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Un sage tibétain frappa un soir à la porte d’un monastère réputé pour la qualité de son accueil. Il souhaitait y passer quelques jours avec la communauté. Sa réputation y était d’ailleurs bien établie.

La coutume voulait pourtant qu’avant d’être admis, tout visiteur, fut-il un hôte de marque, passe avec succès l’épreuve d’une compétition oratoire avec l’un des moines. A vrai dire ce cérémonial, plus courtois que discriminatoire, tenait surtout lieu de rite d’accueil.
Le sort voulut que l’examinateur dévolu à cette mission, fut, ce soir-là, un moine borgne, un peu simplet, que ses collègues encadraient d’une sollicitude parfois inquiète.
La règle étant la règle, le sage et le borgne furent introduits dans un parloir pour y faire mutuellement état de leur savoir.

L’entretien ne dura que quelques minutes. On entendit claquer la porte et le sage quitta le monastère à grandes enjambées. Surpris, l’hôtelier se précipita à sa suite et, l’ayant rejoint, lui demanda respectueusement la raison de ce départ précipité.

“Je savais, répondit le sage, que vous étiez des hommes remplis de sagesse. Mais l’examinateur que vous m’avez désigné surpasse ce que je pouvais imaginer.”

“Voyant qu’il me faisait un geste d’accueil et restait silencieux, j’ai compris qu’il m’invitait à m’exprimer le premier, et par signes. Décontenancé, et impressionné par une telle sobriété, j’ai levé un doigt pour signifier que Bouddha est unique.”

“Sa réponse a été immédiate. Il m’a montré deux doigts pour me faire comprendre que Bouddha était inséparable du peuple. Alors, j’en ai dressé trois : Bouddha, le peuple et les écritures.”

“Doué d’une sagesse et d’une agilité d’esprit incroyables, il aussitôt levé la main en joignant les doigts. Bien sûr: tous trois ne font qu’un. Tout était dit. Devant la pénétration de cet esprit et la rapidité de ses réparties j’ai compris que j’avais le dessous et me suis senti indigne de demeurer plus longtemps parmi vous.”

L’hôtelier dut faire preuve de toute son ingéniosité pour persuader le sage de revenir sur sa décision.

Il désirait mieux comprendre le déroulement de cet étrange entretien et s’en enquit auprès du moine borgne.

Ce dernier était encore rouge de colère. “Ne me faites plus rencontrer d’insolents de cet acabit ! Aussitôt entré à sa suite au parloir, je lui fais un geste de bienvenue. Lui, pour toute réponse, lève un doigt, pour ironiser sur mon œil unique. Aussitôt, faisant preuve de bienveillance, je lève deux doigts pour répondre que lui, en tout cas, dispose de ses deux yeux. Et ce butor me montre alors trois doigts pour rétorquer qu’à nous deux, nous n’en avons jamais que trois. Je n’ai pu me retenir de lui montrer le poing et il a filé sans demander son reste !”

Comme quoi, à partir des faits, chacun a son interprétation.

Métaphore recueillie dans : Guide du maître praticien en PNL “ Auteurs – Louis Fèvre “ Chantalle Servais “ Gustavo Sotto

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