Le processus de changement transformationnel (1/3)

Crises, transitions et transformations

Article rédigé par Jean Luc Monsempès, à partir des notes de cours et des enregistrements de la formation de Robert Dilts « Crises, transitions et transformations » de janvier 2013 à l’Institut Repère, et de compléments personnels.

Qu‘elles soient sanitaires, économiques, écologiques, politiques, sociales, les crises sont inévitables car le changement est une constante du fonctionnement de nos sociétés et de la vie en général. Nous serons donc nécessairement projetés dans des situations qui dépassent nos capacités de contrôle et qui ébranlent lourdement la vie des individus comme celle des grandes institutions. Quand une crise survient, nous cherchons le plus souvent à revenir à notre ancienne réalité, à retrouver notre ancienne vie, sans réaliser que cette ancienne vie a contribué à créer la crise. Il faut parfois une crise suffisamment intense pour prendre conscience que l’ancienne vie n’était pas vraiment la nôtre, que l’on menait bien plus la vie que l’on pensait devoir mener que celle que nous désirons profondément mener.

Même si nous réalisons que quelque chose de notre passé va mourir en nous, l’incertitude de ce qu’il y aura de l’autre côté de la crise va être source de peurs et de multiples réactions de défense. La crise constitue avant tout un point de décision dont le résultat peut aboutir au pire comme au meilleur. Vous pouvez décider de rester dans le passé et vous enfoncer dans la crise, ou décider de traverser la crise pour en sortir et être renouvelé et transformé par elle.  Le défi est alors de créer un avenir et une vie très différente de la précédente. 

Dans ces périodes de grande turbulence, la priorité est de pouvoir disposer des cartes mentales qui vont permettre de guider au mieux le changement vers le meilleur. Ces cartes se rapportent aux trois dynamiques ou phases fondamentales de tout changement important et qui vont se succéder.

La crise se caractérise par un changement brutal et non prévu des habitudes de vie des individus ou des organisations. « Quelque chose du passé est irrémédiablement cassé ou terminé ».

La transition est marquée par une forme de tiraillement entre l’envie de retrouver ce qui est connu de l’ancienne vie, et le désir de devenir une nouvelle personne ou une nouvelle conscience, mais sans savoir encore à quoi pourra ressembler la nouvelle organisation personnelle et la nouvelle stabilité. « Je ne suis plus qui j’étais mais je ne sais pas encore qui je vais devenir ».

La transformation consiste à parvenir à une nouvelle forme, en trouvant les fondations d’une nouvelle organisation personnelle, d’une nouvelle cohérence ou d’une nouvelle vie. « J’accepte le voyage de transformation sans savoir où il va me mener ».

 S’il nous est facile de maintenir notre équilibre lorsque la vie se déroule facilement et de façon prévisible, c’est une toute autre affaire lors des périodes de turbulence. La trajectoire d’un changement transformationnel implique un effondrement des modes de fonctionnements actuels et des règles (ou croyances) qui les sous-tendent car ces règles sont devenues trop rigides et inefficaces pour s’adapter à la brutalité des changements. Ce qui marchait auparavant ne fonctionne maintenant plus. La déstabilisation peut provoquer une régression et activer les stratégies de survie (attaques, fuites, sidérations), des attitudes de vulnérabilité, des rigidités et des conflits. Un parcours de réorganisation individuelle ou collectif implique la capacité à traverser les rigidités de nos égos et de nos anciens modes de fonctionnement, et à affronter nos plus grandes peurs. Dans un état de centrage, ces mêmes états de régressions peuvent nous connecter à des ressources qui n’avaient pas encore été reconnues ou utilisées auparavant, et devenir des alliés pour la suite de notre voyage. 

Les cartes générales du changement

Pour trouver notre meilleur chemin au cours des périodes de grandes turbulences, de bonnes cartes nous serons utiles. Une carte en mesure de nous guider au mieux sur le chemin des crises, des transitions et des transformations, et de traverser efficacement les grandes situations d’instabilité pour retrouver une stabilité nouvelle, plus large et plus riche que la précédente. 

Le changement est inévitable et c’est la caractéristique principale de tout système fonctionnel. Le changement est utile tant à la survie qu’à la croissance d’un système vivant, à condition bien sûr que les capacités à gérer ce changement soient présentes. Selon l’impact qu’il produit sur le reste du système, le changement peut donc être une ressource ou un problème, une source d’évolution ou de destruction. Une insuffisance de changement peut mener à la stagnation, la rigidité et la disparition d’un système vivant. Une trop grande quantité de changement peut être source de désordre, de chaos et de destruction. S’adapter et évoluer de façon réussie dans un environnement qui change fortement nécessite donc un juste équilibre entre ces deux polarités que sont le changement et la stabilité.

 

 Crise, transition et transformation impliquent divers degrés de changement et de stabilité, par Robert Dilts

Les crises, les transitions et les transformations sont des produits du changement. Les situations de crise sont généralement caractérisées par un fort degré d’instabilité. La transition implique à la fois un mouvement de rapprochement et d’éloignement par rapport à d’autres états de stabilité. La transformation est souvent l’achèvement d’un niveau important de changement, l’obtention d’un nouveau point de stabilité autour de nouvelles règles de fonctionnement. 

Plusieurs cartes peuvent nous permettre d’acquérir une compréhension profonde du processus du changement et de naviguer au mieux dans ces périodes de turbulence : (1) les niveaux d’apprentissage et de changement, (2) l’équilibre entre grand soi (âme) et petit soi (égo), (3) les différents niveaux de soutien, (4) les ressources venant de nos trois formes d’intelligences, (5) et les étapes du voyage du héros.  

1- Les niveaux d’apprentissages et de changements

Tout système vivant comporte différents niveaux d’apprentissages et de changements. Un changement dans l’environnement (Où et quand ?) nous invite à changer de comportements (Quoi ?) et pour cela nous devons changer notre manière de penser (Comment ?), l’utilisation de ces nouvelles capacités implique un changement de croyances (Pourquoi ?) et des valeurs (Pour quoi ?), et bien souvent l’émergence d’une nouvelle identité (Qui ?) et une évolution du niveau de conscience de soi et du monde auquel nous voulons appartenir (Pour Qui ou pour Quoi ?) 

Les crises impactent ces différents niveaux et nous amènent à clarifier les réponses qui y sont rattachées. Chaque niveau implique des dynamiques différentes et produit des résultats différents chez l’individu ou l’organisation. Un changement à un niveau du système requiert ou crée un changement d’un autre niveau du système. Comme le soulignait Aristote, « Ce qui crée le changement ou le mouvement est ce qui ne change pas ». Le changement implique les niveaux de processus :

L’environnement et les comportements.Les crises viennent d’un changement brutal de l’environnement. Nous ne pouvons pas contrôler tout ce qui se passe dans notre environnement, nous pouvons seulement nous adapter en modifiant nos comportements. Face à des travaux sur la route, vous devrez adopter votre conduite. Face à une crise sanitaire, vous adapterez vos comportements de prévention.
Les capacités. Pour adapter au mieux nos comportements à un nouvel environnement, nous devons parfois changer nos modes de pensée et nos stratégies mentales.
Les croyances et les valeurs. La modification et la mise en œuvre de nos stratégies mentales nécessitent parfois un changement de nos croyances à propos de ce qui est possible ou pas de penser et de faire, ou une réévaluation de ce qui est vraiment important pour nous.
L’identité. Les changements majeurs de l’environnement nous invitent souvent à actualiser le concept de soi, c’est-à-dire l’idée que l’on se fait de qui nous sommes et de nos rôles et de nos trajectoires de vie.
L’esprit. L’intensité du changement implique parfois un changement du niveau de conscience de soi et du monde auquel nous voulons appartenir et contribuer. 

Une gestion efficace et écologique du changement nécessite qu’une instabilité à un niveau, nécessite une stabilité au niveau supérieur. Dans un environnement en mutation, la personne peut avoir besoin d’établir de la stabilité dans ses habitudes comportementales. Les changements comportementaux sont facilités par un renforcement et la clarification des stratégies mentales. Le développement de nouvelles capacités mentales est facilité par la stabilité des croyances et des valeurs. L’actualisation de croyances ou la redéfinition des valeurs sont facilités par la stabilité du sens de l’identité. Le changement (instabilité) identitaire d’une personne invite à trouver un point de stabilité au niveau spirituel, c’est-à-dire dans le système plus vaste auquel elle appartient. La gestion efficace d’une crise, d’une transition ou d’une transformation nécessite à la fois le renforcement de la stabilité intérieure de l’être, et le développement d’une flexibilité à tous ces différents niveaux.

 

Niveaux d’apprentissage et de changements (adaptés de Robert Dilts)

2 – les différents niveaux de soutien

Une possibilité de soutien se trouve à chaque niveau du processus : 

Environnement : le soutien vient de l’apport de ressources extérieures du gardien ou de quelqu’un qui prend soin (nourriture, argent, aménagement espace, don humanitaire).
Comportements : le soutien vient du coaching au sens de l’entraînement physique et des feedback.
Capacités : le soutien vient d’un apport de connaissances de l’enseignant. 
Croyances et valeurs : le soutien vient des mentors, c’est-à-dire de ceux qui croient en vous et qui vous donnent l’exemple. 
Identité : le soutien vient du parrainage de celui qui voit et bénit ce qu’il y a d’unique en vous.
Esprit ou raison d’être : le soutien vient d’un éveilleur, celui qui élargit votre niveau de conscience de vous même et du monde dans lequel vous vivez. 

Tous ces niveaux de soutiens seront sollicités tout au long du chemin de changement.

2 – L’équilibre entre « grand soi » et « petit soi »

A la dimension verticale des niveaux de pensée, on peut ajouter la dimension horizontale du « petit soi » et du « grand soi », ou de l’égo et de l’âme. Il est important de rappeler que l’égo ne parle pas que de Freud comme l’âme ne parle pas que de religion.

L’égo correspond au sens d’un soi séparé et centré sur l’intérieur. L’égo permet de prendre soin de soi et la satisfaction des besoins fondamentaux, de gagner de l’argent, de savoir qui on est et d’acquérir un statut, d’être apprécié reconnu, et à créer sa vie. Sans égo on ne peut survivre et l’important est d’avoir un égo sain c’est-à-dire un égo équilibré par l’âme. Un égo trop « expansif » peut générer de l’égoïsme ou de l’arrogance. Un égo diminué donne une illusion de l’incompétence ou d’absence de valeurs personnelle. 

Quand nous devons prendre de grandes décisions lors des traversées des crises, devant la peur de l’effondrement notre égo a tendance à exacerber son mode de fonctionnement et à faire plus de quelque chose pour survivre. Par exemple,  « Il faut que je gagne le maximum d’argent, faire le plus de bénéfices possibles, travailler plus, penser plus aux autres qu’à moi, être plus créatif gagner le combat ou la compétition ». Au niveau de l’environnement, l’égo se focalise sur les contraintes et les dangers, au niveau des capacités il devient réactif et hyper rationnel, au niveau des croyances il recherche des permissions, et au niveau de l’identité il se focalise sur le rôle.  L’égo tente avant tout de maintenir les choses telles qu’elles étaient auparavant, car la fragilisation de l’égo est synonyme d’anéantissement. Dans une organisation en crise, l’égo va faire en sorte de focaliser l’attention sur le management, la gestion, l’efficacité, la diminution et le contrôle des coûts, la réduction des risques. Pour l’individu ou l’organisation, il y a un danger extrême à rester coincé dans l’égo en période de changement. 

L’âme correspond au sens d’un soi plus large, centré et connecté, orienté vers l’extérieur et le système plus large auquel on appartient. On associe l’âme à la contribution et au service apporté au monde, à la raison d’être et à la vision. L’âme permet d’aller au-delà de l’esprit rationnel vers quelque chose de plus intuitif. L’âme permet à un individu de diriger son attention sur sa famille et sa communauté, et à une entreprise de focaliser son attention sur son écosystème (clients, fournisseurs et partenaires). Pour vivre une vie saine et équilibrée, nous avons besoin d’un juste équilibre entre les talents de l’égo et de l’âme. 

Quand dans les moments de crise il y a un effondrement de l’ancienne vie liée à l’égo, ce sont les qualités de l’âme qui vont créer la possibilité d’une transformation en quelque chose de plus vaste. Les cartes des niveaux d’apprentissage et de changement, ainsi que celles de l’égo versus âme, nous montrent où se trouvent les problèmes et où sont les ressources et outils pour les résoudre. Les ressources fondamentales se trouveront, d’une part dans l’alignement des niveaux d’apprentissage  de façon à ce qu’ils se soutiennent mutuellement, et d’autre part dans l’équilibre et l’intégration entre les différentes dimensions de l’être, c’est-à-dire l’égo et l’âme. 

3 – Les trois formes d’intelligences

Pour être en mesure de gérer les crises, les transitions et les transformations, nous avons besoin de toute notre intelligence. Nous avons besoin de solliciter notre intelligence intellectuelle,  pour penser clairement, trouver des idées créatives. Mais nous avons aussi besoin de l’intelligence corporelle et somatique, de la sagesse de notre cœur et de notre corps. Nous avons également besoin d’une intuition qui vient de ce qu’on appelle une intelligence du champ, le sentiment d’une appartenance à quelque chose de plus grand que nous et qui nous permet d’accéder à des informations nouvelles. Jung parlait d’une « conscience collective » dans laquelle existe une connaissance archétypale et dans laquelle nous pouvons puiser ce dont nous avons besoin.

Dans les périodes de crise, notre seule intelligence intellectuelle n’est pas suffisante, et nous avons fondamentalement besoin des autres formes d’intelligence, somatiques et du champ.  C’est probablement la raison pour laquelle les gens prient en période de crise. C’est une manière de se connecter à une intelligence supérieure et plus grande qu’eux mêmes. Quand la crise concerne une équipe, une intelligence intellectuelle même supérieure de son dirigeant, ne sera jamais en mesure de trouver les réponses adaptées à la situation. Dans des situations de crise, trop d’intellect constitue un considérable handicap. Le dirigeant s’attachera à prendre en priorité des mesures visant à renforcer la protection financière et matérielle de l’organisation, pour tenter de maintenir en vie un système pendant que la tempête passe. Sans les transformations notables qui vont lui permettre de s’adapter aux changements de l’environnement, l’organisation va se replier sur elle même, involuer ou parfois mourir. De nombreuses organisations ne se remettent pas des crises qui les secouent. En période de crise, les équipes ont besoin de solliciter les différentes intelligences (intellectuelles, somatiques et du champ) de ses membres, et de faire appel à l’intelligence collective.  Car les crises se rapportent autant aux dangers d’effondrement qu’aux opportunités de croissance. 

4 – Le voyage du héros

La métaphore du voyage du héros de Joseph Campbell décrit la manière universelle qu’ont les individus et les groupes de se confronter aux changements importants de vie. 
Campbell a découvert que de nombreuses cultures partagent des schémas communs concernant la traversée des périodes de turbulences, comme si des liens profonds pouvaient relier tous les humains, de la naissance à la mort, dans leur chemin de vie. Le mouvement entre la crise, la transition et la transformation est un voyage qui invite surtout à changer le rôle du voyageur. Le changement consiste à passer de la position de victime en quête de héros extérieur et de solutions extérieures (par exemple des médecins experts en cas de maladie, des experts financiers en cas de défaillance de l’entreprise) à la position acceptée de héros intérieur. La crise sanitaire actuelle du coronavirus montre combien il est important d’applaudir et valoriser le travail des héros de la médecine, comme de condamner les éventuelles défaillances de l’état. Cette crise met en valeur les solidarités nouvelles qui s’installent mais laissent dans l’ombre l’héroïsme individuel du citoyen, c’est à dire sa capacité à s’adapter et se prendre personnellement en charge pour faire face à la crise. La crise est un appel à respecter des consignes sanitaires et aussi à changer profondément nos habitudes de vie pour renforcer le formidable potentiel de défenses immunitaires dont nous sommes dotés. La crise nous donne l’occasion de tous devenir des héros et de transformer certains aspects de notre vie pour avoir une vie plus riche de sens.

a) L’écoute de l’appel. Le voyage commence par un appel. L’appel n’est pas forcément quelque chose de souhaité car il peut être perçu comme difficile voire dangereux. Chaque crise comporte une forme d’appel. Une maladie grave peut être un appel à faire évoluer notre identité. Des changements dans les circonstances de vie vont créer une crise qui appelle la personne à prendre des décisions à propos d’une transition de vie : Suis-je prêt à devenir vraiment un parent ? A changer de métier et suivre ma passion ou réaliser mon rêve ? A devenir indépendant ou un entrepreneur ? A quitter un conjoint ? A guérir d’une maladie sérieuse ? A créer une oeuvre artistique ?

Un appel est comme un stimulus qui nous tire par l’épaule dans une direction autre que celle que nous avions choisie consciemment, quelque chose qui nous appelle à évoluer au niveau identitaire pour réaliser notre mission de vie, donner une dimension plus grande à notre vie. Cet appel est bien souvent éprouvant car il est source de conflits entre ce que nous avons été et ce que nous pouvons devenir. 

b) L’acceptation de l’appel. Nous pouvons accepter de répondre à l’appel ou tenter de l’ignorer. Au début il y a souvent un refus d’y répondre, car « je veux rester dans mon ancienne vie, je ne veux pas quitter le village » Ignorer l’appel ne le fait cependant pas disparaître. La crise peut d’ailleurs apparaître quand on manque l’appel. Un égo fort peut créer un mirage c’est-à-dire l’illusion d’avoir acquis tout ce que l’on désire dans la vie, et ignorer l’appel du cœur : « j’ai créé tout ce que je désire mais ce n’est pas ma vie ». Refuser ou ignorer l’appel peut contribuer à créer ou intensifier des problèmes ou des symptômes, provoquant ainsi des crises qui ne peuvent alors plus être ignorées. C’est la raison pour laquelle Erikson insistait tant sur le fait de ne pas supprimer le symptôme car il disait « le symptôme est la solution ». Accepter l’appel requiert un engagement, celui de nous confronter à un seuil, aux limites de notre zone de confort et de notre carte du monde actuelle qui ne fonctionne plus pour devenir ce à quoi je suis appelé. 

c) Le passage du seuil. Le passage du seuil nous propulse dans un nouveau “territoire” de vie, un territoire dans lequel pèse la menace de l’ effondrement de notre ancien mode de fonctionnement, et la menace d’être forcé à acquérir une nouvelle carte du monde pour grandir, évoluer et trouver du soutien. Le seuil est un point de bascule, car une fois franchi, nous ne pouvons plus retourner à notre ancienne façon de vivre, et nous devrons aller de l’avant vers l’inconnu. 

d) Le soutien des gardiens. Quand l’élève est prêt, le maître apparaît dit le dicton. Les gardiens (guides, mentors, sponsors…etc.) symbolisent les ressources dont nous avons besoin, et leur apparition découle naturellement du courage d’avoir franchi le seuil.  Les « gardiens », qu’ils soient internes ou externes, nous aident à rester focalisé sur nos objectifs et nous soutiennent dans l’acquisition de nouvelles capacités (confiance en soi…etc.) et de nouvelles croyances positives en notre potentiel. Pour recevoir les soutiens et ressources dont nous avons besoin à chaque étape de notre trajet, nous devons apprendre à rester centré, ouvert et disponible. Les gardiens qui se présentent peuvent bien souvent nous surprendre. 

e) La rencontre avec le “démon”. Les démons représentent tout ce qui peut nous empêcher de poursuivre notre chemin et ce qui nous apparaît être un important défi. La maladie peut être perçue comme un appel à changer mais aussi comme le démon à craindre. Un cancer peut être un démon par la peur qu’il génère. Si je n’en avais pas peur, le démon n’aurait aucun pouvoir sur moi. Le démon peut être le manque d’argent lors d’une crise financière, ou le partenaire dans une relation, ou la hiérarchie dans une activité professionnelle. Le démon apparaît au départ extérieur à nous comme un défi. Le démon est neutre mais devient un démon du fait de la relation que nous entretenons avec lui, du fait d’un parrainage négatif «Tu n’as pas ta place ici», «Tu ne mérites pas d’exister», «Tu es incapable», «Tu ne seras jamais à la hauteur», «Tu n’es pas le/la bienvenu(e)», etc…Le démon est difficile à affronter par ce qu’il éveille en nous et que nous ne savons pas gérer… Mais ce démon est le plus souvent une projection extérieure chez l’autre de nos limitations, ou un miroir de nos propres ombres intérieures. Amener des ressources transforme le démon en allié et permet d’achever notre tâche. Pour faire face aux démons et aux ombres, nous avons là aussi besoin d’accéder aux ressources de centrage et de connexion à un champ plus vaste que ceux des ressentis négatifs. 

Le démon n’est pas quelque chose de mauvais dirigé contre nous. C’est plutôt une forme d’énergie archétypale à laquelle nous devons faire face ou accepter, et cette énergie possède une intention positive, car elle souhaite nous voir réaliser notre vie.

f) La transformation du démon en ressource. Le voyage du héros est un chemin d’apprentissage et d’évolution de notre conscience. Car la réussite de notre parcours de vie dans le nouveau territoire (interne et externe) nécessite d’apprendre à gérer l’incertitude, à surmonter les nombreux obstacles et démons pouvant surgir sur le chemin. Transformer le « démon » nécessite une meilleure connaissance de soi, le développement d’une plus grande flexibilité, la capacité à équilibrer les énergies archétypales (la force, la douceur, et le jeu), et la création d’une carte du monde qui nous permettra de parvenir à une expansion de nous-même et à une évolution de notre conscience. La transformation concerne avant tout le niveau de l’identité. Comme si une ancienne identité devait mourir en nous pour permettre l’émergence d’une nouvelle identité, celle dont j’ai besoin pour réaliser la mission à laquelle j’ai été appelé dans mon voyage du héros. 

g) Le “retour à la maison” En revenant chez soi, nous ne revenons pas à notre vie d’avant. Nous revenons dans notre communauté en tant que personne transformée, d’une part pour partager nos apprentissages avec ceux qui sont restés « au village », et d’autre part pour être vu et reconnu dans notre nouvelle identité. Ces deux conditions sont nécessaires pour compléter notre cycle de transformation personnelle. Le retour à la maison peut être difficile, car nous pouvons avoir du mal à reprendre le cours de la vie et des relations clés telles qu’elles étaient auparavant. Les personnes qui nous sont chères peuvent souhaiter nous voir rester tels que nous étions avant, afin qu’elles-mêmes n’aient pas également à changer en réponse à notre propre croissance. Notre retour peut déranger le statut quo. Ce retour implique donc souvent des obstacles et parfois même un refus, et il faudra alors franchir un autre type de seuil. 

Un exemple de voyage du héros

Le 15 janvier 2009, l’Airbus A320 du vol 1549 d’US Airways est victime d’une collision aviaire suivie d’une panne brutale de ses deux moteurs au-dessus de la ville de New York, aux USA. Après avoir décollé et à quelques kilomètres de l’aéroport de New York, un vol d’oiseau a été aspiré par les moteurs de l’avion, arrêtant net les deux moteurs. Voilà un moment de crise pour tous et tout particulièrement pour le pilote. La tour de contrôle répétait au pilote de revenir atterrir à l’aéroport mais le pilote a vite réalisé que ce n’était pas possible sans moteur. Il a donc cessé d’écouter la tour de contrôle pour se demander « Qu’est-ce que cette situation m’appelle à faire ? » 

On a parlé de miracle car le pilote a été capable de maintenir l’avion dans les airs sans moteur et de le poser sur le seul endroit disponible, à savoir la rivière Hudson. Il a fait planer l’avion tout en maintenant l’équipage et les passagers dans un état de calme, puis a posé l’avion là où il n’y avait pas de bateaux à percuter, mais assez proche des bateaux susceptibles d’apporter une aide aux passagers et aux membres de l’équipage. Tout le monde a survécu et le pilote a été le dernier à quitter l’avion après s’être assuré plusieurs fois qu’il était bien vide. On a parlé de miracle, et le pilote en a été le héros. Le pilote a simplement répondu qu’il avait eu de la chance de pouvoir poser l’avion.

Quand on a demandé par la suite au pilote s’il avait eu peur, alors qu’il avait montré tant de calme, il a répondu qu’il n’avait jamais eu aussi peur de toute sa vie, et en même temps aussi calme de toute sa vie. Ce paradoxe nous amène à la première étape du voyage du héros. Dans cette situation effrayante, où l’égo a eu peur, le calme a constitué une énergie bien plus grande que celle de la peur. Le courage est inutile si vous n’avez pas peur, ce qui signifie que le courage est une connexion à quelque chose de plus grand que la peur. 

Quand on a demandé au pilote comment il avait fait pour rester aussi calme, il a donné quatre réponses différentes : 
La préparation : « j’avais 30 ans dans ma banque d’expérience ce qui m’a permis de faire un gros retrait quand j’en ai eu besoin ». Il disait qu’il s’était souvent trouvé dans des situations semblables mais pas aussi dramatiques. Il n’a pas pu se préparer spécifiquement au drame du 15 janvier 2009, mais il avait acquis suffisamment d’expériences de petits incidents pour être prêt le jour du drame.
La connexion à quelque chose de plus grand que lui : « C’est mon rôle et ma mission de pilote de poser l’avion ». Le pilote devait être connecté à une identité bien plus grande que le petit soi de son égo ». 
La création d’un champ de ressources : l’équipage et les passagers sont restés calmes. L’équipage a dit avoir gardé leur calme parce que le pilote et les passagers étaient restés calmes. Les passagers disent être restés calmes du fait du calme de l’équipage et du pilote. On retrouve la notion de champ de ressources, mais une personne a pourtant bien initié la création de ce champ. 
L’appel à s’engager dans la vie : le pilote parle du suicide de son père et de son impuissance à pouvoir le sauver. Son immense chagrin a été comme un appel à agir et à faire son possible pour aider les autres. Il a déclaré qu’au moment du drame, le souvenir du suicide de son père avait été très présent « j’étais tellement engagé à sauver ces gens, car je n’avais pu sauver mon père » Le pilote a su transformer une tragédie en ressource. 

Se préparer au voyage

Progresser au mieux à travers le changement, nécessite le développement de multiples ressources, celles de notre corps, de notre mental et de notre relation au monde qui nous entoure. Nous devons apprendre à cultiver des qualités telles que la stabilité en même temps que la flexibilité, l’équilibre en même temps que le lâcher-prise.

Le jeu intérieur et le jeu extérieur

Les qualités du pilote qui lui ont permis de réussir le « miracle de l’Hudson » sont l’expression de ce qu’on appelle « le jeu intérieur ». Tout voyage ou toute réalisation mettent en jeu deux dimensions de base, l’interne et l’externe. Tim Gallwey, un joueur de tennis de haut niveau et auteur dans les années 70 du livre « Le jeu intérieur du tennis » raconte que ses performances sportives avaient atteint un plateau infranchissable quelque soit son niveau d’entraînement. La découverte de la méditation transcendantale lui a permis de réaliser que ses progrès en tennis pouvaient allaient de pair avec sa pratique de la méditation, même en l’absence de d’entraînement physique complémentaire. Tim Gallwey a ainsi commencé à décrire l’importance de la notion de jeu intérieur. Pour maitriser les objectifs et les obstacles extérieurs du jeu extérieur, vous devrez d’abord maitriser les objectifs et obstacles du jeu intérieur intérieur (la peur, le doute, le manque de concentration et des hypothèses limitantes). Pour gagner le match à l’extérieur les actions prioritaires sont dans le jeu intérieur.  Si la peur avait pris le dessus chez le pilote ou s’il avait paniqué, il n’y aurait pas eu de miracle. Un aspect essentiel du voyage du héros est donc de maîtriser le jeu intérieur.

L’objectif du jeu intérieur est d’atteindre et de maintenir une « zone d’excellence ». Qu’ils soient acteurs, chanteurs, athlètes, pilotes ou managers, tous savent que c’est un état intérieur qui leur permet de donner le meilleur d’eux-mêmes. Il ne s’agit pas d’un point intérieur de perfection, mais bien d’une zone ou d’un espace. La performance de la personne dépend donc de sa capacité à rester dans cet espace. Le pilote a pu accomplir un miracle car il a amené sa peur dans cet espace plus grand de sa zone d’excellence. Il n’avait pas besoin d’être parfait, mais juste assez bon.  Quatre qualités caractérisent la zone d’excellence : 

  • Une forme de confiance calme et sans arrogance, qu’on pourrait appeler une autorité humble.
  • L’absence de crainte de l’échec et une conscience de ses buts.
  • Un état physique d’équilibre entre un relâchement et le fait de se sentir prêt, entre un esprit ouvert et focalisé. On peut être relaxé et pas prêt, ou être prêt et tendu. Aucun de ces deux états ne se trouvent dans la zone. Si vous êtes trop centré sur quelque chose, vous commencez à filtrer certaines possibilités. Si votre esprit est trop ouvert, vous ne voyez plus rien. Devant l’absence de moteur, la première chose que le pilote a du se rappeler c’est d’être « relax ».
  • Un état d’excellence sans effort dans lequel quelque chose s’écoule bien plus de l’inconscient créatif que de notre esprit rationnel et cognitif.

C’est à partir de cette zone d’excellence que nous sommes le plus en mesure d’écouter l’appel, car cette zone n’est pas parasitée par les bruits de fond de notre pensée ou les interférences du monde extérieur. L’opposé de cette zone d’excellence est caractérisé par de l’anxiété, le manque de confiance, une énergie basse, la peur, le stress.  Cet état ne permet pas de produire une bonne performance.

Etat COACH et état CRASH

Une manière simple d’accéder à sa zone d’excellence est la pratique de l’état COACH. Ce qui signifie être Centré, Ouvert, Alerte et éveillé, Connecté en soi et à l’extérieur de soi, Hospitalier pour accueillir de ce qui arrive. L’inverse de l’état COACH est l’état CRASH qui signifie être Contracté, Réactif, dans une Analyse paralysante, Séparé et Haineux.

Cet état CRASH est présent dans l’activation des stratégies de survie que sont la lutte (attaque), la fuite (le retrait) et la sidération (fermeture). Quand nous rencontrons le danger lors des moments de crise, notre cerveau reptilien active l’une de ces stratégies de survie. Un rappel sur les fonctions de nos trois cerveaux :

– Le cerveau reptilien est programmé pour assurer notre survie (attaque, fuite, paralysie) en cas de perception de danger réel ou fictif. Quelque soit le nombre d’années de psychothérapie que vous pourrez faire, vous ne pourrez pas vous débarrasser de ce cerveau. Vous pourrez simplement apprendre à en faire un animal domestique.
– Le cerveau mammifère ou limbique, qui entoure le cerveau reptilien, est notre cerveau émotionnel. Les mammifères se lient et ont des émotions, et toute votre vie ce cerveau mammifère vous accompagnera. Vous pouvez apprendre à mieux comprendre son mode de fonctionnement, ses attentes et son langage. Les cerveaux reptiliens ou mammifères ne comprennent pas le langage verbal.
– Le cerveau cortical est le siège de l’intelligence cognitive, du langage verbal, de la logique et du raisonnement et aussi de l’intuition.

Avez-vous déjà essayé d’expliquer quelque chose à votre serpent, ou à votre chat ou chien ? Ces derniers vont peut être écouter attentivement mais cela ne produira aucune réaction. Par contre les animaux comprennent la communication non verbale et la musique. Il en est de même avec vos cerveaux reptiliens et mammifères qui ne comprennent pas le langage verbal. C’est la raison pour laquelle certains pourront dire « je comprends tout à fait, je sais que je devrais faire autrement, mais je ne peux pas le faire ». Si vous vous perdez dans le cerveau reptilien ou mammifère, vous tomberez dans un état CRASH. Au lieu d’être Centré vous serez Contracté ; au lieu d’être Ouvert, vous serez Réactif, au lieu d’être Alerte et conscient vous serez dans une Analyse paralysante ; au lieu de la connexion vous serez déconnecté ; à la place de cette qualité d’hospitalité, vous serez heurté et dans la haine. Pour la PNL, la partie neuro concerne votre système nerveux reptilien, émotionnel et notre corps. Le langage verbal appartient à la partie corticale.

Pratiquer l’état COACH

Si vous étiez ce pilote d’avion qui rencontre les oiseaux qui bloquent les moteurs, mais qui ne rentre pas en panique et garde son calme, imaginez quelle aurait été votre jeu extérieur (posture, gestes…etc.) et votre jeu intérieur (pensées, croyances, identité…etc) ?

Centrage : comment seriez vous assis ? Le plus souvent il s’agit de l’axe vertical et souple de votre rachis, d’où partent tous les nerfs qui innervent votre corps. Si vous déformez votre rachis, vous déformez les signaux qui parcourent le rachis. Vous auriez probablement posé les deux pieds sur le sol ou le plancher pour vous enraciner. Et en pensant à des moments d’autorité humble (prêt et détendu, concentré et ouvert, excellence sans effort), vous avez probablement une sensation très subjective d’un centre dans votre corps. Dans tous les arts martiaux, l’attention première est donnée à un centre qui est littéralement au milieu du corps, entre le sommet de votre tête et vos pieds et qui se trouve un peu en dessous du nombril. Les japonais l’appellent le hara, les chinois le Tan-Tien. Tout en amenant votre attention sur votre axe vertical et sur ce centre, notez ce qui se passe dans votre mental et vos émotions. La conscience comme à s’unifier et le calme peut commencer à apparaître. 

Ouverture : en retrouvant des souvenirs et expériences d’avoir été dans votre autorité humble, vous remarquerez sans doute que quelque chose s’ouvre au niveau de votre cœur.

Alerte et conscient : en retrouvant à nouveau les expériences ressources précédentes (prêt et détendu, concentré et ouvert, dans votre excellence sans effort), notez où allait votre attention. De quoi étiez-vous conscient ? Notez comment votre conscience peut s’élargir pour inclure à la fois une conscience de vous même et une conscience de l’environnement.

Connexion : dans cet état de ressource les personnes ressentent souvent une connexion entre la tête, le cœur, le ventre, les pieds, une connexion à vous même et à ce qui se passe dans votre environnement. Quand vous étiez dans votre zone d’excellence, quelles qualités de connexion avez-vous ressenties ?  

Hospitalité : c’est une qualité d’être qui vous permet d’accueillir ce qui se passe en vous et autour de vous, à partir d’un endroit qui vous donne le sentiment de quelque chose de vaste. Retrouvez une expérience personnelle de courage. Même si vous avez eu peur, vous ne vous battiez probablement pas avec vous même, vous n’étiez pas en colère envers vous même. Quoi qu’il se soit passé dans votre cerveau reptilien, il y avait un espace bien plus grand que la peur pour accueillir cette dernière.   

En ramenant tous ces éléments, Centré dans le ventre, Ouvert dans le cœur et l’esprit, Alerte dans votre tête et votre conscience, Connecté intérieurement à votre source et extérieurement à ce qui se passe autour de vous, Hospitalité pour accueillir ce qui est là, repérez ce qui se passe dans le corps.  Vous pouvez ancrer cet état par un geste, une posture, une image ou un mot. Cette ancre sera votre point d’accès à votre zone d’excellence. Car c’est à cet endroit précis que vous devrez aller dès que vous rencontrerez une crise.

Voir une Vidéo de Robert Dilts sur l’état COACH 

Pratiquer l’état COACH dans la relation

Il est possible et conseillé de savoir pratiquer cet état COACH debout et en mouvement.  
Prenez un moment pour revisiter votre zone d’excellence. Si vous étiez le pilote de l’avion, quelle aurait été votre posture, vos épaules ? Modifiez votre posture pour savoir ce qui vous fait sortir de votre zone d’excellence. Puis vérifiez ces cinq qualités : Centrage, Ouverture, Alerte et conscient, Connexion intérieure et extérieure, et Hospitalité avec une sensation d’être dans votre plus grand moi.  Avec ces qualités, vos pensées négatives ou vos ressentis de nervosité qui apparaissent ne prennent probablement pas le dessus. 

En gardant les yeux ouverts pour vos connecter au monde, amenez votre état d’excellence dans le champ de la relation avec une autre personne. Maintenez un contact visuel en restant dans le silence et en notant ce qui se passe pour votre zone d’excellence. Si un manque de confiance, une nervosité ou un dialogue intérieur débute, revenez à votre centre et à votre axe vertical, à votre ventre et vos pieds, à votre niveau d’ouverture de l’esprit et du cœur. Notez ce que vous ressentez dans la connexion à l’autre et dans votre capacité à accueillir ce qui est là. Est-ce juste du calme, ou y a t-il quelques nervosités ou de manque de confiance ?  Mais quoi qui soit là vous pouvez l’accueillir depuis un endroit beaucoup plus grand que les ressentis inconfortables. En ressentant et reconnaissant les cinq qualités de l’état COACH, dîtes à votre partenaire « je suis là », puis regardez chez l’autre sa zone d’excellence et dites lui « je te vois ». En maintenant cet état COACH, partagez à propos de ces moments de défi dans lesquels vous avez été capable de rester dans votre zone d’excellence. Pour terminer, prenez le temps de reconnaître le héros en vous et le héros en l’autre. Et dites à voix haute « c’est bon de te voir ». Terminez par un geste de gratitude et d’au revoir. 

Ce que nous venons de faire représente un point clé de notre préparation pour être en mesure de rencontrer la crise avec sagesse et avec un jeu intérieur plein de ressources.

Cartographier la crise

Lors de la survenue de la crise, le défi majeur est de savoir rester dans sa zone d’excellence. Dans les moments de crise, les ressources clés sont le centrage, la capacité à se dissocier et à observer la situation d’instabilité à partir d’une position « méta », afin d’éviter d’accroître les états négatifs et être attiré vers les issues négatives. La crise nous pousse à décider d’une ligne de conduite, à faire preuve de volonté pour garder le cap, et à renforcer les croyances facilitantes pour aller vers les issues positives. Selon que ce choix implique une personne, un groupe de personnes aux intérêts contradictoires, voire des millions de personnes lorsqu’il s’agit de responsables politiques, le niveau de difficulté et de complexité varie grandement. Les bouddhistes parlent de rencontrer la vie dans un état d’équanimité, ce qui signifie aborder le bon et le mauvais avec la même attitude. En dehors de cette équanimité, vous êtes dans un état de déséquilibre et votre vision est biaisée. 

Le terme «crise» vient du grec krisis et signifie «décision»

Le terme «crise» vient du grec krisis, qui signifie «décision». La crise médicale est le point à partir duquel les choses vont aller soit beaucoup plus mal, soit aller beaucoup mieux. Parfois un point entre la vie ou la mort.  

 

                     Une crise est un point d’instabilité qui peut conduire à des conséquences positives ou négatives (par Robert Dilts)

Par rapport à cette situation critique, la PNL rechercher la différence qui fait la différence. Qu’est ce qui va faire basculer la situation d’un côté plutôt qu’un autre ? Nombreux sont ceux qui évoqueront la chance, en oubliant que la chance est une rencontre entre une grande préparation et une opportunité à saisir. La différence qui fait la différence pour vivre ce point de décision avec équanimité, est l’état COACH ou votre zone d’excellence. Vous pourrez ainsi reconnaître les dangers de la situation tout en anticipant les réactions de votre cerveau reptilien et limbique qui vont peut être vouloir attaquer, s’enfuir ou se paralyser. Vous pourrez aussi voir et reconnaître les opportunités qui émergent. En absence d’état COACH, vous ne verrez que les dangers de la crise et vous activerez rapidement vos stratégies de survies.

Savoir aborder les dangers dans votre zone d’excellence, fera toute la différence entre un désastre et un miracle. Tout voyage comporte de nombreux points de décisions, de nombreuses rencontres avec le démon. Dans le cas d’un cancer, il y a le démon du diagnostic, le démon de la chimiothérapie et de la chirurgie, et tous ces démons constituent autant de points de décision. Les points de décision peuvent devenir encore plus complexes quand les médecins donnent des avis contradictoires. Il y a  alors de nombreuses raisons de perdre son énergie, sa concentration, et de se trouver coincé dans des suppositions limitantes.  Si les avis extérieurs sont incohérents, seule votre cohérence interne et votre état coach vous aideront à prendre les « bonnes décisions pour vous. 

Pour rencontrer avec équanimité le danger et les opportunités, puis décider de la direction à prendre, vous avez besoin d’une boussole interne, celle de la congruence que procure l’état COACH. Cet état vous permet de décider avec sagesse entre les attentes de sécurité de l’égo et les attentes de croissance de l’âme. Cet état vous permet de décider en prenant en compte les réactions émotionnelles à court terme et les conséquences raisonnées à plus long terme. 

Gérer les incertitudes

La prise de décision fait intervenir un facteur clé, qui est le degré de certitude de l’impact présumé de la décision par rapport au système dans lequel elle intervient. 

Une prise de décision dans des conditions de certitude signifie que les résultats spécifiques de chaque option étudiée sont connus. La situation de crise est la répétition d’un événement déjà référencé. Dans une situation médicale, on connaît par exemple le pourcentage d’efficacité d’un médicament, l’impact d’une mesure d’hygiène, le coût d’une intervention technique…etc. Dans cette situation, la difficulté est d’arbitrer ou de faire des  compromis parmi des différentes solutions et les critères parfois conflictuels, qui peuvent intervenir, comme par exemple la «qualité» face au «prix», l’économique face à la sécurité, le court terme versus le long terme.

Une prise de décision dans des conditions d’incertitude signifie que la probabilité d’obtention des résultats de chaque option n’est pas connue. La situation de crise est totalement nouvelle. Si la probabilité de réussite d’une solution est donnée par le résultat d’une expérience ou d’une observation antérieure dans un contexte différent, cette prise de décision est considérée comme à risque. Cette situation implique l’évaluation des conséquences probables de la solution choisie et de celle des compromis potentiels. 

Un des problèmes fréquent de la prise de décision est le compromis entre les réactions émotionnelles à court terme et les conséquences raisonnées à plus long terme. Préférer une réponse rapide aux peurs individuelles et aux craintes de l’opinion, ou privilégier des conséquences positives potentielles à long terme ?  Sacrifier le futur pour préserver le présent,  ou préserver le présent en négligeant le futur ?  Ce sont des questions d’arbitrages que se posent les individus, et aussi les responsables politiques en tant de crise. 

Ces réponses nécessitent des ressources qui dépassent largement celles de notre propre intellect (que dit votre raison ?) et qui s’appuient sur l’intelligence du corps (que dit votre cœur ?) et du champ des relations du monde auquel nous sommes connecté (que dit votre intuition ?)

Toute crise nous invite à développer en premier notre propre état interne pour gérer au mieux les multiples obstacles externes qui peuvent survenir. Quand un obstacle de votre jeu intérieur (par exemple votre peur) rencontre un obstacle extérieur (la peur des autres ou de l’opinion), vous rencontrez un problème insoluble. Si un obstacle extérieur rencontre une ressource intérieure (votre calme et votre confiance en vous), vous avez alors une opportunité de croissance. Et quand une ressource intérieure rencontre une ressource extérieure, c’est votre jour de chance.  

Toute crise nous invite à trouver notre zone d’excellence pour pouvoir affronter les défis avec le meilleur de vous même et des options nouvelles. Si la crise a pour intention de nous montrer que ce que nous avons l’habitude de faire a créé un désastre, on ne peut pas gérer une crise en continuant à faire ce qu’on faisait auparavant. Comme le soulignait Einstein, nous ne pouvons résoudre un problème sans changer les modes de pensée qui les ont créés.  On ne peut résoudre une crise financière ou sanitaire en faisant davantage de ce qui l’a créé. Revenir à vos habitudes de vie ne va pas vous aider à guérir la maladie que ces habitudes ont créé. Pour apprendre à faire les choses différemment, il y a un seuil à franchir, un saut dans l’inconnu. Il est difficile de résoudre notre peur en faisant quelque chose que nous n’avons jamais fait auparavant. Quand les choses sont incertaines, nous avons tendance à nous raccrocher à ce que nous avons déjà fait.

Le voyage du héros est un chemin d’incertitudes, dans lequel le défi est de faire quelque chose qui n’a jamais été fait auparavant, ce qui demande du courage, de la confiance en soi et du soutien.    

Les principes d’une décision

Plusieurs paramètres vont influencer la décision qu’une crise nous invite à prendre.

Les variables environnementales représentent ce que vous ne pouvez ni influencer ni changer rapidement (par exemple le climat, les épidémies, la population, l’aménagement de l’espace, les règles administratives, la disponibilité immédiate du matériel…etc.) et que nous devront accepter en tant que contraintes.

Les variables décisionnelles représentent ce que vous pouvez influencer (par exemple les choix vestimentaires et alimentaires,…etc.) 

Le résultat des décisions va dépendre des contributions des variables à la fois environnementales et décisionnelles. Par exemple pour rester en bonne santé lors d’une épidémie (variable environnementale), vous avez la responsabilité de prendre un certain nombre de décisions en matière d’hygiène et de stimulation de vos défenses immunitaires (variables décisionnelles).
Le pilote ne pouvait certainement rien faire pour réparer les moteurs. Le redémarrage des moteurs n’était pas sous son contrôle. Il s’est donc probablement vite demandé quelles pouvaient être les variables sur lesquelles il pouvait avoir de l’influence, par exemple la gestion de son état interne, les relations avec l’équipage, et la décision de poser l’avion sur la rivière Hudson. La prière de la sérénité dit  « Mon Dieu, aidez moi à accepter les choses que je ne peux pas changer, à avoir le courage de changer les choses que je suis en mesure de changer, et la sagesse de pouvoir faire la différence ».  

En cas de crise, il convient donc de se demander dans une attitude d’équanimité : « Qu’est-ce que je dois accepter car je ne peux rien y changer ? Qu’est-ce que je peux influencer pour faire une différence », puis de rassembler les deux informations pour décider d’un résultat. Pour faire les bonnes distinctions entre ces deux variables, vous avez là aussi besoin des ressources de votre jeu intérieur.    

Etablir la carte des dangers et opportunités

La démarche consiste à cartographier la crise avec ses dangers et opportunités puis d’y amener les ressources du jeu intérieur de façon à rencontrer cette crise avec équanimité, et enfin de prendre la bonne décision sur l’utilité ou pas de franchir le seuil et de répondre à votre appel. Cette dernière décision vous conduira dans la phase de transition. Le voyage du héros débute avec l’écoute et l’acceptation de l’appel, ce dont nous avons besoin pour traverser le seuil. 

Le point de décision est donc le point de seuil entre dangers et opportunités. Il faut alors se  demander : Quel est le danger ? Quelle est l’opportunité ? Quel est le seuil à franchir ?  Ces réponses nous aideront à définir où se trouve l’appel. 

L’exploration des dangers concerne son contenu (les événements du jeu extérieur) et aussi le ressenti que cela éveille en nous (ma réponse émotionnelle du jeu intérieur). Si ce qui survient à l’extérieur éveille en vous de la curiosité, vous n’avez pas vraiment de problème. Si cela éveille en vous de l’anxiété, cela peut devenir un problème. Car l’activation de vos stratégies de survie vous fera amplifier l’intensité des dangers ou percevoir les opportunités avec anxiété, ou avec sentiment qu’elles ne sont pas pour vous. Le manque de ressource influence négativement votre décision. Toutes les émotions négatives ne sont pas du côté du danger et toutes les émotions positives du côté des opportunités. L’important est de voir qu’il y a un seuil à ce point de décision. Le seuil étant la démarcation d’une nouvelle frontière et l’entrée dans un nouveau territoire, dans lequel il sera possible de gérer le danger et de profiter au mieux des opportunités. Le seuil vous invite à faire quelque chose de nouveau. Quand vous disposerez des informations claires sur les dangers, les opportunités et le seuil à franchir, vous pourrez découvrir quel sera votre appel.

Exemple de cartographie de la crise 

Cet exercice nécessite de créer trois espaces : (1)- un espace pour cartographier la crise et en décrire ses dangers et ses opportunités; (2)- un espace pour voir le seuil du nouveau territoire (le point de choix entre les dangers et les opportunités), (3)- un espace pour définir l’appel (la décision d’y répondre).
Il est essentiel de rencontrer la crise dans un état de ressource et avec équanimité. L’identification de l’appel et de l’énergie qui y est associée va permettre de traverser le seuil (en revenant à l’espace 2), puis de savoir gérer les dangers et profiter des opportunités (en revenant à l’espace 1).

1 – Commencer par un état COACH  (Coach et coaché), afin de créer un champ de ressources. Ils déclarent quand ils sont prêts à poursuivre le processus.

2 – Demander au coaché de décrire les points clés de la situation (par exemple quitter une zone géographique pour une autre pour des raisons de carrières), les difficultés principales dans cette situation (les différentes peurs et doutes) et les différents niveaux de changement qui interviennent. Ce n’est en général pas la situation qui pose problème, mais la relation personnelle à cette situation. 

Rechercher où se trouvent les niveaux de difficultés les plus importants en sachant que les crises majeures surviennent en général au niveau de l’identité. 

3 – Décrire les dangers et les opportunités 
Rechercher les dangers et opportunités surtout au niveau de l’identité. Par exemple, quels seraient les dangers et les opportunités de croissance ?  Ce qui n’est souvent pas facile à exprimer avec des mots, peut s’exprimer sous forme de métaphore ou de symbole. Il est important d’obtenir un langage sensoriel des contenus et des ressentis qui y sont associés.  Par exemple : 

4 – Identifier le seuil, en regardant les dangers et opportunités devant soi 

Vérifier à nouveau que le coaché est bien dans un état coach de ressource. 
Demander au coaché de faire un pas en arrière dans une position méta pour avoir devant lui une pleine conscience à la fois des dangers à gérer et des opportunités à saisir. 
Demander au coaché quel serait le seuil qu’il doit franchir pour rentrer dans ce nouveau territoire ? Quelle serait cette chose qu’il n’a encore jamais faite auparavant ?  Quelle est cette frontière qu’il va devoir franchir ?  Quel est ce nouveau territoire et à quel niveau de processus il se situe ?   Quelle est cette chose qui sera en dehors de ta zone de confort ?
Si c’était une métaphore ce serait quoi ? (par exemple un arbre)

6 – Trouver l’appel

Demander au coaché de faire un deuxième pas en arrière pour observer à la fois les éléments de la crise (dangers et opportunités) et le seuil à franchir.
Depuis cet espace, avec une perception claire du seuil d’un nouveau territoire (arbre) qui permet de gérer les risques et tirer profit des opportunités, demander au sujet quel serait son appel ? Tous ces éléments vous appellent à devenir qui ou quoi ?   (Exemple : « vivre ma vie plus pleinement »)  Quel serait un symbole ou une métaphore de cela ?  (Exemple « L’océan »)

Demander au coaché, où ressent-il le plus la présence de cet appel dans son corps.  

7 – Intégrer l’appel et le seuil 

A partir d’un état COACH, demander au sujet de faire un pas en avant pour accueillir l’énergie du seuil dans l’espace plus grand de l’appel. Laisser un moment pour l’intégration de ces deux énergies. 
Puis demander au coaché de faire un nouveau pas en avant dans l’espace des dangers et opportunités pour les accueillir à partir de l’espace plus large de l’énergie en lien avec l’appel. On observe souvent ici deux processus apparaîtrent qui viennent de l’inconscient créatif : a) les synchronicités. Quelque chose arrive qui n’avait aucunement été remarqué ou prévu auparavant. Jung disait que les synchronocités c’est là ou les archétypes rencontrent nos réalités quotidiennes. ; b) la conscience d’une boussole intérieure. Le sujet ne prend pas de décisions uniquement cognitives, mais à partir d’une sensation et d’une voix intérieure qui sait « la bonne chose à faire », et qui sait ce que vous pouvez changer ou ne pas changer.  

Rappelons que les opportunités comme les dangers, concernent autant le présent que le futur. En étant dans une perspective cour terme, on  passe à côté de certains dangers et aussi d’opportunités.  En tant que Coach il convient d’aborder le court terme et le long terme.

En ne prenant pas une décision juste pour vous, c’est-à-dire une décision ne répondant pas à votre appel, la crise reviendra sous une forme ou une autre. Si vous ne faites pas les bons changements, la vie vous le rappellera par une plus grosse crise, dans le champ des relations, de la santé, des finances, de l’activité professionnelle…etc. 

La vie veut que vous ayez votre propre vie, et pas celle d’une autre personne,  et pour cela elle va fabriquer des crises spécialement à votre intention, afin de vérifier que vous vous éveillez. Certains d’entre nous dormons plus profondément que d’autres, ce qui nécessite une crise un peu plus forte. Steve jobs évoquait le voyage du héros en disant  « Votre temps est limité, ne passez donc pas votre temps à vivre la vie de quelqu’un d’autre », « ne laissez pas le bruit (du dogme général) faire taire votre voix intérieure », « et ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition, car ils savent déjà ce que vous devez faire ».  Le voyage du héros commence depuis cette endroit de sagesse à propos de ce que vous pouvez changer ou ne pas changer. 

Ancrer l’appel par un centrage actif

Une compétence clé du voyage du héros et de la gestion des crises est de savoir rester enraciné dans votre appel, car vous allez rencontrer de nombreuses situations difficiles qui peuvent vous en détourner. L’appel ne vient pas des cerveaux reptiliens, limbiques ou du néocortex, mais vient plutôt de l’être tout entier. Et pourtant nous allons rencontrer des situations qui vont nous ramener dans le cerveau reptilien, nous faire régresser et nous faire oublier l’appel. Il est donc important de se centrer dans l’appel afin de ne pas l’oublier et de maintenir sa présence en nous, malgré un bruit de fond et les interférences qui peuvent nous en écarter.  De nombreuses pensées ou événements extérieurs tenteront de vous déconnecter de votre appel.  

L’exercice du centrage actif a pour objectif de stabiliser n’importe quel état ressource et de maintenir cet état ressource tout au long du voyage et de ses aléas. On va ici chercher à se centrer dans le sentiment de l’appel.  Le centrage actif comporte deux dimensions, d’une part l’enracinement, qui signifie littéralement prendre racine pour maintenir notre stabilité et notre équilibre, et d’autre part la fluidité pour maintenir l’enracinement dans le mouvement pour pouvoir s’adapter aux obstacles que nous pouvons rencontrer. 

Le pilote a su rester en contact avec ses ressources et son appel, car il s’y était préparé pendant de longues années. Comme ce pilote, vous avez besoin de vous préparer et d’acquérir de l’expérience à rester centré, en répétant cet exercice.

1 – Demander au sujet d’identifier une situation déstabilisante qui pourrait l’écarter de son appel.

Exemple de réponse : «  Quand je dois planifier mon travail »

2 – Faire un état COACH 

3 – Créer un espace devant soi pour la situation déstabilisante

Explorer ce qui fait que cette situation soit déstabilisante. Faire un pas en avant dans cet espace pour vivre pleinement la situation de manière sensorielle. 
Rechercher ce qui déclenche cet état de déstabilisation. « De quoi es-tu conscient dans cette situation ? Que se passe t-il dans ton corps ? »
Exemple de réponse : « Une phrase arrive en moi pour me dire ‘tu dois le faire’ » Dès qu’on a des informations sur ce qui déclenche la situation déstabilisante, en sortir en faisant un pas en arrière 

4 – Centrer l’appel de façon somatique 

L’objectif de cette étape est d’apprendre au sujet à rester enraciné et connecté à son appel malgré la présence de perturbations internes ou externes, symbolisée par une pression de la main.  La métaphore est celle d’un arbre profondément enraciné et résistant aux coups de vent.

Demander au sujet de retrouver l’expérience de l’appel (par exemple le symbole de l’océan)
et de rester connecté somatiquement à la sensation de l’appel. 
Puis pousser doucement le sujet, par exemple avec votre main sur son épaule, pour tenter de le sortir de son enracinement et de son appel. Le sujet va apprendre à faire ce qu’il convient de faire pour rester dans son enracinement et son appel. Le sujet ne lutte pas, ne résiste pas à la poussée, mais s’enracine (reste détendu et prêt) en abaissant son centre de gravité (en pliant les genoux pour se rapprocher du sol) et en imaginant faire passer l’énergie de la pression sur les épaules à travers son corps, pour qu’elle en sorte par les pieds. 
Continuer à pousser doucement le sujet pour vérifier qu’il reste détendu et souple. Sinon lui demander de renforcer son enracinement en pliant un peu plus les genoux et en lui demandant d’envoyer l’énergie de la pression dans ses pieds.  Dès que le sujet à appris à maintenir son enracinement lors des pressions sur l’épaule, faire varier les pression en poussant plus fortement à divers endroits du corps et en vérifiant que le sujet conserve son état ressource. 
Puis ajouter les mots qui déclenchent la situation déstabilisante (§1) et sortent le sujet de son état ressource. Par exemple « tu dois le faire » et vérifier que l’enracinement dans l’appel est bien maintenu. 

5 – Centrer l’appel dans le flow du « rocher et de l’eau »

L’objectif de cette étape est d’apprendre au sujet à rester centré dans son appel et dans une fluidité naturelle malgré la présence de perturbations internes ou externes auxquelles le sujet pourrait répondre par des stratégies de survie (résistance, lutte, attaque, sidération). Le sujet va donc apprendre à bouger tout en restant ancré et en relation avec son appel. La métaphore est celle du rocher et de la rivière.  La rivière s’écoule quelque soient les obstacles en s’enroulant autour des rochers. 
Le sujet va apprendre à ne pas s’opposer à l’obstacle qui émerge (symbolisé par le coach), mais à s’enrouler autour de lui par un mouvement circulaire.
Pousser le sujet, au début dans la même direction, qui va bouger de façon circulaire et terminer son mouvement à côté du coach et légèrement derrière lui… tout en maintenant la connexion au centrage et à l’appel. Puis pousser le sujet dans des directions différentes, comme pour « danser avec le sujet ».
Quand on observe que le sujet réagit spontanément aux perturbations, utilisez les mots déclencheurs de la situation déstabilisante.

6 – Retourner dans la situation déstabilisante (§1)

A cette étape on ancre l’état ressource qui vient d’être développé (centrage dans l’appel) dans la situation initialement déstabilisante. L’expérience déstabilisante qui  représentait un défi pour l’appel commence à renforcer cet appel.  
Evaluer la différence d’état actuel par rapport à l’état initial. 

 Sources: Notes de cours et enregistrements de la formation de Robert Dilts « Crise, transition et transformation » de janvier 2013 à l’Institut Repère, et de compléments personnels.

Article à suivre

Institut Repère

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