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Article rédigé par Jean Luc Monsempès, à partir des notes de cours et des enregistrements de la formation de Robert Dilts « Crise, transition et transformation » de janvier 2013 à l’Institut Repère, et de compléments personnels.

Cette troisième partie de l’article « Le processus de changement transformationnel » porte sur les spécificités de l’étape « transformation » du changement transformationnel et des outils particulièrement adaptés à cette situation. Le premier article de “Crise, Transition, Transformation” portait sur la crise, un moment de décision entre dangers et opportunités, la décision de passer ou pas un seuil pour s’engager dans un nouveau territoire. Le second article de “Crise, Transition, Transformation” portait sur la transition, une étape de tension entre un passé révolu et un futur à créer, étape pendant laquelle il convient de maintenir notre cap sur notre appel, quels que soient les obstacles et interférences qui pourraient nous en dévier. L’étape de transformation implique un changement dans la structure profonde pour arriver à une nouvelle forme. 

Cartographier la transformation

Si la transition concerne le mouvement d’un état à un autre, la transformation implique un changement dans la structure profonde de quelque chose. On parlera de transformation pour décrire le changement qui modifie les caractéristiques générales d’un organisme et son mode d’existence, comme par exemple la transformation du germe en embryon, de l’œuf en animal, de la larve en insecte, etc. Une transformation est en quelque sorte une métamorphose, une conversion bien plus qualitative que quantitative. Elle implique un changement majeur de forme, de nature ou de fonction. Une entreprise se transforme en changeant d’orientation, en définissant sa vision et ses nouvelles priorités. 

La crise nous propulse dans un nouveau territoire, car les manières habituelles de faire ne fonctionnent plus et on ne peut plus faire comme nous le faisions auparavant. Dans les crises les plus profondes, ce nouveau territoire se situe au niveau de l’identité. Nous rentrons alors dans une phase de transition entre l’identité que nous avions auparavant et celle que nous allons avoir. Comme l’identité que nous avions a souvent bien plus de force d’attraction que celle en émergence, pour renforcer et enrichir cette nouvelle identité, nous devrons faire appel à des ressources qui viennent de ce que Stephen Gilligan appelle « l’intelligence « champ », et qui est bien au-delà au delà des intelligences cognitives et somatiques. En renforçant cette nouvelle identité, nous renforçons nos croyances sur nous-même et notre potentiel, nous renforçons nos capacités et nous commençons à agir d’une manière différente et choisissons de nouveaux environnements. A l’étape de la transformation, l’objectif n’est pas de gérer un conflit entre deux identités mais de soutenir d’une part le renforcement d’une identité nouvelle et d’autre part le relâchement de notre ancienne identité. Cette étape s’accompagne donc souvent du sentiment du risque de perdre quelque chose. Cette appréhension comporte une certaine vérité, car nous devons lâcher prise sur un ancien moi qui n’existe plus, car quelque chose doit mourir en nous. 

Lâcher-prise sur notre ancienne identité

Lors de notre rencontre Deborah a décidé d’arrêter de fumer, alors qu’elle fumait depuis plus de 20 ans. Arrêter de fumer signifie souvent abandonner une identité de fumeur. C’est quelque chose qui libère et en même temps quelque chose qui fait peur. Nous pouvons avoir à faire le deuil d’une ancienne identité, et en ressentir du chagrin. 

En fait l’ancienne identité ne va pas disparaître complétement car elle va être incorporée dans la nouvelle identité dont le bassin est beaucoup plus profond et plus large. L’espace de la nouvelle identité va contenir l’espace de l’ancienne identité mais d’une manière différente.

Si vous imaginez l’identité comme le paysage (ou un bassin) de notre conscience, un dilemme identitaire va d’un point de stabilité à un autre, alors que la transformation aboutit à la création d’un bassin suffisamment large pour stabiliser les deux identités, celle du passé et celle en création. Cette nouvelle stabilité est due à la largeur et la profondeur du nouveau bassin (ou l’expansion de notre conscience). Une fois la transformation terminée, le point le plus stable du nouveau bassin sera dans l’identité nouvelle, et de ce fait, on ne peut plus se retrouver coincé dans les anciennes habitudes de vie. Le processus de transformation équivaut donc à un élargissement et un approfondissement de l’espace de la nouvelle identité, de façon à pouvoir intégrer les deux identités, comme si nous passions de deux boîtes séparées à une boîte plus grande.

La transformation consiste donc à traverser un seuil pour aboutir à une forme nouvelle, d’une part en lâchant prise sur notre ancienne identité qui n’a plus d’utilité, et d’autre part en élargissant notre conscience d’une nouvelle identité capable d’intégrer les deux identités, avec cependant des formes d’expression différentes. 

ART3 Transf 1 

 La transformation est une altération du « paysage » de nos vies (Schéma de Robert Dilts)

L’amour après l’amour de Derek Walcott

Le poème « L’amour après l’amour » de Derek Walcott parle du voyage du héros et du retour à la maison. On n’y revient pas pour refaire ce que nous faisions auparavant. Le retour n’est pas une régression mais une transformation. 

Le temps viendra
où, avec allégresse,
tu t’accueilleras toi-même, arrivant
devant ta propre porte, ton propre miroir,
et chacun sourira du bon accueil de l’autre

et dira : assieds-toi. Mange.
Tu aimeras de nouveau l’étranger qui était toi.
Donne du vin. Donne du pain. Redonne ton cœur
à lui-même, à l’étranger qui t’a aimé

toute ta vie, que tu as négligé
pour un autre, et qui te connaît par cœur.
Prends sur l’étagère les lettres d’amour,

les photos, les mots désespérés,
détache ton image du miroir.
Assieds-toi. Régale-toi de ta vie.

Ce poème parle du voyage du héros, et en particulier du retour à la maison, ce moment où vous vous asseyez et festoyez. Le voyage du héros représente un voyage de redécouverte de soi-même et aussi une guérison de l’âme. La guérison de ce qui pouvait faire obstacle à l’expression de notre potentiel. Ce voyage nous amène à nous reconnecter et guérir une partie de soi, peut être une partie liée à l’enfance, pour se réunir à nouveau. De cette réunification entre des complémentarités génératives quelque chose de nouveau peut émerger.  

Gérer les énergies hostiles avec la métaphore de l’Aïkido

Dans le second article, nous avons appris à accueillir des sentiments difficiles, à nous débarrasser de ces virus de pensée avec le Mandala de l’être, et à intégrer des parties apparemment contradictoires pour qu’elles deviennent des complémentarités génératives avec le tétra lemme. Nous allons maintenant rassembler tout cela pour poursuivre le voyage et rentrer à la maison. 

La transformation repose sur le principe de la modification de notre relation à ce que nous voulons transformer. Transformer un obstacle interne, par exemple un ressenti difficile, implique de changer notre relation à ce sentiment difficile pour que de nouvelles expressions puissent devenir possibles. 

C’est ce que nous allons maintenant faire avec l’utilisation des principes de l’aïkido, un art martial du Japon. Aïkido signifie littéralement «voie de l’adaptation de l’esprit» et vient du Japonais « ai » qui signifie rassembler, unifier, « ki »  qui signifie esprit ou énergie et « dō » qui signifie voie. L’aïkido est un processus consistant à se joindre à une certaine forme d’énergie (harmoniser, unifier) et ensuite de la diriger ou de la réorienter, ce qui aboutit à une forme de transformation. Le but de ce processus est de rencontrer et transformer les énergies hostiles plutôt que de les attaquer ou de s’y opposer. Ce processus repose sur le même principe PNL de “synchroniser et guider”. L’aïkido représente à la fois une métaphore puissante de la transformation, et aussi une pratique utile pour gérer ce que nous percevons comme des agressions de sources internes ou externes. L’exercice suivant illustre une façon simple d’appliquer les principes de l’Aïkido pour détourner les messages perçus comme hostiles ou agressifs. 

Exercice : sortir de la ligne d’attaque

L’exercice se pratique à deux, A et B se faisant face. Le but de l’exercice est d’installer « dans les muscles » une stratégie permettant de « sortir de la ligne d’attaque » et qui pourra par la suite se généraliser automatiquement à toutes autres formes d’agressions.  

Cette énergie de l’autre qui nous agresse résonne avec une énergie en nous que nous n’aimons pas, ou que nous ne savons pas gérer en nous. Ce qui nous perturbe le plus chez les autres est souvent en miroir de nos propres ombres, c’est-à-dire ce que nous n’aimons pas et rejetons en nous. Il est donc important que le sujet puisse passer du rôle de l’agressé pour apprendre à y répondre au rôle d’agresseur pour en comprendre le mécanisme. Ce double mouvement apporte une profonde compréhension de ce qui est en jeu, et permet de ressentir le processus de transformation.  Cet exercice permet aussi de découvrir que le fait de donner de l’espace à quelque chose le transforme. Un dicton dit « Ce à quoi tu résistes, persiste » et « quand tu lui donnes de l’espace, il passe » On va donc identifier quelle est cette énergie « démoniaque » puis s’harmoniser avec elle pour la transformer. 

Débuter l’exercice avec l’état COACH 

1 – Identifier la source et la nature de l’hostilité 

Identifier le message neuro-linguistique du message hostile ou agressif, c’est-à-dire ce qui fait que le message devient agressif (démon) et déclenche bien souvent une stratégie de survie. Exemples de messages hostiles « Tu ne peux pas faire cela » ou « Tu as tort, tu es stupide » « Je vais te détruire ». Le démon apparaît dans le contexte du travail, de la famille, de la santé. Le symptôme physique peut être perçu par certains comme un agresseur, et parfois dans le cas du cancer comme un envahisseur « qui me détruit ».

B définit la nature de l’agression (le déclencheur linguistique et son impact émotionnel). 
A (RD) : Quelles sont les situations dans lesquelles tu ressens des résistances, ou une forme d’agression, ou des obstacles qui se mettent en travers de ton chemin ? L’obstacle peut être interne par exemple une voix critique, ou externe, par exemple le comportement « agressif » d’une autre personne. Quel serait un exemple spécifique de cette situation ? Quel message reçois-tu du comportement de l’autre et comment cela t’affecte t-il ? 
B : « C’est un comportement qui pénètre dans ma bulle, qui m’envahit, qui m’empêche de respirer. C’est comme si l’autre disait « Je veux te rencontrer » et que ma réponse était « Tu veux pomper toute mon énergie ».

2 – Expérimenter ce que cela fait de recevoir le message 

A et B se mettent face à face et expérimentent la nature de la réception du message d’agression, et la réponse naturelle de A et B au message. Donc A fait un geste agressif envers B (par exemple en pointant un doigt menaçant vers B, mais sans toucher physiquement B) et en utilisant les mots exacts perçus comme agressifs. B reçoit directement le geste et les mots sans bouger. A et B notent ce qui s’est passé pour eux et partagent leur expérience émotionnelle au cours de l’interaction.

A montre à B ce qu’il fera dans cet exercice :
A et B se préparent en se mettant dans l’état COACH avant d’utiliser et recevoir le geste et le mot d’agression, mais sans bouger. 
A fait face à B, puis utilise sa jambe droite pour faire un pas en avant vers B, et sa main droite pour faire le geste agressif (pointer du doigt vers B sans toucher B) en disant les mots agressifs, par exemple  « Je veux pomper ton énergie » 
A et B partagent leur expérience émotionnelle au cours de l’interaction.
A (RD) : « Que se passe t-il pour toi quand je fais cela ? »
B : « Il y a comme une coque devant moi »
A : Les réponses aux agressions peuvent être des réactions de survie (attaque, fuite, sidération). La quatrième réponse est celle du repli (se diminuer ou se rétrécir). Ici la réponse de B est de mettre un bouclier et de se préparer à combattre. Comme nous l’avons dit, ce qui me gène chez l’autre est en miroir de ce qui me gène chez moi. Donc maintenant B va faire la même chose avec moi (A) 
Donc B, tu vas faire un pas en avant avec ta jambe droite, pointer un doigt droit et dire la même phrase « Je veux pomper ton énergie ». Tu vas donc adopter la position de perception (seconde position) de ton propre démon que je vais ainsi pouvoir voir. Et tu vas faire cela en vérifiant que A est bien dans un état COACH. On ne cherche pas à traumatiser qui que ce soit, mais à devenir conscient de ce qui se passe. A, tu vas donc vérifier si je suis prêt puis tu vas faire le pas en avant et délivrer le message.  « Je veux pomper ton énergie ».  
B fait un pas en avant doigt pointé vers A en disant « Je vais te prendre ton énergie »
A : Toute mon énergie monte au niveau de ma poitrine 

3 – Transformer l’énergie hostile avec l’aïkido

Le but de cette étape est de rencontrer l’énergie hostile et de la transformer par le mouvement d’aïkido. B entre dans un état COACH et signale à A de façon non verbale quand il est prêt. A fait à nouveau le même geste et le même mot d’agression. Cette fois, B fait un pas côté, hors de la « ligne d’attaque », pour se déplacer en faisant un cercle autour de A. A la fin du mouvement, B va se retrouver debout à côté et légèrement derrière A, en utilisant une main pour soutenir le bras que A pointe et l’autre main sur le dos de A dans un geste de soutien. A et B de nouveau partagent leur expérience émotionnelle de l’interaction.

A (RD) : Tu devrais commencer en premier mais je vais te montrer au ralenti ce que tu vas faire, afin de bien comprendre et intégrer le mouvement. Quand tu vas déclencher ton « agression », je vais être comme la rivière et couler autour de cette agression mais sans rompre la relation avec toi. Pour cela je vais modifier ma position par rapport à cette énergie d’agression. Donc A, tu vas déclencher ton « agression », et moi je vais sortir de ta ligne d’attaque pour me déplacer dans un cercle autour de A et me retrouver à côté et légèrement derrière toi. On répétera le mouvement en augmentant la vitesse, en trouvant la bonne distance pour accompagner cette énergie. Pour transformer le démon, on danse avec lui. Que se passe t-il maintenant quand je fais le mouvement ? 
B : « J’ai chaud en moi » 
A : A nouveau, on ne combat pas l’énergie, on change la relation à cette énergie. Maintenant A c’est à ton tour de le faire, en trouvant la bonne distance.   
B fait le processus et dit après avoir perdu sa carapace
A : C’est comme si une forme de vulnérabilité commençait à s’ouvrir. Tu vas recommencer en trouvant la bonne distance, en restant dans la relation à toi et à moi, et en restant dans son axe vertical.  Trouve comment faire le mouvement en restant dans la relation et dans ton état COACH. B fait l’agresseur et A accueille l’énergie de B. La clé est de rester dans l’état COACH.

4 – Répéter les étapes précédentes pour les automatiser

A et B répètent les deux étapes précédentes, jusqu’à ce qu’elle deviennent automatiques.
Demander à chaque étape « Que se passe t-il maintenant quand tu penses à la personne évoquée initialement ? »

5 – Inverser les rôles 

A et B inversent leur rôle et répètent l’exercice avec B qui prend la position de l’agresseur et A qui pratique le principe de l’Aïkido.

Commentaires 

Dans cet exercice, on cherche à rester dans un état coach et connecté à nos ressources pendant que l’on identifie et transforme les énergies hostiles. D’importantes transformations, bien plus somatiques que cognitives, peuvent émerger de ce travail. Cet exercice constitue un profond apprentissage pour les cerveaux reptilien et mammifère car on travaille sur des aspects très primitifs de l’expérience, comme l’espace personnel et le sentiment de sécurité. Ce travail n’est pas une expérience rationnelle. Même si on se dit « Je sais que tu ne vas pas me faire du mal », l’émotion apparaît. D’une certaine manière, nous dansons avec le cerveau reptilien et le cerveau mammifère.

Une vidéo qui s’appelle « le baiser du cobra » montre une personne pratiquer cette forme d’aïkido. En maintenant la bonne distance, la personne se penche sur le serpent qui devient très passif et embrasse sa tête. Nous avons tous un cobra en nous que nous pouvons embrasser en apprenant à danser avec cette énergie reptilienne. Au cours de l’exercice précédent, le sujet a d’abord montré une défense (le bouclier), puis une vulnérabilité, puis le sentiment d’être OK en portant un masque, et enfin le sentiment de pouvoir jouer avec l’énergie hostile. L’énergie de l’autre n’a pas changé, ce qui a changé est la relation du sujet à cette propre énergie, dont l’expression s’est transformée. 

A travers cet exercice nous cherchons à installer « dans les muscles » une stratégie bien plus somatique que cognitive et à faire en sorte qu’elle soit présente et opérationnelle dans une situation difficile. Un test d’installation est de demander au sujet de repenser à l’agression. Le test est positif si instinctivement le sujet se redresse et se met de côté. Cette pratique d’art martial se retrouve chez des personnes bien entraînées comme des personnalités politiques. Barak Obama en est un bon exemple. Quand il est agressé, il sort rarement de son axe vertical, il reste dans un état « détendu et prêt » et parfois il se met de côté pour éviter la confrontation. Personnellement je ne me mets pas physiquement de côté, mais je sens en moi le mouvement de l’énergie de l’autre et je vais chercher à m’aligner sur l’intention positive de l’autre personne. Je commence par être le roc, je rencontre ce qui se présente avec une équanimité authentique, puis je regarde au-delà de ce que la personne dit ou fait pour aller à la rencontre de cette énergie. 

Les énergies archétypales

Avec la PNL nous parlons de la différence entre structure de surface et structure profonde et cette distinction s’applique aux émotions. 

Structure profonde et de surface des émotions 

La structure profonde de toute émotion n’est qu’une énergie qui ne s’est pas encore exprimée sous forme de mots et de modifications physiologiques au niveau du visage, des gestes, de la respiration, de la voix…etc.  C’est notre relation à ces énergies archétypales qui les transforment en émotions positives ou négatives. Toute énergie qui s’exprime d’une manière non centrée (espace), non parrainée (accueillie), et non intégrée (mélangée) se manifestera sous forme d’ombre. Donner suffisamment d’espace à une énergie évite donc de se laisser piéger par elle, et permet de choisir l’expression qu’on souhaite lui donner. 

Par exemple, l’énergie de la force peut s’exprimer de façon centrée sous forme de colère et de limites. L’énergie de la force non centrée peut s’exprimer sous forme de violence. Une énergie non parrainée est une énergie qui n’est pas accueillie car on en a peur, on y résiste et elle peut exploser. Non intégrée signifie qu’elle ne se mélange pas aux autres énergies. Une métaphore visuelle de l’intégration des énergies est celle des couleurs primaires. Car toutes les couleurs que l’on voit dans le monde résultent toutes de l’intégration de trois couleurs primaires. La structure profonde de toutes couleurs est constituée de rouge, de jaune et de bleue, et la structure de surface est constituée d’une combinaison infinie de couleur. Par exemple le bleu et le rouge donnent du violet, le rouge et le jaune donnent de l’orange.

De la même façon, la structure profonde de nos émotions est constituée d’énergies archétypales : la force comme le rouge, la douceur ou tendresse comme le bleu, et l’espièglerie comme le jaune. Nous pouvons intégrer ces trois énergies en les combinant. 

Les trois énergies archétypales  

Pour Stephen Gilligan, le changement profond, par exemple au niveau identitaire, repose sur trois énergies archétypales fondamentales : la force (férocité), la douceur (compassion, ouverture d’esprit, gentillesse) et l’humour (flexibilité, légèreté, créativité). On parle d’énergies archétypales car tous les humains (et la plupart des mammifères) en sont dotées à la naissance et car elles n’ont pas besoin d’être apprises. Un nouveau-né est capable d’exprimer ces énergies d’une manière ou d’une autre. Il exprime sa force quand il a faim ou froid en criant. Il exprime aussi sa joie et sa douceur.  Chaque énergie archétypale a pour fonction de nous soutenir lorsque nous rencontrons les défis et opportunités de la vie. Toute structure profonde comporte des ressources et aussi une part d’ombre. La différence est une question de capacité à être centré, à accueillir et intégrer ces énergies. 

La force permet de maintenir un engagement et d’établir des limites. C’est l’énergie du guerrier. La forme positive de la force s’exprime sous forme de détermination, de clarté, de courage, d’engagement, de limite, la capacité à voir les jeux de séduction. L’énergie non centrée de la force devient tension, contraction et réaction. La force non centrée et sans contrôle, sans douceur et sans humour, se manifeste sous forme de violence et d’agression.

La douceur permet de se connecter aux autres, de se mettre à la place des autres, d’avoir de l’empathie, de toucher et être touché, de donner et recevoir ce dont a besoin pour grandir et guérir. C’est l’énergie de l’amant, de la mère et du guérisseur. Les expressions positives de la douceur sont la tendresse, la bonté, la douceur, le calme, etc. L’énergie non centrée de douceur, amène à être trop sentimental et mou. Le côté obscur de la tendresse est la faiblesse, le manque de limites claires, la dépendance, etc.

L’humour permet de trouver de nouvelles perspectives, d’être créatif et avoir de la fluidité. Humour et espièglerie nous permettent de « sortir de la boîte » des rigidités mentales et de créer un espace pour de nouvelles possibilités.  Le rire permet de prendre du recul, d’élargir notre niveau de conscience et possède des qualités de guérison. C’est l’énergie du joker et de la métamorphose. Les expressions positives de l’humour nous aident à rester libre, joyeux, fluide. L’humour non centré et déconnecté de la force ou de la tendresse, peut devenir cynisme, superficialité, irresponsabilité et ruse.

A ces trois énergies, on peut ajouter l’énergie du roi, qui est une énergie capable d’accueillir toutes les autres énergies. L’énergie du roi est en quelque sorte celle de l’état COACH. 

 

  Expression centrée (COACH) Expression non centrée (CRASH)
 Force             Détermination, clarté, courage, engagement, limite, capacité à voir
les jeux de séduction, protection de la vie
 Tension, contraction et réactivité. Violence et agression.
 Douceur Empathie, accueil, bonté, douceur, calme, accueil,
création d’espace
 Trop de sentimentalité et mollesse. Faiblesse,
manque de limites claires, dépendance, etc
 Humour Liberté, joie, fluidité, créativité, capacité à « sortir de la boîte »
des perspectives rigides
 Cynisme, superficialité, irresponsabilité et ruse.

Le voyage du héros et la danse de l’aïkido nécessitent de l’intelligence émotionnelle avec l’apport de différentes qualités d’énergies. Si une danse produit de l’agression, cette énergie décentrée de force devra rencontrer une énergie centrée de force, de douceur et espièglerie.

Prenons un exemple avec l’histoire d’une femme policière de Miami qui avait étudié la PNL et qui se demandait comment l’appliquer dans sa vie au quotidien. Je lui ai dit qu’elle ne pouvait pas toujours y réfléchir à l’avance mais que cela viendrait le moment venu. Un jour elle est appelée pour une intervention sur une situation de violence domestique, situation la plus à risque pour les policiers, car les émotions sont souvent hors de contrôle. En s’approchant elle entend des personnes crier et hurler. Elle se prépare, monte les escaliers, et voit un téléviseur qui traverse la fenêtre et s’écrase sur le trottoir. Elle monte rapidement les escaliers, tambourine à la porte et entend cette voix masculine enragée de l’autre côté de la porte hurlant « c’est qui bordel ? » Elle se centre, retrouve son axe vertical, et répond « C’est le réparateur de télévision ».  Elle raconte que le silence s’est fait à l’intérieur de la maison pendant 20 secondes, puis l’homme a éclaté de rire. Il a ouvert la porte en riant et a été ainsi capable d’amener autre chose que de la violence dans la situation. Les deux mots « réparateur de télé » ont eu un effet magique. Cette femme n’aurait jamais pu prévoir ce qui est arrivé, elle pouvait seulement se préparer à être centrée et à répondre de façon spontanée à ce qui arrivait. Elle ne pouvait pas planifier ce qu’elle allait faire, mais elle pouvait se préparer à rester centrée et curieuse de ce qui était possible de faire, instant après instant. Ce qui est la bonne manière d’avoir de la chance. 

 ART3 Transf 2

Comment accéder aux énergies archétypales 

Comme nous l’avons vu, nous n’avons pas besoin d’apprendre les énergies archétypales car nous naissons avec. Nous avons par contre besoin d’apprendre à accéder à ces énergies. Nous n’avons pas besoin de modèles pour apprendre les énergies archétypales, nous avons besoin de modèles pour apprendre à les exprimer de différentes manières. Utiliser au mieux ces énergies archétypales nécessite des compétences en intelligence émotionnelle pour savoir faire trois choses : 

  • Trouver sa propre clé d’accès à ces énergies déjà présentes en nous, 
  • Centrer ces énergies dans l’état COACH et les accueillir. Sinon la force non centrée va devenir de la violence, la douceur de la faiblesse, l’humour va devenir du rire jaune. 
  • Intégrer les différentes énergies, par exemple être fort et doux en même temps.

L’intégration des énergies est une forme d’alchimie. Nous avons besoin de nous préparer au mieux à rencontrer ce qui va se présenter sur notre chemin (ombres, résistances…etc.) en découvrant quelle est votre propre manière de rentrer en contact avec ces ressources. Comment exprimer ces ressources sous leur meilleure forme et les diriger de façon positive dans la situation  difficile.

Explorer l’impact des énergies archétypales

Pour Stephen Gilligan, il est nécessaire de maintenir un équilibre entre ces trois énergies et de les « humaniser » en leur apportant votre « centre ». L’exercice suivant examine comment apporter la forme positive de chaque énergie archétypale et leurs combinaisons dans une situation difficile de façon à explorer quels autres choix seraient possibles. L’exercice implique d’accéder à chaque énergie et de l’exprimer à travers un état COACH et un contenant COACHing entre coach et coaché, afin d’expérimenter les bénéfices les plus appropriés qu’on puisse amener dans une situation. 

Le but de l’exercice est d’accéder aux énergies archétypales et d’amener ces énergies dans une situation problème que nous allons appeler état CRASH. Ces énergies étant génératives, on ne sait pas à l’avance ce qu’elles vont apporter

1 – Etat COACH afin de créer un conteneur « COACH »

2 – Identifier la situation Crash à transformer 

Identifier un état CRASH, c’est-à-dire une situation dans laquelle vous rencontrez un obstacle interne (conflit, hostilité, violence…etc.), ou externe (personne), une situation dans laquelle vous sortez de votre zone d’excellence. Utiliser un ancrage spatial pour l’état CRASH et un autre pour les ressources des énergies archétypales centrées. Quelle est cette situation difficile pour toi ? 
S : « Par exemple quand je dois me présenter, je me diminue »

3 – Expérimenter la situation crash en conscience

En maintenant l’état COACH, aller dans l’espace de l’état CRASH. L’état coach permet de revivre la situation de façon associée et sensorielle, mais sans se perdre dans l’état crash.
RD : De quoi as-tu conscience dans cette situation ?  Quel est le ressenti ?
S : « Je me présente le plus vite possible ; Je me dis que mes propos ne sont pas intéressants et que je préfère écouter les autres, je me sens ainsi moins visible »  
RD : Nous entendons ici le programme neuro-linguistique avec une voix interne qui dit et juge « je ne suis pas vraiment intéressante, je préfère écouter les autres », et nous allons y amener de la conscience. 

4 – Revenir à l’espace de l’état COACH et accéder aux énergies archétypales 

La partie qui a conscience de quelque chose est plus grande et se trouve au-delà de cette chose. Ainsi le programme ne me dirige pas, je peux réfléchir son propos. Dans cette étape, nous explorons l’impact de chaque énergie archétypale dans la situation CRASH, en commençant par la force.  
Il y a quatre manières d’accéder aux énergies archétypales :

  • Revivre une expérience de référence dans laquelle vous avez expérimenté une intense et positive expression de l’énergie.
  • Identifier un modèle positif de l’expression positive et répétée de l’énergie, par exemple une personne capable d’exprimer une version centrée et positive de cette énergie. On se met dans les chaussures de cette personne (seconde position) de façon à ressentir cette énergie.
  • Utiliser votre énergie pour agir « comme si » vous étiez dans l’expression centrée et pleine de ressource de l’énergie. Votre corps réactive des énergies qu’il connaît déjà.
  • Trouver un symbole de l’expression positive de l’énergie et apporter le symbole dans votre corps de façon à créer la sensation de cette énergie. 

RD : Quelle est ta manière d’accéder à ton énergie de force ?
S : « Je fais comme si j’avais la respiration de la force, comme le flux et le reflux de la mer »

5 – Amener l’énergie de la force dans l’espace de l’état CRASH

Retourner à l’espace CRASH en y amenant l’énergie archétypale. Le coaché prend conscience de la façon dont l’énergie change son expérience de la situation, et note les nouveaux choix qui deviennent possibles. On amène uniquement l’énergie archétypale (posture, ou symbole, ou modèle..) et on reste ouvert à découvrir ce qui se passe. 
RD : J’ai trois questions à te poser : a) Qu’est ce qui change ou qui est différent ?  b) Qu’est-ce que cela rend possible maintenant ?  c) qu’est ce qui évolue avec cette possibilité ?
S : « a) j’ai impression d’être plus grande et mes yeux pétillent, b) Je prends plus mon temps, c) je me connecte plus aux autres »

6 – Revenir à l’état COACH et amener l’énergie de la douceur dans l’espace de l’état CRASH

Se connecter à la façon positive et authentique de la douceur par une des quatre manières  (expérience personnelle, un modèle, le comme si, un symbole) 
S : « C’est quand mon bébé m’enlace et quand je traverse un nuage »
RD : Tu vas amener cette nouvelle énergie dans l’espace CRASH sans chercher à savoir ce qui va se passer, et en gardant un contact avec ta clé d’accès à ton énergie L’inconscient créatif se charge de faire les changements.  J’ai trois questions à te poser : a) Qu’est ce qui change ou qui est différent ?  b) Qu’est-ce que cela rend possible maintenant ? c) qu’est-ce qui évolue avec cette possibilité
S : « a) Plus de monde et plus d’énergie, b) et ce qui devient possible est la relation et, c) donc j’ai plus de spontanéité » 

7 – Revenir à l’état COACH et amener l’énergie de l’espièglerie dans l’espace de l’état CRASH

Se connecter à la façon positive, enracinée et authentique de l’espièglerie par une des quatre manières (expérience personnelle, un modèle, le comme si, un symbole) 
S : « C’est quand mon bébé éclate de rire »
RD : Tu vas amener cette énergie de l’espièglerie dans l’espace CRASH, sans chercher à savoir ce qui va se passer, et en gardant un contact avec ta clé d’accès à ton énergie. L’inconscient créatif s’active et tu vas noter ce qui est différent ? J’ai trois questions à te poser : a) Qu’est ce qui change ou qui est différent ?  b) Qu’est-ce que cela rend possible maintenant ? c) qu’est-ce qui évolue avec cette possibilité
S : « a) je suis passée de l’immobilité au mouvement et, b) je suis plus présente et, c) les relations sont plus vraies »

8 – Revenir à l’état COACH, mélanger les énergies et les amener dans l’état coach

Après avoir exploré l’impact individuel des trois énergies archétypales, le sujet va faire la même chose en laissant ces énergies se mélanger avant d’entrer à nouveau dans la situation CRASH.  Ce qui nous définit est un mélange et une expression unique de ces trois énergies. Chacun a son propre arc en ciel. Pour cela, se connecter à une situation dans laquelle nous avons été pleinement nous même de façon positive et authentique, à partir des trois modalités d’accès (expérience personnelle, un modèle, comme si, un symbole) 
S : « Pour moi c’est une situation de travail ou j’étais détendue »
RD : A nouveau, tu vas amener la combinaison d’énergies dans la situation CRASH et noter son impact sur la perception de la situation, ainsi que les choix qui deviennent possibles.
Les trois questions à poser : a) Qu’est-ce qui change ou qui est différent ?  b) Qu’est-ce que cela rend possible maintenant ?  c) qu’est-ce qui évolue avec cette possibilité
S : « a) Cela s’élargit et b) j’ai l’impression que tout est possible, c) et je suis plus spontanée en faisant confiance à ce qui peut arriver »
RD : Nous pouvons être surpris par le mélange des trois énergies. Si les objets ne peuvent se mélanger, les énergies le peuvent. 

9 – Revenir à l’état COACH pour terminer 

Commentaires : Pour que cet exercice puisse produire un résultat, il convient de trouver vos clés d’accès à vos énergies archétypales. Quand je coache des dirigeants qui veulent se préparer à faire une présentation importante, je m’assure qu’ils savent exprimer les trois formes d’énergie. La force n’est pas suffisante car ils doivent montrer de la douceur ou de la compassion. Ils ont également besoin de montrer de la légèreté, de l’humour et de ne pas se prendre trop au sérieux. L’important est de prévoir ce que vous voulez dire ou faire, avec la présence de ces trois énergies, tout en laissant la place à la spontanéité. 

Voir le champ de ressources

Cet exercice va nous permettre de percevoir et d’utiliser une structure encore plus profonde que celle des énergies archétypales, à savoir le « champ » d’énergies génératives auquel nous sommes connectés. Nous ne percevons pas un champ de manière cognitive ou analytique, mais c’est plutôt quelque chose que nous recevons. Mozart disait qu’il se mettait dans un certain état et que la musique lui arrivait. Puis son esprit cognitif pouvait lui donner une forme et la transformer en partition musicale.  

La notion de champ 

La notion de « champ » se rapporte à l’espace où l’énergie produite par les rapports et les interactions dans un système. En physique, un champ peut être une force gravitationnelle ou électromagnétique, la pression d’un liquide…etc. Par exemple un champ d’ondes est ce qui permet à vos téléphones portables de fonctionner. Votre téléphone transforme quelque chose que vous ne pouvez pas voir en quelque chose que vous pouvez entendre. Si un champ ne s’observe pas, sa présence se manifeste par ses effets sur les éléments du système. Les humains sont un peu comme le téléphone portable. Les interactions entre individus crée un champ d’énergie dont nous pouvons capter des informations sous forme de symboles ou d’images.  C’est ce que Albert Einstein appelait l’intuition. Un champ calme ou rigide nous parle des personnes présentes qui sont elles-mêmes calmes ou rigides. Divers mécanismes peuvent expliquer la notion de champ et le premier est celui des neurones miroirs découvert il y a environ 12 ans. Une bonne partie des neurones de notre  organisme renvoie en miroir ce qui se passe chez une personne en face de vous. C’est la base de ce qu’on appelle l’empathie ou la deuxième position en PNL. 

Les actions et ressentis des autres avec lesquelles vous interagissez résonnent dans votre propre système nerveux. Deux individus dans un état ressources peuvent générer un champ de ressources qui renforce les ressources de chacun. Un champ ne se voit pas mais sa matérialisation peut s’observer à un niveau somatique ou biologique. Un champ peut être positif ou négatif. Un champ négatif est par exemple celui de la dépression ou de la panique. Le simple fait de rentrer dans un lieu particulier vous permet de capter les énergies présentes, et vous allez vous sentir bien ou mal. Dans ces situations, il est important d’être centré faute de quoi le champ va exercer davantage son influence sur vous. Sans conscience de soi, nous pouvons perdre la connexion avec notre  boussole intérieure. 

Des enfants qui s’amusent ensemble peuvent se déconnecter de leur propre centre et se perdre dans l’énergie des autres, ce qui s’observe par l’apparition de comportements qui ne sont pas les leurs. 

L’histoire récente nous donne des exemples de personnes qui ont été entraînées dans un champ qui n’était pas le leur. Comment expliquer que des personnes considérées comme saines puissent à un moment donné commettre des actes inhumains tels que des massacres ou des tortures ?. Probablement en perdant notre centre et notre connexion à nous même, ce qui est favorisé par les déracinements, par le fait d’être retiré de notre environnement habituel. Nous devenons alors bien plus vulnérable au champ interactionnel présent. Le champ est à double sens, car nous pouvons influencer le champ, comme ce dernier nous influence. Face à un champ perturbé, il convient de se connecter à un champ encore plus grand pour le canaliser dans la situation perturbée. Lors du miracle de la rivière Hudson, un champ de peur s’est immédiatement créé entre le pilote, l’équipage et les passagers. Mais en sachant accueillir sa propre peur à partir d’un espace plus vaste, le pilote à su influencer ce champ d’interaction et y amener du calme.  

Des recherches ont montré que chaque personne présente dans cette salle appartient à des champs ou systèmes culturels, familiaux, professionnels…etc.  Chacun d’entre nous sommes membre d’environ 160 systèmes ou champs relationnels. Dans une situation donnée, il est important de savoir le champ d’influence à partir duquel je suis en train de vivre le moment présent. Par exemple les relations des membres de ma famille à l’argent vont créer ma réalité et je vais agir à partir de ce champ. De nombreux génies tentent depuis des siècles de parler de la notion de champ. C’est quelque chose qu’ils ressentent, mais qu’ils ont du mal à décrire avec un vocabulaire simple et pas trop ésotérique. Mozart disait qu’il se mettait dans un certain état et que la musique lui arrivait au travers de lui. La musique allait être modifiée et façonnée par sa touche personnelle mais elle n’était pas créée par lui. Une des caractéristique des génies est leur capacité à se connecter à un champ qui va bien au-delà de ce qui est expérimenté dans l’instant présent, et c’est cette connexion qui apporte quelque chose de nouveau. La difficulté est d’en parler, alors on va dire que c’est quelque chose d’imaginaire, ou que c’est notre expérience subjective…etc.

L’accès à l’esprit du champ nous permet de sortir de la boîte de nos limitations cognitives. Les génies créatifs les plus connus et les plus grands penseurs reconnaissent tous l’importance des processus qui les connectent à des niveaux d’intelligence qui incluent et transcendent les limites de leur propre ego et de leur intellect rationnel. Voir le champ implique de se focaliser sur la structure profonde d’une situation, ce qui est à l’opposé du contenu spécifique de la situation ou des conditions dans desquelles elle s’exprime. Les champs dynamiques sont trop complexes et subtils pour pouvoir être perçus de façon littérale. Percevoir l’énergie du champ n’est pas un processus analytique et ne fait pas appel à la cognition. Comme nous ne pouvons percevoir directement les relations intriquées et invisibles qui composent ce champ, les représentations subjectives que nous nous en faisons sont généralement symboliques.

Utiliser les ressources du champ

Les ressources de transformation dont nous avons besoin au cours de notre voyage peuvent aussi venir de l’intelligence du « champ ». C’est par les représentations symboliques que nous nous connectons aux ressources du « champ ». Cet exercice permet d’accroître notre perception de l’influence d’un champ relationnel ou énergétique plus large, à partir de l’utilisation des symboles. 

Etat COACH : Coach et coaché se mettent dans leur propre zone d’excellence (centrage et état COACH) en se connectant à leur appel et en étant prêt à accueillir la prochaine étape du voyage et le retour à nous-même. C’est le champ relationnel créé entre coach et coaché qui permet au message de l’inconscient d’émerger.

1 – Identifiez une expérience dans laquelle vous avez rencontré une impasse 

Identifier la difficulté à affronter où un moment de crise et choisir un espace physique pour s’y associer. Rentrer dans cet espace et s’associer à cette expérience aussi complètement que possible. Amener de la conscience sur cette émotion et lui souhaiter la bienvenue. 
RD : Quel est ton défi ou ta difficulté ?
S : « Tout s’effondre dans ma vie »
RD : Il parle d’un champ très perturbé et d’un champ qui a une histoire. Tu vas choisir un endroit pour positionner l’état présent de la crise dans laquelle « tout s’effondre ». On veut que le sujet ait une conscience de l’état difficile, sans y être piégé. J’accueille et j’honore cette émotion et c’est OK d’en être conscient.

2 – Aller en position d’observateur pour s’ouvrir au champ

S’éloigner de cet espace et passer en position d’observateur. Se centrer et s’ouvrir au “champ”. Les yeux fermés, s’imaginer en train de regardez au travers de votre centre le “champ” des dynamiques qui influencent le système. Laisser en émerger une image symbolique.
RD : Tout en percevant la situation difficile, son histoire et en ressentant cette forte émotion, je t’invite à dé focaliser ton regard pour pouvoir voir le champ d’énergie entre les éléments. Le champ est perçu sous forme de métaphore, de symbole ou d’images qui viennent de l’inconscient. 
S : « Ce qui me vient, est que les choses sont comme elles doivent être » 
RD : Comme la réponse est cognitive, nous allons chercher de façon plus profonde. L’image du champ est un symbole ou une image qui vient de l’inconscient (par exemple, quelque chose qui tombe dans une falaise, des nuages qui s’amassent, un cours d’eau, un berceau, une musique douce et rythmé qui ne peut s’interrompre,…etc.). Si tu devais laisser venir une image de cette situation ou du voyage qui a amené à cette situation, ce serait quoi ? 
S : « C’est comme une musique douce qui s’impose avec un rythme stable et que l’on ne peut arrêter et qui me prend. »
RD : Ce que nous invitons à recevoir vient bien plus de notre inconscient créatif que de notre pensée individuelle. 
S : « Mon fils va devenir père dans quelques mois comme si quelque chose de nouveau arrive »

3 – Aller à l’emplacement de l’état désiré 

Penser à son état désiré (c’est-à-dire plus l’appel qu’un objectif précis) et choisir un espace physique différent auquel s’associer. En restant centré et connecté à la sensation de l’état désiré, faire un pas pour rentrer dans cet espace et noter la métaphore, image ou symbole qui émergent. Prêter attention au “champ” des dynamiques énergétiques de cet état. 
RD : Que s’est-il passé avec cette musique ?
S : « C’est comme un berceau, une vie nouvelle et la musique bouge le berceau » 
RD : On utilise donc un langage fort différent du langage habituel 

4 – Aller dans un espace entre l’état présent et l’état désiré 

Aller dans un espace situé entre celui de l’état présent et celui de l’état désiré. De cet espace, accueillir les deux états (comme dans le tétra lemme) et ressentir le champ entre l’état présent et l’état désiré. Qu’y a t-il entre ces deux états ? 
S : « La confiance » 
RD : Comment expérimentes-tu ce champ de confiance ?
S : « Une légèreté dans la musique de cette confiance, et de nouveaux instruments apparaissent »
RD : Il y a souvent une difficulté à mettre des mots simples sur cette réalité inhabituelle. C’est clair pour lui mais difficile à expliquer. 

5 – S’ouvrir au champ du champ de ressources et laisser émerger un symbole 

Rester centré, ouvrir et étendre sa conscience dans le champ qui va au-delà du champ qui entoure l’état présent et l’état désiré. Rester dans un état de présence et laisser émerger une image symbolique.
RD : Dans cet espace, il y a d’une part l’état présent de « la musique du destin» et d’autre part il y a l’état désiré de ce « berceau ». Tu vas t’ouvrir au champ du champ, à ce qui va au delà de ce champ, un champ encore plus vaste que celui de « la musique du destin » et du « berceau », laisser un symbole venir à toi et le transformer en un mouvement particulier pour l’amener de l’état présent à l’état désiré. L’esprit cognitif va formaliser quelque chose qui ne vient pas de lui. 
S : « Mon père qui représente la sagesse, l’humour, l’engagement »
RD : Quel serait un mouvement qui traduit ces qualités ? 
S : « C’est le mouvement de faucher de l’herbe, couper l’herbe ancienne pour laisser la nouvelle pousser, comme un travail sans objectif précis qui m’ouvre à quelque chose »  

6 – Amener le symbole dans l’état présent et l’état désiré

Avec l’image symbolique et le mouvement qui ont émergé à l’étape précédente, revenir à l’espace physique de l’impasse et ressentir comment celle-ci se transforme.
RD : Fais ce mouvement dans l’état présent puis dans l’état désiré. C’est un langage plus puissant que le langage rationnel.  L’esprit cognitif va le formaliser mais cela ne vient pas de lui.  Comme l’esprit de Mozart construisait la musique mais ne la créait pas. Le mouvement de faucher de l’herbe est celui de ta transformation. Je pense que ton esprit cognitif va passer du temps à analyser tout cela.

Commentaires : cet exercice nous montre qu’il y a différentes manières, ou différentes intelligences pour percevoir nos réalités. Erickson racontait des histoires qui n’étaient pas préparées mais qui venaient à lui. Le plus souvent il ne savait pas ce qu’il allait dire, jusqu’à ce que les mots viennent. Cette démarche sollicite des aspects de notre fonctionnement qui sont bien plus profonds que ceux de l’esprit cognitif. Pour gérer les crises, les transitions et les transformations, nous avons besoin d’une intelligence cognitive et rationnelle, d’une intelligence somatique et émotionnelle, et d’une intelligence du « champ », une manière de percevoir qui va bien au delà des autres formes d’intelligence sans toutefois les rejeter. On revient à ce que disait Steve Jobs « Suivez votre cœur et votre intuition car il y a là une connaissance et une sagesse plus profonde »

Sources : notes de cours et des enregistrements de la formation de Robert Dilts « Crise, transition et transformation » de janvier 2013 à l’Institut Repère, et de compléments personnels.

 

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