouvement. Ces documents mettent en cause l’absence de référents théoriques de la PNL, de preuves scientifiques et son utilisation non cadrée. Il y a pour moi dans ces critiques une part de vérité, une part de méconnaissance et une part de mauvaise foi. Il y a donc à apprendre de ces feedback, même si les points de vue exprimés sont bien souvent plus dogmatiques que le reflet d’une expérience. Les associations nationales de PNL ont une place certaine à prendre comme figure d’autorité si elles décident d’en acquérir la légitimité et la crédibilité.

Si les héros sont utiles aux militaires ou aux adolescents, la communauté PNL a surtout besoin de figures d’autorité dans le monde de la pédagogie et de la recherche. Les institutions universitaires et scientifiques s’intéressent bien plus au monde de la connaissance et de l’éducation qu’à l’expérience humaine individuelle.
Le psychiatre Milton Erickson était fort instruit, mais le formidable travail qu’il a réalisé (et qui est l’une des sources de la PNL) vient probablement bien plus de son expérience personnelle que de son éducation scientifique.  Le mythe selon lequel M. Erickson ne doit rien à sa connaissance universitaire est aussi dangereux que le mythe selon lequel la PNL ne doit rien au monde académique, car ces mythes du génie spontané véhiculent l’idée que les apprenants de la PNL n’ont rien à découvrir dans le fond de connaissance du monde académique.  Quand les apprenants de la PNL manient avec beaucoup de légèreté des concepts qui ont été étudiés de façon approfondie dans d’autres disciplines, ou prétendent que la PNL a inventé la roue, leurs propos ne peuvent que faire sourire, tiquer, et provoquer la suspicion. La PNL sera alors naturellement perçue comme quelque chose de limitant, au lieu d’être perçue comme libératrice d’une source d’apprentissage et de meilleures pratiques professionnelles. On peut comprendre la prudence du monde universitaire, vis-à-vis des modèles PNL et des résultats qu’elle revendique. A ce jour la plupart des modèles et techniques  qui ont permis à M. Erickson, V. Satir et F. Perls d’obtenir leurs résultats spectaculaires continuent à être ignorées du monde universitaire.  

Combien de temps une personne qui expérimente quelque chose d’inhabituel doit-t-elle patienter avant que son expérience soit reconnue ? Combien d’études faut-il réaliser pour reconnaître l’efficacité d’une démarche individuelle ? En science humaine, l’expérience individuelle reste anecdotique, un « épiphénomène ». Les études scientifiques cherchent à chiffrer la probabilité de l’efficacité d’un médicament ou d’une technique sur un groupe de 100 ou 1000 sujets, mais bien peu à décrire comment un produit ou une intervention marche chez un individu unique.

Si la recherche en psychologie positive a apporté un certain crédit aux modèles de la PNL, il serait bien sûr utile que le monde de la PNL puisse également contribuer à donner des preuves de la validité de ses pratiques. C’est ce que font Frank Bourke & Richard Gray aux USA à travers le projet de recherche et de reconnaissance de la PNL. Ces nouvelles figures d’autorité ont initié un programme de recherche sur l’efficacité de la PNL dans les PTSD et savent dresser un portrait plus réaliste de la PNL, avec ses points positifs et ses insuffisances. Sur le site NLP Wiki, ils présentent les résultats de trente ans de recherches sur la PNL. La communauté PNL se doit de soutenir ce projet dont les retombées peuvent être profitables à tous. Les leaders actuels du monde de la PNL sont surtout des conférenciers, des formateurs ou des thérapeutes d’exception, parfois des modélisateurs et des développeurs. A ma connaissance, ils soutiennent peu le monde de la recherche et ce dernier semble bien leur rendre. Un nombre important de travaux sur la PNL ont cherché à démontrer, à partir de présupposés erronés,  que les fondements théoriques de la PNL n’étaient pas validés. Il me semble qu’il est bien plus utile de démontrer l’efficacité d’une technique que d’en expliquer ses bases théoriques. Si les leaders et praticiens de la PNL revendiquent l’efficacité des méthodologies PNL, c’est encore selon leurs propres critères ou ceux de leur public. Il convient d’en apporter la preuve sur des critères scientifiques et collectifs.  Il convient donc de mettre en pratique les règles de l’influence (synchroniser et guider) au cœur de l’enseignement de la PNL. C’est ce que font deux scientifiques passionnés de PNL, Frank Bourke & Richard Gray. Ils ont décidé de faire évaluer les techniques PNL selon les critères actuellement admis dans le monde scientifique. Comme dit Judith DeLozier, « donner du crédit à quelqu’un, c’est aussi en recevoir ».

La PNL comme modèle de contre-culture

Les figures historiques de la PNL font autorité en tant qu’experts de la PNL, en tant que pédagogues, de conférenciers ou de thérapeutes, mais bien moins en tant que porte-parole d’un discours scientifique ou déontologique. N’oublions pas que la PNL est née à l’époque (années 70) et le lieu (Université de Santa Cruz en Californie) de la contre-culture. Le discours pouvait être quelque chose comme « Avec notre PNL, nous n’avons rien à apprendre des figures d’autorité des universités américaines qui n’ont rien compris à la psychologie humaine ». La PNL est une psychologie qui séduit ceux qui se veulent des rebelles, des esprits libres et indépendants,  non soumis à l’influence des dogmes institutionnels. On comprend que cette liberté bien souvent teintée d’arrogance puisse laisser encore des séquelles 50 ans après.

Les nouvelles figures d’autorité en France

Peut- être sous l’effet magique de l’autonomie des universités, certaines de ces universités se lancent dans la formation professionnelle continue avec un certain sens du réalisme, car elles proposent des formations de praticien PNL et de maître praticien PNL. Il n’y a plus de combat idéologique, mais uniquement de la concurrence. Une formation en PNL sous l’autorité morale de l’université, c’est vrai que cela rassure ! Le besoin nouveau de financements à une vertu, celui de faciliter le changement, d’inviter au pragmatisme  et d’élargir sa carte du monde. Mais ce n’est pas une raison pour s’exempter des droits et obligations des organismes de formation.
Les associations professionnelles ont également un rôle important à jouer en s’organisant de façon à garantir le bonnes pratiques PNL au sein de ses principaux champs professionnels (coaching, formation, thérapie, pédagogie…et) et surtout à) réguler ses pratiques.

Comment être fiers de vos certifications PNL et de vos formations PNL

Le problème à résoudre est donc le suivant : comment faire en sorte que les reconnaissances (titre, certifications) liées aux formations PNL puissent avoir une meilleure visibilité et notoriété. Comment faire en sorte que les certifiés en PNL ne soient des crucifiés de la PNL et se sentent fiers de s’exprimer à propos des compétences acquises ? Pour moi la réponse tient en un mot : professionnalisation.  Les formations PNL se sont initialement construites par accumulation d’outils, au fur et à mesure de leur découverte. Et quand la première formation a fait apparaitre qu’il fallait au moins 21 jours pour enseigner les principaux outils PNL connus à l’époque, on a créé ainsi un Praticien PNL. Puis on a dû créer un nouvel espace, avec le Maître Praticien, pour accueillir de nouveaux outils. Et cette tradition de l’enseignement d’une suite d’outils perdure depuis presque 40 ans. Comme si le monde de la PNL n’avait pas su s’adapter, du moins en France, aux nouvelles exigences réglementaires et du monde de l’emploi. Telles qu’elles ont été sont conçues, les formations PNL ne peuvent certainement pas s’inscrire dans le cadre de la formation professionnelle. Ceci est une autre question, l’objet d’un prochain article. Quoi qu’il en soit, une certification PNL reste la reconnaissance d’une forte implication dans l’exploration des compétences liées à la communication interpersonnelle, l’apprentissage et le changement. Une expérience marquante dont on ne sort pas indemne, pour le meilleur et non pour le pire, selon les stagiaires.

Stagiaires, soyez fiers de votre certification PNL, car elle témoigne de l’acquisition de compétences qui vont grandement contribuer au développement de votre efficacité professionnelle, de votre motivation, et de votre qualité de vie. Quand vous parlez de vos nouveaux apprentissages, sachez les situer dans un contexte professionnel. Si vous parlez de votre compétence à soigner des réactions phobiques alors que vous n’êtes ni psychothérapeute, ni médecin, vous allez certainement effrayer votre entourage, et ils auront raison de se méfier. L’outil ne fait pas le métier. Le meilleur moyen de promouvoir la PNL est d’incarner ses présupposés. Inutile d’en parler, mais démontrez votre intégration de ces présupposés. C’est en quelque sorte faire comme disait Gandhi « Soyez le changement que vous voulez être dans le monde ». Sachez également  pratiquer la PNL  pour bien communiquer sur la PNL, en vous souciant de la bonne réception de votre message. Sachez pour cela parler de la PNL avec les mots de tous les jours et pas avec un jargon inquiétant. L’Analyse Transactionnelle a su le faire, pourquoi la PNL n’y arriverait pas ?

Pour être fiers des certifications qu’ils délivrent, les organismes de formation ont besoin d’insérer leur offre de formation dans un cadre bien défini. Annoncez clairement le public auquel vous vous adressez, les compétences que vous allez développer. Précisez le cadre dans lequel s’inscrivent vos formations PNL : si vous choisissez celui de la formation professionnelle,  il est indispensable de préciser les métiers ou fonctions, d’évaluer réellement des compétences pour que le titre ait une valeur reconnue par d’autres personnes que vous même,  et de respecter les obligations réglementaires qui dépendent du ministère du travail. Sans oublier que votre mission est de contribuer à une meilleure qualification et employabilité des individus. Si vous choisissez le cadre de la formation non professionnelle (développement personnel, groupe de thérapie, bien être), vous pourrez plus facilement revendiquer une formation accessible au « tout public », et vous devrez respecter des obligations réglementaires qui dépendent de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Choisir c’est en effet renoncer, mais ce n’est certainement pas perdre.

J’espère que la lecture de cet article vous aidera à enfin avouer à votre mère que vous avez fait de la PNL. Même si elle a du mal à comprendre ce que vous lui expliquez, elle saura avec tout l’amour, la clairvoyance et la sagesse d’une mère, reconnaître vos mérites et vous encouragera à poursuivre. En tant que mère, elle a pu constater que vous avez changé et elle sera fière de ce que vous avez fait « Je ne sais pas ce que c’est ta PNL, mais j’ai vu que c’était bon pour toi. Et si tu veux que je t’aide à continuer ta PNL… »

Juillet 2014

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