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Comment expliquer le mode d’action de l’approche PNL, par Jean Luc Monsempès

Les praticiens de la PNL savent que dans bien des cas les modèles et techniques de la Programmation Neuro-linguistique (PNL) « marchent » ou parfois « courent » à grandes foulées vers l’obtention des résultats souhaités par le client et l’intervenant. Mais comment expliquer ce qui se cache derrière la « magie » des résultats obtenus ? Ou comment peut-on expliquer que les techniques PNL puissent avoir un tel impact sur l’expérience individuelle ? Comme je n’ai rien trouvé dans la littérature PNL, cela m’a donné envie d’y réfléchir. Il n’existe probablement pas une explication, mais un ensemble de facteurs qui mis en relation, peuvent expliquer l’efficacité parfois surprenante de la PNL. Mon hypothèse de départ est qu’il y a dans la PNL, des modes de pensée et d’action que l’on ne retrouve pas dans d’autres techniques, et que ces différences qui font la différence en termes de méthodologie d’interventions peuvent probablement expliquer les différences en termes de résultats. Des réponses clés se trouvent pour moi dans “Structure de la magie”,  le livre fondateur de la PNL. Grinder et Bandler y expliquent que la magie du changement de l’expérience humaine se trouve dans les modifications apportées aux séquences de langage qui reflètent nos représentations du monde. Ce n’était que le début de la PNL, et avec le recul on se rend mieux compte que de nombreux éléments ont contribué à la spécificité et à l’efficacité de la démarche PNL Alors explorons, en adoptant des cadres d’informations de plus en plus fin, ces principaux contributeurs à l’efficacité de la PNL. Quelles sont les croyances qui soutiennent le mode d’action des processus PNL ? Quelles sont les stratégies techniques et relationnelles mises en oeuvre dans l’application des outils et techniques PNL. Quelles sont les effets des outils PNL sur les processus cognitifs, et par voie de conséquence sur les états internes et comportements externes.

Think different, pour enrichir les modèles du monde appauvris

Pour Grinder et Bandler (1), les humains sont inégaux dans leur manière de vivre les périodes de changement et de transition. Certains les vivent de manière efficace et comme des moments d’énergie et de créativité intenses, alors que d’autres, vivent ces périodes comme des moments de terreur et de souffrance qu’il leur faut endurer.

Acquérir une représentation plus riche  d’une situation

La différence entre ces deux groupes semble pour Grinder et Bandler liée à la notion de choix. “Les personnes qui réagissent de manière créative et qui font face à ce stress de manière efficace sont celles qui possèdent un modèle ou une représentation de leur situation plus riche : une représentation au sein de laquelle ils perçoivent un large éventail d’options pour agir. Les autres personnes croient disposer d’un nombre d’options plus restreint, dont aucune ne présente pour eux un caractère attractif, et ont l’impression de jouer à un jeu dont ils sont toujours “les perdants”.

Pour Grinder et Bandler la différence tient avant tout à la « pauvreté » ou la « richesse » des modèles du monde des individus confrontés à un monde multiforme. Ces personnes ne sont ni mauvaises, ni folles, ni malades. Elles font, en réalité, les meilleurs choix possibles à partir des options dont elles croient disposer, ou autrement dit, les meilleurs choix disponibles en fonction de leur propre modèle particulier. En d’autres termes, le comportement des êtres humains, en dépit de l’étrangeté qu’on pourrait lui prêter au premier abord, apparaît cohérent lorsqu’il est appréhendé dans le contexte de choix générés à partir d’un modèle.

Les problèmes des individus ne viennent pas de mauvais choix, mais d’un manque de choix du fait d’une représentation pas assez diversifiée du monde. Les mêmes processus cognitifs permettent de disposer d’un modèle d’un monde qui nous permet soit de survivre, de grandir, de changer et de faire l’expérience de la joie ou de de maintenir un modèle du monde appauvri. Ces processus sont liés à notre capacité à manier les symboles, ou autrement dit, à créer des modèles.

Les présupposés opérants que Grinder et Bandler adoptent ouvrent un champ d’action dont la portée est considérable. Car cela signifie que rien n’est figé dans le fonctionnement des individus, puisqu’ils ne sont pas leurs comportements (ni fou, ni malade, ni mauvais…etc.), puisqu’ils sont tournés vers l’adaptation (ils disposent d’un espace d’évolution) et puisque leur réussite dépend de la richesse des choix dont ils disposent dans leurs cartes mentales pour s’adapter à leur environnement (changer n’est pas se changer mais changer certains éléments de nos représentations). Le changement n’est donc pas le fait de quelques élus ou privilégies, mais c’est un processus que chacun est en mesure d’apprendre. Car pour créer du changement et de la liberté d’action, il convient d’aider les individus à acquérir plus de choix !

Utiliser la loi des variétés requises

Visiblement Grinder et Bandler se sont bien appropriés la loi des variétés requises et la pensée cybernétique du psychiatre-ingénieur anglais William Ross Ashby. La proximité avec le collège invisible de Palo Alto et Gregory Bateson est palpable. Grinder et Bandler s’en écartent néanmoins en faisant l’hypothèse que cette variété de réponses comportementales externes et objectivables soulignées dans l’approche systémique, est sous la dépendance d’une autre forme de systémique interne et subjective puisqu’elle est faite des représentations mentales des individus. Il est donc utile de comprendre comment les individus organisent leurs représentations en explorant la subjectivité intra individuelle avant de décrire et enrichir les redondances interactionnelles.

S’appuyer sur la pensée constructiviste

Grinder et Bandler devaient être également influencés par le constructivisme de Jean Piaget, pour qui le behaviorisme limitait trop l’apprentissage à l’association stimulus-réponse. Paul Watzlawick, dans le cadre de l’École de Palo-Alto, apporte sa contribution au constructivisme dans son ouvrage “How Real Is Real” traduit en français sous le titre “La Réalité de la Réalité” (2), en y distinguant notamment une réalité de premier ordre, « expérimentale, répétable et vérifiable » d’une réalité de second ordre liée à la signification donnée à celle du premier ordre.

Selon le constructivisme, nous ne vivons pas dans le monde réel comme nous le pensons trop souvent. Nous vivons dans notre version, notre modèle, notre carte de ce que nous pensons être le monde réel, et projetons notre version personnelle dans le monde réel. C’est la raison pour laquelle les individus adoptent différents points de vue. Nous construisons donc inconsciemment notre modèle du monde. En apprenant à changer nos propres cartes du monde, nous pouvons changer nos propres réalités. Trois conséquences importantes du constructivisme ont guidé les travaux de Grinder et Bandler :

a) Si nous savons comment nous construisons nos réalités individuelles, il devient possible d’en reconstruire certaines unités de façon à ce qu’elles fonctionnent plus efficacement. Ces nouvelles reconstructions “d’unités cognitives” peuvent stimuler la croissance personnelle, la confiance en soi, des choix plus faciles et une meilleure qualité de vie.

b) Il est possible de « déconstruire » les schémas cognitifs de ceux qui excellent dans un savoir faire, et d’en transmettre les éléments centraux du « savoir comment faire » à ceux qui veulent les acquérir. Cette idée débouche d’une part sur un nouveau champ de recherche, (celui de la modélisation comportementale) et de découverte des modes d’action des réalisateurs d’exception, et d’autre part sur une nouvelle manière d’apprendre et d’enseigner ces savoirs faire. De façon plus rapide qu’avec tout autre méthode et en particulier qu’avec les apprentissages et enseignements classiques.

c) Si nous savons comment (et pas pourquoi) les humains construisent leurs limitations ou leur pathologie, il est possible de concevoir des stratégies d’intervention efficaces pour traiter une difficulté. Par exemple : le traitement des réactions phobiques ou des allergies par la double dissociation, les difficultés à apprendre, mémoriser, se motiver …etc. Ces nouvelles stratégies d’intervention offrent un potentiel de transformation des pratiques de communication, d’apprentissage et de changement (pédagogie, management, leadership, sport, coaching, thérapie…etc.).

Guider les interventions PNL selon certains principes ou présupposés

L’ouvrage Structure de la Magie montre que les créateurs de la PNL ont très tôt porté un regard nouveau sur l’excellence de l’expérience humaine, probablement en raison de leurs propres cartes « enrichies ». Et ceux qu’ils modélisaient n’étaient ni fous, ni géniaux mais disposaient également d’une carte du monde riche de choix qu’ils mettaient à la disposition de leurs clients.

Les présupposés de la PNL ne suffisent-il pas à expliquer comment les techniques marchent ? Ceux qui débutent l’apprentissage de la PNL, souvent sans rien connaître des présupposés de la PNL, savent utiliser les techniques et en obtenir souvent des résultats “magiques”. La magie vient autant de la « carte enrichie » des stagiaires (l’ouverture d’esprit, la curiosité et l’attente de quelque chose de nouveau) que de la pure technique. “ Il doit certainement y avoir dans cette PNL, des manières d’aborder ma vie de façon différentes”. Autrement dit, si vous avez une carte “appauvrie” de la PNL du type “ce truc est une foutaise qui ne sert strictement à rien”, il est probable que vous n’aurez même pas envie d’essayer une technique PNL ou que vous ferez tout pour montrer que la technique ne fonctionne pas et maintenir ainsi votre cohérence interne.

Les présupposés de la PNL peuvent paraître aberrants à certains et sont de ce fait rejetés avec l’argument des contre exemples extrêmes du style “et quelle était l’intention positive d’Hitler ? ”, “cela se saurait si nous avions en nous les ressources dont nous avons besoin ! ”, “ Dissocier le criminel de ses comportements c’est l’excuser” »….etc. Ce qui est parfois difficile à expliquer et donc à comprendre est que des présupposés n’ont pas à être évalués sur des critères de vérité (scientifiques) mais plutôt sur des critères d’utilité. Les présupposés de la PNL sont des constructions, des histoires, des fictions, des « cartes enrichies » fort utiles car ils transforment nos représentations mentales et nous aident à obtenir les résultats souhaités. La question devient alors “est-ce que tous ces trucs PNL peuvent aider une personne ?” La réponse est dans bien des cas « oui » car les présupposés PNL apportent une vision positive et enrichie d’un humain en croissance permanente, qui à chaque instant fait de son mieux compte tenu des moyens dont il dispose, et génère un potentiel de création perçu comme magique. C’est souvent la pratique des techniques qui permettent d’adopter les présupposés de la PNL comme étant des évidences, parfois après les avoir combattus violemment.

Individualiser la compréhension du psychisme humain

Dans le champ des sciences cognitives, la PNL et les TCC  (Thérapie Cognitive et Comportementale) décrivent les schémas de comportements comme des séquences d’événements perçus (intérieurement ou de l’extérieur), associés à des réponses émotionnelles et cognitives. Pourtant de grandes différences existent entre ces deux approches.

Individualiser le diagnostic PNL

Un schéma en TCC provient d’une synthèse de plusieurs exemples mis sous la forme de généralisations abstraites (par exemple le schéma général de la dépression, de la tristesse, du repli, de la passivité, de la fatigue, obtenu à partir de la modélisation de nombreux cas cliniques). Ces schémas généralisés incluent  habituellement la perception du sujet, sa réaction émotionnelle, ses interprétations irrationnelles et/ou ses réponses. Les schémas des TCC sont validés par leur capacité à décrire des réponses prévisibles, même si les représentations internes qui produisent les réponses spécifiques restent inconnues.

Les interventions en PNL sont validées par le fait que les changements du séquençage des représentations internes du « problème » ont pour résultat la résolution du problème.  La PNL part de la description du comportement désiré, puis en identifie sa structure et les modifications possibles dans les séquences cognitives pour pouvoir résoudre le problème. Pour la PNL, chaque diagnostic et chaque intervention est individualisée. Il n’y a pas avec la PNL une standardisation des processus cognitifs des humains, car il y a d’infinies manières de se rendre heureux ou de souffrir. Ce qui n’est pas toujours compatible avec les méthodes classiques d’évaluations scientifiques basées sur la standardisation des interventions.

Individualiser les interventions PNL sur les processus cognitifs

Avec l’approche PNL, le travail clinique recherche les représentations internes spécifiques (les sous modalités) qui produisent  la réponse cognitive ou émotionnelle donnant lieu au problème. Ainsi, un sujet diagnostiqué « anxieux et déprimé » par les TCC peut être en train de faire des boucles répétées d’images sombres du décès récent de sa mère, ou des boucles de dialogues internes aux tonalités désagréables sur l’échec programmé de son travail, les résultats d’un concours, ou son impossibilité à retrouver du travail. Le diagnostic PNL va d’une part relater les étapes internes du processus par lequel le sujet «active le problème ». Ces étapes sont constituées de représentations sensorielles et de sous modalités sensorielles spécifiques (taille, distance, forme, couleur, mouvement…etc) qui impactent les réponses émotionnelles du sujet. Le niveau d’individualisation obtenu avec la PNL peut être extrêmement poussé lorsqu’on travaille avec les sous modalités sensorielles (les plus petites unités d’expérience subjective) d’une personne.

Une pratique de la PNL ne fixe jamais de but (thérapeutique ou non thérapeutique à la place du sujet (avec les TCC, le critère diagnostic détermine le résultat thérapeutique), mais va plutôt aider le sujet à déterminer le résultat souhaité et à trouver les ressources dont il a besoin pour l’obtenir. L’intervenant ne cherche pas à aider son patient à ne plus se sentir déprimé ou anxieux, mais plutôt à modifier les séquences de représentations visuelles ou auditives internes qui génèrent le ressenti douloureux diagnostiqué comme anxiété et dépression par la narration médicale. Le résultat peut être attribué à une démarche PNL lorsque la réduction des symptômes résulte du changement des séquences du processus interne.

Veiller à l’écologie des résultats obtenus

La prise en compte de l’écologie individuelle avec la PNL est certainement un facteur important de durabilité du résultat obtenu avec une approche PNL, et aussi un argument de poids à l’objection psychanalytique de l’inutilité qu’il y a à modifier un symptôme du fait de sa capacité naturelle à se “déplacer”. L’écologie est en rapport avec la préservation de l’équilibre dynamique des éléments d’un système. Pour la PNL, ce terme souligne l’importance du contexte dans lequel le changement projeté aura à s’exercer. L’écologie concerne les conséquences positives ou négatives (pour soi ou le système) des choix concernant nos objectifs, leurs effets et les moyens à mettre en oeuvre. Un changement « écologique » est celui qui préserve l’équilibre interne et externe de l’individu. Par exemple, un objectif est écologique quand il respecte les valeurs fondamentales d’un individu, de son système familial, professionnel, social et culturel.

Agir sur la structure d’une expérience plutôt que sur son contenu

J. Gringer et R. Bandler se sont intéressés à ce que les individus et en particulier leurs modèles d’excellence font réellement avec leur « Programmes » comportementaux, leur « Neurologie » et leur « Langage » (le territoire de l’expérience sensorielle) et non pas ce qu’ils savent de ce qu’il prétendent faire (la carte) pour aboutir à un résultat perçu comme indésirable ou excellent.

L’expérience d’une personne peut être abordée sous différents angles complémentaires et interdépendants (ou systémiques) : ses comportements externes (CE), ses processus internes (PI), et ses états internes (EI). Comprendre la structure d’une expérience, c’est identifier le fil rouge d’une difficulté, c’est comprendre comment un individu déclenche et agence des mécanismes cognitifs (PI) qui génèrent un état émotionnel (EI) et une réponse comportementale (CE) souhaité ou non souhaité. Devant une personne qui a peur de prendre l’ascenseur, vous pouvez vous intéresser au descriptif de l’expérience du sujet dans chaque ascenseur (le contenu du récit), ce qui vous permettra de devenir un expert des ascenseurs, ou rechercher la structure de l’expérience au travers des « redondances cognitives » déclenchées dans des contextes différents dans le temps. Mettre à jour cette structure (la répétition des mécanismes cognitifs, émotionnels et comportementaux) ne vous laissera pas le temps de devenir un expert des ascenseurs, mais vous permettra d’intervenir sur ces mécanismes cognitifs pour un résultat conforme aux attentes du sujet et surtout durable.

Structurer son efficacité par une approche stratégique

Avec les présupposés de la PNL, l’individualisation du diagnostic et de l’intervention, l’attention portée à la structure de l’expérience subjective individuelle (et non collective ou moyenne), disposons-nous suffisamment d’éléments pour expliquer l’efficacité de la PNL ? Certainement pas, car encore faut-il des méthodologies pour mettre en oeuvre les présupposés, et des technologies pour modifier la structure d’une expérience individuelle et subjective.

Si l’efficacité ou l’inefficacité d’une conduite humaine fort subjective possède une structure, le modèle théorique pour expliquer et intervenir sur cette subjectivité est celui du TOTE développé par les neurologues cognitivistes George Miller, Eugene Galanter and Karl Pribram (1960). Le TOTE est une boucle de rétroaction qui permet de modéliser une stratégie mentale ou comportementale, ou d’organiser l’efficacité d’une intervention. TOTE signifie Test, Opération, Test, Exit.

Modéliser une stratégie

Le modèle TOTE permet de rassembler les éléments qui doivent être nécessairement présents pour qu’une boucle de rétroaction puisse produire un résultat donné. Le modèle TOTE s’applique aussi bien à des micros stratégies mentales composées d’unités de représentations sensorielles VAKOG, qu’à des macro-stratégies. Dans la modélisation, le modèle TOTE focalise l’attention du modélisateur sur les données à recueillir pour formaliser un savoir-faire, le reproduire, et l’enseigner. Le modèle TOTE apporte une structure indispensable pour ne pas se perdre dans la description des processus cognitifs mis en oeuvre.

Un des points de différence entre la PNL et les autres approches d’accompagnement tient à la modélisation. Par exemple, si dans un coaching le sujet est invité à définir les actions à réaliser (le Quoi) pour atteindre son objectif de performance, la PNL propose en plus un processus de modélisation (comment faire) permettant d’accéder aux ressources qui vont permettre de faire ce qui doit être fait. Le coaching avec la PNL est indissociable de la modélisation et c’est ce qui en fait sa performance.

Organiser l’efficacité d’une technique

Une technique PNL est également efficace car elle est organisée sous forme de TOTE. Le premier T décrit les déclencheurs (stimuli) d’un Etat Présent qui sera considéré comme non souhaité, le O décrit les opérations (les options) mises en oeuvre pour atteindre l’état désiré. Le second T évalue le résultat produit par les opérations, et le E de Exit est un test de conformité du résultat obtenu aux exigences des critères de qualité d’une personne (test d’écologie des résultats).

Les éléments du TOTE dans une technique

Pour mieux comprendre, s’approprier une technique PNL et en développer l’efficacité, il est intéressant de la reconsidérer sous forme de TOTE
L’Etat Présent représente les symptômes exprimés par le sujet et les causes qui y sont attribuées. Un symptôme est une expérience qui possède certaines caractéristiques neuro-logiques comportementales, cognitives (niveau d’abstraction, temps et position de perception) et émotionnelles (intensité, durée…etc)
L’Etat Désiré est constitué de l’objectif exprimé par le sujet de façon spécifique (bien formulé) et les effets attendus congruents avec les valeurs ou l’identité du sujet.
Les Opérations sont les séquences cognitives nécessaires pour faire émerger des ressources non utilisées et atteindre l’état désiré.
Les Tests mesurent l’évaluation de la progression et de l’atteinte de l’état désiré.

A titre d’exemple prenons la double dissociation VK

Le premier T de l’état présent est une réaction émotionnelle « submergeante » (ou considérée comme disproportionnée par rapport au contexte) à un déclencheur bien identifié. Les opérations consistent à ajouter des ressources (sécurité, confiance), puis à dissocier la personne de l’événement déclencheur, afin de créer un contre-exemple pouvant modifier la généralisation abusive sur l’inéluctabilité de la réponse face au même stimulus. L’étape du deuxième Test vise à évaluer l’efficacité du résultat obtenu, et celle du E à évaluer sa pertinence (écologie).

Exercice : le TOTE des techniques PNL

Un bon moyen de développer votre niveau de conscience sur les mécanismes opérants dans une technique PNL, est de traduire ces techniques sous forme de stratégies.
Pour chaque technique PNL ci-dessous, retrouver les éléments clé du TOTE

 

EP

ED

Preuves

Opérations

Ancrage de ressource

 

 

 

 

Chevauchement d’ancres

 

 

 

 

Cercle d’excellence

 

 

 

 

Recadrage en une phrase

 

 

 

 

Recadrage en 6 étapes

 

 

 

 

Swish visuel

 

 

 

 

Générateur de comportements nouveaux

 

 

 

 

Dissociation V/K

 

 

 

 

Négociation entre parties

 

 

 

 

Positions de perception

 

 

 

 

Changement d’histoire

 

 

 

 

Hiérarchie de critères

 

 

 

 

Alignement niveaux logiques

 

 

 

 

Installer le rapport car il conditionne l’efficacité de la PNL

Pour que la « magie » du changement survienne, elle nécessite la présence de trois ingrédients : un sujet réellement congruent dans sa demande de changement, un intervenant extrêmement bienveillant, et éventuellement un petit rituel (technique PNL). N’oublions pas que pour notre cerveau le changement signifie la peur, des efforts à faire pour changer des habitudes, et que les émotions sont contagieuses. Le véritable outil de changement c’est vous en tant qu’intervenant, c’est votre capacité à établir un cadre de protection à la hauteur des attentes de changements du client. Ce cadre de protection dépend de votre état interne. Et plus le changement attendu est important, plus votre client a besoin de renforcer son sentiment de protection. Plus il a besoin de savoir que ce qu’il va révéler de son modèle du monde sera accueilli de manière inconditionnelle.

La qualité relationnelle est un invariant présent dans toutes les approches thérapeutiques. Et votre seule présence influence le résultat que votre client obtiendra. Toute technique sans relation de confiance devient vite manipulatoire, voire destructrice. Ce qui signifie que la qualité de la relation est bien plus importante que la technique utilisée. La magie de la PNL vient du fait qu’elle propose des stratégies relationnelles pour établir le rapport avec son interllocuteur.

Mais attention, le vrai rapport ne consiste pas à mimer les comportements de l’autre ou à reproduire ses prédicats verbaux, ou se répéter le présupposé de la PNL selon lequel nous avons chacun un modèle du monde. Le vrai rapport consiste à mettre son égo de côté pour se connecter profondément avec l’autre à un niveau non verbal, pour créer un champ relationnel qui se mesure par une qualité de résonnance entre les personnes.

Le rituel (ou technique) n’est que secondaire à la réalisation de l’objectif du client, car dans un cadre de protection, il va bien souvent mettre en œuvre de façon intuitive ce qu’il convient de faire pour solliciter les ressources et changer. La magie est d’avoir en tant qu’intervenant un état interne qui autorise l’autre à exprimer le meilleur de lui-même. Le rituel est par contre essentiel à l’intervenant pour développer sa capacité à offrir à son client un cadre de protection-bienveillance nécessaire au développement de son autonomie.

Mettre en œuvre les aspects fonctionnels du changement

Vous incarnez les présupposés de la PNL, vous avez établi la relation et un cadre de protection, individualisé votre diagnostic et votre intervention, porté une attention sur la structure d’une expérience plutôt que son contenu, structuré votre intervention sous forme de TOTE pour qu’elle produise les résultats attendus par votre client. Est-ce suffisant pour produire la magie ?

L’efficacité des techniques PNL repose sur les conditions relationnelles de l’intervention mais aussi sur la fonctionnalité des opérations proposées au sein d’une technique de changement. Au-delà d’une nominalisation, le changement est un processus qui consiste à obtenir un résultat (le quoi) en mettant en œuvre des opérations spécifiques (le comment). Ces opérations, je vous propose de les appeler « les aspects fonctionnels du changement » ou « unités de changement », car chaque technique PNL est un assemblage particulier de ces « unités de changement ». Elles vont s’appliquer aux différentes composantes de notre expérience subjective (la neurologie, les comportements et le langage) A ma connaissance il y a 5 unités de changements et pas plus : séparer, combiner, ajouter, trier, ajuster.

Séparer

Définition : séparer signifie interrompre un lien matériel ou immatériel entre deux événements. Séparer comporte de nombreuses sous-catégories : isoler, détacher, écarter, couper, rompre, partager, écarter, extraire, disjoindre, décomposer, distinguer, diviser, éloigner, distancier, mettre à part, dissocier… pour éviter les amalgames entre deux réalités distinctes et obtenir deux éléments séparer en rompant les liens de dépendance.

Analogies : séparer les éléments constitutifs de l’eau, l’oxygène de l’hydrogène ; séparer la crème du lait ; séparer l’uranium 235 de son isotope 238 ; séparer la paille du grain ; séparer les pouvoir.

Exemples dans le champ de la PNL : séparer les deux éléments d’une distorsion linguistique (cause effet ou équivalence complexe), séparer les comportements externes (CE) des intentions positives ou de l’identité, séparer l’état interne du comportement externe par un recadrage de sens (Je viens de rater mon permis, je suis un raté), séparer un CE de son contexte (recadrage de contexte), séparer une personne de ses EI par la dissociation, séparer deux parties d’une personne, de façon temporelle ou par niveau d’abstraction.

Combiner

Définition : combiner signifie mettre ensemble des éléments d’une nouvelle façon pour obtenir quelque chose de nouveau, faire réagir plusieurs éléments afin d’en obtenir un nouveau. On change ainsi la qualité des deux éléments séparés. Sous-catégories : fusionner, mêler, agencer, amalgamer, lier, assembler, marier, nouer, harmoniser.

Analogies : combiner des éléments, des formules, des nombres ; combiner deux gaz, l’oxygène et l’hydrogène pour obtenir de l’eau ; combiner des lettres pour obtenir des mots différents ; combiner des œufs et de l’huile pour obtenir une mayonnaise ; combiner des intelligences pour créer ou innover.

Exemples dans le champ de la PN : chevauchement d’ancres ; Swish visuel ; Intégration des parties en conflit.

Ajouter

Définition : ajouter signifie additionner une quantité avec une autre, joindre quelque chose à ce qui existait déjà, mettre en plus, mettre ensemble pour augmenter les possibilités de choix de l’ensemble. Contrairement à la combinaison, on ne change pas la qualité des éléments présents. Sous-catégories : mettre en plus, augmenter, amplifier, additionner.

Analogies : ajouter du jus de citron à l’eau, ajouter cent euros à la somme, ajouter un chapitre à un livre, ajouter des ressources financières.

Exemples : ajouter des choix comportementaux (générateur de comportements nouveaux, recadrage en 6 étapes) ; ajouter des éléments dans une stratégie ; ajouter des ressources, des croyances, des critères, des équivalences complexes, des méta-programmes…etc

Trier

Définition : trier signifie choisir parmi un certain nombre d’éléments d’un système et les séparer du reste. Trier implique par exemple de séparer ce que l’on souhaite garder de ce que l’on souhaite jeter, de répartir selon de nouveaux critères, ou choisir certains éléments dans un ensemble. Le tri présuppose un critère de tri sélectionnant les éléments sur lesquels focaliser son attention. Le tri sur un aspect particulier d’un phénomène va permettre la prise en compte de nouvelles informations. Sous catégories : classer, ordonner, sélectionner, distribuer, répartir autrement…etc

Analogies : trier le courrier, les informations, les fruits, les vêtements selon certains critères prédéfinis.

Exemples : trier sur les violations du méta-modèle, les méta-programmes d’une émotion, sur les critères d’une Equivalence Complexe, sur les modalités sensorielles ou les sous-modalités d’une expérience.

Ajuster

Définition : ajuster signifie adapter une chose à une autre ; ajuster signifie hiérarchiser ou aligner pour créer plus de cohérence. Ajuster implique un élément sur lequel s’ajuster. Sous-catégories : accommoder, arranger, accorder, concilier, concerter, convenir, positionner, viser, mettre aux dimensions, aligner, créer de la cohérence, hiérarchiser.

Analogies : ajuster une clef à une serrure ; ajuster un pantalon aux mesures du client, ajuster une théorie aux faits.

Exemples : hiérarchiser des critères, aligner les niveaux logiques, négocier entre parties.

Un exemple avec le recadrage en 6 étapes

Présupposés : chacun fait de son mieux en fonction des options en présence.
Unités de changements : a) on sépare le comportement non souhaité en triant sur la fonction positive (intention ou critère) pour le sujet, b) puis on trie en portant l’attention du sujet sur une partie « créative », c) et enfin on ajoute des choix comportementaux, d) on renforce l’alignement par un ajustemenr sur les critères.

Conclusions

Les explications sur le mode singulier de fonctionnement des outils et techniques PNL sont abondantes, et doivent être certainement mises en parallèle avec l’insuffisance des études scientifiques sur la PNL. Ce qui ne contribue pas à donner l’image que la PNL mérite. Ceux qui ont eu une expérience individuelle des techniques PNL, pourraient témoigner que « ça marche » et que quelque chose d’inhabituel se passe dans leur expérience. Mais l’expérience individuelle a peu de place dans le monde de la science qui aime raisonner sur des moyennes et des données globales. Voilà le thème d’un prochain article.

Jean Luc Monsempès pour Institut Repère Avril 2015

Références

1-Structure de la magie. John Grinder et Richard Bandler, InterEditions 2015

2-La Réalité de la Réalité, Paul Watzlawick, 1978, collection Points, 1984

 

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