Le monde de la santé est en crise, car il doit faire face à de nombreux défis sanitaires, humains, sociaux et économiques. L’explosion des maladies chroniques, due partiellement au vieillissement de la population, aux maladies environnementales et surtout aux habitudes de vie inappropriées, incite les systèmes de soins à adopter de nouvelles stratégies. Celle d’une meilleure prise en charge thérapeutique, mais aussi celle de la prévention, de l’éducation thérapeutique, des approches intégratives centrées sur le patient. Et les patients sont appelés à être des patients experts et des partenaires actifs des décisions thérapeutiques les concernant, et à assumer plus de responsabilités dans l’amélioration de leur état de santé. Le coaching de santé constitue l’une des réponses individuelles aux nouveaux besoins de santé du monde actuel. De même qu’un coach sportif peut aider l’athlète à se développer et à exceller dans un sport, un coach de santé peut aider une personne à améliorer son niveau de santé et de bien-être et sa qualité de vie, même ou surtout si elle est atteinte de maladies chroniques.
Le coaching de santé, une approche complémentaire aux interventions médicales conventionnelles, peut être défini comme une démarche centrée sur le patient, dans laquelle celui-ci détermine au moins partiellement ses objectifs, utilise des processus d’auto-découverte ou d’apprentissage actif pour travailler à la réalisation de ses objectifs. Le patient auto-surveille ensuite ses comportements afin de renforcer sa responsabilisation, le tout dans le cadre d’une relation interpersonnelle avec un coach (Wolever et al., 2010).
Cette définition esquisse les différences clés entre le champ d’intervention du coach de santé, celui des professionnels de santé et celui des psychothérapeutes. Le coaching de santé s’inscrit dans une démarche complémentaire à celle de la médecine conventionnelle et en aucun cas une alternative à l’approche biomédicale des professionnels de santé. La démarche du coaching de santé peut suivre deux directions :
Soit contribuer à rétablir un état de santé perturbé par une maladie chronique. Le coaching de santé a alors pour objectif un changement d’habitudes de vie, en particulier celles qui le plus contribué à l’apparition de la maladie.
Soit contribuer à construire, renforcer ou promouvoir la santé. Promouvoir la santé consiste à doter les individus et groupes, de la capacité à s’adapter et à se prendre en charge face aux changements environnementaux, physiques, émotionnels et sociaux qu’ils peuvent rencontrer au cours de leur vie. Si la pathogenèse de la médecine conventionnelle se focalise sur les causes des maladies (biologiques, comportementales, sociales, psychologiques…) et leurs traitements ; la promotion de la santé repose sur la salutogenèse c’est-à-dire le développement des facteurs qui favorisent la santé humaine et le bien-être.
L’émergence du métier de coach de santé correspond à de profonds changements médicaux, sociaux et économiques du paysage de la santé.
Le vieillissement de la population et l’explosion des maladies chroniques
Notre époque est marquée par l’allongement de la durée de vie et l’explosion des maladies chroniques. Nous mourrons de moins en moins de maladies aigues comme au début du siècle dernier, mais des conséquences des maladies chroniques, de plus en plus fréquentes chez les personnes âgées (1), mais aussi chez les jeunes. Ces maladies chroniques résultent des choix que nous faisons en matière d’alimentation, d’activité physique, de sommeil, d’addictions, de gestion du stress, de relations sociales. Ces choix peuvent grandement influencer notre potentiel à vivre longtemps en bonne santé. La plupart des maladies chroniques peuvent être prévenues, car elles ne sont pas dues à des causes génétiques (2) mais à des facteurs environnementaux et comportementaux. D’un point de vue théorique il suffit donc d’informer et d’inviter les populations à modifier leurs habitudes de vie. C’est ce que font déjà les professionnels de santé et les campagnes de santé publique, avec des succès fort mitigés, car les changements d’habitudes de vie ne sont pas simples à mettre en œuvre.
Le changement d’habitude de vie doit être accompagné
Les changements de comportements ne se prescrivent pas, mais s’accompagnent. Etre conscient des conséquences de ses mauvaises habitudes de vie sur sa santé ne suffit pas pour les modifier durablement. Accompagner un changement de comportements s’appuie sur un socle de compétences spécifiques : par exemple établir un cadre de partenariat, apporter un soutien relationnel, clarifier des motivations à changer, les obstacles, responsabiliser et autonomiser, mettre en place un plan d’action, évaluer les progrès réalisés. Accompagner un changement de comportement implique une modification de la relation soignant-soigné avec un transfert de pouvoir au patient, car lui seul est en mesure de décider de changer, d’activer les ressources nécessaires à la réalisation des buts recherchés. Les médecins ne sont pas formés à travailler en collaboration avec leurs patients et n’en n’ont pas le temps, compte tenu des modalités de leur rémunération.
Pour comprendre les distinctions entre les interventions du coach de santé de celles des professionnels de santé, il convient de mettre en parallèle les caractéristiques clés de chacune des activités. Ces points de distinction soulignent leur nécessaires complémentarités.
Les spécificités des interventions médicales et des coachs de santé
Les interventions du professionnel du soin visent à réparer un organe ou rétablir une fonction, en posant un diagnostic précis et en prescrivant un traitement approprié. L’intervention est ciblée sur un organe ou un système (digestif, cardio-vasculaire, neurologique…) et les ressources thérapeutiques sont du ressort du soignant, c’est-à-dire externe au sujet. La contribution du patient se limite à la bonne observance du traitement. La pratique des professionnels du soin est règlementée.
Les interventions du coach de santé ne cherchent à réparer un organe ou une fonction, ni à développer une performance, mais à redonner au sujet son sentiment d’intégrité (être un tout complet) par une meilleure congruence corps-esprit. L’intervention prend en compte l’histoire unique de la personne, dans tous les aspects de sa vie (biologique, psychologique, culturel, social). Le symptôme est considéré comme un message à propos des relations dysfonctionnelles au sein du système de vie du sujet, relations à soi, aux autres ou au monde. Les ressources des changements attendus sont internes au sujet, et ce dernier est invité à prendre la responsabilité des changements souhaités. L’expertise du coach de santé est relationnelle, motivationnelle, globale et systémique, cognitive et comportementale. La relation est collaborative et participative, le client prenant la responsabilité de définir ses buts et objectifs, les changements comportementaux qu’ils impliquent, et les ajustements qui s’imposent. Le client est invité à devenir un bon chef de projet de sa santé. L’acquisition des compétences de coach de santé nécessite une formation de quelques semaines ou de quelques mois, et l’exercice du métier n’est pas règlementé.
Les différences entre coaching de santé et psychothérapie
Il existe des chevauchements entre les deux approches qui partagent souvent les mêmes cadres théoriques et les mêmes outils, et qui accordent la même importance à la qualité de la relation. Il existe cependant quelques différences clés. La durée des formations se mesure en années pour les psychothérapeutes et en semaines ou mois pour les coachs de santé. La première est réglementée, l’autre plus récente ne l’est pas.
Le coaching de santé s’adresse à des personnes dont les ressources internes sont suffisantes pour pouvoir participer activement au processus de changement, par exemple en définissant des buts de santé et de vie, les ressources pour y parvenir, les obstacles qui peuvent survenir, et en prenant la responsabilité de ses actes et des résultats. Ce qui signifie que le coaching de santé ne s’applique pas aux situations dans lesquelles les ressources mentales et émotionnelles du sujet ne peuvent être mobilisées. Ce qui exclut les maladies aigues et infectieuses, les jeunes enfants, les sujets souffrant de déficiences mentales, de psychoses et de névroses sévères.
La psychothérapie s’adresse à des patients souffrant de troubles mentaux répertoriés dans le Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux (DSM). La psychothérapie est un acte de soin qui s’adresse à des patients dont le dysfonctionnement mental altère leur vie quotidienne. Pour aider le patient à retrouver un état de fonctionnement antérieur, le psychothérapeute pose un diagnostic, prescrit un plan d’action et fixe l’agenda de ses interventions.
Quel est le cadre d’intervention du coach de santé ?
Le coaching de santé n’est donc pas un acte médical. Rappelons que le coach de santé ne pose pas de diagnostic, ni ne cherche à soigner un symptôme, mais il intervient en complément de l’acte médical, par exemple dans la mise en œuvre des recommandations médicales ou la facilitation des décisions des patients en matière d’habitudes de vie. Les pratiques du coach de santé s’inscrivent dans le cadre d’un code de déontologie, qui définit son champ d’intervention spécifique par rapport à celui des professionnels du soin, et dans le respect des compétences de chacun. Un contrat précise les modalités d’intervention (objet, durée, tarifs, limites, interruptions…)
Les coachs en santé sont formés à des approches du changement de comportement qui trouvent leurs sources dans différents courants de pensée. En voici quelques-unes à titre d’exemple :
La psychologie positive (Martin Seligman 1988) : elle étudie, dans une démarche scientifique, les ressources des individus, ce qui va bien chez eux, leurs potentiels positifs, ce qui leur permet de développer un sentiment de bien-être et d’accomplissement, et de faciliter les changements comportementaux.
La promotion de la santé (A. Antonovsky 1970). La salutogénèse cherche à comprendre ce qui produit la santé et les moyens de la renforcer. La santé se crée à partir d’une interaction dynamique constante entre facteurs de stress (défis) et facteurs de protection (solution et ressources). Le facteur déterminant est le sentiment de cohérence dont le développement repose sur des compétences cognitives (comprendre les stimuli qui génèrent le symptôme) comportementales (accéder aux ressources appropriées) et motivationnelles (donner du sens au événements de santé).
L’entretien motivationnel (W. Miller, S. Rollnick, 1980) : Il vise le renforcement de la motivation et de l’engagement d’une personne pour atteindre un but spécifique en explorant les raisons propres à la personne, ceci dans un climat relationnel d’acceptation et de compassion.
L’approche globale et systémique (G. Bateson 1952 à 1962 et P. Watzlawick et col., 1962) : elle prend en compte la personne dans sa complexité et son unicité. Elle considère le symptôme comme une communication à propos d’un déséquilibre des interactions de l’individus avec lui-même (relations corps-esprit) ou avec le monde extérieur (relations interpersonnelles, mode de vie, environnement). On ne cherche pas à supprimer le symptôme, mais à en connaître le sens et à rétablir un nouvel équilibre plus adapté aux buts de vie de la personne.
La relation comme soin (C. Rogers 1942) : cette approche considère que la qualité de la relation entre le patient et l’intervenant constitue l’un des meilleurs prédicteurs du succès du changement. Le coach de santé n’est pas un simple observateur du système vivant mais en fait partie intégrante et il est en mesure de l’influencer grandement.
L’approche collaborative : elle positionne le client comme un partenaire du processus de changement, en renforçant la confiance, la conscience de soi, et l’autoréflexivité. Elle encourage le sujet à découvrir ses propres solutions et à développer les compétences dont il a besoin pour adopter de nouveaux comportements et devenir le principal moteur du changement.
Les compétences du coach de santé font l’objet d’un référentiel de compétences et sont validées par la délivrance d’une certification, à l’issue d’une formation ou de la validation des acquis de l’expérience. L’utilisation d’outils et de méthodologies facilitent la mise en œuvre des compétences du coach de santé. Par exemple, la Programmation Neuro-linguistique, l’Hypnose Ericksonnienne, les outils des Thérapies Cognitivo–comportementales, l’Approche Systémique, la psychologie énergétique…
Le coaching de santé intervient nécessairement en complément de l’acte médical. Ce qui signifie que le coach de santé s’assurera que le symptôme ou la maladie du patient a bien fait l’objet d’un diagnostic médical et d’un traitement, et que le sujet continue si besoin à bénéficier d’un suivi médical. Voici les situations qui peuvent bénéficier ou pas de l’intervention d’un coach de santé
Les situations aigues ou urgentes : elles impliquent des interventions diagnostiques et thérapeutiques rapides, souvent dans un cadre hospitalier, et elles sont du strict ressort des professionnels de santé et des technologies médicales de la médecine conventionnelle. Les interventions du coach de santé n’ont pas leur place dans ces situations.
Les situations médicales chroniques : l’intervention initiale et de suivi du clinicien peut être complétée, par celle d’un coach de santé. Ce dernier facilitera la mise en œuvre des recommandations médicales, en particulier ceux en rapport avec les changements comportementaux susceptibles d’impacter favorablement l’évolution des maladies chroniques. Par exemple la modification du régime alimentaire, l’amélioration du sommeil, la gestion du stress, la mise en place d’un programme d’exercice physique, l’arrêt du tabac, les addictions, ‘adaptation à un événement de santé (cardio-vasculaire ou un cancer) qui bouleverse la vie de l’individu, et le retour au travail.
Les personnes en bonne santé : Il n’est pas nécessaire de souffrir de pathologie chronique pour faire appel à un coach de santé. La demande peut concerner la prévention de maladies chroniques, le souhait de vieillir en bonne santé, la recherche d’un mieux-être et d’un meilleur équilibre de vie impliquant une dimension physique, psychologique, spirituelle, sociale et culturelle. La demande peut également concerner le développement d’une meilleure résilience ou robustesse personnelle, afin de pouvoir d’adapter et se prendre en charge face à la survenue des événements physiques (médicaux), émotionnels, sociaux culturels, et de continuer à mener la vie à laquelle ils aspirent.
La littérature scientifique sur l’efficacité du coaching de santé est riche de plusieurs centaines d’études cliniques sérieuses. On dispose de plus en plus de données probantes démontrant les bénéfices cliniques du coaching de santé, même si des travaux complémentaires et des éléments de preuves plus solides s’avèrent nécessaires pour certaines pathologies. Pour ceux qui veulent avoir une vue assez complète de ces travaux cliniques pourront consulter l’article « L’efficacité du coaching de santé et bien-être » du Dr JL Monsempès (4).
Pour le Dr Peter Grinspoon, de la Harvard Medical School (5), le coaching de santé « entraîne des améliorations cliniquement pertinentes de multiples facteurs de risque, notamment la pression artérielle systolique et diastolique, les lipides sanguins (cholestérol total, LDL, HDL, triglycérides), la glycémie à jeun, le poids corporel et l’indice de masse corporelle, le tour de taille et l’état cardio-respiratoire, dans diverses populations ». P. Grinspoon cite également une étude (6) montrant l’efficacité du coaching de santé dans l’amélioration de la qualité de vie des patients et la réduction des admissions à l’hôpital chez des patients souffrant de Bonchopneumopathie Obstrutive. Chronique.
Le coaching de santé, un métier d’avenir
Le coaching de santé est un métier émergent qui a débuté il y a environ 20 ans en Amérique du Nord, et qui se développe progressivement en Europe car il répond à de réels besoins. Entre les recommandations médicales en matière de changements d’habitudes de vie et leur mise en œuvre réelles par le patient, se trouve bien souvent un fossé important. Combler ce fossé nécessite des compétences relationnelles pour motiver, responsabiliser, autonomiser que ne possèdent pas les professionnels du soin mais qui sont du domaine d’expertise des coachs de santé. Du fait de la forte augmentation des maladies chroniques et de l’obésité dans de nombreux pays, mais aussi des risques liés à pandémie actuelle du covid 19, le public est de plus en plus sensibilisé à la nécessité de prendre sa part à l’amélioration de leur santé. Pour les observateurs économiques, le secteur du coaching de santé est considéré comme très dynamique. Une étude portant sur l’évolution du marché mondial du coaching de santé et de bien-être (7), montre que ce secteur économique devrait bénéficier d’une forte croissance. Le marché mondial qui était de 12,7 millions de US$ en 2019 devrait être de 22,7 millions US $ en 2028, soit une croissance de 6,7 % par an. Le coaching de santé à distance devrait représenter 80 % des coaching.
L’Amérique du Nord représente une grande part de ce marché (42,58 %) en 2019, ce qui peut s’expliquer par les particularités des systèmes de soins dans ces pays. Puis on trouve l’Europe (24,72%) et l’Asie-Pacifique (6,9%). Aux USA on estime à 140 000 le nombre de coachs de santé. Les principaux prescripteurs du coaching de santé sont les professionnels de santé et les cabinets médicaux, les entreprises qui souhaitent améliorer la santé et le mieux-être de leurs salariés, les assureurs et mutuelles de soins santé, les centres de rééducation, de remise en forme et de bien-être (Thermalisme, Thalassothérapie…)
Pour vous former :
Sources
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