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par JL Monsempès 

Jean Luc Monsempes InstitutLe cerveau est-il équipé pour faire face aux changements et ne pas succomber à la peur ?  Oui, selon deux neuropsychologues, Jacques Fradin et Camille Lefrançois, auteurs de l’article “Comprendre le stress pour le vaincre” dans la revue Cerveau &Psycho n°18. Selon les auteurs, le cerveau est capable d’affronter des changements importants à condition de faire preuve de flexibilité en mettant en place des stratégies efficaces. Encore cette loi des variétés requises ? Nous  décrirons les différentes réponses du cerveau au stress, avant d’aborder les capacités cérébrales pour gérer au mieux les situations de stress. et article est inspiré de “Comprendre le stress pour le vaincre” de Jacques Fradin et Camille Lefrançois.

Les différentes réponses du cerveau au stress

Les individus ont deux façons d’aborder une situation : soit ils appliquent des schémas appris devant une situation simple et familière,  soit ils imaginent des stratégies inédites quand la situation est nouvelle ou complexe. Selon les études d’imagerie cérébrale, les réponses ne font pas intervenir les mêmes zone du cerveau : la zone postérieure et basse (cerveau ancien au plan évolutif) pour les réponses automatiques pour une tâche maîtrisée ou routinière ;  et la zone dite préfrontale (cerveau plus évolué) pour les changements de stratégies.

Comment réagissez-vous devant une situation inhabituelle ? Dans un premier temps, vous essayez de maintenir le mode de fonctionnement automatique en activant vos schémas comportementaux ou cognitifs déjà acquis. En même temps, et de façon inconsciente, le cortex préfrontal détecte que cette réponse n’est pas adaptée et va activer les centres du stress en libérant des hormones (adrénaline puis cortisol) dont les effets prolongés sont néfastes. Les réponses au stress peuvent prendre trois formes : la fuite (évitement ou  anxiété, difficulté à se concentrer), le combat (lutte physique ou susceptibilité accrue, ou une agressivité défensive), ou l’inhibition (passivité ou abattement, dépression, apathie, tristesse).

Développer les capacités du cerveau préfrontal

Pour prévenir les réactions en mode automatique qui est source de stress, il est donc utile d’utiliser les potentialités d’adaptation du cortex préfrontal. Selon Jacques Fradin et Camille Lefrançois, il est possible de développer cette capacité préfrontale. Si nous ne l’utilisons pas, c’est que trop souvent nous faisons comme si nous n’acceptions pas la réalité. Nous appliquons alors des stratégies faciles mais inefficaces.  A partir de leurs travaux cliniques et de tests psychométriques,  Jacques Fradin et Camille Lefrançois, ont décrit six facultés cognitives du fonctionnement préfrontal qui s’opposent point par point à six caractéristiques du mode automatique : la rationalité, la curiosité, la souplesse d’esprit, la nuance (éviter les classifications hâtives), la relativité (comprendre qu’il existe plusieurs points de vue, la planification de l’action, l’opinion personnelle (éviter le conformisme, ou l’opposition systématique à autrui)

L’effet anti-stress est donc le résultat d’un entraînement du cortex préfrontal. Face à une situation inhabituelle et potentiellement stressante, le cortex préfrontal et les zones postérieures du cerveau vont rentrer en compétition pour décider s’il convient d’adopter un mode automatique ou un mode adaptatif. Les zones postérieures prennent le dessus si le cortex préfrontal n’est pas entraîné. Le stress résulte du fait que le cortex préfrontal détecte l’inadéquation du mode automatique, même s’il ne s’impose pas pour changer de stratégies

Quelques facteurs qui prédisposent au stress

Le fonctionnement mental sur le mode automatique prédispose au stress, et certains facteurs peuvent y contribuer selon Jacques Fradin et Camille Lefrançois :

–  la répétition des actes techniques, domestiques, récréatifs (les jeux vidéo), des relations personnelles ou professionnelles routinières. Le paradoxe est que notre mode automatique organise notre performance ou notre expertise dans un environnement stable, et aussi notre stress en cas de changement important de cet environnement.
– Le conformisme à des normes restrictives dictées par la société ou les médias.
– Les méthodes de management par le stress dans l’entreprise.
– Le non droit à l’erreur à l’école ou dans l’entreprise, comme le risque zéro exigé par les systèmes de soin ou de l’emploi.
– L’attente ou la volonté que les choses « soient comme elles ont été », par exemple les prix, le pouvoir d’achat, la sécurité de l’emploi, la couverture de l’assurance maladie…

L’entraînement du cortex préfrontal

Jacques Fradin et Camille Lefrançois proposent d’entraîner le cortex préfrontal à partir d’exercices axés sur le développement de six facultés cognitives : la rationalité, la relativité des points de vue, la curiosité, la souplesse d’esprit, la nuance et le développement de l’opinion personnelle.

La rationalité : l’objectif, devant une situation qui vous stresse, est de comparer ce que vous les moyens dont vous disposez pour répondre à la réalisation d’une tâche. Par exemple, votre patron vous demande de terminer un projet dans un délai très court. Faîtes d’abord un bilan de tout ce qu’il vous faut faire pour respecter l’échéance. Puis faîtes la liste des moyens à votre disposition. Enfin demandez-vous si les moyens à mettre en oeuvre pour réaliser la tâche sont à votre portée : avez-vous les moyens de répondre à l’exigence ? En restant focalisé sur les exigences du résultat, vous activez votre mode mental automatique, et votre cortex préfrontal repère l’inadéquation des moyens aux objectifs active les circuits hormonaux du stress. En confrontant les exigences du résultat aux moyens dont vous disposez, votre cortex préfrontal s’active, conçoit de nouvelles stratégies, et inhibe la réaction de stress.

La relativité des points de vue : « l’objectif est de comprendre que tous les problèmes sont relatifs. Pensez par exemple à une situation qui vous stresse. Et demandez-vous : Pourquoi est-ce que cela me stresse ? Dès que vous avez trouvé un fragment de réponse (par exemple. cela me stresse de penser à ma ligne parce que je me trouve grosse), posez-vous à nouveau la question « Pourquoi ? » (Pourquoi suis-je angoissée à l’idée d’être grosse ?) et ainsi de suite. Les débuts de réponse doivent toujours être suivis de nouvelles questions, car le mode interrogatif empêche de rester figé sur une conception acquise. En changeant de point de vue, on active le cortex préfrontal ».

La curiosité : « Dans cet exercice, vous discuterez de la pluie et du beau temps avec un collègue, tout en vous efforçant de détecter chez lui quelque chose de « nouveau ». Peut-être aurez-vous l’impression qu’il ne s’est rien passé de particulier : peu importe, vous vous êtes tourné vers la nouveauté, ce qui inhibe le mode mental automatique, facteur de stress. Et des questionnaires révéleraient que vous êtes moins vulnérable aux situations stressantes. »

La souplesse d’esprit : « Dressez une liste de dix exemples de ce qui compte le plus pour vous dans la vie, puis faites de même pour les choses qui vous font le plus peur. Comparez les deux listes. Peut-être constaterez-vous que certains éléments sont opposés: si la famille compte beaucoup pour vous, la perte d’un proche est logiquement redoutée. Mais pour quelques exceptions, ce n’est pas le cas. Par exemple, il se peut que « manquer d’argent » soit dans la seconde liste, mais que « avoir de l’argent » ne soit pas dans la première. Pourquoi ? Réfléchissez-y. Ces petits paradoxes vous forceront à plus de souplesse d’esprit. »

La nuance : « Cet exercice sert à affiner la perception de l’environnement. Ecoutez avec attention tous les bruits ambiants. Fermez les yeux. Peut-être entendez-vous la rumeur de la rue, un bruit de pas dans le couloir. Essayez d’entendre tous ces bruits simultanément, comme si vous étiez un chef d’orchestre. Pour y arriver, un conseil : lorsque vous avez perçu un bruit, ne le lâchez pas, continuez à le sentir résonner à votre oreille, comme pour tous les autres. Cet exercice favorise la perception globale de l’environnement, et stimule le cortex préfrontal, une zone d’intégration des données environnantes ».

Le développement de l’opinion personnelle : « Imaginez que vous devez choisir entre inscrire – ou non – votre enfant dans un établissement scolaire, mais vous ne savez rien des programmes, ni des professeurs, etc. Peut-être hésiterez-vous, et déclarerez finalement : «Je ne peux pas prendre une décision » L’expérimentateur vous expliquera alors que, dans pareille situation, ne pas se prononcer constitue aussi un choix tacite qui engage. Peu à peu, vous apprendrez que prendre une décision, exprimer une opinion personnelle même quand on a conscience de ne pas maîtriser tous les éléments d’une situation, à un effet positif sur le stress. Vous restaurerez une liberté d’action et serez moins obnubilé par le souci de tout maîtriser, attitude souvent paralysante »

Les apports de la PNL dans la gestion mentale du stress

Si le cortex préfrontal permet d’aborder les changements sans s’angoisser, pourquoi ne pas l’entraîner par des techniques et modèles de PNL, avec l’objectif de développer les six facultés cognitives décrites par Jacques Fradin et Camille Lefrançois.

–  La rationalité pour adapter les moyens aux finalités : les conditions de bonne formulation d’un objectif,  les stratégies avec le modèle TOTE,  le méta modèle.
–  la relativité des points de vue pour éviter de rester figé sur une position acquise : les positions de perception, la recherche de l’intention positive, les recadrages linguistiques et les changements de croyance
–  la curiosité pour être tourné vers la nouveauté : branché externe, méta programmes «  Différence et Aller vers », ancrages de ressource, relation au temps « Futur », cadre du « comme si », le méta modèle.
–  La souplesse d’esprit pour résoudre les paradoxes : les tailles de découpages de l’information, la hiérarchie des critères, le méta modèle, la négociation entre parties.
–  La nuance pour affiner la perception de l’environnement : l’acuité sensorielle et la calibration, la pensée non polaire.
–  Le développement de l’opinion personnelle pour faciliter la décision : le renforcement de la référence interne, la stratégie de décision (méta programmes Match et Mismatch), la recherche des critères de choix, la hiérarchie de valeurs.

L’article de Jacques Fradin et Camille Lefrançois nous explique que nous sommes des êtres d’habitudes, que nous avons des « programmes » ou des manières habituelles de penser, de ressentir et d’agir. Certains de ces automatismes nous rendent service dans un contexte stable et parfois sont source de stress quand ils deviennent inadaptés à une situation nouvelle. Jacques Fradin et Camille Lefrançois proposent de développer six facultés cognitives contre le stress. Elles ont l’immense mérite de pouvoir cadrer l’action et aussi de donner des résultats tangibles en termes d’amélioration de la réaction au stress. La compétence cognitive principale qui semble réunir ces six facultés, semble être la créativité, c’est-à-dire la capacité à être imaginatif et efficace dans ses réponses à l’imprévu.

Rappelons avec Robert Dilts, que trois formes de créativité peuvent s’exprimer dans une stratégie :

– celle qui permet de reformuler les buts fixés ou les objectifs. C’est une innovation, avec une flexibilité à changer le «Quoi». C’est la forme de créativité du « Rêveur » dans la stratégie de W. Disney.
– celle qui permet de reformuler les moyens à mettre en oeuvre pour atteindre un but. C’est une « Invention », avec une flexibilité à changer le « comment » des opérations. C’est la créativité du « Réaliste ».
– celle qui permet de reformuler les procédures de preuves de l’atteinte de l’objectif. C’est une « découverte », avec une flexibilité à changer le « Pourquoi » afin de modifier nos filtres de perception et regarder les choses de manière différente.

Encore et toujours cette loi des variétés requise !!

JL Monsempès le 20/12/06

Références: Jacques Fradin et Camille Lefrançois. Comprendre le stress pour le vaincre. Cerveau &Psycho n° 18 Novembre-Décembre 2006-11-26 ET Dilts R et DeLozier J -Encyclopedia of Systemic NLP and NLP New Coding -NLP UniversityPress

 

 

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