Nous contacter

78 avenue du Général Michel Bizot
75012 PARIS

Nous appeler

 Jean Luc Monsempès

Le troisième édition du NLP Leadership Summit qui s’est tenue au mois de janvier 2020 à Alicante a réuni près de 80 leaders de la PNL venant de 27 pays. De nombreux thèmes ont été abordés, et en particulier celui de la vision de ce que la PNL peut apporter au monde. Peut être du fait de la brûlante actualité climatique en Australie, et aussi d’une sensibilisation particulière des participants à la notion d’écologie, la question de la contribution de la communauté PNL au problème de la protection de l’environnement et du réchauffement climatique a été posée. La notion d’écologie interne et externe si chère à Gregory Bateson est présente dans tous les modèles de changements de la PNL. Les experts de la PNL n’ont pas encore joué leur rôle de leader vis à vis de la question brûlante de l’environnement. Y a t-il des exceptions ?  Bien peu à ma connaissance, si je me base sur les recherches sur internet. Une exception cependant avec l’article de Richard Bolstad et Margot Hamblett « The Ecology of Business » qui date de juin 2001 et dont nous vous proposerons une traduction le mois prochain est un exemple à suivre dans le monde de la PNL

L’écologie de l’esprit et l’environnement 

« La monstrueuse pathologie atomiste que l’on rencontre aux niveaux individuel, familial, national et international – la pathologie du mode de pensée erroné dans lequel nous vivons tous – ne pourra être corrigée, en fin de compte, que par l’extraordinaire découverte des relations qui font la beauté de la nature.» G. Bateson (1904-1980)

Pourquoi une telle passivité devant une planète qui brûle 

Notre sort est indissociable de celui de l’environnement. Arrêtons de nous croire au-dessus ou au dehors“. Pierre Rabhi
En peu de mots, il est de toute urgence de développer une mondialisation de l’écologie capable de s’opposer efficacement aux méfaits et aux pollutions provoqués par la nouvelle mondialisation de l’économie“. Hubert Reeves “L’espèce humaine est entrée en conflit avec l’espace, la terre, l’air même qu’il lui faut pour vivre. Comment pouvons-nous parler de progrès, alors que nous détruisons encore autour de nous les plus belles et les plus nobles manifestations de la vie ?“. Romain Gary

Pour Grégory Bateson, la compréhension du comportement d’une personne implique la prise en compte de toute l’organisation du réseau de communication qui relie cette personne à son environnement. Ce réseau de communication ne se limite pas à l’homme, mais à tout ce qui dans notre environnement peut traiter l’information, que ce soit d’autres humains, les arbres, les plantes et les animaux, et tout ce qui forme un écosystème. L’environnement est présent dans le cerveau qui pense à l’intérieur d’un humain. Comme le déclare Bateson, un réseau de communication relie  le monde du dedans et le monde du dehors. La question brûlante concerne la passivité de l’homme face à un mécanisme de destruction massive de la beauté de la nature et de ce qui assure notre survie. Autrement dit, si le drame écologique mobilise de plus en plus de personnes, d’organisations, d’entreprises, de gouvernements, et aussi des experts du changement humain, pourquoi  les actions concrètes restent-elles encore trop limitées, ou du moins pas à la hauteur des enjeux et de l’urgence de la situation ?.  C’est probablement dans les sciences cognitives et l’écologie que se trouvent quelques éléments de réponses. 

Pour Sylvie Granon, chercheuse en neurosciences comportementales et co-auteur du livre « Le Souci de la nature » (CNRS éditions, 2017), la majorité des gens ne font rien car le fonctionnement de leur cerveau est réticent à toute modification de ses habitudes. “Le changement est extrêmement énergivore et stressant pour l’organisme, qui va essayer de diminuer l’impact de ce stress en adoptant les comportements les plus automatiques et les plus rassurants possible”. Ces comportements peuvent être le déni de l’existence du problème ou de sa gravité, car notre cerveau a du mal à se représenter de façon sensorielle les phénomènes à long terme comme les changements climatiques. Si par ailleurs, les besoins vitaux ne sont pas satisfaits, le désengagement devient compréhensible “Si les gens n’ont pas à manger et un toit sur la tête, le climat sera à mille lieues de leurs préoccupations”.

Se changer pour changer notre perception du monde

Occupés par leur désir d’atteindre la lune, les hommes ont échoué à voir les fleurs qui s’épanouissent à leurs pieds“. Albert Schweitzer
Les sciences nous racontent notre histoire : l’astronomie notre passé et l’écologie notre avenir“. Hubert Reeves
La société dans laquelle on est ressemble à une espèce d’avion de ligne où tous les voyants seraient au rouge dans le cockpit et qu’à l’arrière on continue soit à boire le champagne soit éventuellement à se quereller“. Nicolas Hulot

Bateson pourrait nous rappeler que l’obstacle majeur serait de vouloir séparer environnement intérieur et extérieur.  Pour saisir l’essence des relations qu’une personne peut entretenir avec son environnement extérieur, on a besoin de comprendre les relations qu’elle entretien avec son environnement intérieur. Dans une vision systémique, ces deux mondes sont indissociables l’un de l’autre. Notre perception du monde extérieur est une projection de ce qui se passe dans notre monde intérieur. Toute conversion écologique est avant tout une transformation de la conscience. Celle-ci consiste à passer progressivement d’une pollution de la pensée à une écologie de l’esprit, chère à  Gregory Bateson. 

Nos pensées et les émotions qui y sont associées peuvent façonner nos réactions aux changements climatiques. Des ressentis de colère, de désespoir ou d’impuissance, de culpabilité ou de honte, de chagrin, d’anxiété ou de panique peuvent être des réactions appropriées à une situation si elles restent brèves, en nous donnant les moyens de comprendre et d’agir sur ses cause profondes. Les mécanismes de défenses (projections, dénis, désaveu…etc.) que nous mettons en place vis à vis de ces ressentis inconfortables signifient que nous n’avons pas encore pris les mesures nécessaires pour traiter leur cause. Tant que nous nions consciement ou inconsciement notre peur de voir le monde brûler, nous ne ferons rien pour agir. En bloquant nos émotions de chagrin, de perte et de deuil, nous ne pouvons pas nous relier à l’urgence de la crise climatique, et nous ne réussissons pas à agir suffisamment rapidement.

En ne prenant pas conscience qu’en nous infligeant des violences intérieures, nous infligeons des violences aux autres et à notre environnement, nous nous privons des moyens d’y mettre fin. Car bien souvent nous considérons ne pas savoir comment agir sur les causes profondes de notre passivité. La cause de notre passivité se trouve le plus souvent au niveau des croyances qui impactent profondément nos modes de pensée et nos comportements.  Nous pouvons croire qu’il n’est pas si important ou valable de faire quelque chose pour le climat, ou croire que ce n’est pas possible d’agir pour inverser un processus de destruction, ou croire que les actions mises en œuvre ne donneront les résultats escomptés, ou croire que ces actions vont amener quelque chose de pire, ou croire que nous n’avons pas la capacité à agir pour la planète, ou croire que nous n’avons pas assez de valeur en tant qu’humain pour intervenir nous même sur les questions d’environnement, ou enfin croire que ce n’est pas de notre responsabilité individuelle, mais de la responsabilité des politiques, des industriels, des scientifiques, ou du voisin… d’intervenir sur la crise climatique. Ces croyances limitantes nous coupent de notre nature profonde, nous rendent aveugle à la beauté de la nature, et font obstacle à la mise en oeuvre concrète des comportements de préservation de la nature. Nous se saurons pas préserver un monde qui ne nous émerveille plus.

Le développement durable de notre société commence par le développement durable d’individus soucieux de préserver leurs propres ressources internes avant de se soucier de préserver celles d’autrui et celles de la terre. Toute intervention permettant à une personne de vivre de façon plus alignée, plus en accord avec la préservation et le développement de ce qui compte pour elle (valeurs, identité, raison d’être, spiritualité, intégration à son environnement,) sera très probablement source d’un bien être qui transformera le regard quelle portera au monde qui l’entoure. Voir la beauté de la nature implique de découvrir notre propre beauté intérieure. Cette transformation intérieure peut certainement créer les conditions favorables d’une transformation extérieure au niveau social, économique et politique.  

Les acteurs d’une transformation de la conscience

L’opinion réclame des changements à cor et à cri pourvu qu’elle n’en paye pas le tribu“.  Nicolas Hulot
Parler de l’homme dans la nature revient presque aujourd’hui à parler de l’homme contre la nature” . Théodore Monod

Qui peut contribuer au mieux à cette transformation de la conscience ?. Depuis toujours, c’est le rôle des sages, des philosophes ou des maîtres spirituels, qu’ils soient religieux ou pas. Les sciences de la psyché ont maintenant pleinement leur place dans le domaine de l’évolution de la conscience, d’autant plus qu’elles ont fait depuis un demi siècle leur propre révolution, car au savoir analyser une expérience s’est substitué un savoir faire efficace pour apporter des changements dans les pollutions, incendies, tornades et destructions du monde intérieur.  Qu’ils soient psychologues, psychothérapeutes, ou tout autre utilisateur d’une méthode d’évolution ou de transformation des consciences, toutes ces personnes peuvent à leur façon contribuer à la création et la préservation d’un monde intérieur et extérieur dans lequel il fait bon vivre et dans lequel la beauté de la nature est respectée. Toutes ces fonctions et métiers peuvent fournir les cartes relationnelles et émotionnelles qui, en faisant évoluer notre conscience, peuvent nous amener de la catastrophe à la transformation.

L’avocat américain et militant écologiste James Gus Speth disait que « les plus grands problèmes auxquels la planète était confrontée étaient la perte de la biodiversité, l’effondrement des écosystèmes et le changement climatique ». Et Il croyait qu’en 30 ans, une bonne approche scientifique pouvait apporter des solutions rationnelles pour résoudre ces problèmes. Mais il a ajouté : “J’avais tort. Les principaux problèmes environnementaux sont l’égoïsme, la cupidité et l’apathie, et pour les résoudre, nous avons besoin d’une transformation spirituelle et culturelle. Et nous, les scientifiques, ne savons pas comment faire cela“. Voilà ce qui peut expliquer le désarroi et le sentiment d’impuissance de nombreux scientifiques face à des phénomènes qu’ils ne comprennent pas ou qu’ils ont longtemps voulu ne pas comprendre. Car si ces scientifiques savent trouver des solutions aux problèmes physiques et objectivables, ils se sentent désemparés devant des phénomènes “subjectifs et irrationels” qu’ils croient ne pas pouvoir comprendre ou qui ne les interessent pas.  “Il est plus difficile de casser une croyance que de briser un atome” dirait Albert Einstein.

Les scientifiques savent pour la plupart parler d’une même voix pour expliquer que le réchauffement de la terre qui est dû à l’effet de serre, est en train d’évoluer avec une ampleur et une rapidité jamais atteintes, du fait de l’activité humaine. Ils savent pointer les responsables dans l’industrie (fabrication de ciment, d’aluminium, de composants d’ordinateurs, procédés chimiques), dans l’agriculture (élevages de ruminants, culture du riz, fabrication d’engrais), la combustion des énergies fossiles, l’utilisation de climatiseurs…etc. Leurs conclusions sont transmises aux gouvernements, aux organisations internationales, à la presse et aux médias, aux économistes… à tous ceux qui sont censés avoir une influence sur la bonne marche de notre planète. Mais ces instances publiques ou privées sont confrontées aux mêmes problèmes que ceux auxquels les scientifiques sont confrontés, car toutes les solutions fort pertinentes qui sont préconisées présupposent une action rationnelle de la part d’humains raisonnables.

Voilà le véritable obstacle à la mise en application immédiate des solutions, car l’humain est un mammifère ni rationnel, ni raisonnable. En matière d’environnement, la plupart des humains agissent comme des drogués bien intentionnés. Nous désirons sincèrement arrêter de polluer les mers, l’air, la nature et d’exploiter le monde naturel, mais nous continuons à le faire au quotidien par nos modes de vie. En cherchant toujours plus de solutions rationnelles et pratiques, nous nous condamnons à échouer. Nous savons qu’il est bien difficile de changer des habitudes comportementales, sans changer les stratégies mentales et les croyances qui produisent ces mêmes comportements, dirait encore Einstein. Montrer dans les médias à longueur de journée les horreurs du dérèglement climatique n’a d’impact que chez ceux qui sont déjà sensibilisés au problème de l’urgence climatique.  L’évolution ou la transformation des consciences ne peut se décider sur les bancs de l’assemblée des représentants du peuple. C’est une affaire individuelle qui répond à une intention individuelle. Les gouvernements sont également fait d’humains bien intentionnés, mais ni rationnels, ni raisonnables. Les solutions adoptées par les états sont à la hauteur des craintes légitimes qu’ils peuvent avoir en matière de déstabilisation sociale, économique et politique. 

Vers une psychologie du climat

Les états et gouvernements ont surtout pour rôle de donner un cadre législatif dans lequel les initiatives individuelles des personnes sensibilisées à l’urgence climatique pourront contribuer au mieux à la résolution d’un problème qui concerne tous les humains et tout ce qui est vivant sur terre. Par le choix de nos habitudes de vie (alimentaires, habitat, transports, loisirs, mental, lecture…etc, nous disposons d’un véritable pouvoir sur les causes directes du réchauffement climatique, mais nous ne l’utilisons pas ou peu. Les consommateurs ont le pouvoir de rappeler à des producteurs ou fabriquants peu scrupuleux, leur responsabilité en matière de protection de l’environnement. Notre vrai pouvoir réside dans notre capacité d’auto-réflexion pour observer nos propres modes de vie et remédier à ceux qui ne protègent pas notre maison commune. Nous pouvons prendre conscience de nos comportements ou conditionnements inappropriés, réajuster nos stratégies mentales pour produire des comportements plus respectueux de notre environnement, recadrer nos croyances pour nous autoriser à penser d’une manière plus écologique, inscrire la responsabilité individuelle vis à vis de l’écologie dans notre processus d’identification, et nous connecter à un “holon” plus grand que nous dans lequel les intérêts individuels et collectifs peuvent s’équilibrer. Si nous n’utilisons notre capacité à nous réveiller, ou nous éveiller, nous prenons le risque de vivre comme la grenouille qui dans la casserole d’eau froide sera progressivement anesthésiée puis cuite par une température dont elle n’a pas perçue la progression. Comme nous nous percevons comme des être séparés, nous ne prenons pas conscience des liens invisibles qui nous relient tous, nous ne réalisons pas que des gestes qui peuvent sembler anodins se répercutent sur la vie de nos voisins et de notre communauté, puis  se retournent contre nous en oubliant que c’est le résultat de nos propres actions. La première règle de l’écologie, c’est de reconnaître que les éléments d’un système vivant sont tous liés les uns aux autres. 

Les solutions ne peuvent donc venir que de l’intérieur. Vous êtes le seul à pouvoir faire le consat de l’urgence climatique intérieure et décider d’y remédier. Nous avons besoin de mieux comprendre ce qui en nous peut faire obstacles à l’émergence d’une conscience élargie, d’une meilleure expression de notre rôle et de notre responsabilité d’humain dans le monde dans lequel nous vivons. Nous avons besoin d’enrichir nos cartes mentales de nouvelles réponses individuelles à la crise environnementale. Mais voilà, l’évolution des consciences ne se décrète pas, du moins dans un pays dans lequel la liberté de pensée est respectée.  L’évolution des consciences est par contre grandement facilitée par l’éducation, et cela peut commencer dès le plus jeune âge. 

Sur le WEB, on voit de plus en plus apparaître la notion de “psychologie du climat et de l’environnement”.  C’est un signal fort rassurant concernant le niveau de conscience des professionnels de la psychologie vis à vis du dérèglement climatique. Et en même temps c’est une spécialité nouvelle qui se dessine, un métier plein d’avenir qui répond à un réel besoin.  Comme le changement climatique semble attaquer la santé mentale des individus, les médecins ajoutent de nouveaux syndromes à leur nosologie médicale, dont ceux de l’éco-anxiété ou de l’éco-dépression.  Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-V), définit l’éco-anxiété comme une “peur chronique d’un environnement condamné” 

Le terme d’éco-anxiété a été créé en 1995 par un écopsychologue américain, Théodore Roszak, qui l’a défini comme une souffrance prospective, déclenchée par une projection vers l’avenir et en lien avec la prise de conscience écologique. « À cause de cette dimension prospective (qui concerne un événement à venir), on parle de terme de stress pré-traumatique, par opposition au stress post-traumatique dont souffrent par exemple les victimes de viol ou d’attentats ».  Pour Charline Schmerber, auteur de l’article « co-anxiété : l’homme malade de la planète », les éco-anxieux sont surtout des femmes  (à plus de 64 %), issues de catégories socioprofessionnelles supérieures, vivant principalement en ville, et dans la tranche d’âge des 26-45 ans. Parmi les facteurs déclencheurs, on note en premier lieu (90% des répondants) la dégradation de l’environnement. Pour plus de 68 % des participants, l’anxiété relative à la situation écologique est décrite comme importante ou aiguë. Outre la perte de la biodiversité, les ressources en eau et le réchauffement climatique sont les facteurs le plus souvent cités.

Un peu partout dans le monde, des militants écologistes, des scientifiques et de simples citoyens soucieux des conséquences de la crise climatique, sombrent dans une nouvelle forme de sinistrose, car ils se sentent impuissants à faire face à l’ampleur des défis environnementaux.  Des adolescents rentrent en conflit avec leurs parents parce qu’ils ne partagent pas les mêmes préoccupations concernant la perte de biodiversité du monde. Des enfants déclareront ne pas pouvoir faire confiance à leurs parents du fait de la passivité de la génération plus âgée. Des couples se déchireront devant la peur de l’avenir de la planète et des modes de vie à adopter pour y remédier. Les psychanalystes diraient qu’aujourd’hui, on craint pour l’avenir de l’humanité mis en péril par les actions de l’homme sur terre, comme autrefois on craignait la peste ou les colères divines, et que les peurs millénaires, ça n’a rien de nouveau. Voilà un propos qui invite à prendre une position tellement méta (au balcon de Mars ?) qu’on ne se sent plus du tout concerné par les souffrances de la terre et nos propres souffrances.  

Les psychologues du climat explorent les dynamiques inconscientes qui nous empêchent de faire face à la réalité des changements climatiques, et nous confrontent à notre déni et notre apathie. Les psychologues du climat peuvent aider les individus qui le veulent, à construire un dialogue entre ces différentes positions de perceptions vis à vis de la crise environnementale, à définir un but commun susceptible d’inclure et transcender les intérêts des différentes positions présentes, et à préciser les actions immédiates qui en découlent.  Ils peuvent aussi aider leurs clients à changer la façon dont ils ressentent les crises, actualiser leurs croyances et agir. Il est intéressant de noter que des dirigeants d’associations de psychologie de plus de 40 pays, se sont réunis à Lisbonne en novembre 2019 pour le premier Sommet international sur la psychologie et la santé mondiale et ont signé une proclamation dans laquelle ils s’engagent à appliquer les sciences psychologiques pour faire progresser la lutte contre le changement climatique.

La communauté PNL face à la crise climatique

Comme en témoignent les attentes écologiques des participants aux formations et la nature des échanges lors des conversations informelles ou sur les réseaux sociaux, je suis convaincu de l’engagement individuel de nombreux professionnels de la communication, de l’apprentissage et de l’accompagnement au changement, et de PNListes, envers la problématique de l’environnement et plus particulièrement la crise climatique. De part les formations suivies pour exercer leur métier, leur centre d’intérêt pour le développement humain, ils montrent un niveau de conscience bien plus élevé que celui de nos contemporains. Cette prise de conscience amnène parfois à des engagements politiques écologiques. Mais en général, cet engagement est souvent bien plus individuel que collectif. Comme si ce souci de l’avenir de notre planète était plus une question privée que professionnelle. Pour que l’engagement soit collectif, il convient que quelques individus expriment une vision commune et la formulation d’une contribution spécifique à la crise climatique, puis de savoir communiquer sur ce thème. Les PNListes sont des experts du changement de climat intérieur, de l’écologie humaine et de l’améioration du paysage intérieur des individus. Qu’ils soient formateurs, coachs, psychothérapeutes, ces experts peuvent grandement contribuer à faire évoluer le niveau de conscience dont nous avons tant besoin pour résoudre la crise climatique. 

Comment communiquer sur la crise climatique ?

Les spécialistes de la PNL sont aussi des experts du langage d’influence. Cela signifie t-il qu’ils sont en mesure d’apporter un « savoir communiquer » pouvant sensibiliser largement le public à l’enjeu du défi climatique ? Dans un article intitulé Why your brain doesn’t register the words ‘climate change ( Pourquoi votre cerveau n’enregistre pas les mots “changement climatique”), l’auteur cite les résultats d’une étude réalisée par une agence de conseil en publicité de New York sur le langage qui attire au mieux l’attention des personnes sur la situation climatique : “réchauffement global” ou “changement climatique” ?  La réponse est ni l’un ni l’autre. Si vous voulez attirer l’attention d’un large public, utilisez les termes “crise climatique”. Avec ces mots la réaction émotionnelle a été  60 % plus forte que celle obtenue avec les mots “changement climatique”. Du point de vue de la PNL, le schéma (métaprogrammes) de motivation « S’éloigner de » semble beaucoup plus efficace que celui d’un « Aller vers ». Visiblement la peur est un déclencheur de la motivation à agir bien plus puissant que le désir d’un monde meilleur.

Je veux que vous agissiez comme si la maison était en feu!” disait  Greta Thunberg le 16 avril 1999, devant le parlement européen de Strasbourg, au lendemain de l’incendie qui a choqué le monde entier en dévastant la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le discours de Greta Thunberg a déclenché un vaste mouvement continental de protestation des jeunes contre l’inefficacité des politiques environnementales en Europe. Ses propos ont été émouvants, donc efficaces. Ses propos illustrent les écarts pouvant exister dans le langage des politiques et des activistes du climat.  Il est probable que toute personne intelligente soit en mesure de prendre conscience de la gravité de l’urgence climatique. Par contre à partir d’un même constat, les manières de communiquer pour motiver l’action divergent. Le but de Greta Thunberg est de faire ce que les politiques et les scientifiques ne savent pas faire : éveiller les consciences et motiver. Les mesures concrètes sont  du ressort des experts et des états. Elle communique en s’appuyant sur une puissante métaphore (la maison prend feu), et en utilisant le déclencheur de la motivation « s’éloigner de ».  Elle méta communique en ajoutant :  “De nombreux hommes politiques m’ont expliqué que la panique ne menait jamais à rien de bon. Et je suis d’accord : paniquer quand cela n’est pas indispensable est une mauvaise idée. Mais si vous voulez garder votre maison alors qu’elle est en feu, cela demande un minimum de panique”, a déclaré la jeune Suédoise face à une assemblée captivée. 

En tant que PNListe il est important de distinguer le niveau logique des valeurs (la motivation à agir) du niveau logique des comportements (l’action concrète). Comme nous l’avons vu la motivation a deux directions : “Allers vers un but” ou “S’éloigner des difficultés”. Plusieurs travaux de recherche sur la communication publique de crise montrent qu’en matière de motivation à agir, la peur est un moteur plus puissant que le désir.  Car la grande majorité des personnes vivent plus dans la peur. Donc autant se servir de messages alarmants sans toufefois mentir : “le monde brule” “Nous laissons un monde dévasté à nos enfants”  “La biodiversité disparait”  “L’air que vous respirez est fortement pollué”  “vous mangez du plastique” “Vos enfants sont empoisonnés par ce qu’ils mangent et respirent” etc… Par contre l’action se trouve nécessairement dans un “Aller vers” ; “Voilà les solutions concrètes que nous allons adopter”, “Je n’utilise que des sacs en papier” , “Je me déplace le plus possible à vélo” etc…  En matière de santé, les changements de comportements (p.e,. “Arrêter de fumer”) viennent bien plus d’une peur de la maladie que du désir d’une vie plus saine dont on a du mal à se faire une représentation. Si nous ne nous parlons pas au même niveau d’abstraction, nous ne nous comprenons pas, et restons dans la confusion la plus complète. 

La contribution des membres du NLP Leadership Summit

L’exemple n’est pas le meilleur moyen d’avoir une action sur autrui, c’est le seul“. Albert Schweitzer

Si quelques représentants du monde de la psychologie ont compris le rôle positif qu’ils pouvaient avoir sur l’évolution et la transformation de la conscience vis à vis de la crise climatique, que fait la communauté PNL internationale ?. Bien peu de chose jusqu’à présent, un peu comme si le sujet ne les concernait pas. Ou comme si le lien entre l’écologie individuelle et celle de la planète n’avait pas encore été collectivement fait. Il me semble que ceux qui travaillent dans des métiers d’accompagnement sont particulièrement sensibilisés à la question du climat et de l’environnement.  Lors des formations, ils refusent les récipients en plastique, le gaspillage de papier ou d’éclairage et réclament un tri des déchets. Si l’engagement de la communauté PNL, en tant que groupe, vis à vis des questions environnementales restait il me semble peu audible jusqu’à présent, les choses changent maintenant.

Pour revenir au NLP Leadership Summit de 2020, un groupe s’est rapidement crée pour réfléchir à la contribution de la communauté PNL à la problématique climatique. Voici leur message « La planète brûle et nous sommes un groupe de formateurs et de praticiens du Sommet du leadership en PNL qui ont l’intention de donner l’exemple, de prendre soin de la planète Terre, de créer des objectifs durables, de réduire notre empreinte carbone et de mettre en pratique les 17 objectifs des Nations Unies pour protéger la planète……rejoignez-nous  ». 

L’actualité concernant l’Australie en feu a peut être été un fort déclencheur. Ce groupe qui s’est intitulé « Climate Crisis Committee » a rassemblé rapidement une quinzaine de participants très motivés à mettre leur intelligence collective au service des questions suivantes : quelles sont nos compétences spécifiques ? Quelles actions concrètes pouvons-nous réaliser ? Quel langage utiliser pour parler de la crise climatique ?  Comment poursuivre nos échanges ?.

Une des décisions immédiate a été de créer une page sur Facebook et celle-ci s’intitule « the NLP Climate Solutions group » Cette page invite tous ceux qui veulent participer à un « changement climatique positif » à rejoindre le groupe. Je regrette cependant le nom du groupe, car nous avons vu plus haut que le “NLP Climate Solutions group” aura probablement moins d’impact qu’un « Climate Crisis group ». Félicitons ce groupe de cette belle initiative et invitons la communauté PNL la plus large possible à y participer. Les PNListes excellent à accompagner des changements durables car ces changements sont respectueux de l’écologie humaine interne et externe. Les PNListes excellent également à utiliser des moyens d’actions issus non pas de modèles théoriques mais de la modélisation des facteurs de réussite de personnes qui excellent dans un domaine.  A quand une modélisation des meilleurs gardiens de notre environnement ?.  Les PNListes excellent dans la définition d’une vision. A quand l’intégration du développement durable dans la vision des patrons des instituts de PNL ?. Souhaitons que la vision qui anime les communauté PNL, que ce soit des organismes de formation ou des associations, puisse de plus en plus intégrer cette dimension écologique, avec le respect de l’environnement comme celui des personnes.  J’espère vous avoir convaincu que le monde de la PNL possède des atouts considérables pour contribuer à la création d’un monde auquel nous voulons appartenir. 

 Jean Luc Monsempès Janvier 2020

 

Partager:

administrator