Nous contacter

78 avenue du Général Michel Bizot
75012 PARIS

Nous appeler

Jean-Luc Monsempès

Jean-Luc-Monsempes-InstitutFaut-il accepter tous les feed-backs que nous recevons, et même ceux qui vous blessent ? ; faut-il accepter les feed-backs qui ne respectent pas votre écologie interne ? Tout dépend du « contrat » que vous avez avec votre interlocuteur. Ce contrat prévoit-il des feed-backs et des feed-backs de quelle nature ? Etes-vous demandeur de ces feed-backs ? Selon Robert Dilts certains feed-backs sont comme des « virus de la pensée ». Ils s’introduisent en vous, se démultiplient comme un matériel génétique viral et peuvent causer des dégâts cognitifs, émotionnels avec parfois une traduction somatique importante, à court et parfois à long terme. Il est donc parfois utile de savoir évaluer la pertinence du feed-back, et également de mettre en place un système de tri, une sorte “d’anti-virus” susceptible de protéger votre intégrité.

Développer une immunité sociale

Certains environnements humains peuvent être « toxiques » pour vous et d’autant plus que vous êtes dans une situation de fragilité physique, mentale ou émotionnelle. Dans ce cas-là ne choisissez pas un métier dont l’activité principale est de donner ou de recevoir des feed-back . Sachez également développer une « immunité sociale », pour vous prémunir des virus de la pensée, c’est-à-dire de l’impact de ce que les autres disent de vous. Et en particulier si vous avez tendance à accorder plus d’importance aux évaluations du monde extérieur qu’à celle du monde intérieur, c’est-à-dire à vos propres évaluations.

Si vous êtes très en « référence externe », les feed-back des autres seront perçus comme « vrais » et contenant des instructions à respecter. Vous avez tendance à vous conformer aux besoins des autres. Et si vous êtes très en « référence interne » les feed-back des autres sont de simples informations et vous ne les prendrez en compte que s’ils sont conformes à vos propres évaluation de la situation. Un excès de référence interne ou de référence externe ne facilite pas la gestion saine des feed-back nécessaire au processus d’apprentissage. Le schéma le plus approprié combine une prédominance de référence interne pour clarifier ce qui est bon ou utile pour moi, puis d’une référence externe suffisamment ouverte pour recevoir les feed-back de l’environnement avant de les évaluer.

Une immunité « intelligente » repose donc sur un schéma mixte, et un système de tri efficace.

Mettre en place un système de tri

Pour trier il faut une frontière claire qui différencie ce qui est « moi » et « pas moi », ainsi que des postes frontières contrôlant les flux d’information sur des critères bien définis. Trop de frontières et je me protège d’un environnement dont je me méfie et dont je refuse les feed-back. Pas assez de frontières et j’ouvre trop grande les portes en cherchant à l’extérieur des réponses à « qui je suis ».

Les critères de tri

Nous vous proposons par exemple deux critères.

Le premier critère concerne la nature du filtre : le niveau de vérité ou le niveau d’utilité ? Le critère vérité n’est pas un bon critère puisque vous savez avec la programmation neuro-linguistique (PNL) que nous sommes tous très différents et que chaque personne possède sa «vérité». Si vous continuez à filtrer sur ce critère, c’est que vous êtes peut-être trop en référence externe ou encore dans un type relation que l’Analyse Transactionnelle nomme « Parent / Enfant » avec « moi je sais et toi tu ne sais pas ». Ceci est fort fréquent avec nos proches. Pour ne plus s’encombrer d’informations peu aidantes, il est plus pertinent de trier sur des critères d’utilité que de vérité.

Le second critère concerne la capacité à assimiler le feed-back. Un feed-back vise consciemment ou inconsciemment un niveau de pensée donc d’expérience. Si le feed-back est probablement beaucoup plus assimilable s’il vise un mode de pensée (ou la carte mentale) qui produit des émotions et comportements inadaptés que l’identité de la personne. Un coach est payé pour confronter la carte mentale de son client et non la personne. Sauf bien sur accord entre les deux parties. Un feed-back assimilable est celui qui respecte l’écologie interne et externe de la personne.
Les questions à se poser pour faire le tri sont les suivantes :

– les informations de ce feed-back sont-elles utiles ou pas utiles pour moi ?
– les informations de ce feed-back, si elles sont utiles pour moi, sont-elles assimilables par moi ?

Il arrive parfois de se dire « je devrais être capable de digérer ce feed-back », mais  demandez-vous avant si il est utile pour vous ? Pour avoir la réponse, centrez-vous et écoutez le langage du corps.

Le modèle de tri de Kevin Creedom

Un bon modèle de tri est celui proposé par Kevin CREEDOM (Anchor Point Mai 1994) avec la métaphore de la photocopieuse. Un feed-back, même perçu comme critique, est comme un livre qu’on vous prête. Dans cet ouvrage proposé par l’autre, il y a forcément quelque chose d’utile pour vous, qui peut être copié et intégré, par exemple une intention positive, avant de restituer le livre à son propriétaire.

Notre système immunitaire fait de même. Il duplique une infime partie de l’antigène (le corps étranger sous forme de bactérie ou de virus) afin de pouvoir fabriquer des anticorps utile pour la protection de l’organisme, puis il restitue à l’environnement ce dont il n’a pas besoin. Cette restitution n’est pas un rejet mais seulement un souci écologique de remettre chaque chose dans un contexte approprié.

Pratiquer la stratégie de tri vis-à-vis des feed-backs

Les étapes du tri

– rassemblez des feed-back et expériences qui ont un effet déstabilisant sur vous,
– trouvez votre métaphore d’un système physique qui vous permet de trier, par exemple une photocopieuse,
– mettez en place votre système de tri. Si vous avez adopté la métaphore de la photocopieuse, disposez mentalement le feed-back critique sur un écran de verre transparent passant verticalement au milieu de votre corps et entre vos deux mains,
– évaluez ce que vous pourriez garder pour vous, et extrayez ce qui peut être utile pour vous en faisant mentalement et physiquement le geste de la copie. Accompagnez le geste du bruit de la photocopieuse,
– intégrez ce que vous conservez en imaginant que cela vous fertilise et vous aide à grandir,
– restituez ce qui n’est pas utile pour vous en faisant également un geste physique de restitution et de remerciement,
– entraînez-vous à répéter plusieurs fois la procédure.

Exemples de feed-back et de tris sélectifs

L’exercice consiste à se dire qu’il y a toujours quelque chose de bon à prendre : « si il y a quelque chose d’utile pour moi dans le feed-back qui m’est adressé, même si c’est un grain de sable, de quoi s’agit-il ? » Rappelez-vous qu’un feed-back est une attention, un signe de reconnaissance, qu’il contient une intention positive pour l’émetteur et que c’est avec les personnes que nous apprécions le plus que nous sommes les plus durs dans nos feed-back. Bien sûr, ce qui est restitué est plus ou moins une lecture de pensée, mais utile pour vous. Par exemple :

– Avec agressivité : « Tu me m’écoutes pas ! » : je garde le contenu et je lui restitue son agressivité.
– « Je trouve que tu n’es jamais congruent » : je garde son intention d’amélioration pour moi et je lui restitue sa non spécificité.
– « Selon moi tu ne progresses pas » : je garde son désir de me voir m’améliorer et je lui restitue son incapacité à m’accompagner dans ma progression.
– « Tu as un ego trop fort » : je garde son intérêt pour moi et je lui restitue son incapacité à lâcher sa propre volonté de pouvoir.
– « Ta gentillesse te perdra » : je garde sa capacité à reconnaître mon empathie et je lui restitue son manque d’empathie.
– « Tu as l’air mieux que je ne le pensais » : merci à ton intérêt et garde ton anxiété à propos de mon état de santé.

Cette stratégie de tri a été développée par Kevin Creedom, suite à la modélisation de 35 personnes séropositives HIV et en bonne santé depuis 10 ans au moins. Toutes ces personnes possédaient les éléments clés de cette stratégie destinée à filtrer instantanément les messages négatifs ou inhibiteurs par rapport au maintien d’un état de santé. C’est un moyen concret pour  rendre notre système immunitaire intelligent par rapport aux innombrables virus de la pensée.

Une autre manière de faire face à un feed-back critique, peu utile pour vous et non assimilable, est de considérer, à partir de votre première position, que l’autre fait un commentaire sur lui-même et sur son incapacité à accepter une personne comme vous. L’autre vous donne une information sur une partie de lui ou sur sa propre souffrance. Puis adoptez la position de l’autre pour ressentir combien cela doit être difficile et triste de vivre avec cette souffrance. La compassion devient alors possible.

A suivre …

Il n’y a pas d’échec mais que des feed-back et des apprentissages – 1ère partie
Il n’y a pas d’échec mais que des feed-back et des apprentissages – 2ème partie
Il n’y a pas d’échec mais que des feed-back et des apprentissages – 3ème partie
Il n’y a pas d’échec mais que des feed-back et des apprentissages – 4ème partie
Il n’y a pas d’échec mais que des feed-back et des apprentissages – 5ème partie

Partager:

administrator