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Tire ton plan …un belgicisme qui veut dire : prévoir, s’organiser et se débrouiller par soi même. Application dans une histoire…
Connaissiez-vous cette expression savoureuse par laquelle nos amis belges expriment la nécessité de prévoir, de s’organiser et de se débrouiller par soi-même ?

Elle est à l’origine d’un sauvetage : celui de Gabrielle.

A dix-sept ans Gabrielle avait déjà affronté bien des avatars, voire de redoutables épreuves. L’année de ses douze ans avait inauguré une série noire : mort de sa mère, échecs scolaires orchestrés par un professeur qui lui prédisait qu’elle ne réussirait jamais, arrivée au foyer d’une jeune belle-mère mal acceptée malgré sa bonne volonté, maladies et tendance à la déprime permanente.
Les événements se tournaient contre elle, direz-vous.

Mais la chance peut virer, comme le vent. A dix-sept ans, Gabrielle réussit son examen de fin d’études et trouve de l’embauche au service entretien d’une usine, dans les trois mois qui suivent. Inespéré par les temps qui courent !
Comme s’il fallait que tout se gâche, son contremaître, un misogyne au verbe haut, l’appelait “la connasse !” (exactement ce qu’il fallait pour lui donner du cœur à l’ouvrage !) Gabrielle rentrait chaque soir en larmes, et vous imaginez le reste.
Sylvie, sa meilleure amie, lui déclara un jour : “ça ne peut pas durer… Il faut faire quelque chose.” Facile à dire ! Finalement Gabrielle se résolut à consulter une cartomancienne réputée, lui confia ses malheurs et repartit délestée de la moitié de ses économies, avec trois enveloppes : une bleue, une verte et une rouge. “Attention, lui avait dit la cartomancienne : chaque enveloppe contient la solution à tes problèmes du moment. Mais ne les ouvre pas à la légère : tu n’en recevras jamais d’autre !”

Gabrielle ouvrit l’enveloppe bleue en présence de Sylvie. Il y était écrit en caractères gras : “Tire ton plan !” Elle entra dans une rage folle, menaçant d’aller briser les carreaux de ce vampire. Sylvie, tour d’abord effrayée, finir par déclarer : “Je préfère te voir dans cet état plutôt qu’avachie et larmoyante. Quelle énergie ! Mettons-la à profit pour établir un plan de bataille. Prends-la au mot, cette vamp. Tu en auras tout de même pour ton argent.”  Ce qui fut fait.

Le lendemain matin, le contremaître accueillit Gabrielle par ces mors : “Revoilà la conasse !” La réponse fut immédiate : “Monsieur, je m’appelle Gabrielle. Et je tiens à faire mon travail correctement. “Bien”, grogna-t-il. Et il lui confia le nettoyage d’une machine couverte de cambouis. Les doigts de Gabrielle glissaient et la crasse collait à la mécanique. Constatant qu’elle n’en sortirait pas sans aide, elle alla résolument demander conseil au contremaître. Etonné de cet esprit de décision, il l’accompagna jusqu’à la machine et lui fournit le produit qui lui faciliterait le nettoyage. Depuis ce jour, leurs relations allèrent en s’améliorant.

Six mois plus tard, Gabrielle était sélectionnée avec un groupe de jeunes techniciens pour aller apprendre, dans une autre usine, le maniement de machines plus modernes. Son moral était au beau… jusqu’au jour où le chef de stage leur annonça qu’avant de repartir dans leur entreprise, ils auraient à passer un examen de mécanique. Ils disposaient de quinze jours pour apprendre la théorie. A ceux qui réussiraient seraient confiées les nouvelles machines.
Ce soir-là, Gabrielle tentait d’apitoyer Sylvie en lui montrant la pile de schémas à étudier. “Comment veux tu que je m’en sorte en si peu de temps ?” Loin de se laisser impressionner, son amie déclara : “Inutile d’ouvrir ton enveloppe verte. La consigne de la précédente convient parfaitement. Tu as une trentaine de schémas à étudier en quinze jours. Apprends-en trois par jour, et tu me réciteras le soir. Avec les révisions, cela fera le compte. Ce n’est pas irréalisable. Tire ton plan, organise-toi. Si tu échoues, tu auras au moins la certitude d’avoir mis les chances de ton côté !”

Notre jeune technicienne réussit son examen et revint très fière. Le contremaître la félicita même publiquement. Alors que ce n’était pas son genre, elle prit des allures de battante… jusqu’à ce week-end au cours duquel, à la suite d’une dispute, son petit ami, l’élu de son coeur, lui déclara qu’il rompait définitivement.
Le désespoir de Gabrielle était tel que Sylvie s’inquiéta sérieusement. Un matin, son amie ne s’était même pas levée pour aller à l’usine. Elle risquait son avenir. Sylvie la décida à ouvrir la deuxième enveloppe de la cartomancienne. Quelle ne fut pas leur indignation d’y lire, pour la seconde fois : “Tire ton plan !” Gabrielle trépignait et pleurait de rage, sans pouvoir toutefois s’empêcher de penser au résultat inespéré qu’avait eu le premier message, le même.

Brusquement elle se tut. Sylvie réfléchissait aussi. Elle osa lui affirmer : “Ton copain ne pouvait plus suivre. Tu devenais trop bien pour lui… Mais, des gars, il n’en manque pas. Seulement, ce n’est pas avec tes habits chiffonnés, ton nez et tes yeux rouges, tes cheveux en broussailles que tu vas les attirer. Samedi, il y a bal. Je t’emmène, à condition que d’ici là, tu te laves, tu changes de vêtements, tu reprennes le travail et que tu passes chez le coiffeur.”

Au bal du samedi, plusieurs garçons dansèrent avec Gabrielle. L’un d’eux, Luc, s’arrangea pour la revoir. Un an après, ils décidèrent d’habiter un studio ensemble. Ils organisèrent une petite fête pour l’inaugurer. Leurs parents et Sylvie en étaient. Lorsque Luc et Gabrielle se retrouvèrent seuls, ils s’offrirent la surprise, en était-ce vraiment une ? d’ouvrir la dernière enveloppe de la cartomancienne, la rouge.

Elle contenait trois mots : vous savez lesquels ? Tire ton plan

Métaphore recueillie dans : Guide du Praticien en PNL “ Auteurs – Louis Fèvre “ Gustavo Sotto

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