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L’auteur, Yves-André Féry, est professeur des Universités à l’Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines. Sa spécialité est la psychologie cognitive.

La pnl fait l’hypothèse qu’il est possible d’aider le client à réduire l’émotion pénible liée à un épisode de vie traumatisant, en utilisant le protocole de dissociation v/k. Quels sont les travaux scientifiques actuels sur les processus cognitifs dont dispose l’individu pour réduire cette résonance ? Ces processus sont-ils mis en œuvre dans le protocole de dissociation V/k, lui conférant une réelle cohérence scientifique ?
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Une personne sollicite un spécialiste de la PNL pour tenter de réduire ce qui hante sa vie. Elle a vécu un grave accident de voiture qu’elle n’a pas pu anticiper. Ce qu’elle en rapporte démontre que cet accident a été ressenti comme une véritable effraction psychologique. Envisager reprendre le volant, ou pire se laisser conduire, lui est impossible. L’article expose tout d’abord, en prenant plusieurs exemples concrets, comment la neuropsychologie comprend la peur chez l’homme.

Choses de la vieCet exposé paraît d’autant plus important que les mêmes mécanismes mis en jeu lors d’un épisode traumatique peuvent se réactiver, et de manière similaire, lorsqu’on se remémore cet événement même très ultérieurement.

Si l’épisode fait l’objet d’une mémorisation particulière, appelée hypermnésie émotionnelle i, référence en fin d’article, il peut alors conduire à des troubles de stress post-traumatiques 1 note en bas de page, ii(TSPT ou « PTSD » pour « Postraumatic Stress Disorders » en anglais) causant la survenue abrupte d’images intrusives, de flashbacks inévitables, de cauchemars qui peuvent faire revivre avec la même vivacité, mais aussi avec la même souffrance, l’épisode traumatique.

La PNL fait l’hypothèse (maintes fois vérifiée sur le terrain) qu’il est possible d’aider le client à – non pas oublier de tels épisodes – mais d’en réduire l’émotion pénible en utilisant le protocole de dissociation V/K. Dans ce protocole, le client est amené à s’extraire mentalement d’un revécu dans lequel il est encore totalement immergé (représentation Kinesthésique) pour ensuite le visualiser comme simple observateur (représentation Visuelle). Cette prise de distance serait favorable à une réduction de la résonance émotionnelle pénible de l’épisode traumatique. Aussi l’article se poursuit en s’intéressant aux travaux scientifiques actuels qui étudient les processus cognitifs dont dispose l’individu pour réduire cette résonance. Nous verrons que ces processus peuvent être considérés comme largement mis en œuvre dans le protocole de dissociation V/K, lui accordant ainsi une réelle cohérence scientifique.

1Kessler et al. (1995) estiment que 50 à 60% de la population vivra ou a vécu de telles situations, et que 5 à 10 % de ces personnes verront ces situations donner lieu à des troubles de stress post-traumatiques.

La peur : aspects neuropsychologiques

la peurEn 1872 Charles Darwin avait déjà étudié les émotions établissant que l’évolution avait inscrit, chez les reptiles et les mammifères, des circuits primitifs de réaction du corps utiles à leur sauvegarde, et qu’elle ne les avait pas supprimés chez l’homme iii, encadré 1 .

William James iv, 2 quant à lui, allait inverser l’ordre causal. Ce n’est pas l’émotion de peur qui provoque ces réactions du corps mais bien ces dernières qui en sont à l’origine. Le siècle suivant allait être marqué par une quasi-absence d’intérêt concernant l’étude de ces réactions chez l’homme.

Ce n’est que récemment que la neuropsychologie, notamment, étudie les émotions liées à ce type de traumatisme vécu par notre client. L’intuition de James allait être confirmée. Les émotions de peur, comme nous allons le voir, ne sont que le reflet, la résonance subjective des modifications des états du corps.

Nous commençons donc par ces modifications et par les premiers circuits mis en jeu qui illustrent que, face à la peur, notre corps peut – et heureusement – bien plus que ce que nous voulons, ou pouvons faire consciemment et volontairement.

Encadré 1 : voulant démontrer que la raison est plus forte que la peur, Charles Darwin avait plaqué son visage contre la cage de verre renfermant une vipère heurtante, extrêmement dangereuse. Sachant qu’il ne courait aucun risque, et bien décidé à ne pas bouger d’un pouce, il se prépara à l’attaque. « Aussitôt que la vipère se jeta contre la vitre, ma résolution fut comme balayée, et je fis un bon en arrière d’une vitesse étonnante » devait-il dire par la suite. “Ma volonté et ma raison ne purent rien contre l’idée d’un danger dont je n’avais aucune expérience”.

2 «…Nous sommes affligés parce que nous pleurons, irrités parce que nous frappons, effrayés parce que nous tremblons et non pas nous pleurons, frappons ou tremblons parce que nous sommes affligés, irrités ou effrayés suivant les cas ». William Jame

Les circuits rapides : en quelques dizaines de millisecondes, le corps se préserve

Dans le cas de la survenue abrupte d’un objet dangereux (Figure 1) un premier circuit rapide va mobiliser en urgence les voies somatomotrices. L’information est tout d’abord saisie par la rétine puis chemine vers le thalamus (pulvinar et corps genouillés) et le colliculus supérieur (Figure 2). Ces centres sous-corticaux placent le corps dans un état immédiat d’alerte et lui permettent de décoder – sans qu’il y ait prise de conscience – la vitesse et l’orientation de cet « objet » aversif.

Fig 1Fig2b


Puis ces centres informent le complexe amygdalienvdont la fonction essentielle reconnue est d’interpréter la valeur menaçante pour le corps de tout stimulus ainsi détecté. Enfin les informations sont adressées à la substance grise périaqueducale du tronc cérébral (« 
periaqueductal gray », « PAG » en anglais) située juste au-dessus de la moelle épinière et qui déclenchera ces mouvements de protection d’urgence.

Ainsi, en « un clin d’œil », moins de 100 ms, le corps se protège.

Comme le montre la Figure 2, la batte de baseball n’est vue encore que comme un « objet agresseur », et ne sera identifiée que quelques centaines de millisecondes après, et par des traitements corticaux plus longs et plus sophistiqués.

Fig 3Pour preuve de l’aspect inconscient de ces traitements, des études confirment qu’un stimulus agressif peut avoir une influence effrayante sans pour autant devoir être reconnu au préalable. Brooks et al.vi  (2012) réalisent ainsi une revue de la littérature concernant l’induction de peur de manière subliminale. Cela consiste par exemple à présenter des photos le temps suffisant pour qu’elles soient identifiables (Figure 3, photos du haut et du bas). Mais, entre deux, une photo aversive est projetée pendant 20 millisecondes, une durée trop courte pour qu’elle soit même détectée. Pourtant ces études montrent que ce type de présentation provoque l’activation du complexe amygdalien. Et les sujets de ces expériences rapportent aussi et a posteriori un malaise vis-à-vis de ce visage, qui ne présentait pourtant pas d’émotions particulières.

Un second circuit rapide est aussi mis en œuvre. Le complexe amygdalien active en effet le système autonome sympathique ainsi que l’hypothalamus pour soutenir l’activité musculaire et fournir l’énergie nécessaire aux mouvements de défense. Le système sympathique conduit très rapidement à la sécrétion de cathécholamines : l’adrénaline notamment, via les neurones ganglionnaires.

L’adrénaline est un véritable accélérateur physiologique. Elle provoque la dilatation des bronches, l’augmentation de la sudation, l’accélération du rythme cardiaque, la dilatation des pupilles, une augmentation de la tension artérielle, et enfin diminue l’activité digestive afin de dériver le sang présent vers les régions actives. L’hypothalamus, quant à lui, va sécréter l’hormone CRH (pour «corticotropin-releasing hormone» en anglais). Cette hormone amène à son tour l’hypophyse à produire l’hormone ACTH (adrénocorticotrophine) qui atteint par voie sanguine les glandes surrénales (leur partie médullosurrénale) où elle provoque une sécrétion complémentaire d’adrénaline.

L’adrénaline voit donc son action renforcée et notamment s’étendre aux tissus qui ne sont pas sous la dépendance du système sympathique. Ce qui permet de mobiliser les réserves énergétiques lipidiques (lipolyse) dans les tissus adipeux et glucidiques (glycogénolyse) directement utiles aux réactions motrices de défense. L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénal est encore mobilisé dans la sécrétion continue de l’ACTH, déclenchant la sécrétion de cortisol par les glandes corticosurrénales et accroit la mobilisation des réserves énergétiques lipidiques, glucidiques et protéiques (protéolyse) mais aussi – et ce sera très important dans le cas de souvenirs traumatiques – la mémorisation des aspects émotionnels de la situation encadré 2, VII, VIII

Encadré 2 : L’administration de metyrapone bloquant la sécrétion de cortisol réduit la valence émotionnelle d’un apprentissage (cf. Rimmele et al. 2015). Cependant tout traitement pharmaceutique des mauvais souvenirs pose pour le moins, de nombreuses questions éthiques (cf. Henri et al. 2007).

 

AgressionUn des mécanismes de retour au calme conduit aux pleurs de la personne agressée. Ce mécanisme demeure à explorer. Mais la thèse la plus admise est qu’il est nécessaire d’évacuer l’ACTH qui s’est accumulée.

Les larmes post-agression, contenant de l’ACTH, exprimeraient ainsi un mécanisme de décharge émotionnelle, cathartique. L’observation de la réalité donne raison à cette hypothèse : un mieux-être accompagne souvent ces pleurs.

 

Les circuits longs : après quelques centaines de millisecondes nous comprenons alors ce qui arrive.

Ce qu’a aussi légué le plus récemment l’évolution à l’homme, sont des structures d’ordre supérieur, les structures néocorticales, qui traitent de manière consciente les stimulus, mais après que les circuits courts aient été mis en oeuvre. Ces structures permettent de comprendre ce qui se passe de manière objective (qu’arrive-t-il ?), mais aussi de manière plus subjective (que m’arrive-t-il ?). Deux voies sont désormais connues : partant toutes deux du cortex visuel occipital, la voie allocentrée (de allos qui veut dire « autre ») répond à la première question et la voie égocentrée (de ego qui veut dire « soi »ix) répond à la seconde (Figure 4).

Le circuit long de l’analyse objective par la voie allocentrée.

fig 4Les stimuli sont analysés de manière « ventrale » (Figure 4, bas).Cette voie mobilise le cortex temporal dont la fonction est d’analyser objets et personnes en fonctiondes traits figuraux préalablement stockés en mémoire mais aussi en fonction de leur position spatiales relatives dans une scène. C’est le rôle de l’hippocampex,  structure majeure de cette voie.

Pour illustrer, prennons l’exemple d’une personne que nous croisons dans la rue, incidemment. Nous avons l’impression de la connaître, mais sans en être cependant certain. Ses seuls traits figuraux (allure, forme du visage, etc.) sont insuffisants à cette reconnaissance.

Mais si nous nous posons la question de savoir «où» nous avons déjà pu la rencontrer, l’hippocampe est mobilisé. Et même à partir d’un seul indice : « Etait-ce sur mon lieu de travail ? », « Lors de mes dernières vacances à Cabourg ? ». Des contextes entiers se recréent alors. Et la personne va être reconnue parce qu’elle fait partie d’un de ces contextes: « « L’accueil de mon entreprise… j’y revois cette personne… elle m’attendait là… J’y suis…c’est M. X. ». On comprend alors qu’un large balayage visuel de nos épisodes de vie, incluant tous les objets et les personnes dans leurs rapports spatiaux, soit prédominant dans cette voie allocentrée. Cette voie de traitement de l’information est donc objective. Elle nous fournit toutes les informations nécessaires pour comprendre rationnellement ce qui arrive (ou est arrivé), comme si nous étions observateurs extérieurs de la scène (comme des enquêteurs !)

Le circuit long de l’analyse subjective par la voie égocentrée.

La voie égocentrée (Figure 4, haut) exerce une fonction toute différente. Elle mobilise « dorsalement » le cortex pariétal. Cette voie analyse les objets, non pas pour les reconnaître ou encore en déterminer leurs positions relatives dans l’environnement embrassé par la large vision, mais pour les situer exclusivement par rapport à notre action. Sa propriété fondamentale est de voir les objets en fonction de leurs caractéristiques utiles pour agir sur eux (e.g. si j’observe mon bureau, c’est pour en extraire les possibilités d’actions qu’il m’offre, pour que j’y écrive, pour y disposer mes documents, etc.). Cette voie est donc subjective, les analyses sont visuo-motricesxi.

Fig 5Classiquement ces deux circuits exercent chacun leur rôle dans le traitement de tout stimulus pour en relever les aspects objectifs et subjectifs de manière équilibrée. Mais si le stimulus est vécu de manière largement aversive, alors la voie égocentrée, et sous l’impulsion du complexe amygdalien priorisant la nature de ces traitements, absorbe toutes les ressources attentionnellesvii.

La Figure 5 montre ainsi notre client focalisé sur l’évitement du choc tentant des manœuvres d’évitement).  Le contexte (comme les causes de l’accident, l’environnement) ne peut pas être analysé par la voie allocentrée viii, xiv   du fait d’un manque de ressources attentionnelles.

On connaît bien ce phénomène sous le terme de « tunnélisation » de l’attention (encadré 3).
L’étude de Sharot et al. (2007xv) montre que de tels évènements vécus de manière très traumatique demeurent gravés en mémoire sous cette forme très focalisée. Les auteurs font appel à 24 personnes ayant assisté, trois ans auparavant, aux attentats du 11 septembre 2001. Ils ont demandé ensuite à ces personnes de se remémorer l’épisode lors d’enregistrements par IRM de leur activité cérébrale. Deux groupes de personnes ont pu être clairement distingués sur la base des images IRM enregistrées, mais aussi la nature de leurs témoignages.

Un premier groupe de personnes (Figure 6) qui avait été très proche des attentats (en moyenne à 3,6 km du World Trade Center, c’est-à-dire à la hauteur du Washington Square). Le témoignage de ce premier groupe était riche en souvenir sensori-moteur (e.g; “j’ai cherché un refuge sous un échaffaudage”). Les images IRM présentaient aussi une forte activité de l’amydale et une faible activité de la zone hippocampique.

 Fig 6 
 Fig 7

Les personnes du second groupe  (Figure 7) avaient assisté aux attentats, mais de plus loin (en moyenne à 7,2 km du WTC, c’est à dire à la hauteur de l’Empire State Building). Pour ces personnes, les souvenirs étaient beaucoup plus détachés de l’épisode (e.g. « J’ai entendu un grand bruit mais je ne sais plus s’il venait de la télévision ou du dehors ») et leur activité cérébrale ne manifestait pas d’activité de l’amygdale et au contraire une activité importante de la zone hippocampique. Ces résultats sont donc conformes avec l’idée que le traitement de l’information lors d’un épisode vécu engage la voie égocentrée. Et la mémoire de ces évènement demeure largement marquée par la focalisation sur les stimuli aversifs.   

Encadré 3. La « tunnélisation» de l’attention. C’est l’exemple du débutant en plongée sous marine qui peut se sentir très mal-à-l’aise, et de fait, centraliser exclusivement son attention (d’où le terme de tunnélisation) sur ses possibilités de remontée à la surface. Il se focalise alors exclusivement sur cette seule solution : « où est la surface par rapport à moi?» Cela l’empêche d’observer ce qui est autour de lui comme le peu de profondeur à laquelle il nage, la tranquillité de ses compagnons de plongée. Et ce qui oblige le moniteur de plongée averti de transmettre des signaux en prenant soin d’être dans ce champ visuel restreint

 

Comment comprendre la résonance émotionnelle de peur provoquée par des évènements traumatiques ?

Ce ne sont que quelques centaines de millisecondes après que notre corps ait réagi, que « ces flots d’hormones » se soient déversés en lui, que ses sens aient été submergés de stimulations visuelles, olfactives, tactiles et de ressentis kinesthésiques dus aux actions de protection en urgence, que l’on prend conscience de l’agression et que celle-ci commence à résonner en nous émotionnellement sous forme d’une peur. Comment expliquer cette résonance ?

Resonnace emotionnelleFig 8

La voie égocentrée, prioritaire en ces cas est en fait liée à l’insulaxvi, et co-agit avec elle. L’insula est une structure, située au coeur des replis du cortex (Figure 8), qui joue un rôle central dans cette résonance. Elle est reconnue comme le medium de la conscience intime que nous avons d’être xvii, xviii et d’être agent de nos actions (i.e. le concept d’agentivité xix). Elle est en effet la place du ressenti clair des réactions intéroceptives du corps telles que les accélérations des battements du coeur xx, les tensions au niveau de l’estomac ou de l’intestin déclenchées par le circuit court hormonal. La peur vient donc du fait que nous ressentons que notre équilibre vital est, ou vient d’être, violenté 3  Cest le fait que notre propre existence est, ou vient d’être, gravement mise en péril qui démultiplie la souffrance. Ainsi, même dans les cas de douleurs d’origine uniquement organique, la souffrance ressentie apparaît surtout liée à sa subjectivisation4, xxi 

3 Beaucoup de victimes d’accident de la route retiennent de ces épisodes que leur existence est fragile et réapprécient leur vie à l’aune de cette prise de conscience. Antonio Damasio rapporte le cas d’un patient atteint d’une névralgie trigéminale réfractaire. Le moindre affleurement de son visage déclenchait des douleurs atroces. Une intervention chirurgicale très précise et modifiant l’activité cérébrale au sein du cortex cingulaire (structure corticale gérant l’induction émotionnelle des événements traumatiques) a modifié sa vie. L’opération fut un succès. Bien que le patient continuait à ressentir toujours les mêmes agressions physiques, la souffrance avait disparu. Ce qu’attestait un visage qui ne reflétait désormais plus de douleur. 

4 Antonio Damasio rapporte le cas d’un patient atteint d’une névralgie trigéminale réfractaire. Le moindre affleurement de son visage déclenchait des douleurs atroces. Une intervention chirurgicale très précise et modifiant l’activité cérébrale au sein du cortex cingulaire (structure corticale gérant l’induction émotionnelle des événements traumatiques) a modifié sa vie. L’opération fut un succès. Bien que le patient continuait à ressentir toujours les mêmes agressions physiques, la souffrance avait disparu. Ce qu’attestait un visage qui ne reflétait désormais plus de douleur.

Les processus d’inhibition de la peur.

Cependant le cerveau humain n’est pas démuni face à des stimuli très aversifs provoquant la peur. Il possède en effet des mécanismes de très haut niveau agissant de manière « descendante » (« Top-down Control Processes of Emotion ») inhibant les effets des traitements « ascendants » notamment ceux de la voie égocentrée. Un cortex joue un rôle clé ici. Il s’agit du cortex préfrontal médian (CPFm ou « mPFC » en anglais). On le connaît déjà à travers des études démontrant qu’il peut réduire les effets d’un conditionnement à un stimulus provoquant la peur xxii . On peut aussi citer le travail de Hölzel et al. (2007)xxiii concernant l’activité cérébrale des méditants. On sait que la pratique intensive de la méditation permet de ré guler les émotions. Les auteurs démontrent, de manière intéressante, que ces personnes suivant une telle pratique, présentent une activité plus forte du CPFm que les non-méditants. Aussi une activité importante du CPFm permettrait de rendre prioritaires les informations contextuelles livrées par l’hippocampexxiv (voie allocentrée) rendant leur analyse plus objective, et ce au détriment de leurs caractéristiques les plus aversives.

Dans son étude de 2010xxv , MobbsMobbs décrit le mode d’intervention précis du CPFm. Pour son protocole, le chercheur n’hésite pas à construire des situations induisant une peur panique chez les participants.

Fig 9Ainsi, ceux-ci voyaient une tarentule arriver tout près de leurs pieds (A)5 ou au contraire en être encore éloignée (B) (Figure 9, bas). Les participants savaient cependant que l’araignée ne pouvait en aucun cas les toucher, car elle était présentée dans des compartiments parfaitement étanches. Dans le même temps, est enregistrée par IRM leur activité cérébrale. Les résultats de l’IRM (Figure 9, haut) montrent que dans la situation A les sujets (vivant un état de panique) présentaient une forte activité en cascade de l’amygdale, de la PAG et de l’insula, mais aussi une activité réduite du CPFm. En revanche, dans la situation B, on assistait au phénomène inverse : une forte activation du CPFm inhibant l’amygdale et de fait la PAG.

Ce que montre cette expérience est que les participants étaient incapables dans la situation A de focaliser leur attention sur les informations contextuelles (i.e. La tarentule ne pouvait en aucun cas les toucher, les parois du compartiment dans laquelle elle était placée étaient épaisses) qui auraient du les aider à « dresser une barrière cognitive ». Un entraînement, visant à focaliser l’attention des participants de l’expérience afin de dresser cette barrière, aurait réduit leur état de panique dans la situation A.

Aussi on peut faire l’hypothèse que les personnes ne parvenant pas à se défaire de la résonance émotionnelle pénible d’un événement traumatique seraient en fait dans l’incapacité d’imaginer le revivre d’une manière suffisamment distante. En d’autres termes, leur attention focalisée sur le stimulus aversif, réduirait à néant les traitements allocentrés.  

C’est ce que démontre Smith et al. (2015xxvi chez les personnes souffrant de TSPT. Ces personnes seraient dans l’incapacité de traiter et d’imaginer d’un point de vue allocentré des évènements même les plus neutres émotionnellement. Ce qui les amènerait à se sentir trop rapidement immergés dans leurs épisodes de vie et… submergés par eux dès qu’ils revêtent un caractère traumatique. Les auteurs proposent à des participants victimes de TSPT et à des participants n’en souffrant pas, la situation expérimentale suivante (Figure 10) : Il faut déterminer lequel des 4 paysages de droite est exactement le même que celui de gauche mais photographié d’un autre point de vue.

Fig 10

Pour ce faire, il est nécessaire de déplacer mentalement sa position autour du paysage de gauche pour ensuite comparer ces nouveaux points de vue avec chacune des 4 photos de droite 6. En d’autres termes, il faut adopter une vision allocentrée. Les résultats démontrent que les participants victimes de TSPT réalisent avec plus de difficulté cette tâche que des participants témoins. La conclusion des auteurs est que souffrir de TSPT est liée à l’incapacité à se décentrer pour analyser objectivement une situation.

6 La bonne réponse est la photo à l’extrême droite et en bas.

Cette hypothèse a reçu la validation complémentaire d’une autre étudexxvii  .Les auteurs ont commencé par demander à des personnes victimes de TPST de raconter l’épisode traumatique en décrivant la situation juste avant la survenue du stress et de continuer à la décrire jusqu’à sa fin. Puis ces personnes étaient invitées à décrire les images intrusives, ou des flashbacks pénibles, liés à cet épisode et dont elles étaient victimes depuis. Les auteurs ont ensuite extrait des mots ou des phrases clés de leur narration qui ont été déterminées comme induisant des flashbacks pénibles. Dans un second temps ces mots et ces phrases étaient présentés aux participants, alors qu’il était procédé à un enregistrement IRM de leur activité cérébrale. Les images recueillies montrent que c’est bien une mise en jeu marquée de la voie de traitement égocentré qui absorbait les ressources attentionnelles, conduisant à une réduction majeure des traitements allocentrés.

L’adoption d’une vision allocentrée semble donc bien être la clé dans le traitement de la résonance pénible d’un souvenir traumatique. La question est de savoir si une telle vision est aisée à adopter et à faire adopter.

Des études menées en psychologie cognitive le montrent. En demandant simplement, mais systématiquement, à des participants de situer les objets de leur environnement les uns par rapport aux autres (plutôt que de les situer simplement par rapport à eux), on peut les faire aisément passer d’une mémorisation égocentrée de la position de ces objets à une mémorisation allocentréexxviii, et dans laquelle les rapports spatiaux entre les objets de l’environnement sont plus précis.

Mais plus important, citons aussi une étude datant de 2002xxix. Les expérimentateurs présentaient sur un écran d’ordinateur des paires de stimuli (un stimulus aversif placé à côté d’un autre neutre). Après chaque présentation de ces paires de stimuli, ceux-ci disparaissaient de l’écran. En demandant simplement aux participants de se rappeler en priorité de la position spatiale des stimuli neutres, c’est-à-dire de déplacer systématiquement leur attention dans la périphérie des stimuli aversifs, les expérimentateurs ont pu obtenir une réduction de l’impact émotionnel provoqué par ces stimuli aversifs.

Même dans le cas de TSPT, cette réorientation allocentrée est possible. C’est ce que démontrent, en 2003, Grunert et al. (2003)xxx en utilisant le protocole dit de réécriture imagée (« imagery rescripting » en anglais). Ils interviennent auprès de « Charles » qui a vécu un grave accident de chantier. Le coéquipier de « Charles », en manipulant maladroitement une torche à découper, a mis le feu au chantier. Ce qui lui a occasionné de graves brûlures. Si « Charles » avait pu le secourir, « Charles » souffrait quand même d’images intrusives effrayantes dénotant un TSPT. En effet, il s’imaginait pris dans les flammes d’un nouvel accident qu’il aurait provoqué, et occasionnant de graves brûlures à ses coéquipiers.
Le protocole a consisté à d’abord demander à « Charles » de se remémorer au présent l’accident comme si il le revivait effectivement, c’est-à-dire à la première personne. Puis dans un second temps, à lui demander de réécrire la scène mais cette fois en s’en détachant, c’est-à-dire en s’imaginant être une seconde personne arrivant sur les lieux au moment de l’accident, observant toute la scène et pouvant intervenir comme un secouriste. En se fondant sur les réponses de « Charles » dans une batterie de tests psychométriques très valides 7 , les auteurs montrent qu’il est parvenu à se détacher de son point de vue égocentré. Et que ce détachement a été des plus salutaires. Sa vision nouvelle, reposant sur une analyse plus large, plus cohérente des circonstances de l’accident, lui a permis de prendre conscience que la manière dont il avait agi avait été en tout point « ce qu’il devait exactement faire pour porter secours ». Ce qui a conduit à une réduction marquée des flashbacks intrusifs.

7 L’Echelle d’Impact des Evènements Stressants (Impact Event Scale, IES), le test de Spielberger, l’Echelle de Degré de Détresse Ressentie (Subjective Units of Distress, SUDS)

La dissociation V/K. Une manière de passer d’une représentation égocentrée à une représentation allocentrée.

La question à présent est de savoir si le protocole de dissociation V/K met effectivement en jeu les mêmes processus que ceux décrits par la neuropsychologie pour réduire l’impact émotionnel d’évènements traumatiques. Dans un article paru en 1987 dans la revue Professional Psychology, Koziey et Mc Leod (1987)xxxi ont souhaité expérimenter le protocole de dissociation V/K, déjà connu. Dans un premier temps, ils s’inspirent en effet de l’ouvrage de Richard Bandler paru en 1985xxxii et dans lequel l’auteur souligne qu’une personne peut être « associée » ou au contraire « dissociée » dans son travail mnésique.

Être « associé » signifie revenir en arrière et revivre une scène de vie, comme si nous y étions de nouveau impliqués en tant qu’acteur, c’est-à-dire en ressentant corporellement les actions entreprises.

Au contraire, être « dissocié » signifie revivre la même expérience, mais comme si nous l’observions simplement et d’un point de vue tout autre que celui d’acteur.

Les auteurs illustrent cette perspective en nous amenant à observer une expérience personnelle comme depuis un avion, ou comme un spectateur d’une salle de cinéma se regardant agir dans cette expérience. Ils citent aussi, dans un second temps, le travail plus ancien de Fromm parus en 1965xxxiii et portant, pour la première fois à notre connaissance, sur une description précise de la dissociation V/K. De manière très avant-gardiste, l’auteur avait donné à l’expérience d’une représentation K le nom d’« experiencing ego », et donc parfaitement assimilable ici à un traitement égocentré impliquant, comme la neuropsychologie le voit, l’individu corporellement8, xxxiv . Se dissocier consisterait à passer d’une représentation K à un mode de représentation V, qu’il nommait « observing ego », là encore, parfaitement compatible avec un traitement allocentré, fondé sur un large balayage visuel d’une scène « me » contenant. Dans la partie expérimentale, Koziey et Mc Leod (1987) ibid amènent deux clientes à passer d’une représentation K à une représentation V en leur demandent d’imaginer la scène traumatique, comme si elles étaient spectatrices de cette scène projetée sur un écran de cinéma. Suite à l’utilisation d’une batterie de tests similaires à ceux utilisés par Grunert et all (2003)ibid, les auteurs constatent que la procédure de dissociation V/K a bien conduit à la réduction de la résonance émotionnelle des évènements traumatiques subis.

8 La dénomination K est juste car la kinesthésie est la sensation de son corps en mouvement. La voie égocentrée promeut, comme nous l’avons vu, ce type d’implication corporelle puisqu’il s’agit surtout pour le sujet d’agir face à un stimulus aversif.  
1

Fig 11Ainsi on peut tout à fait considérer que la procédure de dissociation V/K peut conduire le client à basculer d’une représentation égocentrée à une représentation allocentrée (Figure 11).

La dissociation V/K apparaît donc comme une procédure scientifiquement tout à fait cohérente.

Cependant il reste crucial pour le PNListe de pouvoir s’assurer que ses interventions prévues par le protocole de dissociation V/Kxxxv ont, ou non, l’effet espéré sur le client. Cela revient, en plus des commentaires du client et de ses attitudes, à pouvoir mesurer le plus objectivement possible les états ressentis lors des étapes importantes du protocole V/K.

Il s’agit notamment de la première étape a) au cours de laquelle le client se place dans une situation psychologiquement confortable en visualisant une situation agréable et sans lien avec la situation traumatique, de l’étape b) au cours de laquelle le client évoque la situation traumatique et enfin de l’étape c) au cours de laquelle le client ré-évoque celle-ci à la fin du protocole.

 

Utilisation d’un test adapté : Il s’agit du Mannequin d’Auto-Evaluation (« Self Assessment Manikin », ou « SAM » en anglais dérivé des travaux de Mehrabian et Russell, 1974xxxvi. Il est réalisable en 15 secondes ce qui permet aisément de le soumettre au client plusieurs fois au cours du protocole. Il est constitué de 3 échelles horizontales (Figure 12) mesurant chacune un type précis de ressenti : le client peut se percevoir « content/ou (au contraire) attristé », peut « percevoir des bouleversements physiologiques/ou (au contraire) se percevoir dans un réel état de calme», et enfin peut se percevoir « soit dépassé par la situation/soit (au contraire) la dominer ».

Fig 12

Il est important de noter que la littérature scientifique a démontré que ces trois états étaient indépendants ce qui en fait un outil discriminant finement les états émotionnelsxxxvii . Pour illustrer cette indépendance, un client lors de la phase b) peut ressentir un état d’activation physiologique importante occasionnée par l’évocation d’un épisode traumatique (i.e. réactivation des circuits et notamment sous l’action de l’amydale) et en cochant des cases situées vers la gauche de l’échelle 2. Mais ce n’est pas pour autant qu’il se sentira dépassé (échelle3), ou attristé (échelle 1). Aussi la dissociation sera-t-elle réussi si le client finit par simplement cocher les par la situation (c’est-à-dire cocher des cases davantage vers la droite de l’échelle 2, à la fin du protocole.  

L’échelle 2 a reçu une validation objective intéressante. Il a pu être démontré que les réponses subjectives dans cette échelle sont corrélées avec la mesure de la sudation (ou conductance de la peau. Cette mesure est considérée comme une mesure objective de l’inconfort physiologique vécuxxxviii. Ainsi cette conductance a été évaluée comme étant d’autant plus élevée que les participants cochaient les cases vers la gauche de cette échellexxxix.  Enfin, les travaux en neuropsychologie cités ont démontré l’implication de structures cotgnitives de haut niveau dans l’inhibition des traitements égocentrés. Aussi, on peut faire l’hypothèse qu’un client dépassé par la situation lors de l’évocation de la situation aversive en début de protocole, finisse par cocher des cases situées significativement beaucoup plus vers la droite dans l’échelle 3, à la fin du protocole.

Conclusions

Il existe, en conclusion, de très sérieuses raisons de penser que le protocole de dissociation V/K est, sur le plan théorique, valide. Des analyses statistiques portant sur les réponses des clients au cours de la procédure dans un test comme le SAM, conféreraient à ce protocole une validité encore plus importante dans sa capacité à réduire des émotions pénibles liées à un évènement traumatique. Elles permettraient en effet au PNListe de vérifier que son client a (ou non) significativement progressé à la fin du protocole dans le (ou les) type(s) de ressenti(s) jugé(s) très pénible(s) lorsqu’il évoque l’événement traumatique au début du protocole. 

Yves andre fery

Yves-André Féry, est professeur des Universités à l’Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines. Sa spécialité est la psychologie cognitive.

 

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