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Sandra Coutoux

Joël Guillon est un révélateur de talents. Depuis 5 ans, il intervient régulièrement au sein de l’Institut Repère dans le cadre de la formation « Découvrir son excellence dans l’action ». Cet ancien vendeur, aujourd’hui consultant, a créé une méthode tout à fait innovante qui dévoile le mécanisme d’excellence propre à chaque individu. En cela, son approche est tout à fait en accord avec la programmation-neuro-linguistique (PNL), qui tire ses fondements de l’observation et de la modélisation des comportements de réussite. Sa méthode s’adresse aux consultants qui souhaitent mieux définir leur offre de prestation et mieux valoriser leur expertise. Elle s’adresse également à tout salarié en reconversion ou en transition professionnelle. La journaliste Sandra Coutoux a assisté à l’un de ces ateliers, elle revient ici pour nous sur cette expérience.

Joël Guillon est un homme jovial et souriant. Il se dégage de cet ancien vendeur une sorte de force tranquille, un charisme bienveillant. Une attitude qui met d’emblée à l’aise les sept participants qui composent le groupe. Premier constat : nous sommes tous issus de milieux professionnels très divers. Il y a parmi nous deux avocats, une architecte, une commerciale, un manager et une consultante. Nos horizons sont différents mais nos attentes sont identiques : nous avons envie d’en savoir plus sur nous-mêmes. Certains sont venus ici pour reprendre confiance en eux, d’autres espèrent enfin vendre leurs prestations à leur juste valeur, d’autres encore se trouvent à un carrefour professionnel : ils sentent qu’il est temps de prendre une autre direction, mais laquelle ? Nous sommes tous venus ici pour éclairer la meilleure partie de nous-même. Pour mettre des mots sur notre excellence.

Mettre en lumière le talent des autres, c’est justement ce que Joël Guillon sait faire de mieux. Sa démarche s’appuie sur son expérience de terrain et ses recherches en psychologie positive. Joël Guillon part du principe que nous avons tous une manière unique d’interagir avec le monde pour obtenir un résultat positif. Pour découvrir cette part mystérieuse et invisible de l’être humain, le consultant travaille avec la minutie d’un enquêteur. Il nous demande d’évoquer quatre actions qui ont engendré un résultat satisfaisant pour nous. Cela paraît simple. La tâche s’avère compliquée. Nous n’arrivons pas à détailler nos actions.  Joël Guillon nous écoute attentivement, il ausculte notre manière de prendre des notes et de mémoriser. Il développe : « Avant d’agir, nous passons tous par le même processus. Nous collectons des informations, nous les analysons, puis nous créons des solutions que nous mettons ensuite en œuvre. » Il traque ensuite la cohérence dans le flot d’informations que nous lui livrons. Elles semblent anodines, à première vue.

Dominique par exemple, l’un des participants, explique ainsi qu’il a construit un escalier en pierre dont il est très fier. Pour Dominique visiblement, la tâche a été facile. « Comment avez-vous fait pour construire cet escalier en pierre ? », l’interroge Joël Guillon. « J’ai fait des plans, à partir d’un livre puis, j’ai fait mon ciment… » Dominique finit par expliquer son action, mais en banalisant sa portée. C’est cette banalisation qui intéresse l’oreille entraînée du consultant. En rebondissant sur nos tentatives de minimiser nos réussites, il nous aide ainsi à prendre conscience d’une chose inouïe : notre mécanisme d’excellence se cache derrière ce qui est facile pour nous. Nous voilà presque déçus. Il ne s’agissait donc que de cela ? En réalité, le travail ne fait que commencer.

L’acceptation de son excellence : un cap difficile !

De la perception intellectuelle à l’intégration consciente de l’excellence, il y a encore un pas, qui est bien souvent difficile à franchir. Joël Guillon nous propose à présent de dessiner et de mettre nos mots sur notre excellence. Nous nous regardons tous, interloqués. La perspective d’exprimer sur le papier une chose aussi abstraite en effraie plus d’un. L’étape est pourtant essentielle car elle va nous permettre de passer de la prise de conscience à l’appropriation de notre excellence. Nous résistons tous un peu à cela : «  L’objectif est vraiment de lâcher-prise, faites ce que vous sentez » suggère Joël.

Lâcher-prise. C’est sans doute la chose la plus difficile à faire. L’expérience est douloureuse pour certains. Nous avons tellement appris à nous juger et à nous comparer aux autres ! L’exercice est cependant salutaire, il permet de donner du sens à notre façon d’agir. Le dessin symbolise notre puissance d’action. Et peu à peu c’est tout un mécanisme qui se révèle. Nous comprenons ce qui déclenche notre envie d’agir.  L’écoute est bienveillante dans le groupe et cela permet d’avancer en confiance.

La dernière phase du processus est sans doute la plus passionnante, car elle dévoile le poids de nos conditionnements. Lorsque nous sommes amenés à déclarer notre excellence face au groupe nos corps nous trahissent. C’est vraiment fascinant d’observer à quel point le corps résiste. Debout face aux autres, nous avons tous du mal à assumer. Le dos se voûte, les bras se croisent, certains reculent d’un pas. Inlassablement, Joël Guillon nous renvoie pourtant à la réalité de nos actions, au processus, au mécanisme qui nous anime. Et cela renforce nos prises de conscience. L’expérience montre à quel point malgré nos différences nous partageons les mêmes doutes et la même culpabilité à rayonner. Et cette révélation a paradoxalement quelque chose de rassurant : nous sommes tous différents, nous avons donc chacun notre place. Nous n’avons pas à ressembler à quelqu’un d’autre. Bien au contraire.
Nous comprenons que la reconnaissance est sans doute la clé du succès. Et il apparaît que la reconnaissance extérieure dépend de notre capacité à d’abord reconnaître notre talent en nous-même. Deux jours intenses viennent de s’écouler et le groupe n’est plus tout à fait le même. Nous avons tous de nombreuses informations « à digérer ». Je retiens que pour rayonner le meilleur de soi, il ne suffit pas uniquement d’avoir conscience de ses talents. Il est nécessaire de s’autoriser à briller et d’affirmer qui nous sommes. C’est loin d’être simple, mais cela mérite d’être tenté. L’aventure en vaut la peine. Elle pourrait bien changer nos vies.

Entretien avec Joël Guillon

Bonjour Joël, pouvez-vous nous parler de votre parcours. Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à l’excellence ?

J’ai d’abord été éducateur pour jeunes délinquants pendant une dizaine d’années. Et puis vers l’âge de 30 ans, j’ai changé de métier. Comme j’étais très timide, j’ai décidé de faire de la vente à domicile pour me soigner. J’ai ainsi suivi une carrière de vendeur dans une entreprise ou j’ai occupé tous les postes, j’ai gravi les échelons et je suis devenu directeur d’agence, puis directeur général d’une filiale d’une compagnie d’électricité. Un parcours classique en entreprise, en somme. Après 20 années passées dans ce milieu de la vente, et malgré ma réussite, je ne m’amusais plus. J’ai donc pris un congé sabbatique.  J’ai aimé cette indépendance. J’ai commencé à effectuer des missions de conseils : je suis devenu consultant dans un premier temps pour améliorer les entretiens de vente de mes clients. Il y a deux ans, d’autres consultants m’ont sollicité car ils voulaient savoir comment vendre leurs prestations.  C’est en voulant les aider à définir leurs offres que j’ai développé la méthode que j’ai mis au point aujourd’hui.  J’ai découvert que nous avions chacun un mode opératoire  unique et qu’il nous rendait extrêmement puissant et efficace quand il était mis en œuvre. C’est ce que j’appelle l’excellence.

Nous aurions donc tous un mode opératoire unique et particulièrement efficace ?

Au cours de notre vie, nous avons tous mis au point une façon originale d’agir sur le monde pour le transformer et obtenir un résultat positif. C’est un moteur qui est extrêmement performant.  Ce processus d’autocréation se met en place dans l’enfance et l’adolescence.  C’est un mélange de talents, de personnalité, d’expériences vécues et d’enseignements reçus. Bien souvent nous développons ce mécanisme lorsque nous rencontrons des difficultés ou des épreuves. Nous mettons alors en place un certain fonctionnement de manière inconsciente qui va nous permettre de maîtriser ces difficultés et de trouver des solutions. Souvent notre excellence est le moteur de la résilience.

Puisque ce mécanisme est inconscient, comment procédez-vous pour révéler cette excellence ?

D’abord peu de personnes ont conscience de leur excellence. Si je vous demande comment faites-vous pour tenir sur un vélo, vous ne saurez pas forcément l’expliquer. Vous le faites. Vous avez intégré le mécanisme.  C’est la même chose pour l’excellence. C’est un processus qui est en œuvre à tout moment, mais il est tellement intégré que nous ne le regardons même pas. L’excellence se cache derrière ce qui est facile pour nous, elle est souvent banalisée. J’écoute donc comment la personne se raconte, puis j’analyse sa manière d’appréhender le monde. C’est important de comprendre toutes les étapes qui poussent une personne à l’action. Avant d’agir nous collectons tous des informations d’une manière qui nous est propre, puis nous les analysons. C’est là que réside la source de notre créativité, c’est dans cette source que  nous allons puiser ensuite des solutions pour agir.  Certaines personnes écrivent, d’autres deviennent opérationnels, d’autres transmettent, d’autres délèguent, d’autres vont être des leaders. Nous avons tous une manière unique de comprendre le monde, de trouver des solutions et d’agir.

Comment reconnaît-on une personne qui incarne pleinement son excellence ?

Quelqu’un qui a découvert son mécanisme d’excellence se retrouve souvent à la bonne place, dans le bon contexte, et connaît de nombreux succès, sans forcément comprendre pourquoi d’ailleurs. Tout est fluide, tout se passe facilement. Une personne qui incarne et vit pleinement son excellence est d’une grande sérénité, elle ne craint plus aucune questions, elle rayonne, car elle a  reconnu pleinement sa spécificité. Les gens viennent à elle, à sa grande surprise. J’ai le cas d’une consultante, après avoir pris conscience de son excellence me disait, qu’elle ressentait une grande tranquillité intérieure. Les clients venaient à elle sans effort.

Et quand l’excellence reste invisible que se passe-t-il ?

Une personne qui n’a pas conscience de son excellence va  naviguer au gré des courants, sans vraiment choisir son cap. Elle ne va pas forcément choisir le bon contexte professionnel, le bon employeur, elle ira là où le vent la pousse. Du coup, elle pourra  parfois ressentir  un malaise. Quand on ne se sent pas à sa place et qu’on ne se sent pas bien dans son environnement professionnel, on ne cesse de se comparer aux autres, on finit par se trouver mauvais et on doute de soi. Quand on ne peut pas exploiter son mécanisme d’excellence parce que le contexte n’est pas adapté, cela peut provoquer beaucoup de souffrance. Cela peut même conduire à la dépression. Lorsqu’on peut exprimer notre mécanisme d’excellence  on devient au contraire très créatif, et c’est là qu’on devient unique et vivant, et c’est là qu’on va s’épanouir et prendre du plaisir dans son travail.

L’excellence que vous décrivez est liée à une certaine facilité naturelle, mais on nous a appris que le travail c’était d’abord l’effort !

Quand vous faites un effort, vous être en train de signifier que vous êtes en train d’apprendre quelque chose. L’effort est la signature de l’apprentissage. Il n’y a pas d’apprentissage sans effort.  Les éducateurs ont raison de mettre l’accent sur l’effort en phase d’apprentissage, l’ennui c’est qu’on finit par croire que c’est l’effort qui a de la valeur. L’effort a de la valeur dans l’apprentissage, mais pas dans l’expertise. Quand je suis expert, je m’amuse. Lorsque vous vous amusez c’est que vous êtes en maîtrise.  C’est vrai que je heurte beaucoup de gens quand j’affirme que le travail peut être une source de plaisir et de créativité. Par expérience je peux vous dire que lorsqu’une personne est dans la maîtrise, elle est efficace, c’est ce qui la différencie des autres. Ce qui a de la valeur c’est donc ce que vous faîtes facilement et que les autres ne font pas. C’est donc ce que vous devez vendre le plus cher !

Reconnaître son excellence revient donc à reconnaître sa valeur ?

Oui. De nombreuses personnes bien souvent après avoir perdu un  emploi, ont du mal à se mettre en valeur. Bien souvent elles vont mettre en avant des tas de choses qui n’ont rien à voir avec ce qu’elles savent faire réellement. Lorsqu’on connaît son excellence on est capable de mettre en lumière la cohérence de son parcours. Plus une personne est capable de mettre des mots sur sa puissance d’action, plus elle devient cohérente. C’est cette cohérence  qui va influencer le choix d’un recruteur.  Quand on connaît bien son mécanisme d’excellence on cible mieux ses emplois et ses employeurs. Il n’y a pas de dispersion.

Que se passe-t-il lorsque vous révélez à une personne son mécanisme d’excellence ?

C’est parfois un bouleversement intérieur très déstabilisant. Le plus dur pour les gens, c’est d’accepter d’avoir de la valeur là où ils pensaient ne pas en avoir. Cette résistance intérieure s’explique par le poids de nos conditionnements. L’expression ” se mettre en avant ” est issue du latin ” prostituere”. Dans l’inconscient collectif français se mettre en valeur équivaut donc à de la prostitution, ce n’est pas un message d’indépendance et d’épanouissement ! Il y a donc quelque chose à travailler sur ce point.  Oser déclarer son excellence, et oser affirmer le meilleur de soi, c’est au contraire se mettre à son service et au service des autres. C’est un pas difficile à franchir pour certains, mais c’est essentiel pour être enfin reconnu à sa juste valeur par les autres. Il faut reconnaître son talent pour le valoriser et pour pouvoir être valorisé par les autres. Alors disons qui nous sommes, et cela suffira pour rayonner.

Sandra Coutoux

Joel-GUILLON-Institut-RepereA lire : “Vendre ses prestations” publié en octobre 2003 aux Editions d’Organisation dans la collection “Guide du Freelance”

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