Nous contacter

78 avenue du Général Michel Bizot
75012 PARIS

Nous appeler

Une “double contrainte” est un type particulier de conflit qui crée une situation “non-gagnante” ; c’est-à-dire, une situation dans laquelle on est “damné si vous le faîtes, et damné si vous ne le faîtes pas”. Pour l’anthropologue Gregory Bateson qui le premier a défini la notion de double contrainte, ces conflits sont à l’origine à la fois de créativité et de psychose. Ce qui fait la différence, c’est la capacité ou non à identifier et dépasser la contrainte de manière appropriée. Bateson illustrait la nature essentielle de la double liaison à travers l’exemple du “pain-et-papillons” de l’histoire pour enfants “Alice au pays des merveilles”. Les “pain-et-papillons” étaient des créatures dont les ailes étaient faîtes de fines tranches de pain et de beurre, et dont la tête était un morceau de sucre. Voyant la créature pour la première fois, Alice demanda: “Et de quoi vit-elle ?” On lui dit qu’elles se nourrissaient de “thé léger avec de la crème”. En considérant cela, Alice a remarqué un dilemme. Le thé dissoudrait le morceau de sucre, et donc la tête de la créature, et elle en mourrait. “En supposant qu’il ne puisse pas trouver de thé ?” demanda t-elle. “Alors elles mourraient, bien sûr”. Réfléchissant à l’impasse de la situation, Alice pensa que la créature devait souvent avoir du mal à survivre; “C’est toujours le cas”, lui dit-on.
Le « pain-et-papillons » est dans une double contrainte classique. Si elle ne trouve pas de thé à boire, elle mourra de faim. Mais si elle trouve du thé et le boit, le thé dissoudra sa tête et elle mourra. Ainsi, la structure essentielle d’une double liaison est la suivante :

Si vous ne faiîes pas A, vous ne pourrez pas (survivre, être en sécurité, vous amuser, etc.). Mais si vous faîtes A, vous ne pourrez pas (survivre, être en sécurité, vous amuser, etc.): ·

Les doubles liens se produisent assez fréquemment au quotidien. Considérez le dilemme du mari qui, quand il demande à sa femme ce qu’elle pense de certains sujets, obtient une réponse avec colère « ce n’est en aucun cas ses affaires ». S’il ne demande rien à son épouse, il est cependant critiqué pour “ne pas se soucier” de ses opinions. Du fait de son incapacité à séparer la signification des deux messages et à répondre de manière appropriée, il se sent un mari inadéquat.

Un autre exemple d’une double contrainte au «quotidien» est le dilemme auquel est confrontée une jeune femme par rapport à son petit ami. Après une agréable soirée ensemble, le petit ami de la femme demande : «Chez toi ou chez moi ?» L’implication était que la jeune femme devait choisir où ils allaient avoir des relations sexuelles. La jeune femme était dans une contrainte car elle aimait le jeune homme et sentait que si elle ne choisissait pas, elle risquait de perdre sa chance de futures relations avec lui, mais que, d’un autre côté, ce n’était pas son idée d’avoir des relations sexuelles, alors si elle choisissait, ce serait pour de mauvaises raisons. En outre, l’une des raisons pour lesquelles la jeune femme aimait le jeune l’homme, était parce qu’il avait dit qu’il aimait les femmes qui avaient des limites claires. Elle sentait donc que sa difficulté à prendre une décision était une preuve qu’elle n’avait pas de limites claires.

Les doubles liens se retrouvent également dans un cadre professionnel. Considérons la situation d’une personne dont la charge de travail est devenue tellement importante qu’elle n’est plus capable d’y faire face. Réaliser une partie de son travail signifie qu’une autre partie ne sera pas réalisée. D’un autre côté, ne pas faire cette partie du travail signifie que celle-ci ne sera pas faite. Dans les deux cas, la personne ne fait pas son travail. De nombreuses doubles contraintes possèdent un autre degré de complexité lorsqu’elles impliquent différents niveaux de processus qui créent un paradoxe et également un conflit. C’est-à-dire, ce que vous devez faire pour (survivre, être en sécurité, garder votre intégrité, etc.) à un niveau menace votre (survie, sécurité, intégrité, etc.) à un autre niveau. 

Les doubles contraintes sont liées à ce qui est connu sous le nom de “Catch-22”. Le terme “Catch-22” vient du roman de Joseph Heller (1961, film 1970). Le roman, qui avait tendance à être une satire sombre mais humoristique de la bureaucratie militaire, se déroule dans une unité de l’US Air Force pendant la Seconde Guerre mondiale. Le roman raconte les tentations de l’aviateur Yossariari pour échapper aux horreurs de la guerre : dans ses tentatives de sortir du combat, il se retrouve pris dans “Catch-22”, une réglementation mystérieuse qui est, par essence, un raisonnement en boucle. Yossarian découvre qu’il peut être disqualifié pour effectuer plus de vol et de missions s’il peut prouver qu’il est fou. Pour être libéré des services de l’armée en raison de la folie, il faut cependant demander à être libéré. Le «piège» est que si l’on demande à être libéré, cela présuppose que l’on est sain d’esprit parce qu’aucune personne sensée ne voudrait pas continuer de risquer sa vie. Par son refus de voler, Yossarian prouve qu’il est sain d’esprit.

Les doubles liens partagent souvent la qualité de la circularité illustrée par le “Catch-22”, et conduisent à un sentiment similaire de confusion et d’impuissance. Les doubles contraintes ont cependant des caractéristiques supplémentaires qui peuvent les rendre toujours plus difficiles. Les doubles liens les plus intenses surviennent dans le contexte de relations interpersonnelles importantes. Elles impliquent souvent ce qui semble être une lutte de pouvoir dans laquelle une personne essaie de «mettre mal l’autre personne».

Les ingrédients d’une situation de double contrainte

Dans son livre Steps to an Ecology of Mind (1972, pp. 206-208), Gregory Bateson résume les «ingrédients» essentiels d’une double liaison de la façon suivante :

  1. L’individu impliqué dans une relation intense dans laquelle il sent qu’il est d’une importance vitale de distinguer avec précision quel type de message est communiqué, de sorte qu’il / elle peut répondre de manière appropriée. Les types de relations à l’origine d’un double lien sont généralement des relations «complémentaires», dans lesquelles une personne est dans une «position de pouvoir»; c’est-à-dire parent-enfant, patron-subordonné, enseignant-élève, etc… Dans une telle relation, l’individu «dépendant» ne peut pas survivre ou obtenir ce dont il a besoin sans la participation ou la coopération de l’autre personne. La relation est donc «orientée vers l’autre». L’individu a besoin de plaire ou de répondre de manière appropriée à l’autre afin d’obtenir quelque chose de nécessaire pour survivre. La conséquence est que la personne en position de pouvoir est considérée comme “meilleure que” ou “plus capable que” l’autre, parce que la personne dépendante est “déficiente”.
  1. L’autre personne en «position de pouvoir» exprime deux ordres de message et l’un nie l’autre.
  1. Il y a une première injonction négative, par exemple, (1) “Ne fais pas X, ou je te punirai.” Ou (2) “Si tu ne fais pas X, je te punirai”. La punition n’a pas besoin d’être physique, elle peut être une désapprobation ou un abandon du fait d’un sentiment d’impuissance. Ainsi, l’individu évite constamment la punition plutôt que de chercher une récompense.
  2. Il y a aussi une seconde injonction en conflit avec la première à un niveau plus abstrait, et comme la première, imposée par des punitions ou des signaux qui menacent la survie.
  3. Ce second message est le plus souvent communiqué de manière non verbale. Et Il peut empiéter sur n’importe quel élément de l’injonction primaire. Par exemple a) «Ce n’est pas une punition». b) «Je ne suis pas le punisseur»(c) « Ne me soumets pas ». (d) “Ne pensez pas à ce que vous ne devez pas faire.” (e) “Ne questionne pas (mon amour/ mon intention) »
  1. L’individu «dépendant» est incapable de commenter les messages exprimés ou de faire des corrections sur l’ordre du message auquel il doit répondre ; c’est-à-dire qu’il / elle ne peut pas méta communiquer. Cela peut être du au fait que l’individu est confus ou manque de discernements pour reconnaître qu’il ou elle est dans une situation de double contrainte, ou parce que la méta communication n’est pas permise.
  1. Il existe une troisième injonction négative qui interdit d’échapper à la situation, du fait de situation de survie, d’amour, et de punition, etc. La «victime» et parfois l ‘«auteur» de la double contrainte sont incapables de «quitter le champ», se piégeant dans la situation et s’empêchant de prendre toute la distance ou la sécurité qu’implique la situation.
  1. C’est une expérience répétée, et pas un seul événement traumatique, de sorte que la double contrainte devient une attente habituelle.

Pour illustrer ces conditions, Bateson cite l’exemple d’un garçon qui avait été hospitalisé avec le diagnostic de «schizophrénie». Après un certain temps à l’hôpital, le garçon était devenu suffisamment stable pour pouvoir recevoir des visiteurs. Un jour, la mère du garçon vient lui rendre visite. En saluant son fils, la mère lui dit: «Que dirais-tu de donner un câlin à ta mère ? Le garçon met consciencieusement ses bras autour d’elle. En l’embrassant, la mère du garçon se raidit visiblement, apparemment mal à l’aise avec le contact physique. Répondant au message non-verbal de sa mère, le garçon retire ses bras, quelque peu confus. La mère demande alors : “Qu’est-ce qui ne va pas, n’aimes-tu pas ta mère ?”. Devenant encore plus confus et mal à l’aise, le garçon commence à se crisper et à détourner le regard. À ce moment-là, sa mère le réprimande: «Tu devrais vraiment apprendre à contrôler tes émotions.» L’interaction se poursuit de cette façon jusqu’à ce que l’anxiété du garçon s’intensifie, pour aboutir à un épisode violent pour lequel il a dû être physiquement interné.

Même si la situation n’est pas aussi dramatique que celle des sorcières de Salem, tous les ingrédients d’une double contrainte sont présents. La relation entre la mère et le garçon est clairement complémentaire. Le garçon a besoin du consentement et de la coopération de sa mère pour sortir de l’hôpital. La principale injonction négative est : “Si tu ne me fais pas de câlin, tu ne m’aimes pas (et donc tu n’auras pas mon consentement)”. L’injonction secondaire est la suivante: “Si tu ne fais pas un câlin, tu me mets mal à l’aise et je me retirerai (et donc tu n’auras pas mon consentement)”. Le garçon ne peut pas de lui même sortir de la situation et est incapable de s’exprimer à propos de la contrainte qu’il expérimente.

Il y a aussi un troisième message qui semble important et que Bateson a exclu de sa définition. Ce message est une communication de la part de la mère sur la réaction du garçon face à son dilemme. Son commentaire : «Tu devrais vraiment apprendre à contrôler tes émotions», implique que la source du problème réside dans l’incapacité du garçon à contrôler ses émotions et pas dans la propre incongruité de la mère. L’implication est la suivante : “Le fait que tu te sentes confus signifie que quelque chose ne va pas chez toi, tu es la cause du problème, de la confusion, etc.

Ce troisième message semble constituer une partie importante du modèle de double contrainte. L’autre interprète l’inconfort ou la confusion de l’individu comme un signe (1) d’incompétence ou (2) d’intention négative provenant d’une position de pouvoir de la part de l’individu qui vit la double contrainte (renversement de la réalité). Le troisième message se situe le plus au niveau de l’identité. L’implication étant que le sentiment de confusion de l’individu est une preuve de l’existence de quelque chose de défectueux au niveau de son identité. “Le problème de cette relation réside en vous”. “Vous ne vous souciez pas de moi”. “Vous vous jouez de moi”. “Tu devrais en savoir bien plus que ça”.

Prenons l’exemple apporté par Bateson, du livre pour enfants Mary Poppins. Dans le livre, les enfants Banks et Mary Poppins (qui est leur nounou) visitent un magasin de biscuits. En entrant dans le magasin, ils remarquent quelques enfants à l’air nerveux derrière le comptoir. Quelques instants plus tard, la mère des enfants arrive de l’arrière du magasin et leur demande d’une voix de réprimande : «Où sont vos manières, avez-vous offert un biscuit à nos visiteurs ?. Réalisant qu’ils vont avoir des ennuis, les enfants répondent : «Oh, non maman, nous allons leur donner un biscuit tout de suite». La mère dit alors d’une voix fâchée : «Et qui a dit que vous pouviez donner nos biscuits ?. Devant cela, les enfants derrière le comptoir deviennent visiblement angoissés. La mère continue à les humilier pour leur inconfort, en disant : «Regardez-vous en train de vous recroqueviller comme de petites souris, qu’est-ce qui ne va pas ?.

Encore une fois, il y a trois messages: 1) si vous n’offrez pas aux autres un cookie, vous avez fait quelque chose de mal ; 2) si vous leur offrez un cookie, vous avez fait quelque chose de mal ; 3) votre détresse de l’expérience de double contrainte est le signe que quelque chose ne va pas dans votre caractère. C’est ce troisième aspect de la double contrainte qui la rend la plus émotionnellement intolérable.

L’un des exemples les plus frappants de cette «triple épreuve » de la double contrainte est illustré par le film “Sophie’s Choice”. Dans le film, Sophie, une femme juive, est emmenée avec ses deux enfants dans un camp de concentration nazi. En pénétrant dans le camp, on lui dit que l’un de ses enfants doit être tué, et qu’elle doit “choisir” celui qui doit l’être. De plus, si elle ne choisit pas l’un d’entre eux, ils seront tous deux tués. Pris dans une double contrainte évidente, elle est incapable de prendre une décision. Alors que le gardien du camp commence à emmener les deux enfants, elle tente désespérément de sauver l’un d’eux en «choisissant» sa fille pour qu’elle meure à la place de son fils. En plus de la perte de sa fille, Sophie doit maintenant faire face au fait que sa fille est emmenée à la mort en sachant que sa mère l’avait «choisie».

Bateson affirmait que vivre dans un système familial ou dans un contexte social où l’on est constamment soumis à des doubles contraintes peut créer de grands stress émotionnels et contribuer à la survenue de certains types de problèmes psychologiques et même de maladie mentale. La suggestion de Bateson selon laquelle la double contrainte est un facteur possible du développement de la schizophrénie et de la psychose, reste critiquée. De nombreux psychiatres considèrent que les causes de la schizophrénie sont essentiellement d’origine physiologique et génétique. Dans la théorie de Bateson de nombreux reproches sont faits à la famille, et en particulier à la mère du patient schizophrénique.

Quel que soit la valeur de ces critiques, il reste cependant clair que les doubles contraintes peuvent créer un intense stress psychologique.

La résolution des doubles contraintes

Bien que les doubles contraintes soient assurément confrontantes, il est cependant possible de s’en libérer dans certaines circonstances et avec des moyens appropriés. Se libérer d’une situation de double contrainte peut venir essentiellement de la capacité à gérer chacune des «conditions » nécessaires pour produire la double contrainte. Cela implique de développer la capacité à : 

  • Réduire l’intensité ou modifier la nature de la relation qui provoque la double contrainte ;
  • Faire des distinctions dans les messages contradictoires ;
  • Faire des méta-commentaires ;
  • Filtrer ou neutraliser les messages négatifs sur l’identité ;
  • Trouver un moyen de «sortir du cadre » ;
  • Faire en sorte que cette situation ne puisse devenir une expérience récurrente.

Réduire l’intensité de la relation

Le premier moyen que nous avons pour gérer les doubles contraintes est de tenter de réduire l’intensité de la relation. Certains tentent souvent d’accorder moins d’importance à la relation à l’autre, ou à eux-mêmes. D’autres peuvent adopter la croyance que «cela n’a pas d’importance », ou «rien n’a d’importance ». Bien que ces stratégies soient efficaces jusqu’à un certain niveau pour alléger le degré de souffrance associé à une double contrainte, elles ont également des inconvénients évidents à long terme; comme de conduire à l’apathie et à l’engourdissement émotionnel. 

Un autre moyen de réduire «l’intensité » de la relation est de se dissocier des réactions émotionnelles.  Il est possible, par exemple, de déconnecter le chevauchement entre la vue, les sons et les sensations. En apprenant à ajuster mentalement les qualités (submodalités) des images et des mots, on peut commencer à modifier leur impact émotionnel. La programmation neuro-linguistique (PNL) apporte un certain nombre de méthodes (telles que le processus de dissociation VK et d’autres techniques de gestion d’état interne) qui peuvent permettre l’obtention de soulagement temporaires de situations émotionnellement traumatisantes. Encore une fois, c’est avant tout une solution à court terme. Rester dissocié pendant des périodes prolongées va créer d’autres types de problèmes et de symptômes.

La seule solution à long terme pour réduire l’intensité d’une relation de « une double contrainte » est d’établir une indépendance affective en développant une référence interne plus solide et par l’acquisition d’un sens plus clair de sa «première position » de perception. Ceci peut se réaliser en identifiant et en ancrant des ressources personnelles et en exerçant une intégrité émotionnelle – par l’utilisation de phrases commençant par «je» par exemple. Une personne peut également réduire le degré de «complémentarité » dans la relation, en atténuant le «pouvoir» détenu par l’autre personne, en devenant moins dépendante d’elle. Certaines personnes vont littéralement «se détacher » d’une situation particulière de double contrainte. 

Une façon de renforcer le sens de votre propre référence interne et de ses ressources personnelles consiste à s’exercer à faire des affirmations à l’égard de situations difficiles en utilisant le pronom «Je».

Je ressens—————————–     Je veux plus de ————————-
                     émotion négative                                                ressource

Par exemple, je suis en colère. Je veux plus de paix intérieure.

Je me sens contrarié et confus. Je veux plus de confiance.

De tels énoncés vous aident à changer pour ne plus être constamment en référence externe vis à vis de l’autre, et à éviter d’être puni de prendre vos responsabilités en étant en référence interne et en recherchant davantage de ressources personnelles. (Notez que le présupposé de vouloir “plus de quelque chose” est que vous en avez déjà.)

Une autre façon de renforcer votre auto-référence est de pratiquer des déclarations sous la forme suivante :

Je ressens  —————————  quand je vois ou j’entends   ——————————-   parce que je —————————–

                     émotion négative                                                       comportement                                         perception personnelle

 

Par exemple, je me sens en colère lorsque vous utilisez ce ton de voix parce que j’ai l’impression d’être accusé à tort.

Je me sens impuissante et effrayée quand tu me regardes avec cette expression faciale parce que je la perçois comme menaçante.

Il n’est même pas nécessaire de dire ces phrases à haute voix dans la situation problématique. Souvent, simplement en pratiquant, en clarifiant et en “s’appropriant” ses sentiments, son point de vue, ses perceptions et ses ressources, le défi émotionnel d’une interaction ou d’une relation particulière peut être considérablement atténué.

Faire des distinctions dans les messages contradictoires 

Une personne peut apprendre à distinguer les messages contradictoires en devenant plus consciente des incongruences dans la communication des autres. En particulier dans les incongruences impliquant des «méta-messages » non verbaux. (Par exemple, quand une personne dit «oui» en secouant la tête). Souvent, des personnes se retrouvent confuses ou coincées simplement parce qu’elles sont incapables de détecter ces doubles messages lorsqu’elles les reçoivent. 
Une bonne illustration des émotions possibles qui résultent de l’impossibilité de distinguer les messages contradictoires est celle de la «névrose expérimentale». La névrose expérimentale est un phénomène observé par Ivan Pavlov à la suite de ses expériences de conditionnement avec ses chiens. Le phénomène se produisait lorsqu’un chien, entraîné à distinguer deux stimuli, par exemple une ellipse et un cercle, était contraint à continuer à faire des distinctions alors que les stimuli se rapprochaient de plus en plus étroitement les uns des autres. Le cercle était rendu plus plat et l’ellipse était grossie jusqu’à ce que la distinction devienne impossible. A ce stade, les animaux pouvaient manifester des symptômes aussi extrêmes que le refus d’entrer dans la salle d’expérimentation, de refuser de manger, d’attaquer le dresseur, et même de rentrer dans un coma. De plus, non seulement l’aptitude des animaux à faire la distinction du cercle et de l’ellipse s’effondrait, mais tous les autres «réflexes» précédemment établis pour d’autres stimuli disparaissaient pendant plusieurs mois avant de revenir.

Ces types de symptômes sont également caractéristiques des individus pris au piège de la double contrainte. Pavlov expliqua les réactions en affirmant qu’elles étaient dues à un affrontement de réponses excitatrices et inhibitrices dans le système nerveux du chien puisque l’un des stimuli était conditionné pour déclencher la salivation tandis que l’autre devait déclencher la suppression de cette réaction.

Apprendre à mieux reconnaître et trier les émotions contradictoires est une compétence importante pour prévenir ou échapper aux situations de double contrainte. La PNL a développé de nombreux processus et exercices pour accroître la prise de conscience des incongruences et à mieux détecter les messages contradictoires.

De nombreuses doubles contraintes se retrouvent dans les énoncés, sans que la contrainte soit évidente parce qu’elle est présupposée, et qu’elle n’est pas entièrement formulée dans la «structure de surface» verbale de l’énoncé. Ces types de phrases constituent ce qu’on peut appeler un «virus de la pensée». À titre d’exemple, considérons une déclaration telle que «L’espoir fait mal». Si on adopte une telle croyance, on se met dans une position de choisir entre le désespoir et la souffrance. Aucun des choix n’est souhaitable. Cette double contrainte n’est cependant pas directement indiquée dans les mots eux-mêmes. Au contraire, c’est une conséquence implicite de l’acceptation de l’affirmation.

Un exemple classique de ce type de virus de la pensée à double contrainte est donné par le commentaire d’un médecin à un patient atteint d’un cancer du sein à un stade avancé. Ses médecins lui disaient que son cancer était à un stade trop avancé pour que la médecine puisse faire quelque chose. La femme était intéressée par l’exploration de méthodes alternatives de guérison qui pourraient lui offrir d’autres options. En entendant cela, le docteur a commenté, “Si vous vous souciez vraiment de votre famille, vous ne les laisserez pas sans préparation.” La double contrainte implicite de la déclaration du médecin est que vous devez choisir entre (a) «prendre soin de votre famille» en abandonnant et en les préparant à votre mort; et (b) potentiellement nuire à votre famille et agir égoïstement en tentant d’aller mieux. Encore une fois, aucune option n’est souhaitable.

Apprendre à reconnaître de telles doubles liaisons potentielles dans des énoncés simples est une étape importante pour être en mesure de les traiter de façon plus constructive. Considérons, par exemple, les énoncés suivants:

Cela ne va pas tel que vous êtes, mais vous ne pouvez pas changer.
Je fais cela pour vous donner une leçon, même si vous n’apprendrez jamais.
Je suis mécontent de la façon dont les choses se passent, mais elles ne feront que s’aggraver si j’essaie de changer quoi que ce soit.

Assurez-vous de pouvoir identifier les contradictions potentiellement contraignantes dans chaque commentaire. Essayez de trouver quelques-uns de vos propres exemples et écrivez-les.

L’un des défis de l’identification des doubles contraintes concerne les différents niveaux « d’injonctions » négatives: « Ne faîtes pas X ou vous serez punis” ou “Si vous ne faîtes pas X, vous serez punis”, ce qui place la personne en position de «constamment éviter la punition plutôt que de chercher la récompense». Être capable d’identifier et de trier ces types d’injonctions constitue une partie importante de la résolution des doubles contraintes. La façon dont ces injonctions sont structurées tend à limiter la perspective d’une personne, l’aveuglant sur des choix qui seraient évident si les options étaient présentées différemment.
Considérons, par exemple, l’interaction allégorique entre la sauterelle amusante, la fourmi responsable et son ami la chenille qui devient en double contrainte parce qu’il est placé au milieu.

Sauterelle : “Nous devrions faire une promenade dans les bois, parce que c’est amusant”.
Chenille : “OK”.
Fourmi : “Non, non, nous devons planifier l’avenir, car il est important d’être préparé”.
Chenille : “Oh.”
Sauterelle: Nah, ne vas pas planifier, ce n’est pas drôle”.
Chenille : “Hmm”.
Fourmi : «Écoute, tu ferais mieux de ne pas faire de promenade dans les bois, car cela nous rendra imprévisibles”.
Chenille : “Gosh”.
Sauterelle : “Si vous ne vous promenez pas dans les bois maintenant, vous ne vous amuserez pas et vous ruinerez ma chance de m’amuser aussi”
Chenille : “Oh mon dieu.”
Fourmi: “Si vous ne planifiez pas l’avenir maintenant, vous ne serez pas préparé et moi aussi, et cela ruinera les choses pour tout le monde.”
Chenille : “Eh bien, je …” Je ne voudrais pas … ”
Fourmi : “Votre indécision me cause d’être mal préparé et irrespectueux pour tout le monde, qu’allez-vous choisir ?”.
Chenille : “Je ne sais pas …”
Sauterelle : “Comment pourriez-vous me faire ça ?.
Sauterelle: “Imbécile !”.
Fourmi : “Imbécile !.

Remarquez que la façon dont l’interaction a été construite, la chenille est mise dans une contrainte dans laquelle la solution la plus évidente ne peut être considérée : que la fourmi, la sauterelle et la chenille planifient le futur pendant une promenade dans les bois.

La structure de ce dialogue de double contrainte est présentée ci-dessous :

Position l (Sauterelle)Position 2 (Fourmi)
Tu dois adopter le comportement X du fait du critère A.Tu dois adopter le comportement Y du fait du critère B.
Si tu adoptes le comportement Y, cela viole le critère ASi tu adoptes le comportement X, cela viole le critère B
Si tu n’adoptes pas le comportement X maintenant, tu n’obtiendras jamais le critère A.Si tu n’adoptes pas le comportement Y maintenant, tu n’obtiendras jamais le critère B.
Votre indécision viole le critère A   et signifie que vous êtes une personne mauvaise et inappropriée.Votre indécision viole le critère B   et signifie que vous êtes une personne mauvaise et inappropriée.

En plus des schémas du Méta Modèle de la PNL connus sous le nom d’opérateurs modaux de nécessité (devrais, dois, avoir à, etc.), ces injonctions contiennent aussi des violations du Méta Modèle relatives aux causes-effets (provoque, causes, entraîne, etc…), aux équivalences complexes (X signifie A) et aux quantificateurs universels (toujours, jamais, tous, tous, etc…).

Notez également le “troisième message”. En plus du fait qu’adopter l’un ou l’autre choix va être «mal» parce qu’il viole l’un ou l’autre des critères apparemment contradictoires, la confusion et l’incapacité de prendre la décision sont également perçues comme «mal», et génère d’autres problèmes.

Alors que notre exemple précédent impliquait deux parties créant une double contrainte pour un tiers, une telle structure peut créer tout aussi facilement une double contrainte entre deux personnes. Considérez le conflit suivant entre un parent hypothétique et son enfant adulte qui a du mal à quitter la maison :

Position 1 (Enfant)Position 2 (Parent)
Je dois quitter la maison pour être libreTu dois rester à la maison pour être responsable et prendre soin de moi.
Si je reste à la maison je serais coincé et pas libreSi tu quittes la maison, tu seras irresponsable et il n’y aura personne pour prendre soin de moi.
Si je ne quitte pas la maison maintenant, je ne serais jamais libre.Si tu ne reste pas à la maison maintenant, je ne vais pas survivre et ce sera ta faute (tu seras une mauvais fille/fils)
Mon indécision signifie que je suis une personne insensible.Ton indécision signifie que tu es faible et inapproprié.

Être capable de suivre et de trier ces types de conflits est une compétence importante à développer pour transcender efficacement et résoudre les doubles contraintes. Pour pratiquer cette capacité, choisissez une situation dans laquelle vous ou quelqu’un d’autre avez vécu une double contrainte. Utilisez la feuille suivante pour trier les injonctions qui créent la ‘contrainte’.

Si je le fais _____, ce n’est pas bien parce que______.

Si je ne le fais pas______, ce n’est pas bien parce que_____.

Mon incapacité à choisir est un problème parce que_____.

Un autre défi dans le tri des messages contradictoires, ou des injonctions, qui créent des liens contraintes, est que l’un des messages, comme Bateson le souligne, est à un niveau “plus abstrait” que l’autre. Apprendre à lire où à reconnaître ces messages «de niveau plus élevé » implique la capacité à mieux calibrer et interpréter les schémas de communication des autres. Cela implique également la prise de conscience qu’il existe, en fait, différents niveaux de communication. La capacité à faire la distinction entre les messages adressés à différents niveaux d’expérience (environnement, comportement, capacités, croyances, valeurs et identité) peut automatiquement aider à trier les différents niveaux de messages. Comme Bateson le soulignait, de nombreux problèmes de communication et d’interaction surviennent du fait de la difficulté à reconnaître l’existence de plusieurs niveaux d’expérience et de la confusion ou de l’effondrement de différents niveaux de communication ou d’expérience qui auraient dû être perçus comme distincts.

Le niveau auquel un message particulier s’adresse est souvent communiqué par différents méta-messages non verbaux. Considérons par exemple les différentes implications dans les messages suivants : 

«Tu ne devrais pas faire cela ici. »
«Tu ne devrais pas faire cela ici. »
«Tu ne devrais pas faire cela ici. » 

Selon le placement de l’inflexion vocale, le message prend différentes implications relatives à un niveau particulier d’intensité : Vous (identité) ne devriez pas (croyances / valeurs) être en train de faire (capacité) ce (comportement) ici (environnement). C’est la présence ou l’absence de tels méta-messages qui détermine souvent comment un message est interprété et si un message sera interprété de façon appropriée. Par exemple, si une figure d’autorité dit: «TU n’a pas respecté les règles», il est beaucoup plus probable qu’elle soit considérée comme un message sur l’identité. Si la personne dit: «Tu n’a pas respecté les RÈGLES», elle n’insiste alors moins sur l’identité individuelle que sur le niveau de comportement.

Développer une plus grande attention aux indices non verbaux tel que le stress vocal, peut aider à devenir plus sensibles aux différents niveaux de communication, et beaucoup moins susceptibles de devenir confus ou piégés par des niveaux mixtes de messages. Les compétences d’observation de la PNL, telles que la capacité à remarquer les indices micro comportementaux, les asymétries physiques et les changements dans le ton de la voix et le tempo, peuvent vous aider à filtrer plus facilement les doubles messages confus.

Faire des méta commentaires

Trier des messages contradictoires et reconnaître qu’il existe différents niveaux d’injonctions peut mener naturellement à des méta commentaires. En observant simplement les signes d’incongruence, les «injonctions» contradictoires reçues et le ressenti de confusion qui les accompagne, on est déjà naturellement en train de «méta communiquer», c’est-à-dire communiquer sur la communication que l’on reçoit ou que l’on expérimente.

Il est important que la méta communication à propos d’une double contrainte ne soit pas une accusation, mais plutôt une évaluation honnête de son expérience. Une structure de base avec laquelle faire une méta communication à propos d’une double liaison serait la suivante :

“Je suis dans une double contrainte à propos de, X.”

“Si je ne fais pas X, je me sens mal, parce que___________”

” Si je fais X, j’ai l’impression d’avoir “tort” parce que_______”

Par exemple, si le garçon hospitalisé dans l’illustration de Bateson avait été en mesure de méta communiquer, il aurait pu dire quelque chose comme: «Maman, je suis dans une double contrainte en vous serrant dans mes bras, car si je ne vous embrasse pas, vous (dites /pensez) que je ne vous aime pas, et si je vous fais un câlin, je sens que je me trompe parce que je sens que vous vous raidissez et il me semble que c’est comme si je vous rendais embarrassée et mal à l’aise ».

Autre exemple, les enfants du magasin de biscuits de l’histoire de Mary Poppins auraient pu méta communiquer en disant : «Mère, nous sommes dans une double contrainte à propos du fait de donner un biscuit aux enfants Banks. Si nous ne leur offrons pas un biscuit, et nous vous le demandons d’abord, nous sentons que nous avons tort parce que votre ton de voix implique que nous avons été impolis. Si nous leur offrons un biscuit sans attendre de demander, nous sentons que nous avons tort parce que votre voix en colère implique que nous avons été désobéissants”.

Évidemment, faire une telle déclaration en méta communication exige un certain degré de maturité et de sagesse. Mais c’est une compétence qui peut être développée. Essayez de formuler une de ces déclarations pour vous-même à propos d’une situation dans laquelle vous pensez que vous pourriez être dans une double contrainte. Parfois, le fait d’être capable d’exprimer votre expérience d’être dans une double contrainte aide à soulager une partie du sentiment d’être pris au piège.

Même la simple question «Que se passe-t-il dans notre relation ?» peut aider à stimuler la métacognition et la méta communication à propos d’une relation ou d’une interaction.

Une autre conséquence importante des déclarations en méta communication est qu’elles peuvent rendre l’auteur de la double contrainte plus conscient de l’incongruence de ses propres messages. Les personnes qui créent des doubles contraintes pour les autres ne sont pas conscientes de leurs propres injonctions contradictoires. Parfois, en étant confronté à leurs propres doubles messages, un processus de changement au sein de la personne qui les envoie peut commencer

Filtrer ou neutraliser les messages négatifs sur l’identité

Peut-être l’une des compétences les plus importantes dans le traitement des doubles contraintes est la capacité à séparer et neutraliser les messages négatifs sur l’identité (la «troisième» injonction dans la double contrainte). Comme pour la capacité à détecter des incongruences dans la communication, cela implique la capacité à distinguer entre les différents «niveaux» d’expérience. Une présupposition fondamentale de la PNL, est par exemple qu’il est important de séparer l’identité du comportement. L’un des éléments fondamentaux contribuant à l’aspect pathologique de la double contrainte semble être l’équation entre comportements particuliers et identité ; tant de la part de «l’auteur» de la double contrainte que de sa «victime».

Par exemple, pour le cas de la mère dans le magasin de biscuits, Bateson se demande pourquoi les enfants ne se regardent-ils pas sciemment l’un l’autre et se disent: «C’est encore maman, elle agit parfois de façon grincheuse ». Ils auraient aussi pu dire à leur mère: «Regardes maman, est-ce qu’on est censé leur donner des biscuits ou pas, soit cohérente sil-te-plaît ? » Enfants et mère peuvent adopter la croyance que certaines actions ont plus de significations que de simples comportements.

La double contrainte donne un exemple classique de l’affirmation d’Albert Einstein selon laquelle «vous ne pouvez pas résoudre un problème avec le même type (ou le même niveau) de réflexion que celui qui a crée le problème». Ainsi, un moyen de sortir d’une double contrainte consiste à trier puis à «sauter» les niveaux logiques. Quand cela survient, au lieu d’être une source de pathologie, la double contrainte peut devenir une source de créativité et même d’éveil.

Comme exemple d’application du principe d’Einstein sur la double contrainte, Bateson apporte l’exemple d’une caractéristique habituelle de l’entraînement zen. Un maître zen ramasse un bâton et le lève sur un de ses élèves, en disant: «Si tu dis que ce bâton est réel, je te frapperai, si tu dis que ce bâton n’est pas réel, je te frapperai avec. Ce bâton est-il réel ou pas? » Tant que l’étudiant reste au même niveau de pensée que celui que le maître a utilisé pour créer la double contrainte, il est coincé. Si l’étudiant se lève et attrape le bâton, commence à chanter, ramasse son propre bâton et fait semblant de «combattre l’épée», etc., il ou elle a transcendé le double lien et a changé le contexte de la relation.

La perception du contexte semble être une composante importante des doubles contraintes (et de leur rupture), en particulier en relation avec le «troisième message». Une sorte de compréhension tacite est créée dans laquelle il est présupposé que “dans cette situation, ce type de personne réagira de cette façon”. Sortir des doubles contraintes implique la capacité clé à reconnaître et à remettre en question de tels présupposés

La reconnaissance de l’influence du contexte et des présupposés sur le comportement conduit également à un autre aspect important de la résolution des doubles contraintes. Le principe fondamental du changement avec la PNL est que «Derrière chaque comportement se trouve à un certain niveau (de pensée), une intention ou un but positif». Selon la PNL, une fois l’intention positive découverte, il est possible de trouver d’autres choix comportementaux pouvant satisfaire l’intention mais avec des conséquences différentes et plus écologiques. C’est le principe qui sous-tend certaines techniques PNL telles que le recadrage et l’intégration des parties en conflits.

Ce principe est souvent difficile à appliquer par les «auteurs» de doubles contraintes. Quel pourrait être l’intention ou le but positif derrière une double contrainte ?. Quelle serait l’intention positive qui pourrait amener une personne à «faire tort à quelqu’un d’autre ?». En surface, il semblerait que l’intention de l’auteur soit de maintenir un pouvoir ou un contrôle. D’autres intentions (si l’auteur est conscient d’avoir créer une double contrainte) pourraient inclure l’endoctrinement des autres, le désir de les attirer dans la même contrainte que son auteur (la misère aime la compagnie) ou la préparation de la «victime» à une situation pire (une sorte d’immunisation pour d’autres doubles contraintes encore plus difficiles, par exemple, un camp d’entraînement est une préparation à la guerre). Les aspects positifs de ces diverses intentions peuvent se résumer à «être fort ou appartenir», même si «appartenir» signifie simplement «incapable d’échapper».

De nouveau, du point de vue de la PNL, la reconnaissance de l’intention derrière la double contrainte ouvre la possibilité d’aider l ‘«auteur» à trouver d’autres choix comportementaux qui vont satisfaire les aspects positifs de l’intention, mais qui limitent les pathologies de la double contrainte.

A ce propos, Gregory Bateson apporte un exemple très instructif de la rupture d’une double contrainte, qu’on appelle quelquefois «le détachement du dauphin». Bateson a passé un certain nombre d’années à étudier les modes de communication des dauphins et des marsouins. Pour compléter leurs recherches, le centre auquel il collaborait a organisé souvent des spectacles en direct avec les animaux étudiés, parfois trois fois par jour. Les chercheurs décidaient de montrer au public comment ils entraînaient un marsouin à faire un tour. Depuis un bassin de détention, un marsouin était amené dans le bassin à spectacle face de l’auditoire. Le dresseur attendait que le marsouin fasse quelque chose de visible (visible par l’homme), en levant la tête hors de l’eau d’une certaine manière. Le dresseur sifflait alors et donnait un poisson au marsouin. Le dresseur attendait alors que le marsouin répète le comportement, sifflait à nouveau et lui donnait un poisson. Le marsouin apprenait quoi faire pour attraper le poisson et relevait souvent la tête, ce qui prouvait avec succès sa capacité à apprendre.

Quelques heures plus tard, le marsouin était ramené au bassin d’exposition pour un deuxième spectacle. Naturellement, il commençait à lever la tête hors de l’eau comme il l’avait fait dans le premier spectacle, dans l’attente du sifflet et du poisson. Le dresseur ne voulait pas que le marsouin fasse le même tour, mais plutôt démontrer au public comment apprendre un nouveau tour au marsouin. Après avoir passé à peu près les deux tiers du temps à répéter encore et encore le vieux tour, le marsouin devenu très frustré faisait quelque chose qu’il n’avait jamais fait auparavant (bouger sa queue). Le dresseur utilise immédiatement le sifflet et jette un poisson au marsouin. Le marsouin surpris et quelque peu confus bouge encore la queue, et reçoit à nouveau un coup de sifflet et le poisson. Bientôt, il retourne gaiement la queue, démontrant avec succès sa capacité à apprendre avant d’être renvoyé dans son bassin.

A la troisième séance, après avoir été conduit au bassin de spectacle, le marsouin commence consciencieusement à tourner la queue comme il l’avait appris lors de la session précédente. Cependant, puisque le dresseur voulait lui apprendre quelque chose de nouveau, il n’est pas récompensé. Une fois de plus, pendant environ les deux tiers de la séance d’entraînement, le marsouin remue la queue avec une croissante frustration, jusqu’à ce que finalement, par exaspération, il fasse quelque chose de différent, comme le fait de se retourner sur lui même. Immédiatement le dresseur lui donne au marsouin un coup de sifflet et un poisson. Après un certain temps, le marsouin a appris à tourner sur lui même pour le public avant d’être ramené à son bassin de repos.

Pendant quatorze spectacles d’affilée, le marsouin répète ce modèle. Les deux premiers tiers du spectacle se passe dans la répétition futile du comportement qui avait été renforcé dans le spectacle précédent jusqu’à ce que, apparemment par «accident», il s’engage dans un nouveau comportement bien visible et réalise la démonstration avec succès.

Notez que, de son point de vue, le marsouin est dans une double contrainte. Si cela ne “fonctionne” pas, le marsouin ne reçoit pas de poisson, et donc d’approbation du dresseur. Mais, si le marsouin est performant (en faisant un des trucs déjà appris), il ne reçoit ni poisson ni approbation. Bateson raconte comment, à l’issue de chaque spectacle, le marsouin était de plus en plus perturbé et frustré d’être «mauvais». Finalement, la pression sur le marsouin commençait à représenter une menace non seulement pour les spectacles, mais aussi l’ensemble du projet, parce que le marsouin commençait à éviter toute interaction avec les dresseurs, les auteurs bien intentionnés d’une double contrainte bien réelle pour les marsouins.

La situation était en partie résolue du fait que le dresseur allait offrir périodiquement au marsouin un poisson « non gagné ». Autrement dit, afin de préserver sa relation avec le marsouin, le dresseur jugeait nécessaire d’enfreindre les règles du contexte de l’entraînement et de donner périodiquement un poisson au marsouin, même s’il n’avait pas «exécuté» un nouveau tour. Un marsouin qui devenait trop frustré vis à vis du dresseur, refusait toute coopération avec lui, ce qui pouvait créer un sérieux problème aux travaux de recherche ainsi qu’aux spectacles.

Le “poisson non gagné” est un marqueur lié à la “troisième injonction”. Au lieu de communiquer sur le fait que le marsouin ne va pas parce qu’il est confus, le «poisson non gagné» est une forme de témoignage que le marsouin est OK et qu’il va être soigné (même s’il n’a pas encore réglé la double contrainte).

Enfin, entre la quatorzième et la quinzième session, le marsouin semblait devenir presque fou d’excitation, comme s’il avait soudainement découvert une mine d’or. Et quand on l’a laissé dans le bassin d’exposition pour le quinzième spectacle, il a réalisé une performance élaborée comprenant huit nouveaux comportements complètement distincts, dont quatre n’avaient jamais été observés dans ses espèces auparavant. En d’autres termes, le marsouin était finalement capable de «sauter des niveaux».

Comparez la réussite des marsouins avec la névrose expérimentale des chiens de Pavlov. Pavlov pensait que la «névrose expérimentale» manifestée par ses chiens était due à une confrontation de réponses excitatrices et inhibitrices dans le système nerveux du chien, et déclenchées à la suite de la présentation de stimuli contradictoires. Cependant, cette explication ne rend pas compte de la sévérité ni de la diversité des symptômes que Pavlov attribuait aux différences de «caractères» des chiens.

Pourquoi ce conflit de réponses excitatrices et inhibitrices s’est-il manifesté dans le refus des chiens d’entrer dans le laboratoire ? Pourquoi ont-ils attaqué leurs dresseurs ? Pourquoi tous leurs autres réflexes conditionnés ont-ils disparu, puis sont revenus ?

Lorsque des chiens non entraînés au préalable, étaient confrontés pour la première fois à des stimuli indiscernables, ils ne présentaient aucun des symptômes «névrotiques», mais devinaient simplement de façon aléatoire. Le fait que les animaux pré-entraînés aient appris que «c’est un contexte où une discrimination certaine devrait avoir lieu» est une préparation nécessaire au développement de la perturbation du comportement. Le cercle et l’ellipse étaient des marqueurs du contexte qui communiquait sur “discriminer entre les deux stimuli”. Le laboratoire était un contexte qui communiquait, “vous devez trouver la bonne réponse.” La relation avec les dresseurs était le contexte entourant les deux autres textes. Contrairement aux marsouins dans le bassin d’exposition, les chiens de Pavlov ne recevaient aucun «poisson non gagné» pouvant neutraliser le message identitaire négatif. Lorsque la frustration éprouvée par les chiens nuisait à la relation avec les dresseurs, tous les autres réflexes conditionnels disparaissaient car le but de l’entraînement était hautement dépendant de la relation des chiens avec les dresseurs. Ce genre de relation est sans doute ce que Freud appelle le «transfert».

Trouver un moyen de “sortir du cadre”

L’une des choses les plus frustrantes et les plus horrible dans les doubles contraintes découle de la «troisième injonction négative» qui empêche d’échapper à la situation. Même si quelqu’un peut résoudre le reste de la situation de double contrainte, être capable de «sortir du cadre » peut souvent offrir assez de soulagement pour empêcher la situation de devenir intolérable. Avoir «un ailleurs » peut aider considérablement à soulager le sentiment de désespoir associé aux doubles contraintes. 

Une personne peut développer des moyens d’échapper ou de quitter la situation de double contrainte en restant cognitivement et physiquement flexible et en accédant à une perspective plus large et de plus haut niveau. Par exemple, le nouveau code de la PNL met l’accent sur l’idée d’établir une «ligne de vie» vers un état ou une relation ressource pour aider à traiter plus efficacement les expériences difficiles.

Parfois, les gens découvrent que rien ne les empêche vraiment d’échapper physiquement à la situation. Au lieu de cela, ils sont pris au piège de leurs propres croyances ou des limites de leur «carte du monde». En se rappelant simplement qu’ils peuvent partir, ou avoir d’autres choix, les gens peuvent souvent sortir des aspects les plus atroces d’une situation de double contrainte.

Une autre façon de «quitter le cadre» est la dissociation mentale, ce qui implique d’aller à une «position d’observateur» ou une «méta-position» par rapport à la relation. En PNL, une méta position impliquerait la capacité d’être à l’extérieur de, ou au-delà de soi, en regardant non seulement ses propres actions, mais aussi ses interactions avec les autres; comme si on regardait un film ou une vidéo. Cela donne à une personne la possibilité d’avoir une perspective différente et de trouver un contexte qui ne peut pas être touché par la situation de double contrainte en cours.

Prenons l’exemple d’une femme qui a grandi avec une mère déprimée et suicidaire. La mère, qui a répété à maintes reprises que «la vie est soixante-dix ans de misère sur un morceau d’argile», menaçait constamment de se suicider. Cette femme avait le souvenir d’avoir été une jeune fille qui, au moment de quitter la maison pour l’école, entendait sa mère dire : «Je me sens si mal, je ne sais pas si je vais me mettre la tête dans le four ou me jeter devant un train. ” En état de détresse et craignant de rentrer chez elle et de trouver sa mère morte, la jeune fille restait à la maison pour essayer de l’aider. En voyant que sa fille n’était pas allée à l’école, la mère se fâchait contre sa fille lui reprochant d’être en retard aux cours, l’accusant d’empirer les choses. Quand la fille a tenté de convaincre sa mère que les choses n’allaient pas si mal, sa mère l’ignorait, disant avec dédain: «Que sais-tu de la vie? » Finalement, effrayée et humiliée, la petite fille allait à l’école, ne sachant pas à quoi s’attendre quand elle rentrerait à la maison.

En grandissant, pour tenter d’échapper à cette constante double contrainte, la femme avait travaillé pour devenir totalement indépendante financièrement, et était même devenue une psychologue connue (pour devenir une experte en “vie”). Elle était encore sous l’emprise des mots de sa mère selon lesquels “La vie est soixante-dix ans de misère sur un morceau d’argile,” et se sentait consumée par la vision du monde de sa mère.

Pour l’aider à explorer de nouvelles ressources, on a demandé à cette femme si elle avait déjà vécu des «expériences spirituelles». Après réflexion, la femme se souvint d’une fois où elle était dans un train avec ses parents. Ils se battaient, et même si elle ne pouvait pas s’en échapper complètement, elle pouvait quitter le compartiment où ils se trouvaient et se tenait dans l’allée, regardant le ciel par la fenêtre. En regardant les cieux, elle avait soudain réalisé que “la terre n’était qu’un grain de sable dans un vaste univers”. Cette compréhension lui avait apporté espoir et réconfort. Quand on lui a dit que «un grain de sable est encore plus fragile qu’un morceau d’argile», les mots de sa mère ont été littéralement «recadrés» par sa propre perspective spirituelle et elle ne s’est plus sentie piégée par la dépression de la mère.

Les formateurs et les développeurs de la PNL, Tim Hallbom et Suzi Smith, suggèrent de prendre plusieurs «méta-positions» pour développer cette compétence afin de gérer les doubles contraintes. Comme mentionné plus haut, prendre une «méta position» implique généralement de se dissocier de soi-même et de d’adopter le point de vue d’un observateur de votre situation actuelle. Ce changement de perspective est également facilité par l’utilisation des pronoms à la «troisième personne» (lui, elle, eux, eux, etc.) pour se décrire soi-même et les autres personnes impliquées dans l’interaction. Ce processus est l’étape clé des processus PNL pour traiter les phobies, les traumatismes et la douleur. La réalisation de ce changement de position perceptive est habituellement, associée à une réduction rapide de l’intensité émotionnelle.

Du fait de la nature multi-niveaux des doubles contraintes, une simple dissociation est cependant souvent insuffisante. Traiter les doubles contraintes implique fréquemment la possibilité d’adopter une dissociation triple (se regarder soi-même se regardant soi-même) ou quadruple (se regarder soi-même se regardant soi-même, se regardant soi-même). Si nécessaire, le processus pourrait être étendu encore davantage (il existe un nombre illimité de méta-positions potentielles). Chaque nouveau niveau de dissociation non seulement vous éloigne de l’intensité émotionnelle de la situation, mais vous permet également d’adopter une perspective plus large et potentiellement plus sage.

1) Se rappelez d’une situation dans laquelle vous sentiez avoir été dans une double contrainte.

2) Imaginez pouvoir flotter hors de votre corps, pour aller à un point se trouvant au-dessus et derrière vous-même, de sorte que vous pouvez vous surveiller vous même et les autres personnes présentes dans l’interaction. Les voir “eux” interagissant “là-bas” comme si vous étiez un observateur non impliqué. Remarquez quelle nouvelle conscience, compréhension ou apprentissage vous obtenez de cette perspective.

3) Imaginez que vous êtes capable d’aller à un point se trouvant au-dessus et derrière cette perspective «d’observateur», de sorte que vous vous regardez vous-même et l’autre (s) dans la situation «là-bas». Encore une fois, remarquez toute nouvelle prise de conscience, compréhension ou apprentissage que vous obtenez de cette perspective.

4) Continuez à répéter l’étape 3 plusieurs fois pour chaque nouvelle position d’observateur que vous êtes en mesure d’atteindre. Vous pourriez vous retrouver avec une perspective et une conscience «spirituelles» qui peut vous aider à apporter un sentiment de paix intérieure et de sagesse.

5) Retrouvez chaque position d’observateur, en prenant avec vous la conscience, les compréhensions et les apprentissages que vous avez acquis de chacune des positions d’observateur. Votre expérience devrait être très différente lorsque vous vous réassociez dans votre mémoire à la situation de double contrainte.

Empêcher la situation de devenir une expérience récurrente

Une manière d’empêcher la «situation » de double contrainte de devenir une «expérience » récurrente est de développer des stratégies pour compartimenter ou isoler les situations de double contrainte; c’est-à-dire, distinguer les situations de double contrainte comme des «événements » au lieu de les percevoir comme une généralisation du sort ou de «l’identité » de quelqu’un. Comme avec les autres outils de gestion des doubles contraintes, ceci implique de distinguer les niveaux d’expérience. Un «événement » est un comportement qui survient dans un environnement particulier: un quoi dans un quand et un où particulier. Percevoir quelque chose comme une expérience récurrente ou un schéma de vie impliquerait sa généralisation au niveau des croyances et de l’identité: à qui et pourquoi. Les personnes qui ont vécu des situations de double contrainte dans leur vie mais qui ont été capables de ne pas être trop affectées par ces situations les percevront comme «quelque chose qui m’est arrivé comme d’autres événements difficiles dans ma vie » plutôt que comme «quelque chose qui a changé qui je suis ». Faire cela implique des capacités à «découper vers le bas » (tri par détails plutôt que par généralités) et «se désaccorder » (envisager les différences plutôt que les ressemblances).

La meilleure manière probable d’empêcher une situation de double contrainte de devenir une expérience récurrente, cependant, est de développer et d’appliquer des capacités qui aident à atténuer et transformer des doubles contraintes. Lorsqu’une personne sait qu’elle sait comment résoudre ou résoudre une situation particulière de double contrainte, le fait que celle ci ait eu lieu plus d’une fois dans le passé ne pose plus autant de problèmes. En d’autres termes, une fois qu’une personne a appris à faire quelque chose ou à résoudre un problème, le fait qu’elle n’ait pas été capable de le faire auparavant est bien moins pertinent. Quand les marsouins de l’exemple de Bateson ont par exemple fait le saut pour devenir créatifs, le fait qu’ils aient été frustrés au cours de tant de spectacles précédents n’était plus un problème.

Puisque l’une des conditions d’une double contrainte pathologique est qu’elle a été une expérience répétée, cependant, trouver des solutions comportementales pour des exemples particuliers n’abordera pas assez efficacement le schéma global. (Le fait que les marsouins aient produit par hasard de nouveaux comportements au cours des quatorze premiers spectacles n’a pas résolu efficacement la double contrainte globale dans laquelle ils se sont perçus eux-mêmes. Ce qui est plutôt nécessaires pour produire des résultats plus efficaces est le développement de compétences pouvant prendre en compte tous les différents éléments de la double contrainte.

L’exercice suivant a été créé par Robert Dilts et Robert McDonald afin d’aider les gens à mettre en pratique certaines des compétences nécessaires pour traiter efficacement les doubles contraintes

Exercice : Compétences pratiques pour faire face à la double contrainte

  1. A & B doivent jouer un rôle émotionnellement significatif (comme une situation d’évaluation) impliquant une relation «complémentaire» (par exemple, enseignant / étudiant, parent/enfant, patron/employé, etc.
  2. A envoie un message verbal, “Fais X ‘”, par exemple, “Viens plus près”.
  3. A envoie simultanément une injonction physique contradictoire, “Ne fais pas X”; Par exemple, Main levée signalant “Reste au loin”.
  4. A crée verbalement une «injonction négative». “Vous serez puni (abandonné) si vous ne faîtes pas X.” Par exemple: «Si vous ne vous rapprochez pas, vous perdrez mon consentement», «Vous souffrirez d’une perte» (p.e., connexion, estime de soi), «Je suis impuissant/opprimé / victime».
  5. Si B devient bloqué, gelé ou montre une détresse, A interprétera l’inconfort ou la confusion de B comme le signe d’une intention négative provenant: 1) d’une position de pouvoir (inversant la réalité), ou 2) d’incompétence. L’implication est qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec B – “Ce qui ne va pas avec cette relation réside en toi.” A doit être sur d’inclure des messages au niveau de «l’identité», par exemple : «Tu ne te préoccupes pas de moi? » « Tu devrais savoir mieux que ça».
  6. Tout ce que B fait pour tenter de résoudre la situation doit être interprété par A comme une confirmation de l’intention négative ou de l’incompétence de B (“du grain à moudre”). A utilise des évaluations morales avec des “devrait” (opérateurs modaux), et des jugements (origines perdues). Par exemple, “Qu’est-ce qui ne va pas chez vous ?” “Je ne peux pas compter sur toi.” “Tu m’abandonnes.” “Votre silence / inaction / colère / sentiment de honte ou de blocage est une preuve de votre culpabilité”. “Tu m’a fais faire cela”. “Tu ne m’aideras pas”.
  7. Le coach, C, doit porter une attention particulière à tout signe montrant que B est coincé, gelé ou en détresse. Si B est bloqué, C aide B à: a) Réduire l‘intensité de la relation- en allant à une position d’observateur ou en se dissociant temporairement des ressentis.; b) Trier les messages contradictoires ; c) Faire des déclarations de méta communication ; d) Trouver un moyen de «quitter le cadre». Rester sur le plan cognitif et physiquement flexible – adopter une perspective plus large et de niveau de pensée plus élevé ou une position «méta»; e) Filtrer ou neutraliser les messages négatifs sur l’identité ; f) Trouver les intentions positives derrière la double contrainte et le comportement du «responsable» ; g) Empêchez la situation de devenir une expérience répétée. Compartimenter ou isoler la situation-distinguer cet événement spécifique des schémas de l’histoire personnelle.

Un certain nombre d’autres processus PNL peuvent aider à régler et traiter les situations potentielles de double contrainte. Le Méta Mirror et la Méta carte, sont par exemple des processus efficaces pour aider à identifier et “spécifier” les différentes perspectives et modes de communication qui contribuent aux doubles contraintes. Il s’agit de trouver une position «méta» qui permette de voir l’ensemble du système d’interaction relatif à une situation de double contrainte, afin de trouver les points d’intervention les plus efficaces. La ré empreinte et l’intégration des parties en conflits sont d’autres processus qui répondent à des problèmes qui peuvent tous deux résulter de doubles contraintes. Les deux processus impliquent le tri des positions perceptives clés impliquées dans une situation problématique, la recherche des intentions positives derrière les croyances et l’identification des comportements dysfonctionnels, puis l’apport de nouvelles ressources qui peuvent répondre de façon nouvelle et plus écologique à ces intentions. Le format sur les croyances en Collision et Collusion est une technique PNL qui aide les individus à identifier comment leurs propres croyances peuvent contribuer à des « collusions » qui les maintiennent dans une situation de double contrainte.

La double contrainte thérapeutique

Une fois maîtrisé les éléments de la double contrainte, on peut même commencer à créer des doubles contraintes positives ou «thérapeutiques». Une double contrainte (positive ou négative) est plus fonction des significations ou des conséquences de comportement que des comportements eux-mêmes. Dans une double contrainte négative, le but de l’action spécifique ou l’évitement de cette action est négatif ou nuisible. Dans une double contrainte positive, le résultat est positif ou précieux. Au lieu de «mettre à mal» une personne, une double contrainte thérapeutique la «met à l’aise », quoi qu’elle fasse, c’est-à-dire, au lieu d’être damnée en le faisant, et damnée en ne le faisant pas, elle obtient «un bénéfice si elle le fait, et un bénéfice si elle ne le fait pas ».

Comme exemple de double contrainte thérapeutique dans The Structure of Magic Volume I (1975), les fondateurs de la PNL Bandler et Grinder racontent le cas d’une femme de l’un de leurs groupes de thérapie qui déclarait: «Je ne peux jamais dire non à quelqu’un ». Bandler et Grinder lui recommandèrent alors, «Vous devez dire non à chaque personne de ce groupe». Cette femme devait soit dire non aux membres du groupe soit dire non à Bandler et Grinder, c’est-à-dire dépasser sa croyance limitante dans chaque cas. 

Remarquez que dans ce type de double liaison thérapeutique, comme dans le cas de la double liaison pathologique, la «deuxième injonction» est à un niveau différent de l’injonction primaire et n’est pas directement verbalisée. L’injonction primaire est sur un niveau comportemental: «Dîtes non à toutes les personnes de ce groupe. L’injonction secondaire : «Ou, en effet, vous devez dire non à la tâche de dire« non »- est à un niveau supérieur, et est communiquée par une présupposition.

Le légendaire psychiatre et hypnothérapeute Milton Erickson a fréquemment utilisé de telles doubles contraintes thérapeutiques pour surmonter les résistances ou induire une transe. Erickson pouvait par exemple dire à un patient: «Vous pouvez entrer dans une transe confortable en suivant mes conseils, ou en résistant à tout ce que je suggère» ou «Souhaitez-vous trouver la solution à votre problème avec mon aide, ou par vous-même ?. “Notez qu’avec la forme des suggestions, la personne atteindra l’état désiré indépendamment de ce qu’il fait.

Encore une fois, la «double contrainte» est créée à partir de différents niveaux de messages. L’état désiré («entrer dans une transe confortable» ou «trouver la solution à votre problème») est à un niveau différent de celui des actions particulières («suivez mes conseils» ou «résistez à ce que je dis»). Ainsi, si je dis à quelqu’un de “désobéir à mes commandements”, mais ensuite assigner à la personne deux tâches opposées, de sorte que la désobéissance à une tâche exige que la personne fasse l’autre tâche, alors la personne est dans une contrainte intéressante. Erickson, dans son livre Hypnotic Realities (Erickson, Rossi et Rossi, 1976), donne une bonne illustration de la situation:

La première utilisation intentionnelle dont je me souviens bien de la double contrainte s’est produite au début de mon enfance. Un jour d’hiver avec une température en dessous de zéro, mon père conduisait un veau hors de la grange à la cuvette de l’eau. Après que le veau eut satisfait sa soif, ils retournèrent vers la grange, mais à la porte, le veau bloqua obstinément à ses pieds et, malgré le désespoir de mon père qui tirait sur la corde il ne put bouger l’animal. J’étais dehors jouant dans la neige et, en observant l’impasse, j’ai commencé à rire de bon coeur. Mon père m’a mis au défi de tirer le veau dans la grange. Reconnaissant la situation comme une résistance obstinée irraisonnée de la part du veau, je décidai de laisser le veau avoir toute possibilité de résister puisque c’était ce qu’il voulait apparemment faire. En conséquence, je présentai au veau une double contrainte en le saisissant par la queue et en le sortant de la grange pendant que mon père continuait à le tirer vers l’intérieur. Le veau a rapidement choisi de résister au plus faible des deux forces et m’a traîné dans la grange.

Erickson a appliqué le même principe à ses clients. Considérez l’exemple suivant, tiré du travail d’Erickson avec un garçon de six ans qui lui a été amené parce qu’il se rongeait les ongles.

Je sais que ton père et ta mère t’ont demandé, Jimmy, de cesser de te ronger les ongles. Ils ne semblent pas savoir que tu ne cesseras naturellement pas de te ronger les ongles juste avant d’avoir sept ans. Et ils ne le savent vraiment pas ! Alors quand ils te disent d’arrêter de te ronger les ongles, ignores-les.

Dans un sens, le garçon est placé dans le même type de position que le veau. Avec la façon dont Erickson a formulé la question, afin de lui résister, le garçon aurait du aller avec ses parents. Accepter de les ignorer implique le fait d’aller avec Erickson. En fait, le principal mode de création thérapeutique d’Erickson pour ses patients consistait à utiliser des énoncés avec des présuppositions qui avaient la structure suivante : «Vous pouvez accomplir X (un avantage positif) en faisant Y (un comportement particulier) ou en ne faisant pas Y (ou en faisant un autre comportement Z). ” Par exemple, «Vous pouvez devenir plus détendu en prenant une grande respiration ou en respirant normalement».Pour avoir une idée de ce format, considérez les questions suivantes :

Quel est l’état ou le résultat souhaité ? (par exemple, se sentir plus détendu)
Quel serait un comportement qui pourrait faciliter l’atteinte de ce résultat ? (par exemple, prendre une profonde respiration)
Quel est le contraire, ou la négation, de ce comportement ? (par exemple, respirer normalement)

Rassembler les réponses en une seule déclaration va générer quelque chose de semblable aux suggestions paradoxales d’Erickson.

Un autre bon exemple de ce type de «double contrainte thérapeutique» vient du film Mary Poppins de 1964. À un moment donné du film, Mary Poppins tente de mettre au lit les enfants Banks. Les enfants, qui sont fatigués et agités, refusent de coopérer et jurent de résister à ses efforts pour les endormir. À cela, Mary Poppins dit «OK» et commence à chanter: «Restes éveillé. Ne t’endors pas. Ne fermes pas les yeux. N’hoches pas la tête et ne rêves pas …. “à la manière d’une berceuse. Les enfants, bien sûr, deviennent vite fatigués et s’endorment.” L’exemple est intéressant du point de vue de la double contrainte, en ce sens que Mary Poppins émet deux messages simultanés et contradictoires, l’un verbal et l’autre non verbal. L’injonction verbale est faite pour répondre aux voeux des enfants: «Restez éveillé. Ne t’endors pas. Ne fermez pas les yeux. » Le fait de chanter ces mots comme une berceuse, constitue cependant une« injonction secondaire » à un autre niveau, indiquant qu’il est temps pour les enfants de s’endormir. Comme les enfants sont déterminés à lui résister, l’injonction de Mary Poppins de «Restez éveillé», etc., devient en quelque sorte comme Erickson tirant sur la queue du veau provocateur (du point de vue de la PNL, son utilisation des négations donne également l’occasion à Mary Poppins de faire des suggestions intégrées; c’est-à-dire: “Ne dors pas, ne fermes pas les yeux, n’hoches pas la tête et ne rêves pas, etc…”

Une autre façon de créer des doubles contraintes thérapeutiques consiste à appliquer les présuppositions de la PNL selon lesquelles (a) “il y a une intention positive derrière chaque réponse”, et (b) “il n’y a pas d’échec, seulement du feedback”. Cela implique de trouver des significations positives ou les conséquences (sur un nombre quelconque de niveaux) qui pourraient résulter de la réalisation ou de la non réalisation d’une action particulière. Considérez les comportements tels que le tabagisme ou la suralimentation. Les gens se retrouvent souvent dans des doubles contraintes négatives lorsqu’ils tentent de changer de tels comportements, se sentant honteux ou coupables s’ils le font, mais mal à l’aise s’ils tentent de s’abstenir. Transformer cette situation en une double contrainte positive impliquerait de trouver des bénéfices (généralement à différents niveaux) à s’engager ou non à mettre en oeuvre les comportements, les deux cas aboutissant finalement à un état désiré.

Quel est le comportement ou l’action en question ? ________________________
Quel avantage y a t-il à adopter ce comportement, ce qui pourrait aider à atteindre l’éventuel état souhaité ? ______________________________________
Quel avantage y a t-il (à un autre niveau) de ne pas adopter ce comportement, qui pourrait faciliter l’atteinte de l’éventuel état souhaité ? _________________________________

Disons qu’une personne tente de cesser de fumer. Habituellement, les gens perçoivent le comportement consistant à fumer comme un échec. On pourrait cependant raisonner ainsi : si la personne a une cigarette, le bénéfice est qu’elle est capable d’en savoir plus sur la motivation ou l’intention positive qui se trouve derrière le comportement, ce qui l’aidera à changer le comportement plus efficacement. Si la personne n’a pas de cigarette, le bénéfice évident est qu’elle est restée en accord avec l’état désiré, ne pas fumer.

Un présupposé clé de toute double contrainte positive ou thérapeutique concerne le «troisième message». Dans une double contrainte thérapeutique, on suppose que l’identité de la personne est distincte de son comportement et que, au niveau de l’identité, la personne est toujours «OK», peu importe ce qu’elle fait.

Considérer sérieusement les bénéfices à faire ou ne pas faire une action particulière permet de positionner un conflit potentiel ou une double contrainte dans un cadre de choix. Il ne doit plus s’agir d’une décision en «tout ou rien».

Une autre forme de double contrainte thérapeutique, suggérée par Watzlawick, Bavelas et Jackson (1967), implique l’utilisation paradoxale d’une double contrainte pour contrer une autre. Selon eux, une double contrainte thérapeutique est une “image en miroir” de la version pathologique.

Prenons l’exemple d’une femme qui souffrait d’un trouble alimentaire et qui se débattait avec des comportements de gloutonnerie et de purge. En décrivant sa situation, il était évident qu’elle s’était mise dans une sorte de double contrainte interne. Elle ressentait une envie de manger quelque chose (comme des bonbons) ce qui n’était pas bon pour elle et dont elle n’avait pas besoin. Elle commençait alors à se dire qu’elle ne devrait pas manger ces bonbons et qu’elle n’avait pas besoin d’eux. L’envie, cependant, continuait, en opposition à sa voix intérieure. Finalement, l’envie devenait assez forte pour passer outre ses injonctions intérieures à s’arrêter de manger. Après, cependant, elle se sentait fâchée et honteuse d’elle-même. Sa voix intérieure la réprimanderait verbalement, la maudissant et l’injuriant. Elle se sentait constamment mal si elle mangeait, et mal si elle ne le faisait pas.

Son traitement consistait d’abord à explorer les intentions positives derrière l’envie de manger des choses qui n’étaient pas saines pour elle. Les alternatives qui pouvaient satisfaire les mêmes intentions, tout en étant plus écologiques pour elle, étaient identifiées et acceptées. (Il s’est avéré qu’une grande partie de l’escalade à son envie de manger était une réponse à son discours interne négatif.) Une double contrainte thérapeutique a alors été construite pour contrecarrer sa contrainte négative actuelle. Le but de la contrainte thérapeutique était de créer une sorte “d’image en miroir” de la contrainte problématique en faisant passer l’injonction la plus “abstraite” de la voix intérieure à un niveau comportemental plus concret.

Elle fut chargée d’acheter une barre de savon. Quand elle avait envie de manger quelque chose qu’elle savait ne pas devoir manger, elle devait se dire très gentiment et clairement qu’elle n’avait pas le temps de manger, et se donner une suggestion sur ce qu’il fallait faire à la place. Si elle n’obéissait pas à la voix et commençait à manger de toute façon, elle devait immédiatement utiliser la barre de savon pour «se laver la bouche» parce qu’elle avait été désobéissante (le mauvais goût du savon découragerait aussi de manger davantage). Si, d’un autre côté, elle utilisait toute sorte de langage dégradant en se parlant à elle-même, la partie d’elle associée à l’envie de manger devait utiliser la barre de savon pour se “laver la bouche” des mauvais mots utilisés. Ainsi, les deux aspects de son conflit intérieur devaient utiliser le même comportement en traitant les uns avec les autres. La femme, qui réussit à changer son comportement alimentaire, déclara plus tard qu’elle n’avait eu besoin d’utiliser le savon qu’une seule fois.

Conclusions

Les doubles contraintes sont un phénomène difficile mais courant qui peut être soit la source d’inspirations et créativité, soit de stress et même de symptômes psychologiques graves, selon le type de contrainte et les ressources mobilisables pour y faire face. Avec la compréhension de la structure plus profonde des doubles contraintes pathologiques, il est possible de développer des compétences et des stratégies pour les transcender ou les transformer. Il est également possible de construire des doubles contraintes positives ou «thérapeutiques» qui aident les individus à atteindre les résultats souhaités au lieu de créer de l’anxiété.

Sources : Double Bind, Robert Dilts and Judith DeLozier Encyclopedia of Systemic Neuro-Linguistic Programming and NLP New CodingEncyclopedia of Systemic Neuro-Linguistic Programming and NLP New Coding

Traduction de Jean Luc Monsempès

Références

Double bind, Encyclopédia of Systemic NLP and New Coding ; Robert Dils and Judith Delozier (pages 212-327)
Steps to an Ecology of Mind, Bateson, G., 1972.
Structure of Magic, Vol. I, Bandler, R. et Grinder, J., 1975.
Hypnotic Realities, Erickson, M.H., Rossi, E. et Rossi, S., 1976.
Pragmatics of Human Communication, Watzlawick, P., Bavelas, J. et Jackson, D., 1967.

Partager:

administrator