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Comprendre l’état de sidération et le déposer en coaching

En tant que coachs il nous faut mettre en place une posture vraiment très particulière d’accueil et d’écoute qui permet à la personne d’avancer en toute confiance et protection. Nous devons également être compétents dans la maitrise des outils de clarification d’objectifs et d’accompagnement avec des approches comme bien sûr la PNL, l’analyse systémique et d’autres encore. Enfin, il nous est essentiel de comprendre le fonctionnement humain, et là encore, la PNL, comme l’analyse systémique, nous en donne beaucoup de clés.

Parmi ces éléments de compréhension, il m’arrive souvent d’avoir à expliquer aux personnes que j’accompagne l’état de sidération. Dernièrement un ancien dirigeant d’une structure associative de grande taille venait d’apprendre qu’il allait être licencié. Quand il l’a annoncé à son comité de direction, il n’a pas compris ce qui s’est passé : « tous mes collaborateurs se sont figés, ils étaient paralysés, les yeux perdus. J’étais vraiment inquiet à leur sujet ». Ceux-ci étaient effectivement en état de sidération.

Les personnes qui ont vécu une situation de grand danger, sont souvent passées par un tel état sans l’identifier ni le comprendre. Et, par la suite, elles s’en veulent puisqu’elles n’ont rien fait, elles n’ont pas agi ni pour se défendre ni pour se protéger ; elles se jugent alors d’avoir été faibles.

Lorsque j’accompagne une ou un coaché vers l’apaisement d’une telle situation, il m’arrive donc régulièrement d’expliquer ce mécanisme humain particulier : « dans ce que vous me dites, j’entends que vous étiez en état de sidération. Il s’agit d’un état physiologique. C’est comme si le corps disait stop, se mettait hors circuit parce que l’émotion ressentie est trop forte, ou l’imprévisibilité totale. Effectivement, à ce moment-là, vous étiez dans une incapacité totale à agir. »

L’exemple de Salman Rushdie

Je voudrais partager ici des extraits du nouveau livre de Salman Rushdie, Le couteau, paru aux éditions Gallimard en 2024. S. Rushdie y donne un témoignage très précis de cet état de sidération qu’il a vécu le 12 aout 2022 quand il a été victime d’une tentative d’assassinat alors qu’il participait à une rencontre littéraire justement sur la sécurité des écrivains.  Il a été sauvé in extremis malgré un très grand nombre de blessures.

Il écrit :

« à cet instant je vis l’homme en noir foncer vers moi … vêtements noirs, masque noir sur le visage, il arrivait menaçant et concentré, un véritable missile. Je me levais, le regardais approcher. Je n’ai pas tenté de fuir. J’étais pétrifié. Il s’était écoulé 33 ans et demi depuis la fameuse condamnation à mort prononcée par l’ayatollah Khomeini contre moi et pendant ces années je l’avoue j’ai parfois imaginé mon assassin se lever de quelque assemblée publique et foncer vers moi exactement de cette façon. Aussi ma première pensée quand je vis cette silhouette meurtrière se précipiter vers moi fut : « C’est donc toi. Te voilà ». Ma seconde pensée fut : « Pourquoi maintenant ? Vraiment ? Il s’est passé tant de temps ? Pourquoi maintenant après toutes ces années ? » ….  Aucun personnel de sécurité n’était présent dans l’amphithéâtre ce matin-là. Pourquoi ? Je ne sais pas. Il put donc sans obstacle foncer vers moi. Je me tenais là, je le regardais cloué sur place comme un stupide lapin ébloui par les phares. Puis il m’atteignit. [Il fût blessé très gravement à de très nombreux endroits]

Pourquoi ne me suis-je pas défendu ? Pourquoi ne me suis-je pas enfui ? Je suis juste resté là comme une piñata et je l’ai laissé me fracasser. Suis-je faible au point de ne pouvoir esquisser le moindre geste de défense ? Suis-je si fataliste que j’étais prêt tout simplement à me livrer à mon assassin ? Pourquoi n’ai-je pas réagi ?

Je ne sais vraiment que penser ni comment répondre à ces questions. Certains jours, j’éprouve de l’embarras et même de la honte à ne pas avoir réussi ne serait-ce qu’à tenter de riposter. D’autres jours, je me dis de ne pas être stupide ? Qu’aurais-je pu faire de plus ? »

J’ajoute un dernier extrait à propos du modérateur de la réunion : 

« Même H R assis sur sa chaise mis un certain temps à adapter sa perception de la réalité. Et puis il vit que l’homme s’acharnait sur moi et il vit mon sang. La suite relève du pur héroïsme. »

Dans cet extrait on voit donc très clairement l’impossibilité totale d’agir. La personne devient spectatrice, avec cette conscience altérée de la réalité et la honte qui s’en suit.

La nécessité de déposer l’état de sidération en coaching

En tant que coach, il nous est donc utile d’avoir cette possibilité et capacité d’expliquer à nos clients ce phénomène naturel pour les amener à déposer cette honte, cette incompréhension dans un moment où ils se sont trouvés confrontés à leur totale vulnérabilité. Cela leur permet au moins de sortir de ces jugements dévalorisants et de se réconcilier avec eux-mêmes. Et ce n’est pas rien. C’est une étape clé dans l’apaisement.

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France DOUTRIAUX

Coach et formatrice pour l'Institut Repère, France Doutriaux exerçait auparavant en tant qu'ingénieure agronome. Elle a travaillé 10 ans en France et à l’étranger dans le développement agricole, l’agroalimentaire et le journalisme. Elle s’est ensuite passionnée pour les approches de développement personnel et de communication. Enseignante en PNL certifiée et Maître Praticienne en hypnose Ericksonienne, elle enseigne la PNL et intervient en tant que coach pour des professionnels et des entreprises. Son ambition : rendre accessible les outils qui peuvent faciliter la vie des personnes et des organisations.