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« Ce que l’homme cherche jusqu’à l’angoisse dans ses lieux, dans son art, dans sa science, c’est la signification. Il ne supporte pas le vide. Il verse du sens sur les événements, comme du sel sur ses aliments ».  F. Jacob auteur de la Statue Intérieure. Pour Francisco Varela un neurobiologiste chilien qui a révolutionné les sciences cognitives, trois moments « stellaires » marquent l’histoire de la connaissance : a) la capacité de connaître le monde vient du système neuronal propre à toutes les espèces vivantes (ou boucle sensorimoteur) qui permet le couplage avec l’environnement et l’émergence des significations ; b) la capacité de changer qui vient d’une plasticité biologique, qui n’est pas partagée par toute les espèces (les humains changent plus que les insectes), et qui permet des transformations structurelles profondes ; c) la capacité de faire des distinctions dans un système très symbolique très ouvert, vient de l’invention du langage et permet le couplage des individus à l’intérieur d’une espèce, pour la coordination d’actions. Ces trois éléments constituent l’espace cognitif conscient dans lequel nous habitons. Francisco Varela décrit les trois pièges humains de son évolution : a) le piège de la certitude qui est chez l’homme la racine du dogmatisme et de l’inflexibilité dans un monde naturel fluide et flexible ; b) le piège encore plus humain de la séparation de la rationalité et des émotions alors que ce sont des choses inséparables ; c) Le piège de l’illusion de la rationalité pure, car nous n’aimons pas nous sentir responsables de nos émotions (Un piège très européen et très français). Les solutions aux problèmes d’un monde qui change viendront des capacités de flexibilité et de changement qui nous sont données. Grâce à ses capacités de connectivité, le cerveau peut éviter de s’enfermer dans un déterminisme par manque de souplesse. Le fonctionnement neuronal nous donne l’exemple d’un comportement qui privilégie l’initiative sur la passivité, l’ouverture d’esprit sur l’étroitesse, la collaboration sur la concurrence, la souplesse sur la rigidité, l’autonomie sur la dépendance, le questionnement sur la croyance autoritaire. Ces défis ne sont pas seulement ceux de l’éducation mais du système économique et politique. Sans cette capacité de flexibilité on va vers la fragmentation sociale, aux guerres civiles au dogmatisme, au nationalisme.

https://youtu.be/Ll6yz6sj3go

Lorsqu’on demande à Francisco Varela comment l’homme est-il équipé pour aborder la complexité du monde, il répond que la question doit être inversée car la complexité du monde est fonction de la situation biologique de l’individu. IL faut  donc se demander quelle est la situation biologique d’un individu, qui fait qua la complexité est possible ? Tous les animaux, y compris l’homme sont organisés en une boucle sensorimoteur, c’est à dire un cycle de perception et d’action. Cette boucle, qui est la logique fondamentale du système neuronal, permet au vivant de se coupler avec ce qu’on appelle l’environnement. C’est dans ce couplage qu’émerge toute la complexité du monde. L’histoire de la vie n’est qu’une variation (hormonale, cognitif…etc) de ce thème fondamental. Si le monde est dépourvu d’étiquettes, nous ne cessons d’étiqueter, de classer, de catégoriser les objets, les autres personnes et nous même. Le monde ne se présente pas comme porteur de significations. Les étiquettes émergent au cours de notre histoire biologique qui remonte à des milliers d’années et aussi de notre histoire personnelle. Le cerveau a une fonction organisatrice qui nous permet de croire que nous pouvons mettre de l’ordre et de la continuité dans le monde qui nous entoure. La vie a construit un système neuronal doté de cette activité unique à donner des significations pour « stabiliser les régularités ». Dans l’histoire du système neuronale, on retrouve un désir de stabiliser le monde et une passion à constituer des significations. La fonction la plus fondamentale que partage les humains et les animaux est cette fonction désirante, qui est insérée dans la structure même de la vie.

N’importe quel couplage  entre un système neuronal et l’environnement va donner naissance à système de signification,  ce qui signifie que le système neuronal va systématiquement inventer un monde. Il reste bien sûr à savoir si ce couplage est réussi ou pas.

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