Nous contacter

78 avenue du Général Michel Bizot
75012 PARIS

Nous appeler

Article rédigé par Jean Luc Monsempès, à partir des notes de cours et des enregistrements de la formation de Robert Dilts « Crise, transition et transformation » de janvier 2013 à l’Institut Repère, et de compléments personnels.

La première partie de l’article Crise, Transition et Transformations (1/3) était avant tout consacré aux différentes ressources dont nous avons besoin pour faire face à un événement inattendu et aux peurs qui l’accompagnent. Cette deuxième partie de l’article est consacrée à la compréhension des spécificités de l’étape « transition » du changement transformationnel et des outils particulièrement adaptés à cette situation.

La crise est un moment de décision entre dangers et opportunités, la décision de passer ou pas un seuil pour s’engager dans un territoire nouveau. La transition est un lieu de tension entre un vécu d’un passé sur lequel nous ne pouvons pas revenir et un futur que nous devons créer et marqué par l’incertitude. La question clé de la transition est de savoir installer en soi une boussole nous permettant de maintenir notre cap sur notre appel, quelque soient les obstacles et interférences qui pourraient nous en dévier.  

Une synthèse de la première partie de l’article 

Crise, transition et transformation forment une sorte de chemin, allant d’un état de grande instabilité vers un état de nouvelle stabilité et d’équilibre. 

Différentes cartes peuvent guider et faciliter le processus de changement 

1 – La dimension verticale du changement et la notion de niveaux d’apprentissage. Ces niveaux débutent avec ce que nous faisons concrètement au sein de notre environnement physique, puis ces niveaux s’adressent aux stratégies mentales qui organisent ces comportements, aux schémas plus profonds de notre expérience (croyances, valeurs, identité), pour aller jusqu’à un niveau d’expérience qui va au delà de nous (Champ de relation). 

2 – La dimension horizontale du changement, avec d’un côté le petit moi (ou l’égo) et de l’autre côté le grand moi  (l’âme). La gestion de notre expérience au cours de ce chemin qui va de la crise à la transition puis à la transformation implique un équilibre, d’une part vertical entre les différents niveaux d’expérience et d’autre part horizontal entre les deux dimensions de l’égo et de l’âme.  Si l’égo est ce qui nous sépare du système plus vaste auquel nous appartenons, l’âme est ce qui nous y connecte. Sans une connexion à cette dimension plus vaste que nous, nous prenons le risque d’être prisonniers des pièges émotionnels du cerveau reptilien ou limbique et d’activer nos stratégies de survie.  

3 – Les différents niveaux de soutien indispensables au processus de changement. Les guides et gardiens créent un environnement favorable au changement de comportements, le coach intervient dans la répétition des comportements, puis il adopte le rôle d’enseignant au niveau des capacités, puis de mentor au niveau des croyances et valeurs, puis de sponsor (parrainage) au niveau de l’identité et enfin d’éveilleur au niveau de la dimension spirituelle.

4 – La dynamique entre nos trois intelligences. Le changement transformationnel sollicite les trois formes d’intelligence humaine : a) l’intelligence cognitive et intellectuelle, b) l’intelligence somatique et émotionnelle c) l’intelligence du champ qui est une intelligence supérieure à l’intelligence individuelle, que l’on pourrait aussi appeler un inconscient créatif et que l’on rattache souvent à l’intuition.     

5 – Le voyage du héros. C’est une métaphore du chemin qui traverse la crise, la transition et la transformation. Ce voyage débute par un appel à évoluer au niveau identitaire et à devenir plus de nous même. L’appel requiert un engagement à dépasser un seuil ou une frontière pour aller dans un nouveau territoire dans lequel notre identité va se transformer. Pour faire face aux démons, c’est-à-dire à ce qui pourrait faire obstacle à notre engagement vis-à-vis de notre appel, nous allons avoir besoin de gardiens et de mentors. Nous appelons démon ce qui déclenche en nous des émotions ou situations que nous ne savons pas gérer et pour lesquelles nous nous retrouvons sans ressource. Le voyage nous change et nous donne une autre perception de la réalité. Le « retour à la maison » nous invite à partager nos apprentissages, même avec ceux qui n’avaient pas envie de nous voir changer. 

6 – La notion du jeu intérieur. Face à une crise, c’est-à-dire la survenue inattendue d’obstacles dans l’environnement extérieur, la réponse immédiate la plus appropriée est de nous occuper de notre propre état interne.  La rencontre d’un obstacle extérieur avec une ressource intérieure constituera un défi, une invitation à grandir pour dépasser l’obstacle. La rencontre d’un obstacle intérieur à un obstacle intérieur produira un problème insoluble. La rencontre d’une ressource interne et externe représentera une grande chance. La première chose à faire face à une crise est d’activer en nous les ressources de notre propre zone d’excellence, afin de pouvoir affronter les défis avec le meilleur de nous-même. Quand une personne est profondément connectée à sa zone d’excellence, les défis peuvent laisser la place à une forme de miracle, comme nous l’avons vu avec l’exemple du pilote qui a réussi à poser l’avion sur la rivière Hudson. 

La crise est un point de décision 

Comme l’idéogramme chinois du mot crise  nous l’indique, toute crise comporte nécessairement des dangers et des opportunités. Nous avons donc besoin de décider ce qu’il convient de faire avec équanimité, c’est-à-dire en prenant en compte autant les dangers à affronter que les opportunité à saisir. Le danger est souvent de continuer à faire ce que nous avons fait alors que la crise nous invite à adopter de nouveaux comportements. Le point de décision représente un seuil à franchir pour découvrir de nouvelles possibilités d’actions. Comme le soulignait Einstein, un même mode de pensée crée sans cesse les mêmes problèmes et les mêmes résultats. On ne peut résoudre une crise financière ou un problème de santé en faisant davantage de ce qui l’a créé. 

Nous avons donc un seuil à franchir pour mettre en œuvre des solutions nouvelles, même si celles ci peuvent être ressenties comme étrangères et risquées. Devant la peur, nous avons bien plus tendance à nous raccrocher à ce que nous connaissons déjà et à ce que nous avons l’habitude de faire, qu’à faire appel à des comportements nouveaux. Le défi du voyage du héros est pourtant de faire quelque chose de nouveau dans une situation d’incertitude. Si cela demande du courage, de la confiance et du soutien, les modèles et mentors nous y aideront. Cartographier la crise permet de prendre pleinement conscience des dangers et des opportunités, du seuil à franchir et de clarifier notre appel. Si la crise impacte les différents niveaux d’expériences, les transformations les plus importantes concernent le niveau identitaire. 

Par exemple le cancer de ma mère ne l’appelait pas à réaliser de petits changements mais à changer l’idée qu’elle se faisait d’elle même, donc à changer de vie. Que la crise soit sanitaire, relationnelle, financière ou professionnelle, elle est un appel à de profondes transformations. C’est là raison pour laquelle la transformation est bien plus un voyage du héros qu’une simple balade dans le parc. 

Le voyage commence par la capacité à vous ancrer dans votre zone d’excellence, un état qui ne sera jamais stable, car des surprises et des défis vont sans cesse surgir et vous inviter à revenir à notre zone d’excellence. Nous vivons avec un cerveau reptilien et un cerveau mammifère susceptibles de générer de l’anxiété et de la peur, des frustrations, de la tristesse ou de la colère. Vous ne pourrez donc pas vous débarrasser de ces émotions. Vous pouvez seulement les reconnaître, les accueillir dans un espace plus vaste dans lequel elles trouveront leur place. C’est ce que nous avons abordé avec l’état COACH et le centrage actif, afin de savoir revenir sans cesse à votre zone d’excellence et poursuivre votre chemin.

Ces pratiques, qui sont bien plus somatiques que cognitives, nécessitent un entraînement car c’est la condition nécessaire d’une bonne gestion de notre cerveau reptilien et mammifère. Nous devrons sans cesse continuer à chercher et trouver notre centre, car il n’est pas toujours facile d’accueillir les émotions liées aux dangers et aux opportunités avec une totale équanimité. Nous avons continuellement besoin de revenir à ce moi plus large qu’est notre grand moi. Après s’être brutalement retrouvé sans moteur d’avion, le pilote a dit qu’il n’avait jamais eu aussi peur de toute sa vie et que la solution a consisté à retourner à cet endroit ou il n’a jamais été aussi calme de sa vie  Ce calme vient d’un espace plus grand que celui de la peur. Le point clé est donc de savoir aborder les situations de crise à partir d’un espace plus large qui est représenté par ce moi plus grand.

En explorant les croyances de ma mère vis-à-vis de son cancer du sein, nous avons découvert qu’elle se sentait déloyale vis à vis de sa propre mère et sa sœur en ne faisant pas un cancer du sein comme ces deux membres de sa famille. Cette loyauté symbolisait en quelque sorte une profonde connexion à elle-même, à sa mère et à sa jeune sœur. Je lui ai demandé d’imaginer sa propre fille (donc ma sœur), la regardant de la même manière que ma mère regardait sa propre mère et sa sœur. Cette nouvelle perspective, l’a connecté à son « grand moi » et aux questions de mission et de raison, a immédiatement changé sa perception de la réalité et d’un seul coup de nombreuses choses sont devenues claires pour ma mère. Tout au long de notre vie nous allons rencontrer des situations qui vont nous remettre dans notre « petit moi ». A la peur se rajoutera peut être de la frustration ou de la colère vis à vis de cette peur. La clé réside dans votre capacité à vous connecter à ce plus grand moi pour être en mesure d’accueillir ces sentiments négatifs, et de prendre les décisions les meilleures ou les plus sages. 

Cartographier et faciliter la transition

La transition est le passage entre deux états, deux situations, deux formes, deux styles. La transition implique donc un mouvement, un développement, une évolution. La transition est déclenchée par l’inconfort d’un état présent et résulte d’une situation de crise. 

Le mouvement entre l’ancien et le nouvel état qui caractérise la transition s’accompagne le plus souvent de luttes ou de conflits. Entre l’inconfort d’un état ancien et familier dont il est difficile de s’extraire, et l’incertitude d’un état nouveau, la personne peut se trouver douloureusement perdue. Devant la peur de l’inconnu, les individus préfèrent parfois battre en retraite, renoncer à leur appel et revenir à l’état ancien dans lequel ils y trouvent une forme de stabilité.  

Le défi principal de la transition est de fixer et de maintenir un cap en direction du changement souhaité, malgré la survenue de ressentis difficiles ou conflictuels. Garder ce cap nécessite une détermination à rester focalisé sur une direction donnée, une bonne utilisation des multiples ressources (cognitives, émotionnelles et du champ), la capacité à trouver les bons soutiens pour gérer les conflits internes à partir d’un espace plus large et à parrainer les ressentis difficiles.

La maison d’hôtes, un poème de Rumi, poète persan du XIIIe siècle

Cet être humain est une maison d’hôtes.
Chaque matin une nouvelle arrivée.
Une joie, une déprime, une mesquinerie,
Un moment de pleine conscience qui arrive comme un visiteur inattendu.
Accueillez-les et divertissez les  tous ! 
Même s’ils sont une foule de douleurs, qui balayent violemment votre maison, la vident de ses meubles,
Quoi qu’il en soit, traitez toujours chaque invité honorablement.
Il pourrait vous débarrasser et vous épurer Pour de nouvelles joies.
Les pensées sombres, la honte, la méchanceté, allez à leur rencontre, sur le pas de la porte, en riant,
Et invitez-les à entrer.
Soyez reconnaissant de celui qui vient, parce que chacun a été envoyé comme un guide venu d’ailleurs.

Le poème de Rumi reflète bien un des fondements de la PNL selon lequel tout comportement vise une intention positive même si nous n’en sommes pas conscients.  Nous voulons être capable d’accueillir tout les ressentis négatifs dans la maison d’hôtes sans leur laisser prendre toute la place. Si le pilote avait été submergé par la peur, il n’y aurait plus eu de place pour le calme.  Un état de panique signifie qu’il n’y a plus aucune place pour quoi que ce soit d’autre que la peur. Le pilote a du faire inconsciemment quelque chose comme inviter la peur à prendre un siège et boire le thé en gardant de la place pour de nombreux autres invités « J’ai peur mais je suis bien plus que cette peur »  C’est la définition du courage, qui n’est pas l’absence de peur mais la capacité à l’accueillir dans un espace d’expérience plus large.

Gérer au mieux les ressentis négatifs consiste à leur faire de la place sans leur laisser prendre toute la place, sans dépenser trop d’énergie à leur résister, les éviter ou les supprimer.  De façon paradoxale, plus vous essayez de supprimer des ressentis, plus vous leur donnez la possibilité de devenir des ombres qui vont ressortir par la suite d’une manière inconsciente et perturbatrice. Une compétence clé du voyage est l’intelligence émotionnelle, ce qui nécessite une bonne connaissance du fonctionnement de votre cerveau reptilien et mammifère. Obtenir ce que vous attendez de ces deux cerveaux, ou éduquer votre chat ou votre chien exige de l’entraînement. Votre chien doit savoir quand s’asseoir en réponse à un geste et une tonalité de voix.  S’ils sont entraînés, vos cerveaux reptilien et émotionnel ne viendront pas vous déranger quand vous serez au meilleur de vous-même.   

Parrainage et sponsorship

Le parrain (ou sponsor) est capable de reconnaître, accueillir et valoriser tout ce qui peut émerger dans l’expérience d’une personne (comportement, pensée, émotion, conflit, croyance, identité), à partir d’un moi plus grand. Le parrain, 

  • reconnaît, accepte et bénit ce qui est présent, par exemple l’essence ou l’identité d’une personne, 
  • éveille et sauvegarde des potentialités non encore exprimées chez les autres, il crée de la place pour que quelque chose puisse grandir et émerger,
  • accepte et accueille tous les différents aspects (positifs et négatifs) d’une personne.

Des exemples de parrainage 

Erickson avait une formidable capacité à accueillir tout ce que ses patients pouvaient exprimer, puis de connecter leur expérience à quelque chose de plus grand. Plusieurs exemples peuvent illustrer cette capacité. 

Erickson avait neuf enfants et son plus jeune fils s’appelait Robert. Un jour le jeune Robert tombe dans l’escalier et s’ouvre la lèvre. Un moment de panique chez ce petit garçon qui saigne. Erickson ne dit pas à son fils « calme toi ce n’est pas grave » mais dit surtout « cela fait mal, n’est-ce pas ? » pour reconnaître ce qui est présent, puis « cela saigne aussi ! »  L’enfant se sent ainsi accepté et son vécu reconnu.  Donc Erickson reconnaît ce qui est là, puis l’intègre dans un cadre plus large en disant, « Oui c’est du bon sang rouge, du sang en très bonne santé, et c’est génial que tu sois en aussi bonne santé, et je pense que ta coupure est aussi grosse que celle de ton grand frère quand il est tombé. Il a eu besoin de quatre ou cinq points de suture mais je pense que tu aurais besoin d’un peu plus de points que ton grand frère » Robert se dit « Chouette j’aurais besoin de plus de points que mon grand frère !» Avec la PNL ce processus s’appelle « Synchroniser et guider ». Erickson reconnaît la plaie et le sang (le coté danger) et guide vers une signification plus large de la panique et de la douleur (opportunités) : « Tu es en bonne santé, ce n’est pas aussi grave que cela puisque comme ton frère tu as survécu ».

Dans un autre exemple, Erickson reçoit des parents qui se disent impuissants devant les comportements de leur enfant qui se roule par terre en hurlant devant la moindre contrariété. Il en fait de même devant Erickson. Celui-ci demande aux parents de quitter la pièce pendant que l’enfant continue à hurler qu’il ne veut pas être là avec ce stupide médecin. Erickson observe la scène avec équanimité. Quand l’enfant fait une pause pour reprendre sa respiration, Erickson dit « maintenant c’est mon tour » et commence à hurler et s’agiter comme l’enfant. A l’enfant stupéfait il dit « maintenant c’est ton tour ».  L’enfant tente de reprendre ses hurlements mais avec plus de difficultés. Et quand l’enfant a besoin de reprendre sa respiration, Erickson dit à nouveau « C’est mon tour » Devant l’enfant médusé Erickson dit « Nous avons à peu près une heure, souhaites-tu continuer à faire la même chose à tour de rôle, et si oui je serais content de le faire. Mais si tu préfères qu’on parle à tour de rôle, tu trouveras ici un fauteuil confortable. » Devant ce choix, l’enfant décide de parler à tour de rôle. Erickson reconnaît une émotion qui chez un enfant peut prendre toute la place, puis l’invite à prendre le thé dans un espace plus large. 

Erickson disait que le symptôme était une tentative de l’inconscient à trouver une solution. Il reconnaissait ainsi l’intention positive du symptôme, c’est-à-dire une tentative de l’inconscient de la personne à apporter une solution pour rétablir un déséquilibre de vie.

Carl Jung disait aussi que notre inconscient est constamment en train de compenser les déséquilibres de l’esprit conscient. Par exemple si l’esprit conscient d’une personne décide de faire un régime en supprimant toutes sucreries, il ne sera pas surprenant que la personne rêve de desserts. Si une personne dit « je dois être confiant à 100 % dans tout ce que je fais», elle aura probablement des périodes de doutes qui vont s’exprimer comme des ombres. De nombreuses personnes souffrant de crises de panique ont passé leur première partie de leur vie à vouloir être des superman, superwoman ou super héros.    

Erickson travaillait avec une dame très religieuse, très « comme il faut », qui se donnait plein d’obligations et qui passait la plupart de son temps à l’église. Un jour, alors qu’elle est assise à l’église, elle est horrifiée de ressentir un besoin urgent de dire des grossièretés du style « fuck you » « Jesus is a shit » et d’avoir des mouvements à connotation sexuelle pendant le sermon du prêtre. Elle tente en vain de réfréner ses comportements. Le syndrome de Gilles de la Tourette est caractérisé par l’expression incontrôlée de grimaces ou d’insultes. Les comportements ne s’arrêtent pas quand la femme s’enferme dans les toilettes de l’église ou quand son mari la ramène chez elle. Elle s’enferme dans sa chambre morte de honte, refuse d’en sortir. Ne sachant plus quoi faire, son mari appelle Erickon, car leurs familles sont amies, en lui demandant de faire de l’hypnose pour soulager sa femme. Quand Erickson rencontre la femme honteuse et agitée, elle lui demande aussi d’utiliser l’hypnose pour faire disparaître ses comportements. Erickson commence la procédure habituelle d’induction « fermez les yeux, détendez vous… », puis fait des pauses pour dire des grossièretés bien pire que celles de sa cliente. Il déclare à sa cliente sidérée qu’il peut faire la même chose qu’elle mais de manière volontaire, et lui suggère à titre d’expérience, de poursuivre les mêmes comportements mais d’une manière plus satisfaisante et plus appropriée, sans chercher à s’en débarrasser.  « Si vous dites les mêmes choses mais plus fort, comment vous sentez-vous ? » « Si vous dites les choses plus doucement, comment vous sentez-vous ? »  « Et si vous dites le mot « merde » en éternuant ou en faisant un geste autre que obscène, que se passe t-il ? ». Il lui demande de pratiquer ces différentes variantes, et aussi d’aller deux fois par semaine dans la voiture, de mettre la radio à fond et de lâcher toutes les grossièretés qu’elle voulait. Erickson accueille le symptôme et tente de lui donner une place en se demandant « Qu’est-ce ce que ce guide venu d’ailleurs tente d’éveiller chez cette personne ?. » Au fil des semaines les symptômes diminuent et la femme devient moins rigide, plus assertive, un peu plus douce et accueillante. Sa famille apprécie grandement le changement. Plus tard Erickson et sa patiente ont pu plaisanter à propos des gestes et des mots incongrus qui n’étaient plus un problème. 

Le « démon » de cette femme était ce qui lui faisait dire ou faire des choses non souhaitées, et qui était le reflet de son ombre (ses multiples peurs). Accueillies, sponsorisées/parrainées, ces peurs ont pu transformer son ombre en gardien.

Les messages de parrainage

Les principaux messages de parrainage d’un démon ou d’un potentiel qui émerge sont :

  • « Tu existes, Je te vois », donc un message de reconnaissance, 
  • « tu as de la valeur », donc une intention positive, 
  • « Tu es important/spécial/unique », donc une valorisation
  • « Tu as ta place ici », donc il y a de l’espace pour toi, 
  • « Tu as une contribution à apporter », il y a donc un appel ou une mission à écouter

Quand vous rencontrez un obstacle, vous pouvez l’accueillir et le parrainer, en l’invitant dans un espace suffisamment grand pour qu’il ne puisse l’envahir.

Le parrainage peut être absent ou même négatif 

  • Tu n’existes pas/ Tu n’es pas pertinent/ Tu es remplaçable 
  • Tu ne comptes pas 
  • Tu n’as rien de particulier 
  • Tu es une charge 
  • Tu n’es pas le bienvenu. Tu n’a pas à ta place ou n’appartiens pas à …

Les messages de parrainage négatif fonctionnent à la manière d’un « virus de la pensée ». Ces messages s’insinuent et se multiplient en nous, et se cristallisent sous forme de croyances limitantes qui vont interférer avec nos capacités à poursuivre notre voyage.

Créer un espace pour accueillir les sentiments difficiles 

Les ressentis difficiles qui ont été accueillis dans la maison d’hôte, puis reconnus n’ont pas besoin de devenir un démon et pourront éventuellement devenir un gardien. La peur du pilote d’avion devant la situation brutale « Il n’y a plus de moteur dans l’avion », venait de son cerveau reptilien. Mais il savait aussi que cette peur pouvait être présente sans qu’elle prenne le dessus, du fait de sa capacité à se recentrer et se connecter au calme.  L’état CRASH devient un démon uniquement s’il n’est pas parrainé. Le passage d’un état CRASH à un état COACH, comporte un aspect linguistique, « La création d’un espace plus grand », mais aussi un aspect non verbal, neurologique ou somatique que l’on trouve dans les cinq signaux suivants : 

  • Ralentir – Etre présent avec conscience
  • Pause- Etre connecté
  • Respirer- Etre Ouvert
  • Se Centrer – Etre détendu et en mesure de Tenir/porter

La première chose que le pilote a du se rappeler devant la panne de moteur, c’est quelque chose comme « relax, ralenti, respire, centre-toi », pour ouvrir l’espace au dessus et en dessous de la peur.

Rassembler les ressources pour accueillir les sentiments difficiles

La thérapeute familiale Virginia Satir avait l’habitude de poser deux questions à ses clients. La première question était : «Que ressentez-vous ?». Le client répondait en disant par exemple : «Je me sens en colère, triste, coupable…» (Ou tout autre sentiment difficile). Puis Virginia posait une deuxième question : « Comment vous sentez-vous par rapport au fait de ressentir cela ?». C’est la réponse à cette deuxième question qui détermine en grande partie l’impact du premier ressenti et le sens qui lui est attribué. Ressentir de la curiosité ou du plaisir par rapport au fait de se sentir en colère est très différent que de se sentir coupable ou frustré par rapport à de la colère. C’est donc le second sentiment qui détermine notre capacité à rester présent et à accueillir le premier sentiment. 

Le démon est en général le sentiment que vous n’acceptez pas. Un ressenti devient un démon du fait de la relation que vous avez avec lui. Le démon est ce ressenti que vous ne savez pas parrainer, ou de façon négative, par exemple  « Tu n’existes pas, tu n’as pas de valeur, tu n’es pas important, tu n’as pas ta place ici, tu ne contribues à rien… » Ce qui n’est pas vu, accueilli et reconnu chez une personne peut générer des symptômes. Le premier et second ressenti appartiennent probablement au « petit moi ». On peut considérer la première émotion comme une réponse du cerveau reptilien et la seconde comme une réponse du cerveau mammifère. Ce qui  fait défaut dans ces deux premières expériences, c’est la conscience humaine et pour cela on a besoin d’accéder à un troisième espace plus vaste dans lequel vous retrouverez votre zone d’excellence qui est représentée par votre appel et vos ressources les plus profondes. 

Par exemple, de nombreuses personnes qui parlent en public n’aiment pas montrer leur trac et préférèrent le cacher. « Je dois le cacher, le combattre, l’éliminer…il n’a pas sa place »  Certains font des blagues à propos de leur nervosité. C’est le fait de ne pas accepter le trac qui en fait un démon. « J’ai peur d’avoir cette peur » provoque de la panique. Dès que vous pouvez accueillir le ressenti inconfortable à partir d’un endroit plus vaste, ce ressenti reste présent sans représenter un problème. La formule mentale à adopter est donc, « Je suis nerveux mais je suis aussi beaucoup et beaucoup plus que cela ». Cette formulation facilite la connexion à quelque chose de plus grand que la peur, pour ne plus avoir à le gérer, le contrôler ou le combattre. Cette distanciation permet de reconnaître l’intention positive du ressent négatif. 

L’objectif de l’exercice est de faciliter l’accueil des sentiments difficiles qui peuvent vous « décentrer » et vous sortir du présent, et d’accéder aux ressources nécessaires pour vous recentrer.
On crée trois espaces distincts dont la taille de découpage est de plus en plus grande :

Espace 1 pour l’expérience du ressenti difficile  « Comment te sens tu dans cette situation difficile ? » Espace 2 pour l’expérience d’un ressenti vis à vis du ressenti difficile «  Comment tu te sens vis à vis du ressenti difficile ou vis à vis de cette personne qui a ce ressenti difficile ? » 
Espace 3 pour l’expérience d’une connexion à un état ressource (état COACH, zone d’excellence et connexion à quelque chose de plus grand que le « petit moi »)

Les ressources de l’espace 3 sont en mesure d’accueillir et de transformer les ressentis difficiles des espaces 2 et 1

 ART2 TRAS 1

1- Installer un état COACH (Espace 3 sur le dessin) et définir le problème

Créer le champ de ressources par l’état COACH et se rappeler des signes non verbaux pour maintenir l’état coach (relax, ralentir, respirer, pause). Puis porter l’attention au ressenti négatif.
Demander au sujet d’identifier une situation dans laquelle le sentiment difficile est présent et de le décrire en laissant son corps l’exprimer de façon sensorielle (Images, mots, sensations, gestes…etc).  L’état COACH permet de ré expérimenter les sentiments négatifs sans s’y perdre. 
Robert Dilts (RD) : Quel est ce sentiment difficile ?
Sujet (S) : « J’aime animer mais je ressens de la peur et de la timidité. Je voudrais avoir plus de confiance et de joie »
RD : Cette peur est tolérable, car le sujet est capable de la gérer, mais sans toutefois lui laisser suffisamment d’espace. C’est comme un grand méchant loup qui frappe à la porte.  Nous allons donc voir comment transformer cette énergie pour qu’elle ne soit pas juste quelque chose à tolérer, mais pour qu’elle devienne un guide venu d’ailleurs.
Quittez l’espace dans lequel vous ressentez le sentiment difficile, et changez votre état en secouant vos bras et jambes, en tournant sur place, en sautillant, etc.

2 – Faire deux pas en avant (Espace 1 sur le dessin) 

Dans l’espace 1, demander au sujet de retrouver des situations précises dans lesquelles il a ressenti le sentiment négatif. On veut que le sujet ressente une partie de l’expérience tout en en maintenant la conscience de cette expérience. Si le sujet commence à se perdre dans le ressenti négatif, il convient de dire « Reste centré, respire, pause, détend toi…etc.) pour qu’il maintienne une conscience de son programme neuro-linguistique, sans lui laisser prendre le dessus. 
RD : «  Remets toi dans la situation de timidité et de peur et expérimente de façon sensorielle ces sentiments (Que vois-tu, qu’entends-tu et que ressens-tu dans cette situation ?) « A quoi ressemble cette peur et cette timidité » « Que se passe t-il quand ces invités se présentent ? »
S : « Je me raidis, mon cœur bat plus vite, quelque chose se resserre dans mon ventre, j’ai des contractions, un déséquilibre et une voix qui dit que je ne veux pas être là » 
RD : dans cette forme de CRASH, il y a d’un point de vue PNL une partie neuro (ce qui se passe dans le corps) et une partie linguistique (je ne veux pas être là).  Il y a aussi un début de stratégie de survie : « Je me raidis (sidération) et je ne veux pas être là (fuite) ». En tant que coach il est important d’accueillir ce ressenti « bienvenue à la peur et à la timidité » et à son intention positive dont on présuppose l’existence.

3 – Faire un pas en arrière pour se voir ressentir le sentiment difficile 

Demander au sujet de se regarder en train de ressentir le sentiment difficile. On explore également la dimension linguistique (ce que dit le sujet) et neurologique (le ressenti) du schéma. L’exploration de la relation du sujet avec son sentiment difficile donne deux types de réponses ou une combinaison de ces deux réponses : a) ce que le sujet ressent vis-à-vis du premier sentiment, ou, b) ce que le sujet ressent vis-à-vis de lui-même avec ce sentiment difficile.
Questions : Comment vous sentez-vous par rapport à ce sentiment ?  Comment vous sentez-vous par rapport au fait de le ressentir ?  Quelle est votre relation avec ce sentiment et avec vous-même lorsque vous le ressentez ? 
RD : Comment te sens-tu à propos de la peur et de la timidité ?  Comment te sens-tu par rapport au fait de ressentir cette peur et cette timidité ? 
S : « J’ai cette voix qui me dit « Je ne voudrais pas être là » 
RD : La partie cognitive semble ici prédominer de façon importante, avec des pensées et un dialogue interne par rapport au sentiment difficile « Comment pourrais tu appeler le sentiment qui accompagne la pensée (je ne voudrais plus être là, je devrais être ailleurs) ?
S: « De la colère et du désespoir »
RD : Ces derniers ressentis sont assez différents de la peur et la timidité. Les réponses sont d’un niveau identitaire « Est-ce pour moi ? » 

4 – Faire un nouveau pas en arrière pour ancrer un état COACH (Espace 3 sur le dessin)

Dans cet espace, on sort de la première et de la deuxième boite de pensée pour retrouver l’espace du « grand moi », en se réassociant à son état COACH et en se connectant à son appel. Si les espaces 1 et 2 se rapportent en général à l’égo (Protection, fuite, jugement), l’espace 3 nous connecte à quelque chose qui est au-delà de soi (de plus grand) et en-dessous de soi (de plus profond). Cette zone d’excellence est un endroit d’ouverture et de connexion à un champ plus vaste qui contient des ressources qui peuvent faire toute la différence, pour le premier et le second sentiment. 
Suggérer au sujet de laisser quelque chose émerger de l’inconscient créatif. Sans chercher à découvrir quelque chose de particulier, mais juste en laissant venir ce qui apparaît, une image, un mot, des sentiments, et de les accueillir. 
RD : Quelle est cette chose qui émerge ?
S : « J’ai senti le contact à la terre, entendu les mots « je ne suis pas seul » et vu des personnes qui sont des ressources pour moi dans les espaces 1 et 2. »
RD : Ces personnes qui émergent sont des gardiens. Quand nous sommes dans le « petit moi » (peur, auto-jugement, désespoir), nous oublions facilement le « grand moi ». Nous avons donc besoin d’avoir des ancres simples et dans chaque système de représentation (un geste, une image ou un symbole visuel et des mots (par exemple « je ne suis pas seul ») pour revenir à son « grand moi » « Quelles sont tes ancres (gestes, image ou symbole) pour ces mots « je ne suis pas seul » 
S: « j’ai des images d’amis et de mentors ce qui ouvre quelque chose en moi »
RD : Quel pourrait être le geste qui correspond à ces mots et ces images ?
S : « Une main sur le cœur et une main sur le ventre »
RD : Les trois ancres sont les mots « je ne suis pas seul », l’image « des amis », et le geste de « la main sur la poitrine et le ventre ». On va maintenant s’assurer de connecter les ressources de l’espace 3 aux deux autres états (espace 2 et 1) grâce aux trois ancres. On ne vas pas chercher à se débarrasser des sentiments difficiles de l’espace 1 et 2, mais plutôt de les accueillir. 

5 – Faire un pas pour revenir dans l’espace 2 et y amener des ressources

Rentrer dans l’espace 2 en restant en contact avec les trois ancres de l’espace 3 (Mot, Geste, image) qui représentent en quelque sorte la maison d’hôte du poème de Rumi. Ne pas chercher à changer quoi que ce soit. Noter simplement ce qui se passe lorsqu’on accueille les sentiments et les réactions associées à l’espace 2 dans le champ de ressources plus large de l’espace 3. Calibrer pour observer si l’expérience est bien très différente. 
RD : Je suis curieux de savoir ce qui se passe avec la colère et le désespoir maintenant que tu ne te sens pas seul ?
S : « L’espace est là et je ressens de la compassion ». 

6 – Faire un pas en avant pour revenir dans l’espace 1 et y amener des ressources

Rentrer dans l’espace 1 en restant en contact avec les trois ancres de l’espace 3 (Mot, Geste, image) qui symbolisent la grande maison d’hôte. Là aussi, ne pas chercher à changer quoi que ce soit. Noter simplement ce qui se passe lorsqu’on accueille les sentiments et réactions associées à l’espace 1 dans le champ de ressources plus large de l’espace 3. Calibrer pour observer ce qui change dans la perception du sentiment difficile et du «vous-même» ressentant ces sentiments dans la situation difficile de l’espace 1.
RD : Je suis curieux, que se passe t-il maintenant avec la timidité et la peur ?  Comment te sens-tu maintenant par rapport à ce sentiment difficile ?   Rappelez vous les réponses du pilote « Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie, et je n’ai jamais été aussi calme de ma vie et je peux accueillir tout ce qui se présente avec le même niveau de ressources ». 
S : « Les ressentis se mélangent et il y a du calme. Même si mes jambes tremblent un peu, c’est OK, je ne veux plus autant cacher mes faiblesses et je peux être visible ; je me sens plus comme un adulte mature ». 
RD : Quelque chose se relâche au niveau somatique. Le fait d’accepter de se sentir vulnérable ne veut pas dire que l’on n’est pas fort. Le processus que nous venons de voir est donc bien différent de la technique PNL des sous modalités dans laquelle on cherche à atténuer l’impact d’une émotion, ou de la faire disparaître. Ici on va juste l’accueillir. On peut terminer par un pont vers le futur. 

Explorer les interférences avec le Mandala de l’être™ 

Une connexion à notre zone d’excellence, ouvre nos canaux pour accéder à notre appel et aux ressources du champ. Et pourtant de nombreuses interférences peuvent sans cesse perturber notre connexion, comme une connexion téléphonique peut être perturbée par de nombreuses interférences. Nous avons donc besoin de trouver un endroit où le canal est ouvert, sans trop d’interférences.

Les interférences par rapport à la réalisation de notre voyage.

Pour répondre à notre appel et vivre notre propre vie, nous devons être vigilants aux interférences qui pourraient y faire obstacle. Nous ne devons pas nous laisser piéger par ce que Steve Jobs appelait le dogme, le bruit de fond des opinions des autres, ou le résultat de leur pensée. Nous allons identifier ces zones d’interférences par rapport à la réalisation de notre voyage.

Au moment de la traversée du seuil, vous n’êtes plus tout à fait la personne que vous étiez, mais vous n’êtes pas encore arrivé à une destination que de plus vous ignorez. Cet « entre les deux » est un moment de grande instabilité. Nous pouvons savoir qu’une maladie dite « grave » va nous changer, mais sans savoir ce qui va réellement changer. Le résultat du traitement médical reste imprécis et non garanti : « C’est possible mais pas certain ».  Le pilote ne savait pas s’il allait pouvoir poser l’avion, tout ce qu’il savait c’était que c’était son appel et sa mission et qu’il devait y répondre en faisant de son mieux pour poser l’avion. Dans une période de grande instabilité, personne ne peut vous garantir d’arriver à un résultat précis  « C’est une possibilité, mais ce n’est pas certain ».  Dans ces moments d’incertitudes, rien ne vous permet de dire ce qui va se passer dans le futur, et personne ne le sait.

La question importante est de savoir comment faire pour favoriser l’obtention du résultat favorable parmi un vaste champ de possibilités positives et négatives. Tout en ayant conscience des réels dangers, vous voulez saisir les opportunités de répondre à votre appel. Même si vous suivez la direction de votre appel, vous aurez à gérer l’incertitude. Vous ne savez pas vraiment ce que vous allez obtenir, mais vous savez que si vous vous écartez de votre route vous n’arriverez jamais là où vous aimeriez aller, et que vous ne connaissez pas encore. Vous savez seulement que si vous avez un crash à l’intérieur de vous, vous aurez également un crash à l’extérieur. La présence de toute interférence du champ vous invite à rester connecté à votre zone d’excellence.

Dans le cas d’une décision thérapeutique concernant une maladie grave, de nombreux bruits et interférences externes vont intervenir. Car même d’excellents médecins peuvent avoir des avis contradictoires, ce qui vous amène à réaliser que personne ne sait vraiment ce qu’il faut réellement faire pour votre santé et ce que sera votre futur. Quand j’ai commencé à travailler avec ma mère, j’ai lu un livre d’un auteur qui avait interrogé 200 survivants du cancer pour identifier ce qui avait le plus contribué à leur bonne santé, 10 ou 15 ans après un diagnostic de stade terminal de cancer. L’auteur disait n’avoir pas pu identifier de points de différence au niveau de l’environnement, des comportements ou des capacités. Les sujets interrogés avaient tous cité des actions fortes différentes et une vaste palette de soins : la médecine conventionnelle ou traditionnelle, des régimes, la prière, la méditation. La différence recherchée a été retrouvée uniquement au niveau des croyances, car ces 200 personnes croyaient profondément à l’impact positif de ce qu’ils faisaient. Un des points clé est donc de croire en ce qui va marcher pour vous.

Je disais à ma mère que quel que soit le choix qu’elle ferait, je la soutiendrai tant qu’elle restait congruente dans son choix, car je savais que ce choix fonctionnerait pour elle. Dans ces moments d’instabilité où même les médecins les plus réputés ne peuvent pas vous dire avec certitude ce qu’il convient de faire, c’est là où vous devrez être un héros en écoutant votre voix intérieure. En fin de compte, votre décision comptera bien plus que celle des experts, car c’est votre chemin et votre vie qui sont en jeu.  

Erickson n’a jamais fait deux fois la même intervention, n’utilisait jamais la même technique devant des symptômes identiques. Il n’ignorait pas les techniques ou les statistiques, mais ce n’étaient pas des éléments clés pour prendre une décision. C’était juste de l’information. Cela veut dire qu’en cas d’interférences et de doutes, vous devrez sans cesse revenir à votre zone d’excellence. Le défi de l’étape de la transition est de rester congruent dans la période d’incertitude.  Le centrage actif vous y aidera.

Ce qui nous peut le plus nous extraire de notre centre, de notre appel est avant tout les croyances limitantes. Ce que Steve Jobs appelait le dogme et le bruit de fond. Ce que pensent les autres peut vous sembler être votre propre pensée, comme le montre les neurones miroirs. Quand une voix dans votre tête vous dit des mots qui me semblent étrangers, avec une voix qui n’est pas la vôtre, il est temps de rechercher la source de ces interférences et d’installer un filtre pour vous en protéger.

Le Mandala de l’être™ de Richard Moss

Ce modèle est à la fois une carte pour explorer notre relation au moment présent, et aussi un processus qui permet l’identification et le relâchement des croyances limitantes qui nous écartent de ce que Richard Moss appelle « l’essence fondamentale de l’être », et ce que l’on pourrait aussi appeler notre centre, notre zone d’excellence ou notre source. 

La carte du Mandala nous permet de comprendre les interférences (histoires ou croyances) qui peuvent nous faire sortir de notre centre et le chemin à faire pour y revenir. Cette carte nous montre où nous allons lorsque nous ne sommes pas centrés dans le présent, et le chemin pour retourner à nous-même. Cette carte est dotée de deux axes (temps et relation) et de quatre directions représentant les chemins que notre conscience/attention empruntent quand nous quittons le présent : le passé, le futur, nous-même et les autres. 

– les idées et histoires que nous nous racontons à propos du passé 
– les idées et histoires que nous nous racontons à propos du futur 
– les idées et histoires que nous nous racontons sur les autres (incluant les idées et les objets)
– les idées et histoires que nous nous racontons sur nous-même (dialogue interne). 

Le Mandala symbolise les mouvements incessants de notre conscience et nous montre comment ces pensées influencent notre état. Comme le montre les directions des flèches, ces interférences (histoires ou croyances) peuvent soit enrichir nos cartes mentales en renforçant notre capacité à rester dans notre centre, soit appauvrir nos cartes mentales en nous éloignant de notre centre et en nous empêchant de vivre notre voyage. Pour Richard Moss, ces interférences (histoires ou croyances) servent généralement à couvrir les sentiments difficiles (les ombres) avec lesquels nous ne savons pas vivre.

 ART2 Trans 2 

Le processus du Mandala de l’être™ permet d’identifier la direction de notre pensée lorsqu’elle s’évade du moment présent, d’explorer les sentiments positifs ou négatifs reliés à ces «histoires», et de revenir au présent pour accueillir ces sentiments dans notre centre. Chaque pensée, que ce soit à propos du futur, du passé, de nous-même et des autres, provoque une réponse physiologique et un état interne. Selon la direction de la flèche, ces réponses seront des ressources ou des limitations. 

Le centre représente le moment présent, le «maintenant de nous-même», le point dans le temps et l’espace où notre corps vit et respire. Si notre conscience voyage dans des espaces qui se situent ailleurs que dans le moment présent, le corps est toujours dans le présent. Rappelons que le passé et le futur sont des cartes ou des représentations du temps et que la réalité du présent ne comporte ni passé ni futur. La fonction d’une carte utile est de vous aider (ou pas) à naviguer sur le territoire, en ouvrant (ou pas) la connexion à votre « moi » plus grand (votre appel, votre mission, vos ressources).

Les quatre forces du Mandala de l’être™ peuvent renforcer les ressources de notre centre. L’image d’un futur irrésistible peut donner une direction à votre présent, vos apprentissages du passé peuvent vous soutenir dans le présent ; Vos croyances positives sur vous même comme les croyances des autres peuvent vous soutenir dans le présent. Ces quatre forces constituent des ressources quand elles vous ramènent à votre propre source, vous reconnectent à vous-même, et vous portent sur votre chemin de vie.

Ces quatre forces peuvent également vous faire sortir du présent et vous « désourcer » au lieu de vous ressourcer. Vous pouvez vous perdre dans un futur positif ou négatif de l’égo, ou dans la promesse d’un futur promis par un autre. La nostalgie peut aussi vous extirper du présent et vous ramener dans le passé. Une survalorisation ou une dévalorisation de soi peut aussi vous éloigner de vous-même. Les influences des autres (les personnes, l’argent,…etc.) peuvent également vous extraire de votre centre.  L’important est donc de renforcer votre ressourcement pour rester dans votre zone, malgré le bruit de fond des pensées et croyances limitantes. Le dogme sera là mais vous ne vous y ferez pas piéger dirait Steve Jobs. Car votre voix intérieure sera plus forte que le bruit de fond ».       

Installer des filtres avec la pratique du Mandala

Comme nous l’avons vu, la transition est un endroit de très grande instabilité, car vous n’êtes plus dans l’ancienne identité et vous vous dirigez vers une nouvelle identité sans savoir ce qu’elle sera. Trouver notre chemin dans l’incertitude nécessite de savoir rester centré et connecté à notre appel, et aussi de disposer d’outils pour filtrer les bruits du dogme, ce qu’on peut faire avec le mandala de l’être. Comme nous disposons d’antivirus pour protéger nos ordinateurs, nous avons besoin de faire de même vis-à-vis de nos champs personnels d’interférences. Plutôt que de les combattre, nous allons leur trouver leur propre place de façon à poursuivre le chemin de notre cœur.  Ne laissez pas vos pensées ou celles des autres diriger votre vie. L’esprit conscient n’est pas très bon pour se projeter dans le futur car il n’y voit que ce qu’il connaît déjà. Et c’est la raison pour laquelle en situation de crise, de nombreuses personnes veulent revenir à leur vie d’avant, donc à ce qu’ils connaissent déjà. Pour cet exercice, il convient de se connecter à son identité profonde et à son futur, mais sans les programmations cognitives qui peuvent nous piéger.

1 – Se centrer dans le présent et dans votre zone d’excellence 

Utiliser l’état COACH puis se connecter à la vision de son futur (son appel). 

2 Identifiez l’histoire ou la croyance qui vous enlève du présent 

Identifier l’histoire ou la croyance qui vous retire du présent et de votre zone d’excellence.
Question : Où sens-tu un blocage, une lutte représentant un obstacle intérieur ou extérieur ?  Où rencontres-tu ton démon ?  Où est cet endroit où tu as-tu besoin de travailler ? 
S : « Si j’ai un potentiel en moi, une partie de moi me dit que je ne suis rien » 
RD : L’interférence est  une voix intérieure, ou une croyance du sujet à propos de lui-même, qui dit «  J’ai ce potentiel, mais tu n’es rien ». Nous entendons la linguistique  « J’ai ce potentiel, mais tu n’es rien » à propos d’un programme qui te diminue. De la même manière qu’on ne peut pas se débarrasser de la peur mais simplement en diminuer l’impact, nous allons faire de même avec cette voix intérieure. 

3 – Ancrer la limitation dans l’espace

Demander au sujet de se laisser guider physiquement par la position du Mandala qui représente le mieux cette histoire ou croyance. Puis « goûter au poison » pour explorer en conscience l’impact du programme neuro-linguistique, mais sans s’y perdre. Créer de la place pour y inviter ce qui crée le sentiment négatif.
Question : Où positionnerais-tu cette voix dans l’espace ? 
S : Le sujet met sa main gauche sur son épaule droite pour montrer le passé.
RD : On dit souvent que sur l’épaule droite d’une femme se trouve une petite figure parentale du père qui dit : « pour qui tu te prends ? » Quel est ce programme neuro-linguistique ?  Quels sont les mots exacts qui t’impactent le plus ? Quelles sensations produisent-ils ?
S : « Je me sens comme dans une toile d’araignée »
RD : Et avec ces fils, quels sont les mots qui viennent ? 
S : « Je suis enfermée, empêchée d’aller vers ou je veux aller » 
RD : On explore ici la neuro-linguistique qui empêche le sujet d’aller vers ses buts. On a l’image visuelle d’une toile d’araignée, le ressenti et geste somatique d’enfermement, mais les mots « je ne suis rien, ne résonnent pas tout à fait avec les autres éléments.
S : « C’est une voix condescendante qui dit : Sois raisonnable, dans le moule, adaptée et réaliste »
RD : On cherche les mots qui font partie du processus neuro-linguistique.  Ces mots qui disent « Reste petite » sont des virus de la pensée qui viennent de la pensée des autres et qui s’infiltrent dans notre système nerveux. En rassemblant ces éléments : « tu dois être réaliste », plus l’impression d’être enfermée et cette image de toile d’araignée, je t’invite à goûter le processus entier, mais en toute conscience. Après avoir expérimenté sensoriellement la limitation et goûté le poison, nous allons revenir au centre.   

4 – Revenir au centre du Mandala pour y accueillir la croyance limitante

Demander au sujet de renforcer son état COACH et de se connecter à son appel. On vérifie que l’interférence (croyance ou histoire) restée à distance, perd bien de son impact chez le sujet.
Question : Qui es-tu et comment es-tu dans exactement la même situation sans cette pensée ou croyance ?. La formulation est importante. On ne demande pas « qui serais-tu » mais « Qui es-tu dans cette même situation mais sans cette pensée ?»
S : « En la laissant là bas, je me sens pleine de lumière, en connexion avec plein de richesse et de puissance » 
RD : nous pouvons retourner à la pensée qui est toujours là bas, pour la repenser autrement.

5 – Retourner à l’endroit où l’histoire se situe 

Demander au sujet d’explorer à nouveau ses pensées (interférences) et identifier ce qui est différent ?
RD : Que se passe t-il quand tu penses maintenant à cette pensée (sois réaliste) ? 
S : « Je me sens pleine de lumière, la toile d’araignée qui est maintenant sur mon épaule a trouvé sa place et ne me gène plus » 
RD : Il y a maintenant plus d’espace pour accueillir ce qui limitait le sujet, et aussi pour d’autres pensées.

6 – Identifiez la pensée opposée ou complémentaire,  « la vérité profonde »

En restant dans le même espace, on cherche une pensée ou une croyance qui est à l’opposée de la limitation. Cet espace peut contenir des milliers de pensées aidantes. Certaines de ces pensées seront négatives comme du poison et d’autres plus comme des ressources. Certaines pensées pourront répondre à l’intention positive de la pensée négative, mais d’une manière très différente. 
RD : Quelles autres pensées pourrais tu mettre dans cet espace ? 
S : « Fais quelque chose de complétement fou pour te prouver que tu en es capable » et en même temps une petite voix me dit « Oui mais il faudrait prouver que tu en es vraiment capable »
RD : On va accueillir et goûter cette autre voix qui a une tonalité différente (Tu dois le prouver) qui se trouve derrière la première (je vais faire quelque chose de fou) pour savoir ce qu’elle amène.   
S : « Elle est moins effrayante ou enfermante, j’ai envie d’en rire et de l’envoyer balader » mais elle enferme quand même un peu de doute.
RD : Comment expérimentes tu ce doute dans ton corps ? 
S : « Un peu partout dans le corps »
RD : A nouveau le sujet goûte le poison de ce deuxième virus de pensée qui « injecte quelque chose » en lui. Et maintenant que tu connais cela, tu peux laisser ces pensées dans cet espace.

7 – Revenir au centre du Mandala sans la nouvelle pensée 

Revenir à son centre de soi, avec l’état COACH et la connexion à son appel. 
Explorer à nouveau la question « Qui es-tu et comment es-tu dans exactement la même situation sans cette pensée ? »
S : « J’ai retrouvé le côté lumière et en plus l’envie de faire quelque chose de fou et de gai »
RD : C’est bon de savoir cela. On peut voir le sujet avec plus d’énergie et de vie. 
Afin de pouvoir se recentrer, on va amener des ressources à ces pensées qui nous font nous dévier de notre centre. On ne combat pas les pensées mais on leur trouve leur place. 

8 – Retourner dans l’espace de la pensée pour identifier la pensée complémentaire

Inviter le sujet à accueillir de meilleures pensées dans cet espace. 
RD : En gardant dans cet espace la présence de ces deux pensées « sois réaliste » et « il faut que tu prouves », et de leur intention positive, quelles autres pensées complémentaires pourrais-tu accueillir ? 
S : « Je peux aller ou je veux et être qui je suis, mais si par hasard cela peut devenir dangereux, ces deux pensées pourraient devenir des signaux avec des intentions positives mais non gênantes »
RD : C’est une nouvelle pensée à propos de ce qui devient possible pour le sujet.
S : « Faire des choses que je n’ai jamais faites » et « J’ai le droit de marcher sur mon propre chemin »
RD : Donc de ce même espace, des pensées différentes émergent. Si vous pouvez avoir des tas de pensées dans vos cartes mentales, l’important est qu’elles ne vous empêchent pas de suivre la boussole intérieure de votre corps (le territoire). Les pensées sont là mais ne sont pas nécessairement votre réalité. 

9 – Revenir au centre et laissez aller les pensées « dans le champ »

A partir du centre, relâcher l’ensemble des pensées dans l’espace, comme le lâcher d’un vol d’oiseau, car ce ne sont que des pensées. Si elles sont présentes, aucune de ces pensées ne vous définissent. Vous pouvez ainsi plus facilement amener votre conscience sur ce dont vous avez le plus besoin pour votre voyage : votre centre, votre « sens de vous  », votre appel, votre propre vie.   
Question : Comment es-tu et qui es-tu dans la réalité de ta vie ? 
S : « Je me sens libre comme un bateau qui est parti sans savoir où il va »
RD : Aux questions que l’on posait à Erickson, il répondait le plus souvent par « Je ne sais pas, mais je suis très curieux de découvrir ce qui est possible» Cette réponse représente une puissante manière de créer votre vie. Ma mère disait « Je ne sais pas ce qui va se passer, mais je n’ai pas peur. Si j’apporte le meilleur de moi, quelque chose d’intéressant va se produire ».
Voici une manière intéressante de gérer les transitions et de se préparer à bénéficier de la chance.  

Commentaires sur des étapes clés

Aborder le futur avec une connexion profonde à soi

Rappelez vous de ce que disait Steve Jobs « Suivez votre cœur et votre intuition, ne vous laissez pas détourner par le bruit et le dogme ». Nous ne sommes donc pas obligés de laisser nos pensées être les maitres à bord. Le problème du mental cognitif est qu’il ne peut voir dans le futur que ce qu’il connaît déjà. C’est la raison pour laquelle au moment de la crise, la plupart des personnes disent vouloir retrouver leur vie d’avant.

Un magazine montrait comment à la fin du 20ème siècle on pouvait se représenter ce que pouvait être le 21ème siècle. La vision du futur ne ressemble en rien à ce que nous vivons (internet, téléphones portables, vaisseaux spatiaux) mais représentait une extrapolation dans le futur de la technologie de leur temps. Par exemple des vélos avec des ailes. Notre mental cognitif n’est pas très bon pour se projeter dans le futur. Une des qualités première des génies créatifs, n’est pas d’avoir un haut degré de tolérance face à l’incertitude, mais plutôt d’être très à l’aise avec l’incertitude. Par exemple Erickson n’était jamais pressé d’établir un diagnostic et un plan thérapeutique pour ses patients. Il pouvait rester de long moment à attendre pour découvrir son client. Vous avez donc la chance au cours de votre voyage, de rentrer dans un espace où il y a tant de choses possibles à découvrir, en attendant que cette chance vous sourie. Vous n’attendez pas passivement car vos canaux sont ouverts et vous êtes connecté à votre boussole intérieure. Vous pouvez alors découvrir les synchronicités, avec l’émergence de quelque chose que vous n’attendiez absolument pas. 

J’aimerais vraiment que vous puissiez ramener avec vous cette grande probabilité de devenir chanceux, en créant un espace pour que quelque chose se produise. C’est l’un des cadeaux des périodes de transition. Pendant cette période, il est bien plus avantageux de rester ouvert et curieux qu’à faire quelque chose de précis et daté. Richard Moss dit « Il y a toujours assez de temps quand vous êtes dans le présent », pour signifier que la linéarité du temps n’existe pas dans le champ du présent. Si le pilote a eu 3 minutes 30 entre l’arrêt des moteurs et la pose de l’avion sur l’Hudson, ce temps a du paraître une éternité pour les passagers et l’équipage. 

La clé de cet exercice est d’aborder le futur (votre appel) avec une connexion profonde à votre « essence », mais sans les programmes cognitifs (pensées, croyances, dogmes) qui peuvent vous piéger, afin de pouvoir disposer de réels nouveaux choix pour votre futur. Cet exercice est une sorte d’immunisation ou de vaccination vis-à-vis des virus de pensée. En le pratiquant vous devriez avoir une sensation d’espace et de curiosité, d’autorité humble, de confiance non pas d’arriver à une destination précise mais d’être bien sur votre propre chemin. La question particulière du « Comment es-tu et qui es-tu sans ces pensées » vient du travail de Byron Ketty. Le travail de la PNL est de retrouver notre potentiel de créativité en allant au delà de nos programmations. Il est intéressant de se demander « Qui suis-je sans mes programmes ?  Où vais-je aller sans mes programmes ?»

Un rappel des étapes clés

  • Commencer au centre du Mandala. Se centrer et entrer dans votre zone d’excellence.
  • Identifier l’histoire ou la croyance qui vous fait sortir du présent et de votre zone.
  • Aller dans l’espace du Mandala qui représente au mieux cette histoire ou croyance.
  • Explorer l’impact linguistique et somatique de ses pensées (Goûter au poison)
  • Revenir au centre et dans votre zone. Explorer la question : «Qui suis-je et comment suis-je dans exactement la même situation si je ne pense pas ces pensées ?».
  • Retourner dans l’espace de l’histoire/croyance pour réfléchir à ce qu’il y a de différent dans leur perception. Puis Identifier la pensée opposée ou complémentaire, «la vérité profonde».
  • Revenir au centre du Mandala avec les deux façons de penser.Se centrer et laisser aller l’ensemble des pensées «dans le champ».

La notion de complémentarité 

Si au cours de notre voyage, il n’y a pas nécessairement de démon, il est utile de garder en tête la notion de complémentarité.  Par exemple, la présence de nombreuses joies, représente un potentiel de tristesse, ce qui ne signifie pas qu’il y a un problème ou un démon. Quand j’ai pris ma fille dans mes bras pour la première fois, j’ai eu la sensation que mon cœur devenait brutalement plus grand devant cet être qui semblait m’aimer inconditionnellement. Elle ignorait tout du nombre de livres que j’avais écris ou de formations délivrées. Je n’avais jamais ressenti auparavant cette forme d’amour. En partant à l’étranger, je ne me suis jamais senti aussi seul et vulnérable de ma vie. Tout en me brossant les dents et en écoutant la télévision, j’ai entendu des cris et des pleurs d’un bébé qui m’ont frappé droit au cœur. J’ai couru dans l’autre pièce comme si ma fille était en détresse. Jamais je ne m’étais senti aussi impuissant. Ma première réaction a été de couper la télé et ces cris qui venaient d’un enfant somalien affamé pour calmer la douleur. Mais j’ai réalisé que si je faisais cela je me coupais également de l’autre aspect. Vous ne pouvez pas avoir un côté sans avoir son opposé. 

Plus vous connaissez l’amour, plus vous connaitrez la souffrance. Il n’y a pas ici de démon, sauf si vous ne pouvez pas supporter un des aspects et que vous cherchez à vous en débarrasser. Il n’y a de démon que si vous voulez une moitié sans avoir l’autre moitié. Où que vous soyez sur votre chemin, là où il y aura de la lumière, il y aura aussi une ombre. L’ombre apparaît quand la lumière est bloquée. Et plus la lumière est brillante plus sombre est l’ombre. Si vous vous sentez plein d’énergie, sachez que le complément est là aussi quelque part.  L’inverse est vrai car plus une personne souffre, plus existe un potentiel pour de grandes joies. Autrement dit, si j’inspire suffisamment longtemps, il va falloir que j’expire à un moment. Est-ce mieux d’inspirer que d’expirer ?  C’est une question ridicule car l’important se trouve dans l’équilibre des deux dynamiques. 

Quelque chose ne devient un démon qu’à partir du moment où elle n’est pas autorisée, n’a pas sa place, n’est pas accueillie, n’est pas parrainé à partir d’un endroit plus vaste. Ceux qui pensent que les choses qui vont bien peuvent durer, auront une grande surprise quand la partie complémentaire arrivera. C’est une crise si je sais l’accueillir ou un désastre dans le cas contraire.     

La crise peut être perçue comme jubilatoire par ceux qui croient que c’est le seul moyen d’accéder à leurs ressources, par exemple en mettant leur vie en danger dans des situations extrêmes pour se sentir pleinement vivant. La recherche de sensations fortes est acceptable tant qu’elle ne constitue pas une anesthésie aux joies des petites choses de la vie. C’est une croyance car il y a bien sur de nombreuses manières d’accéder à ses ressources en dehors d’une crise. Quand mon épouse a reçu les très bons résultats d’analyses signifiant la fin de son cancer, au lieu de se sentir très joyeuse, elle a ressenti de la tristesse, puis elle s’est sentie mal de se sentir triste. Nous avons découvert que le cancer avait été un véritable catalyseur de changement dans sa vie. Après une relation si intense avec sa maladie, il y a eu comme la perte de cet ami dangereux, alors qu’elle n’avait pas encore réalisé tous les changements qu’elle souhaitait faire dans sa vie. On a donc exploré la possibilité d’obtenir de nouveaux changements sans l’aide du cancer.

Milton Erickson qui était un homme âgé et infirme n’avait pas les mêmes manières d’accéder à ses ressources qu’Antony Robbins qui est grand et plein d’énergie. Les deux sont aussi puissants l’un que l’autre mais le pouvoir d’Erickson résidait plus dans la subtilité que la force. On peut accéder à ses ressources dans l’immobilité et le silence en soi, ou dans le mouvement et l’intensité de la musique.

Résoudre les conflits avec le Tétra lemme 

Les périodes de transition créent souvent des situations de lutte ou de dilemme exprimés sous forme de déclaration suivante : « Oui, mais »  (P.ex. « Je veux X, mais je ne le mérite pas », « Il est pour moi nécessaire de X, mais j’en ai peur » ; « Je devrais faire X, mais de n’y arrive pas »).  L’exercice du tétra lemme est adapté du travail de Stephen Gilligan, lui même basé sur la pratique Bouddhisme du non-attachement aux constructions mentales créées par la pensée bipolaire.

Tout ce que nous considérons comme vrai a un opposé qui peut aussi être considéré comme vrai. Et ceci s’applique tout particulièrement à ce que vous pouvez dire sur vous-même. Par exemple, l’affirmation « Je suis quelqu’un de très malin et intelligent » est certainement perçue comme vrai, et l’opposé sera également vrai, car vous pouvez à certains moments être stupide et confus. Dans un espace plus large, ces polarités peuvent devenir des complémentarités génératives, comme le fait d’inspirer et d’expirer, comme le yin et le yang, le masculin et le féminin, ou bien devenir des sources de conflits ou de lutte.  Ces opposés peuvent créer du chaos ou de puissantes générativités. La différence qui fait la différence tient à la manière d’accueillir ces opposés, à votre capacité à créer de l’espace pour les deux éléments, puis à trouver le bon équilibre ou le bon rythme.

Le mot lemma signifie un certain point de vue ou une perspective. Un dilemme signifie être coincé entre deux points de vue ou deux vérités, ce qui prend la forme d’un « Oui, mais ». Par exemple, « Il est vrai que je veux vraiment faire ce changement professionnel, mais il est aussi vrai que j’ai peur de perdre ma sécurité » et je me sens coincé. Dans le tétra lemme, on a quatre perspectives ou positions différentes, par exemple : la première position serait « Je veux faire ce changement » ; la seconde position « j’ai peur de faire ce changement » ce qui crée un dilemme ; la troisième position « Je veux faire ce changement, j’ai peur et les deux sont vrais » ; la quatrième position est un espace ou aucune des deux propositions sont vraies ou fausses « Il n’y a ni peur ni calme » .

Si le tétra lemme se rapporte aux croyances, les quatre perspectives seraient: « Je crois A » ; « Je crois aussi au contraire de A », « Je crois à A et à son contraire » ; et « Je n’ai pas besoin de croire à  A et son contraire ». L’adoption de ces quatre positions permet de sortir de la boîte mentale dans laquelle nous pouvons nous enfermer et nous amener dans cet espace où, comme Erickson, vous serez curieux de découvrir ce qui est possible. C’est une autre manière d’aider un client à sortir et se libérer de ses programmations.

 ART2 Trans 3

Exemple de mise en pratique 

L’objectif de la pratique est de sortir d’un conflit ou d’une lutte interne. Ce processus crée un résultat différent de celui que l’on obtient avec la classique « négociation entre parties » de la PNL. On ne fait pas ici d’intégrations entre les deux parties car on veut qu’elles restent actives et complémentaires. Au cours d’une transition, nous cherchons à conserver la possibilité d’utiliser les deux polarités. L’exercice n’a pas pour but de prendre une décision définitive, mais plutôt d’accéder à un lieu de sagesse et à une relation différente avec ce conflit. Un conflit reste insoluble tant que nous rencontrons un obstacle extérieur avec un obstacle ou conflit également intérieur. On va donc chercher à lever les obstacles du jeu intérieur pour percevoir la situation extérieure de façon différente. Quand on observe les deux choix disponibles en se disant « aucun n’est bon », le problème vient du fait que ce sont les seuls choix dont nous sommes conscients. Au cours des périodes de transition pendant lesquelles les dilemmes sont si présents, il est important de savoir élargir l’espace de possibilité.

1 – Commencer au centre par un état COACH 

S’installer dans l’état COACH, dans la connexion à son appel, au voyage de vie. 

2 – Identifier le dilemme en particulier au niveau identitaire 

Identifier et clarifier les deux éléments en polarités qui maintiennent le sujet dans une lutte interne ou un conflit. 
S : « Je voudrais accueillir mon beau fils chez moi, mais j’ai la perception d’un danger »
RD : Ce jeune homme est ici un « démon » car il éveille en toi l’ombre de la peur et aussi une lutte à propos de cette peur. On observe que ces deux complémentarités génèrent un état CRASH.
Ce garçon restera qui il est ou peut être il changera, ce qui n’est pas de ta responsabilité. Ta responsabilité est de te protéger et de protéger ta famille. Au cœur de ce dilemme il y a ce sentiment d’insécurité « Cette personne me semble dangereuse et il est dangereux de l’accueillir » et il est important de reconnaître cet aspect là. 
Demander au sujet si de façon spontanée il souhaiterait aller plus du côté droit ou gauche ?

3 – Aller à l’une des extrémités et se mettre complétement dans la réalité de ce dilemme 

Demander au sujet d’expérimenter et de « goûter » en toute conscience les programmations « neuro-linguistiques » de la croyance et son intention positive (ici la sécurité). 
S : Fais le choix du côté gauche du tétra lemme et on y va.
RD : Je t’invite à ressentir et reconnaître la vérité de la croyance « C’est dangereux et j’ai peur » 

4 – Revenir au centre et à la réalité du présent

Demander au sujet de se recentrer dans l’état COACH et à une source en lui qui reste intouchable, que personne ne peut blesser et qui est son essence

5 – Allez à l’autre extrémité et se mettre dans la réalité opposée 

Demander au sujet d’expérimenter et de « goûter » en toute conscience les programmations « neuro-linguistiques » de l’autre croyance et son intention positive. 
RD : Il y a ici une autre vérité aussi vraie que la précédente « Je suis un être humain, une belle mère et je crois que c’est une bonne chose d’accueillir mon beau fils ». Prendre le temps de goûter cette autre vérité qui a aussi une intention positive. Donc jusqu’à présent on a fait en sorte de goûter chaque vérité de façon séparée et sans le « mais ». On veut laisser de la place aux deux vérités.

6 – Revenir au centre et à la réalité du présent

Demander au sujet de se recentrer dans l’état COACH. Les deux croyances sont de chaque côté.

7 – Faire un pas en arrière de façon à être conscient des deux vérités 

Demander au sujet d’expérimenter la sensation de croire aux deux vérités, et que les deux puissent être ressenties comme vraies.
RD : Il est important ici de créer suffisamment d’espace pour les deux vérités, pour qu’il n’y ait pas de conflit ou de lutte, et pour pouvoir les accueillir. Nous créons ainsi la base d’une complémentarité générative dans laquelle des pensées nouvelles peuvent émerger entre les deux polarités. Il est aussi important de réaliser que nous sommes beaucoup plus que des deux vérités et que la dynamique qui les relie. En accueillant le dilemme, nous devenons plus grand que lui et nous ne sommes plus limités par le dilemme. Tout ce que tu as à faire ici n’est pas de trouver de solution mais juste de réaliser que les deux vérités sont vraies.

8 – Revenir au centre et à la réalité du présent

Demander au sujet de se recentrer dans l’état COACH et de se connecter à son appel. Les trois croyances se trouvent de chaque côté et derrière lui

9 – Faire un pas en avant pour sortir de l’espace précédent

Dans cet espace, aucune des deux croyances n’ont besoin d’être vraies, le sujet n’a pas besoin de croire à l’une ou l’autre des croyances. Dans cet espace le sujet est en dehors de la réalité de la pensée bipolaire.
RD : Dans cet espace tu peux laisser ces deux vérités devant toi « Je dois faire cela » et « mais c’est dangereux » derrière soi, et ne croire ni à l’une ni à l’autre. Que se passe t-il dans cet espace ?
S : « Quelque chose s’ouvre au-dessus de moi »
RD : Cet endroit peut être comme un sanctuaire au milieu de nulle part, en dehors de toute réalité, et un lieu de sagesse aurait dit Erickson 

10 – Revenir au centre et revenir à la réalité du présent

Dans cet espace du centre il est possible de respecter les quatre vérités, mais sans le besoin d’y croire. 
RD : Que se passe t-il quand tu penses à la situation ?
S : « Je me sens moi-même plus grande, mais pas dans une camisole. C’est réconfortant » 
RD : C’est une forme de connexion au champ. On a changé la relation au conflit, ce qui permettra de prendre une bonne décision  

Rappel des étapes clés

1 – Au centre pour faire un état COACH et choisir le dilemme
Ancrer l’état COACH et exprimer l’expérience de dilemme sous la forme d’un « Oui mais ».  Ou « Je veux faire ceci ou être ceci » « Mais … »
Choisir la localisation de l’une de ces vérités.

2 Faire un pas de côté pour expérimenter la première vérité
Expérimenter en conscience cette première vérité de manière sensorielle et respecter son intention positive.

3 – Revenir au centre et à l’état COACH 
Se reconnecter à sa source, cet endroit plus profond que la croyance.

4 – Faire un pas du côté opposé
Expérimenter en conscience cette deuxième vérité de manière sensorielle et respecter son intention positive.

5 – Revenir au centre et l’état COACH 
Se reconnecter à sa source, cet endroit plus profond que les deux croyances de chaque côté. 

6 – Faire un pas en arrière pour accueillir les deux vérités
Avec le sentiment d’être bien plus grand que ces deux croyances, les observer et les accueillir ainsi que leur intention positive.

7 – Revenir au centre et l’état COACH 
Ressentir les trois positions et une connexion à quelque chose qui va bien au-delà.

8 – Faire un pas en avant pour sortir du système
Sortir du système en le laissant derrière soi pour aller dans un espace où il n’est pas nécessaire de croire à l’une ou l’autre des vérités. Avancer si besoin pour se sentir en dehors de ce système et goûter à cette réalité du « ni ceci, ni cela ». Noter ce qui est expérimenté de façon sensorielle.

9 – Revenir au centre et l’état COACH
Accueillir les quatre vérités en se reconnectant à sa source avec une curiosité nouvelle, un sens de l’espace et de ce qui devient possible. Trouver une manière d’ancrer cet endroit avec un mot, symbole, geste. 

A suivre…

 

Partager:

administrator