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Les clés pour tirer le meilleur de la supervision de coach

Par Michaël Ameye avec la contribution de Florence Vitry

1.    Pourquoi se faire superviser en tant que coach ?

Au-delà d’une obligation déontologique, la supervision occupe une place particulière dans la vie d’un coach.

Tout d’abord, la supervision apporte un moment de recul et d’analyse de sa pratique et de ses enjeux personnels dans le rôle de coach. Coacher sans supervision, c’est un peu comme rouler en voiture sans faire d’entretien mécanique. Remettre en question ses pratiques rentre dans une démarche professionnelle saine qui est commune à toutes les professions.

Ensuite, cela permet d’apprendre doublement :

D’une part se retrouver dans la peau du coaché. La deuxième position perceptuelle en PNL renforce l’empathie et l’intelligence relationnelle en général. En prenant la position de coaché durant la supervision, vous pouvez sentir en le vivant de l’intérieur des approches parfois très différentes de vos habitudes de coach. Vos ressentis vous guident pour être encore plus attentifs à ceux de vos clients.

D’autre part, vous apprenez par l’échange avec des pairs (en supervision de groupe) ou par l’expérience de votre superviseur.se (en supervision individuelle). La richesse de la supervision dépend de la différence de représentation et de repères (carte du monde) entre vous et votre superviseur et de votre capacité à vous ouvrir à de nouvelles choses.

Enfin, comme tout grand leader, à l’instar de Ghandi qui ne voulait pas vivre dans sa maison tout confort tout en guidant des personnes des chancres urbains, il est important de montrer l’exemple. Même si votre client ne sait pas que vous vous faites superviser, le fait d’entreprendre cette démarche influence inconsciemment votre rapport de guide avec vos clients.

2.    Qu’est-ce que la supervision en coaching apporte concrètement ?

La supervision offre un cadre de développement à plus d’un titre :

  • Instituer un moment pour revenir à soi : il est précieux, pour un coach qui écoute les autres, de s’écouter soi ou de prendre soin de soi
  • Réfléchir à son respect du cadre de sécurité et d’éthique pour le bien de ses clients : il est très « naturel » de devenir plus client que le client (selon l’expression de l’école de Palo Alto), de rentrer en résonance avec le vécu de son client, de rentrer dans des jeux psychologiques invité par le client. La supervision permet d’identifier ces situations et d’aider à mettre en place des « garde-fous » pour l’avenir.
  • Avoir un reflet bienveillant de ses pratiques en général : le superviseur a pour rôle de vous confronter à votre fonctionnement « habituel ». Cela vous permet de vous conscientiser de votre noyau, potentiel, de vos limites et frontières et enfin, de vos « faiblesses » et de votre « ombre » ou zone aveugle.  Tout cela dans un cadre de sécurité et de bienveillance.
  • Développer sa créativité et son agilité : L’accompagnement d’un client en coaching, c’est un peu comme guider quelqu’un dans un nouveau territoire jamais exploré auparavant. Vous avez des outils et des stratégies mais vous ne savez pas du tout où tout cela vous mènera. Au service de votre client, vous avez la responsabilité à la fois de le suivre et de le mener dans la direction où une partie veut aller et une autre a envie de rester bien tranquille « à la maison ». Accompagner ce genre de processus requiert une grande agilité mentale et relationnelle. La supervision apporte ce petit plus.
  • Apprendre de nouvelles pratiques : Dans la plupart des cas, les superviseurs sont des coachs eux-mêmes, ils sont également supervisés. Il est donc fréquent que le superviseur amène une méthode, un concept, une idée. La supervision n’étant pas que du coaching, un partage de pratique, un conseil d’expérience font partie des apports de celle-ci.
  • Développer sa congruence : la supervision permet également de recevoir un feedback sur sa posture de coach. Petit à petit, devenir encore plus soi-même, authentique et vulnérable dans la relation au coaché.
  • Développer sa vision systémique : Le client n’est pas seul dans le cabinet de coaching. Il/elle vient avec tout son système. La supervision est un moment pour faire le point sur sa capacité à entrevoir, ressentir le système des clients.

3.    Comment se déroule la supervision ?

Il y a deux formes de supervision : en individuel ou en groupe. C’est un choix personnel, d’aucuns pourront relier ce choix à l’orientation de la préférence Introversion/Extraversion de Jung.

Voici un tableau synoptique présentant les deux approches. 

IndividuelEn groupe
Durée et fréquenceSéance de coaching Recommandation de fréquence :             Mensuelle  Une demi-journée Par groupe de 5 à 6 personnes Recommandation de fréquence :             4 à 6 par an
ProcessusCoaching assez classique avec une position plus confrontante de la part du superviseurTour à tour chaque participant énonce un cas, une question, une difficulté et le groupe contribue. Un processus de type Co Développement fonctionne très bien. D’autres processus de Mastermind sont également très porteurs
AvantagesTravail en profondeur Approche sur mesureApprentissages riches Soutien puissant du groupe  
InconvénientsAttention à la routine ! Il est important de se poser la question : qu’ai-je retiré de cette séance ?  Quels apports concrets ? La richesse dépend de votre propre ouverture et de l’expertise du superviseur.Difficulté à aborder des situations plus « personnelles » face à un groupe. La richesse dépendant de la qualité du groupe

Il est bien sûr tout-à-fait possible de s’inscrire dans les deux démarches. Dans ce cas, les fréquences du tableau ci-dessus doivent être aménagées.

4.    Conclusion : Quels sont les effets à long terme de la supervision ?

Je choisis pour répondre à cette question de partager mon expérience personnelle :

Coach depuis plus de vingt ans, je suis passé par 3 superviseurs avant de trouver celui qui me convient. Je participe de manière plus occasionnelle également à des supervisions de groupe. Je supervise moi-même en individuel et je facilite des ateliers de co-développement pour coachs.

A partir de cette expérience double, je résumerais les effets à long terme de la supervision en ces quelques points :

  • Plus d’humilité : jeune coach j’ai parfois péché d’arrogance et de toute puissance. La supervision m’a aidé à prendre la juste mesure de mon rôle.
  • Plus d’authenticité : Dans les premières années, mon « sois parfait » m’a joué énormément de tours.  Je voulais présenter une image de perfection et d’exemple, être un parangon pour mes clients.  J’ai appris qu’être moi-même est un levier bien plus puissant que de jouer un rôle
  • Plus de rigueur : En écoutant mes collègues coachs et en étant confronté à mes limites, j’ai appris à utiliser certains cadrages de manière systématique.  Mon mode Rebelle (PCM) ou « énergiseur » a mis son amour de la liberté au service des clients. Toute la liberté possible dans un cadre de sécurité !
  • Plus de souplesse : même entre coachs formés à la PNL, nous utilisons des protocoles similaires de manière parfois très différente. La richesse naît de ces échanges. J’ai appris à me détacher des « protocoles » pour les combiner et les aménager en fonction des besoins de la situation.
  • Plus de modèles : Je continue régulièrement à m’intéresser à d’autres approches. Les partages avec mes pairs et mon superviseur actuel qui a une connaissance très riche du fonctionnement de l’être humain ont contribué à enrichir ma boîte à outils de manière significative. Le coaching somatique et génératif est devenu ma pratique principale.
  • Plus de détachement : J’ai parfois abusé de la deuxième position de perception dans les premières années de coaching. J’ai transféré et subit des rétro-transferts.  J’ai été bousculé dans mes croyances et mes valeurs. Aujourd’hui, j’aborde les séances avec une curiosité très profonde, un état de « Je ne sais pas grand-chose », un cœur rempli de bienveillance, une attention très prononcée au langage du corps et à l’intégration « dans les muscles ». Mais surtout, je laisse mon client prendre le chemin à son rythme et à sa manière, mon rôle est beaucoup plus effacé qu’il y a vingt ans.

En espérant que cela vous inspire !  N’hésitez pas à partager vos propres expériences

Quelques lien utiles :

Atelier de supervision des pratiques de coaching

Voir aussi : La supervision de coach stratégie gagnante

Voir aussi : Les outils du coaching et le sac de Mary Poppins

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Consultant, Coach, Formateur en Leadership, Intelligence collective et entrepreneuriat. Ingénieur Chimiste. Après un parcours dans la consultance technologique, il devient consultant interne en développement des compétences avant de cofonder la société Egregoria. Maître Praticien PNL (Robert Dilts et Judith Delozier, NLPU) et formé à l’Analyse Transactionnelle, à l’Approche Systémique, à la gestalt et à diverses approches psychocorporelles. Il est 6ème Dan d’Aïkido et intègre les bénéfices de sa pratique dans son approche des leaders et des organisations. Michaël a été formé en tant que Formateur en PNL par Robert Dilts et Judith Delozier (NLPU). Michaël accompagne les organisations dans le développement de l’intelligence collective par un changement de posture des dirigeants. Il a développé une véritable expertise dans la pédagogie active et l’apprentissage actif en ligne. Il accompagne les projets de digitalisation de la formation en tant que technopédagogue.