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Les leaders ne sont pas ceux que vous croyez, par Jean Luc Monsempès & Michael Ameye

Leadership 4Le leadership ne signifie pas avoir un gros égo, diriger un nombre important de personnes, être extraverti, avoir une aisance verbale ou une capacité à séduire. Le leadership commence avec la volonté de rompre avec les idées reçues. Si tout le monde ne peut avoir le titre de leader, le leadership est un ensemble de compétences que chacun peut acquérir, à partir du moment où il décide de travailler sur lui pour commencer à gérer sa propre vie et se mettre au service des autres pour améliorer leur vie et contribuer à les rendre heureux. Une personne qui sait diriger son existence donne envie aux autres d’en faire autant. Le leadership signifie avoir une assurance et une détermination qui ne viennent pas de l’égo mais d’un alignement interne, avoir une connaissance de soi suffisamment lucide, avoir une idée claire de la direction à suivre dans sa vie (une vision et mission), et connaitre ses valeurs pour les partager avec les autres. Si le leader est suivi par les autres, ce n’est pas pour sa personne ou certains traits de personnalité, mais pour les valeurs qu’il incarne et l’exemple qu’il donne. Des leaders de la nouvelle économie tels qu’Elon Musk, Steve Jobs, Jeff Bezos ne sont pas suivis pour leurs traits de personnalité parfois très contestés, mais pour leur valeur de créativité et innovation. “c’est un tyran, mais pour rien au monde je ne le quitterais” peut-on entendre dans ces situations. A travers cet article, je voudrais pointer quelques idées reçues à propos du leadership et montrer qu’un leadership efficace peut être tout à fait associé à une forme d’ignorance, à l’introversion, l’humilité et la capacité à rester silencieux.  A une époque où la majorité des salariés des entreprises se disent fortement désengagés, les leaders de l’économie moderne sont ceux qui savent maintenir et développer l’engagement des individus. Pour que certains des concepts développés dans cet article puissent se transformer en processus d’action, nous ferons régulièrement appel à des outils et modèles de la programmation neuro-linguistique

Quelle est votre conscience de votre degré d’ignorance ?

Comment les « nuls » peuvent-ils avoir la prétention d’apprendre le leadership me direz-vous ? Selon le Larousse, la nullité est le « caractère de ce qui est nul, sans valeur, sans aucun mérite, sans aucun talent ». Une caractéristique qui pour moi ne s’applique pas à une personne, mais à des comportements. Je n’ai pour ma part jamais rencontré de personnes nulles, mais je connais bien des personnes dont les modes de pensée les amènent à agir de façon fort critiquables. La nullité est la caractéristique d’un comportement ou d’une carte mentale appauvrie, et non d’une personne. Une caractéristique parfois auto-attribuée (« je suis nul ») ou attribuée par les autres et qui s’applique au savoir. Le sage Socrate disait : “La seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien”, soulignant ainsi que l’infinité des choses à connaître supplante l’infime partie des choses effectivement connues par un humain, cette infime partie pouvant être alors considérée comme le degré zéro, le nul (l’absent), le rien ou néant. Ainsi, puisque je ne sais pas tout, c’est que je ne sais rien. Je prends la liberté de considérer qu’il y a deux grandes tendances en matière d’ignorance, avec bien sur des situations intermédiaires. Et nous verrons que chaque forme d’ignorance va trouver son contexte d’utilité.

Les différentes formes d’ignorance

Le premier type d’ignorance est celui d’une « nullité » fermée et égotique. La personne croit tout savoir donc ne sait pas qu’elle ne sait pas (dans un domaine précis). Si elle est inconsciente de son ignorance, elle a tendance à croire qu’elle sait tout et qu’elle détient la vérité vraie. Elle n’écoute pas les autres mais affirme ses convictions. Ce type d’ignorance est un état d’enfermement des capacités d’apprentissage. En s’agrippant à une croyance selon laquelle il sait tout, non seulement l’individu fige son processus d’apprentissage, mais il fait subir aux autres son ignorance. Il va marteler ses certitudes dans la tête des autres, jusqu’à ce que ces autres se rebellent, se soumettent ou laissent glisser. C’est pas loin d’un état de constipation ou de sévère état de blocage neuro musculaire dans lequel la personne pousse très fort pour évacuer un trop plein d’angoisses déguisées en certitudes. Dans ce cas il y a de bons et gros morceaux de nullité car la personne sabote toute possibilité d’apprentissage dans l’échange et l’interaction. Si votre boite à apprentissage est pleine de certitudes, il y a en effet plus le moindre interstice pour que la lumière des idées nouvelles puisse s’infiltrer. Et pourquoi écouter les autres, apprendre des autres lorsqu’on est convaincu qu’on sait mieux que les autres ?

Le second type d’ignorance est celle d’une nullité « ouverte » ou systémique. C’est celle de l’humilité, et le « haut de gamme » de l’ignorance comme celle de Socrate ou de Gandhi. La personne a conscience que l’étendue de ce qu’elle ne sait pas est considérable par rapport à ce qu’elle sait. Dans ce cas là, l’ignorance est une stratégie d’apprentissage, qui peut être inconfortable pour l’égo qui va protester vivement en disant « comment survivre si je ne peux plus m’accrocher à ce que je sais ? » Je vous rassure personne n’est mort d’avoir donné du mou à son égo. L’attitude efficace est de décider, dans certaines situations, de se mettre dans un état de non-savoir pour mieux laisser rentrer de nouveaux savoirs. Dans un état de non-savoir, la personne modifie ses filtres de perception pour laisser rentrer les idées nouvelles. Dans une interaction, le partage va enrichir les deux interlocuteurs. Si vous partagez un billet de 10 euros, vous partez chacun avec un demi billet, mais si vous partagez des idées, vous partez chacun un peu plus riche, avec vos idées plus celle des autres et probablement quelque chose qui nait des interactions des deux idées.  Don Juan, indien Yaqui et personnage des ouvrages de Carlos Castaneda, aurait révélé à de dernier son identité de sorcier et aurait prétendu avoir reçu la connaissance chamanique du fonctionnement de l’univers par une longue lignée de Naguals, dont le pouvoir était de changer d’état de conscience et de devenir un « homme de connaissance », capable de vivre en parfaite symbiose avec les forces de l’univers.

Don Juan disait que les plus grands sorciers au monde sont les nouveaux nés, car ils sont dans un état « nerk nerk » d’absence de préjugés sur leur état de savoir et leur potentiel d’apprentissage. Leurs filtres de perception sont grands ouverts pour recevoir ou s’imbiber de la connaissance du monde. Ils apprennent par imitation (ou modélisation intuitive selon la PNL) des modèles à leur disposition. Ils sont capables d’apprendre plusieurs langues en même temps, le leadership et le processus d’influence. L’état de non savoir est « l’état sorcier » de la modélisation intuitive ou de l’apprentissage inconscient. Il consiste à se centrer, activer un état physiologique propre à l’apprentissage, et surtout se taire et faire taire son dialogue interne. Une formation PNL au New Code de John Grinder et Judith Delozier (voir le praticien PNL) vous apprendra à vous mettre dans l’état nerk-nerk du non-savoir du sorcier.

Voici ce que dit Bernadette Lecerf-Thomas, spécialiste des neurosciences, à propos de l’ignorance «  Surprise, passé le moment désagréable de cette prise de conscience qui peut heurter notre ego, la découverte de notre ignorance présente de nombreux avantages. Une stimulation de notre curiosité, le plaisir de l’émerveillement de la connaissance, l’envie de faire autrement… Toutes sortes de plaisirs qui donnent un coup de jeune au cerveau du blasé. Avoir tout vu, tout connaître et affirmer sans cesse que l’on a raison est, somme toute, assez fatigant pour soi et pour les autres. En prime, si vous souhaitez fabriquer de nouveaux neurones tout au long de votre vie, il paraît qu’apprendre est une condition de réussite ! »

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